Prologue

Les roulements de l'orage m'apaisent étrangement alors que je marche sous la pluie, trempée et gelée jusqu'aux os. Un éclair zèbre le ciel juste devant moi. Par ce temps, tout le monde est bien tranquillement chez-soi à boire un bon chocolat chaud. Pas moi. Moi, je marche d'un pas tranquille dans les rues désertes de ma petite ville, seulement éclairées par des lampadaires grésillants. Comme une petite fille, je me mets à pieds joints et saute dans une flaque d'eau ; des gouttes giclent partout sur mon pantalon mais je m'en fiche. Je ne serai pas plus mouillée qu'avant.

Une voiture me frôle en m'éclaboussant de boue. Je nettoie rapidement celle-ci avant de continuer ma route. Je tourne à gauche dans une petite rue très peu éclairée et traverse la route pour arriver du côté paire. Je vois ma maison apparaître au loin, derrière ce fin brouillard. Une grande maison en briques avec un toit de tuiles noires. Je remarque sans étonnement que seule la lumière du premier étage, qui correspond à la chambre de mes parents, est allumée. Ils ne m'attendent même plus pour dîner. Quelle triste vie. Mais désormais je m'y suis habituée, je suis une solitaire !

Il ne me reste que quelques pas avant d'atteindre la porte d'entrée quand j'entends un petit cri plaintif derrière moi. Je me retourne et fronce les sourcils. Une petite boule de poils rousse est allongée sur le goudron, toute tremblante. Doucement, je m'approche d'elle pour éviter de lui faire peur. C'est un petit renard qui semble effrayé : ses yeux verts luisent d'affolement. Je constate avec frayeur que sa patte est tordue et est en sang - quelle horreur ! Je le prends avec délicatesse et le soulève. Lui au moins, je peux le sauver. Ses babines se retroussent, me dévoilant des canines on ne peut plus tranchantes. Je retiens un frissons et me retourne pour rentrer chez moi.

Soudainement, deux éclairs zèbrent le ciel, puis un troisième... qui arrive sur moi. Une décharge parcours mon corps qui se fige. Une douleur fulgurante me traverse et pendant quelques instants ; j'ai l'impression que mon cœur s'est arrêté. Mon corps brûle intérieurement. Je lâche le petit renard qui pousse un gémissement de douleur en retombant sur le sol dur et mouillé. Je me ressaisis pendant que mon cœur bat comme un fou, la respiration haletante. Je n'ai pas le temps de comprendre ce qui m'arrive, j'entends un bruit de klaxon proche. Trop proche. Instinctivement je baisse mon regard à l'endroit où devrait se trouver le renard, mais il n'y est plus. Il est nulle part. Aurais-je rêvé ? Je n'ai pas le temps de réfléchir plus longtemps car la voiture me percute de plein fouet. Le choc est si fort que je ne ressens aucune douleur. Puis c'est le noir. Le noir complet.

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