Je lève les yeux au ciel, et continue de manger mes biscuits. Décidément, ils ont un goût bien particulier...

La porte s'ouvre de nouveau, et ma mère entre dans le salon, les yeux rougies elle aussi, mais cette fois, par les larmes de tristesse.

Oh non. Moment gênant en vue.

Elle est droite comme un piquet, dans sa robe cintrée, et s'assoit face à moi, en silence, dans le fauteuil.

Le moment aurait pu être triste, si elle ne s'était pas assise sur un coussin, qui fait le bruit d'un pet lorsqu'on s'assoir dessus.

Je me retiens de rire, et avale trois biscuits en même temps.

《Kitkat, commence t-elle.

— Oui ?》

Elle ne me répond pas. Elle me fixe, perdue dans ses pensées.

《Oui ? Je répète.

—... Prend soin de toi...

— T'inquiète, j'avais pas prévu de me faire du mal, tu sais.

— ... Fais attention... Les Hunger Games, c'est dangeureux...

— Ah bon?》

Elle me fusille du regard. Pff, elle n'a aucun sens de l'humour, et toujours aucun sens du style.

《Et fais-moi le plaisir de retirer ce jogging ! Laisse t-elle échapper.

— Je vais pas me mettre en talons pour aller tuer des gens.

— Ne mange pas trop !

— On ne mange jamais trop.

— Ne te blesse pas !》

Je hausse les épaules. Bon, là, je peux rien promettre.

Maman continue de me fixer, triste, puis se lève, avant de déposer un baiser sur mes cheveux :
《Bonne chance, Kitkat. Je crois en toi.》

Et elle se casse.
Le type en costume noir est même étonné qu'elle parte avant la limite du temps, qui est de trois minutes.

《Il y a quelqu'un d'autre ? Je demande au type.

— Je crois bien.》

Je hausse un sourcil, avant de voir apparaître une fille, qui me semble familière, mais dont je ne me souviens pas du prénom.

《Bonjour, Kitkat.》
Cette voix...

Soudain, je me redresse, et je lui balance un coussin :

《AH, ARRIÈRE, MAJ !!!》

Maj.
La fille du maire.
Soit la petite copine actuelle de Pizza.
Super. C'est vraiment ma fête aujourd'hui.

Elle rattrape le coussin, le pose dans le fauteuil où était assise ma mère quelques secondes plus tôt, puis me sourit :

《Comment vas-tu, depuis le temps ?》
Je hausse les épaules. J'ai hâte qu'elle dégage.

《Qu'est-ce que tu fous là ? Je grogne.

— Te dire au revoir, dit-elle avec un sourire parfait. C'est vrai, je risque pas de te revoir, là.

— Dis aussi que je suis nulle, et que je n'ai aucune chance de gagner, je marmonne, mangeant un nouveau biscuit.

— Je n'ai pas dis ça. Pas encore. Je voulais t'offrir ceci.》

Elle me tend un badge, que je reconnais tout de suite.

《Eh, mais j'en ai déjà un ! Je m'exclame, pointant le doigt vers mon badge, accroché à mon sweat.

— Ah bon ? S'étonne t-elle. En fait, le pigeon me faisait penser à ta tête...

— Sympa, merci...

— Bah, je te le passe quand-même, ça t'en ferra deux. Ah, et tu embrasseras Pizza de ma part !》

Bien sûr. Tu peux aller crever, Maj. Jamais je n'embrasse à nouveau Pizza.
Sauf si je suis bourrée.
Mais ça compte pas.