Des ongles sales et terriblement longs étaient sur elle, prêts à lui enserrer la gorge.

Derrière, la rivière.

Elle recula d'un pas, deux pas, et tomba sur le dos.

La créature trébucha contre son pied et tomba sur elle à son tour.

Elle le tenait à distance, à la force de ses bras.

Gesticulant en espérant s'en dégager.

Puis il se souleva au dessus d'elle, comme par magie, avant qu'elle ne voie sa tempe s'ensanglanter par la lame subitement enfoncée.

Il lui tendit la main, l'air plus inquiet qu'en colère, lui demandant même si ça allait.

Elle attrapa sa main, timidement, et il la remit, plus doucement que la première fois, sur ses pieds.

- Pourquoi t'as pas app'lé, comme j' t'ai dit ?! Ca va ? T'es pas mordue ?

Il inspecta son cou, sans lui demander la permission, repoussant doucement les mèches de ses cheveux pour observer sa carotide intacte.

Elle secoua la tête et regarda ses pieds.

- Bon, j'vais récupérer notre dîner que j'ai laissé tomber. Allume un feu en attendant, lui tendant sa pierre. J'arrive.

Et il repartit d'où il était venu.

Elle rassembla des branchages secs et alluma quelques flammèches qui prirent rapidement dans les feuilles et le bois mort.

Il revint et entreprit d'ouvrir le lapin qu'il tenait.

- Faut que je te donne un couteau, que tu puisses te défendre. Au cas où... Parce que si tu ne parles pas, va falloir que tu puisses réagir. Le temps qu'j'arrive, lui jetant un regard qui se voulait blagueur.

Il prépara la viande sur des brochettes de fortune, comme s'il avait fait ça toute sa vie et les installa sur le petit feu.

- En même temps, je préfère les filles quand elles ne sont pas trop bavardes.

Elle ne réagit pas mais ne put décrocher son regard jusqu'à ce qu'il lui tende sa brochette cuite. Elle la mangea, goba les trois premières bouchées, tant elle avait faim.

Il l'observa sans un mot, mangeant plus lentement.

Le voyant faire, elle s'obligea à ralentir, à mâcher plus consciencieusement. Elle savait que sinon, elle ne garderait rien et cela lui déplairait très certainement.

Il lui tendit ensuite sa gourde à laquelle elle but raisonnablement, s'étant déjà désaltérée à la rivière.

La nuit tombait maintenant rapidement et la fraîcheur avec elle.

Ses cheveux n'étaient pas secs, son dos et son tee-shirt encore mouillés de son bain, elle ne put retenir davantage ses claquements de dents sonores.

- J'me doutais que tu aurais froid, mais je pense que le bain t'as fait du bien...

Elle hocha la tête dans l'affirmative.

Il sortit son poncho bariolé qui lui servait de couverture et le lui tendit.

- Enfile ça, et couche toi. Je vais monter la garde pour cette nuit.

Elle rassembla un maximum de feuilles pour en faire un matelas qu'elle voulait le plus moelleux possible.

Elle disposa le poncho sur les feuilles et s'étendit dessus en lui tendant les bras maladroitement.

II l'avait nourrie et bien plus.

Elle devait le laisser faire maintenant.