Chapitre 20 - Le pisteur
Il était tôt le matin, et Arcos se réveillait sous l'effet de la lumière qui se faisait plus présente minute après minute. Je n''avais pas besoin de toi pour me réveiller !" Grognait-il au soleil. Il s'étira, se rhabilla, et se versa un peu d'eau sur le visage avant d'en boire une gorgée. Ensuite, il quitta la pièce sans même faire son lit.
Cet imbécile de Jake doit encore dormir, songeait-il. Marchand doucement, il ouvrit gentiment la porte de la chambre de Jake, puis à tâtons il se rapprochait de son ami. Celui-ci était affalé sur son lit, bras pendants.
Non mais sérieusement, un bon coup de pied devrait le réveiller en un rien de temps, pensait-il. Se disant cela, il se tint sur une jambe, l'autre en arrière, prête à frapper, mais le bras ballant de Jake s'anima soudainement, attrapant la jambe sur laquelle l'elfe se tenait, et la tirant de sorte à ce que celui-ci tombe à la renverse. L'elfe chuta et Jake bondit sur lui, prêt à l'étrangler avec la couverture qu'il réussit à lui passer autour du cou.
-Pourquoi agis-tu comme ça ? Depuis quand tu me réveille de telle manière ? Mon ami n'agis pas de cette façon habituellement ! Tu es violant, et acerbe ! D'habitude tu es trop bavard, et depuis qu'on est ici, tu es devenu complètement invivable !
-Je ne vois pas de quoi tu parles, tu ne m'as vu parler qu'à toi avant que nous soyons ici, tu ne pouvais pas savoir comment je me comporte dans une société comme celle-ci.
-Tu ment, car cela ne m'explique pas pourquoi tu as tenté de me réveiller à coups de pieds.
-On n'a pas le temps de se pavaner, je te rappel que nous avons une quête à accomplir !
Jake desserra son étreinte et s'habille avant de partir sans dire un mot. Il enfila sa capuche, et disparaît dans la foule de gens qui mangeaient plus bas dans la taverne.
Même si Jake préfère la nuit au jour, il se sentait réconforté en voyant tout ce joli paysage illuminé par le beau temps. Les couleurs étaient si variées, entre les arbres, le ruisseau, les toits, l'herbe, les rochers, et les draps qui donnaient un peu d'ombre aux marchands et leurs étals.
Puis il y a les habitants aussi, ils passent avec leurs beaux vêtements, les femmes qui fendent l'air avec leurs grandes robes qui ondulent sous le vent, un couple de vieux qui donnaient à manger aux oiseaux qui saluent Jake en souriant. Tout cela fait oublier le sale réveil qu'il a failli subir.
Puis il y a des enfants, ils courent partout en criant, entre eux ; non loin d'eux quelques jeunes qui se disputent, puis qui en viennent aux poings. Jake s'enquit, et se dégoutta de s'être laissé tromper par l'illusion qu'avait créé cette ville. Les imbéciles ! Se disait-il, se comporter de cette façon alors que des enfants jouent juste à côté. Mais, en fait, en écoutant bien, Jake comprit que les enfants se chamaillaient et s'insultaient. Mais que se passait-il ici, les gens sont mal-élevés, il n'est pas étonnant que les gens se fassent la guerre ! Pourquoi tant de rage, est-ce leur haine qui les poussent à se battre, ou bien, eux aussi son révolté par le comportement des autres ? Jake ne savait que penser, mais lui tuerait pour la seconde raison, il ne pouvait supporter que ces gens dit "civilisé" montrent un tel exemple. Il n'aurait aucun remords. Mais dans cette réflexion, ses pensées se bousculaient, vaudraient-il mieux que les autres ? Oui, bien sûr qu'il vaudrait mieux que les autres, si personne ne savait que c'était lui qui agissait...
-Bon on y va, voir ce pisteur !?
Et pour comble, il y avait cet insupportable elfe qui venait briser le flot de ses pensées. Lui aussi aurait droit à un coup de dague dans le dos, mais Jake n'oserait jamais faire de mal à son ami qui a tout fait pour lui jusque-là.
-Oui, allons-y, tu sais comment t'y rendre ? Répliqua Jake.
-Eh bien oui ! Enfin... Non.
Jake souffla, inspira un grand coup, puis part devant, téméraire.
-Suis moi !
Arcos le suit sans discuter. Sortants de la taverne, ils traversèrent le ruisseau, pour arriver près des étals de marchands, ils montèrent les marches qui menaient à la place du temple, passèrent le petit canal. Là quelques maisons étaient éparpillées, ils en dépassèrent trois avant d'arriver devant une maison isolée. Elle n'était pas bien grande et était entourée d'une clôture pour délimiter son jardin. Jake poussa le petit portail avant de frapper à la porte. Ils attendent là, mais personne ne répond. Arcos frappe à son tour ; plus fort. Toujours rien, puis un bruit sourd retentit de l'intérieur, suivi d'une porte qui claque. Enfin, après quelques bruits de loquets, la porte s'entre-ouvrit.
-Vous m'voulez quoi ?
L'homme était caché dans le noir, de façon à ce qu'on ne puisse voir correctement son visage, mais celui-ci ignorait que ses interlocuteurs pouvaient le voir sans mal. C'était un homme aux traits fatigués, patibulaire, un visage aux teints livides, arborant une pilosité mal-entretenue. Jake lui répondit.
-C'est au sujet du convois, on nous a dit que vous étiez le seul pisteur revenu de l'enquête, et nous aimerions savoir ce qu'il s'est passé là-bas.
-J'ai bien dit à tout le monde que je ne dirais rien, personne n'a besoin de savoir !
-Eh bien il me semble que les familles des défunts pisteurs aimeraient être au courant...
-J'ai dit non, et je vous assure qu'ils ne veulent pas savoir ! Dégagez !
Sir Arcos s'impatientait, mais Jake se retourna vers lui :
-Je te laisse prendre le relais, je vais faire un tour...
L'elfe ne prit même pas le temps d'écouter toute la phrase de Jake qu'il commençait à jurer vis-à-vis du pisteur, et un conflit s'en suivit.
Pendant ce temps, Jake s'en allait plus loin avant d'essayer de passer derrière la maison et se métamorphoser. Maintenant transformé, il foula l'herbe par petits bonds avant de voleter à une fenêtre pour s'introduire dans la demeure du pisteur. Une fois à l'intérieur, il ne fit pas attention au décors plongé dans le noir, reprit progressivement sa forme originelle tout en avançant, grandissant peu à peu derrière le pisteur.
Retenant sa respiration, il sortit une dague de son fourreau de cuir, avant de la planter net dans la nuque du pisteur qui exprimait son épuisement à l'elfe qui continuait sa diversion.
L'homme eu un bref soupire étranglé et ne parvint plus à bouger. Le souffle coupé, son cœur se s'arrêta quelque seconde après, et ses traits fatigués semblait enfin se justifier.
Coincé entre deux vertèbres, Jake peina à retirer la lame et un petit jet de sang jaillit.
Sur une table était posé un torchon qu'il se dépêcha d'aller chercher pour essuyer le plancher du sang qui avait pu couler. Ensuite il se pressa de prendre un drap sur le lit pour envelopper le corps. Arcos était éberlué.
-Pourquoi tu as fait ça ?!
-Ecoute, c'est de l'agent qu'il nous faut, non ? Alors laisse-moi faire, ce n'est pas comme si t'en avais quelque chose à faire de ce type, ou du convoi. Si j'en crois ces fleurs, il doit y'avoir de quoi creuser, aide-moi à creuser. Et aide moi à bien l'envelopper, je ne veux pas que les verres ou les mouches s'occupent de lui, j'ai besoin que son corps reste en assez bon état.
Ainsi, ils se relayèrent pour creuser un trou assez profond pour pouvoir y enterrer leur victime.
-D'accord Jake, et maintenant tu m'explique comment on s'y prend si quelqu'un venait et voyait la terre retournée en plein milieu du jardin !?
-Réfléchie un peu ! ce n'est pas compliqué, on retourne la terre à d'autres endroits et partout on y replante des fleurs, tu me suis ?
-Oh ! Je suis, mais pas la peine de replanter je peux en faire pousser magiquement et cela ne laisse aucune trace de magie !
-Très bien alors.
Après s'être occupé de dissimuler toutes traces du crime Jake monta sur le toit pour retirer un peu de chaume pour que tout deux puissent y voir un plus clair. La maison était pauvrement meublée mais Arcos trouva un petit bijou sous le matelas du pisteur. Plus loin, il y avait une porte, une fois ouverte on y voyait un escalier plongé dans une cave. Ils ne prirent pas la peine d'allumer une bougie, ce qu'ils voyaient était très claire : un homme mort depuis longtemps, enfermé dans une cage, une autre cage vide, quelques étagères, et au milieu une sorte de carte de la région. Sur les étagères se trouvaient beaucoup de fioles, la plupart portait une étiquette avec une tête de mort dessinée dessus, et quelques autres étaient marquées d'une petite inscription : vomissements. L'endroit était très poussiéreux, Jake prit trois fioles de poisons et deux de vomissement et laissa volontairement apparente la démarcation qu'avaient faite les fioles en empêchant la poussière de se glisser dessous.
-Ne trainons pas là, nous devons encore tuer quelqu'un.
-Le roi !? S'exclama joyeusement l'elfe.
-Euh... non, plus tard ça. Suis-moi et aies l'air paniqué.
Ils sortent de la maison, puis Jake observa le monde aux alentour :
Là-bas un grand-père tentait d'intéresser son petit-fils avec ses bêtes de ferme, à côté un garde un peu âgé regarde les nuages, encore à côté un chien qui vient pour lui laper la main. Le garde caresse le chien en souriant ; de l'autre côté un autre garde, celui-ci harcèle une femme qui manqua de lui mettre une gifle. Jake intervint, il court vers le garde et s'adresse à lui d'un air paniqué :
-Garde ! venez-vite !
-Attendez que se passe-t-il ?
Jake parle plus doucement, mais toujours aussi vite.
-Chez le pisteur, un cadavre, il faut que vous veniez voir !
Sans plus tarder le garde se dirigeait vers la maison du pisteur, et la femme partit sans se faire remarquer.
Le garde entra dans la maison puis se pencha sur la cave.
-Mais il y fait trop noir ; comment savez-vous ce qu'il y a à l'intérieur ? Demanda-t-il
-Je suis un elfe, je vois dans le noir.
-C'est super...
La phrase coupa net ; Jake s'était mis contre lui, ventre contre dos, et le poignarda en plein cœur.
-Très bien, on a rempli la première étape de mon plan ! Tu verras, dans un ou deux jours on sera riche ! Maintenant, sortons annoncer la triste nouvelle à notre cher Wiltom.
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