Aujourd’hui après une grasse matinée entièrement méritée, c’est dimanche je suis par conséquent de repos. 

La salle de sport étant ouverte aujourd’hui, j’en profite, j’ai besoin d’évacuer. Allée m’aérer l’esprit. 

Elle se trouve à quelques kilomètres de mon domicile, je décide donc de m’y rendre à pied. 

Une fois arrivé là-bas, je salue le personnel que je commence à connaître. J'entrepose mes affaires dans mon casier et me dirige vers les tapis de course, histoire de m’échauffer un peu avant d’attaquer mon cours. 

Il y a quelques habitués, Clara, une grande blonde aux yeux bleus ; elle suit aussi des cours d’autodéfense. Steve, brun plutôt grand, même très grand je dirais ; lui aussi suit des cours. Il y a aussi Martha, la plus jeune, une jolie rousse aux yeux verts ; elle suit aussi des cours d’autodéfense. 

En somme, nous sommes tous là pour quelque chose; tous là, ici, car nous avons une histoire qui nous rapproche. Tous ici pour se défouler, tous ici pour une raison bien précise, tous ici pour ne plus nous laisser marcher sur les pieds. Tous ici, pour savoir se défendre. 

Je salue tout le monde de mon plus beau sourire sincère. Or, même si on transpire, même si on en chie, il faut appeler un chat un chat. Nous sommes toujours heureux de nous retrouver. Pas forcément pour parler, il arrive que cela ne soit pas le cas. Mais ça nous fait du bien, le seul fait d’être ensemble. Cette salle de sport est unique. Elle est unique. Les personnes, toutes celles qui travaillent ici, nous ont aidés à un moment de notre vie. 

À un moment où nous avions le plus besoin. Elles nous ont sorti la tête hors de l’eau. 

“ Le coup frappé” ce n'est pas qu’une salle de sport, c’est notre deuxième maison. Notre échappatoire, notre défouloir. 

Je décide de faire un peu de tapis roulant, à côté se trouve Marie. 

- Bonjour Marie, tu vas bien aujourd’hui ? 

- Oh, Camélia, comment vas-tu ma belle ? Moi ça va, je suis au meilleur de la forme. Par contre toi, ma jolie tu as une petite mine. Est-ce que tout va bien ? 

Marie est une toute jeune retraitée de l’édition. Elle a subi des harcèlements dans son travail, de la part d’un homme qui se prétendait son collègue. Elle a mis du temps, mais elle a su remonter la pente. 

Elle est en pleine forme, et je défie quiconque de se mettre sur son chemin. Elle connaît tout de moi ou presque. Elle connaît aussi Greg, je lui en ai auparavant parlé. 

- Ça va, mais Greg et Luc se sont fait agresser hier soir en sortant de boîte.

 - Quoi ? Bon Dieu, mais qu’est-ce qu’il s’est passé ? Ils vont bien ? 

- Greg, ça va, il s’en sort avec des hématomes et une attelle au bras. 

Mais Luc a pris le plus ; En sortant des types s’en est pris à eux, des homophobes, tu imagines ? Des putains d’homophobes Marie. 

- Oh, c’est abominable. Je ne peux qu’imaginer dans l’état où ils doivent être. Et Luc comment il va ? 

- Il a eu un traumatisme crânien, un poumon perforé à cause d’une côte cassée. Plusieurs hématomes. Il est en réanimation. Les médecins le surveillent attentivement. 

- J’espère qu’il va s’en sortir, je suis là, si tu as besoin Beth, tu le sais hein ? 

- Oui, je sais merci, merci pour tout Marie. On y va ? 

Nous en avons fini pour aujourd’hui avec notre machine de torture, maintenant direction le cours d’autodéfense. 

Fred est là, c’est mon coach, depuis le début. Fred est le patron de ce club. Il connaît mon histoire, mon passé. Il m’a aidé à me relever, à me défendre si un jour les choses devaient de nouveau déraper. A me défendre pour être plus forte.

Fred est un homme élégant de quarante-deux ans, un brun aux yeux bleus. Il est marié et à une petite fille qui est le portrait craché de sa maman, Sandy. Deux blondes ravissantes aux yeux verts émeraude. 

En aucun cas, il y a eu de l’ambiguïté entre nous deux, il est comme un grand frère pour moi. 

- Adieu Fred ! Comment vas-tu aujourd’hui ? 

- La pêche et toi? Hum toi, tu as une p’tite mine. Tu veux en parler? 

- Ça va. C’est Greg et Luc. Ils se sont fait agresser hier. 

Je lui raconte en détail l’agression de mes amis. 

Ce sont des choses qui le mettent hors de lui, ce n’est pas pour rien qu’il a créé ce club. 

Nous nous mettons en place, le cours démarre. 

Flash-back : 

T’étais où? .. Les cheveux 

T’étais encore avec lui? ... Un coup 

Tu couches avec lui? .. Un coup 

T’es qu’une traînée ! ... Aie, mon genou. 

T’es qu’une bonne à rien . ... Ma tête 

T’es qu’une incapable !  ... Cette fois-ci c’est mon visage. 

Fin du flash-back. 

Mes coups redoublent, encore, encore, et encore, je m’épuise et m’écroule au sol. 

Fred c’est très bien ce qu’il se passe dans ma tête. Il sait que par moments c’est encore difficile, que je revis certaines scènes de mon passé. 

Il me comprend. On arrête là pour aujourd’hui. Je suis épuisée. 

Je salue et remercie Fred, je l’embrasse tendrement telle une petite sœur qui le ferait à son frère. 

Après une heure de défouloir, je passe à la douche et file à l’hôpital voir Greg.