Jusqu'à que la mort vous sépare
Moi, c’est Camelia, Cam’ pour les intimes. Trente-six ans, célibataire et sans enfants. Châtain aux yeux verts, taille trente-huit.
On dirait un peu une annonce pour un site de rencontre, non ?
Je suis celle qui vivifie le jour le plus enchanteur de votre vie. Celle qui l’immortalise. Celui aussi, le seul où vous êtes le plus beau et la plus belle. Le seul jour de votre vie.
J’exagère ? Un peu. Peut-être. Non. C’est véridique.
Le jour où vous êtes censés vous dire oui jusqu’à ce qu’une mort inéluctable vous rende votre liberté.
Mince, ce n’est pas ça.
Jusqu’à ce qu’une pouffe ou un gigolo remplace l’être aimé.
Raté, ce n’est pas ça non plus.
“ Jusqu’à ce que la mort vous sépare. “
Bingo.
Bien entendu, il n’y a que blanche-neige qui part heureuse avec son prince sur son cheval blanc. Ou bien encore Cendrillon.
Ou alors jusqu’à ce qu’il s’entiche, un jour, sans raison apparente de votre meilleure amie ou bien que sais-je, pire ! Votre mère.
Quoi ? C’est déjà arrivé, je suis sûr que c’est l’histoire de quelqu’un part.
Qu'il se manifeste ! Je suis sûr qu’il constituerait un excellent roman. J’aimerais volontiers connaître son histoire ! Que je me marre un peu. Cela égayera ma journée.
“ Comment j’ai découvert que mon mec batifoler avec ma mère.”
Aujourd’hui en est la preuve même, une fois de plus je vais immortaliser le mariage de deux illusionnistes.
Allez, dans six mois, il ou elle va être trompé pour un ou une autre, ou que sais-je ! Où alors l’un d’eux en aura déjà marre, ou bien, il va faire de sa vie un enfer et voilà fin de l’histoire.
Je suis accompagné de mon fidèle destrier, Colin.
Mon assistant photographe.
Il est agréable, il bosse bien, mais empoté comme un panda.
Vous connaissez le panda ? Ce gros nounours qui mange du bambou. Eh bien, c’est l’animal le plus balourd qui soit.
Colin est son égal. Il m’a brisé un objectif de 70-200 mm.
Je ne vous raconte pas la tête de la chef quand elle l’a appris. Du matériel à 1500 €.
Elle est devenue blême, aussi blanche que Blanche-Neige.
J’ai cru qu’elle allait faire un arrêt cardiorespiratoire dans son bureau. J’étais à deux doigts de me jeter sur elle pour lui pratiquer un massage cardiaque.
Il a réellement failli se faire congédier pour sa maladresse.
Heureusement, j’étais là pour sauver la mise de ce sot !
Auparavant dans mon bureau, je voyais Colin quelque peu tracassé.
Colin tourne en rond comme un lion en cage, des gouttes de sueur perler sur son front. La climatisation tourne et pourtant, mon collègue est en train de se liquéfier sur place tel un poisson hors de l’eau.
Heu… Camelia ?
Oui Colin, qu'y a- t-il ?
Vous allez rire. Ha ! Lors de la séance au zoo, Marcus, vous souvenez de Marcus ce petit singe? Adorable soit dit-en passant.
Hmm.. je vois oui, viens aux faits.
Et bien, à un moment donné, il se pourrait bien qu’il ait volontairement attrapé l’appareil photo, et hmm.. comment dire, j’ai réussi à le rattraper, mais il a… comment dire, l’objectif s’est décroché, et il est.. tombé, je crois qu’il est cassé.
Tu as fait quoi ? Mon ton se veut faussement autoritaire, mi-contrarié, mi-en colère.
Camélia, je suis désolé, je l’ai pas vu venir..
Colin ? Tu vas te faire dégommer par la chef !
Je sais, je sais, mais je vous assure que je ne l'ai pas fait exprès.
Bon, et bien, tu vas lui expliquer tout ça.
Je crois que l’ai perdu,
le pauvre..
D’un pas ferme et décidé, nous voilà lancés en direction du bureau de la patronne. Colin n’en menant pas large.
Toc, toc.
- Salut Bérénice. Lui lançais-je directement en ouvrant la porte.
- Tiens, Cam, tu vas bien ? Colin.
- Bo.. Bonjour.. Madame Bérénice. Colin est comment dire légèrement stressé en sortant ces mots.
- Oh, Colin, enfin, pas de ça entre nous, je te l’ai déjà dit. Appelle-moi simplement “ Bérénice ”. Un ton ferme, autoritaire et tout aussi sympathique en disant cela.
- Alors que me vaut ce plaisir. Dites-moi. Reprends-t-elle.
- C’est Colin, il a quelque chose à te dire.
- Je t’écoute, très cher Colin.
- Alors, voilà. Tout à l’heure, nous sommes allés prendre des clichés du ZOO, comme demander.
- Hmm.. Bérénice répond tout en s’affairant sur son ordinateur sans lever le nez de celui-ci.
- Et, il y avait ce singe, Marcus. Très sympathique comme singe d’ailleurs.
Vous l’auriez vu, je suis sûr que vous aussi vous auriez craqué sur cette petite boule de poils.
- Sûrement, oui.
- Il a comment dire... l’objectif... L'appareil... Enfin… Heu.. Comment…
Je lui coupe la parole à la volée. Voyant la patronne blêmir et blanchir tout à coup.
- J’ai voulu prendre des clichés de ce fameux Marcus. Pour montrer à Colin un certain plan. Le bougre, ce petit malin, j’étais proche de lui, pour faire un gros plan. Ce petit malin de singe m’a chipé l’appareil sans que je ne puisse faire quoique ce soit. Et avant que je l’atteigne, il à loupé une branche, il est tombé avec l’appareil et l’objectif s’est cassé. Écoute Bérénice, tu peux la retirer de ma paye si tu veux, j’encaisse, c’est de ma faute, complètement.
- C’est la première fois qu’une telle chose t’arrive Camélia.
- Il y a une première fois à tout comme on dit. Mon ton se veut enjoué, pour détendre l’atmosphère.
- Ça va, je vais me débrouiller avec l’assurance, et le fournisseur pour qu’il me fasse un prix. Mais si on peut éviter ce genre de “ boulette “ à l’avenir, ça m'arrangerait.
La discussion se termine ainsi, sans s'éterniser, nous sortons de son bureau…
Voilà comment j’ai sauvé la mise de ce sot.
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