10 - L'interview
Je rentre pour la deuxième fois sur scène, donc, et je m'assois dans le fauteuil, face à l'interviewer de l'émission, sous un tonnerre d'applaudissements.
Ça fait tellement du bien, d'être aimée... Je me sens... si puissante...
« Vous vous appelez Kitkat, n'est-ce pas ? »
Je sursaute, et fusille du regard l'interviewer, qui vient brutalement de me rappeler que mon prénom n'est pas compatible avec la notoriété.
« Oui oui, je marmonne, me recalant dans mon fauteuil.
— Parfait parfait ! sourit-il. Je me nomme César, Jules César, mais je pense que tout le monde me connaît, hum ?
— Bah non. »
La foule rigole. Quoi ? J'ai le droit de pas connaître ! Y a bien des gens qui connaissent pas JUL !
César a un petit rire, à en faire trembler sa couronne de lauriers, comme si ce que je disais était vraiment drôle, et ça fait super plaisir. Finalement, peut-être qu'après les Hunger Games, je resterai ici, au Capitole, en tant qu'humoriste à plein temps...
Je vois soudainement qu'il y a un grand écran derrière nous, et qu'on voit ma figure en géant ! Wah ! Quelle caméra est en train de me filmer actuellement ?
Je scrute du regard le public, à la recherche d'une quelconque caméra, lorsque César m'interrompt dans mes recherces :
« Eh bien, Kitkat, le Capitole doit représenter un sacré changement, quand on vient du District Douze. Qu'est-ce qui t'as le plus impressionnée depuis ton arrivée ici ? »
Je le regarde sans comprendre. Mon gars, comment te dire que je suis arrivée ce matin, et que le seul moment où j'ai mis le nez dehors, c'était pour passer de la gare du train au bâtiment d'entretien pour le défilé !
« J'sais pas, je réponds.
— J'imagine que ce n'était pas le défilé.
— ...Pourquoi ? »
Je prends un instant de réflexion, et me remémore les évènements.
« Ah oui, c'est vrai. Non, ce n'était pas le défilé. Bah, j'imagine que c'était... la bouffe ? Le fait que mon coach soit aussi utile que ne l'est un porte-clé ? Que je participe aux épreuves avec mon ex ? Ou alors que la femme qui me suit depuis le début du voyage ressemble à une poupée ? »
Le public rigole, tandis que je sens Elvis qui me fusille du regard, dans mon dos.
« Tu as vraiment un beau sens de l'humour, Kitkat ! S'enquiert César. D'où penses-tu l'avoir hérité ?
— Pas de ma mère, je réponds immédiatement. Pour elle, la seule blague marrante, c'est les charades, et encore, il faut qu'elles soient bien faites, sinon elle te dégomme la figure. Nick, mon petit-frère, n'a pas beaucoup d'humour, ah, d'ailleurs... »
Je me coupe, repère enfin une caméra passer sur un rail au-dessus de la scène, et je fais un gros doigt.
Chose promise, chose dûe.
Cette fois, les spectateurs éclatent de rire. César se joint à eux, et il semble tellement joyeux que j'hésite à prolonger mon magnifique doigt d'honneur.
« ... Et puis, y a mon père, je poursuis, reposant ma main sur mon genou. Mais mon père, il est mort.
— Oh, non... se désole théâtralement César. Je suis sincèrement désolé...
— Il est mort d'un coup de Grisou.
— Dans les mines ?
— Non, chez nous. On avait un chat qui s'appelait Grisou, et un jour, il lui a recraché ses croquettes à la figure. Mon père étant allergique en est mort. »
Les gens ne savent plus s'il faut rigoler ou pas. Je vois que Hey Michto, derrière César, depuis les coulisses, s'est réveillé, et semble bien se marrer.
Je ne veux même pas savoir ce que pense Elvis.
« Eh bien ! Quelle déplorable histoire ! Clame César.
— Bah, faut dire que mon père, il était pas très intelligent. Déjà, c'est lui qui a eu l'idée de m'appeler Kitkat, parce que selon lui, tant qu'on me trouve, c'est qu'il y a de l'espoir. Un kitkat. Je crois qu'il était en manque de chocolat à ma naissance. Et aussi en manque d'inspiration. »
Soudain, une main se referme sur mon épaule droite. Je me détourne, et dévisage Elvis, qui a les joues en feu.
« Jeune fille ! Grince t-elle entre ses dents, essayant de sourire pour bien paraître sur scène. Retournez immédiatement dans les coulisses, vous me faites honte ! Et je pense qu'il en est de même pour tout le District Douze !
— Mais j'ai pas terminé l'émission ! Je m'exclame. Je m'amusais bien, moi !
— C'est au tour de Pizza de passer. »
Elle se redresse, et fait un signe amical à César.
« C'est terminé ! » Lui lance t-elle. Je vous amène Pizza.
Elle commence à me tirer vers les coulisses. Je me débats :
« Mais eh, laissez-moi terminer ! Il est cool, César !
— Mais bien sûr », marmonne Elvis.
Du coup, comme j'étais pas contente, je me suis enfermée dans les toilettes, et j'ai boudé durant une heure, tout en jouant sur ma tablette à Candy Crush.
Super jeu, soit dit en passant.
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