Prologue

Le soleil se couchait déjà à l'ouest, par-delà la mer, s'apprêtant à plonger le monde dans les ténèbres de la nuit. C'était Arka, maternelle, qui couchait ses enfants en drapant Parallan de son manteau de velours piqué de diamants, telle la peau d'un crio. Partout dans les cités et les villages, dans les palais, les châteaux, les auberges, les chaumières, ont allumait les torches, les lampes, les lanternes pour repousser l'obscurité et la peur des choses cachées dans le noir.

Peu importait.

L'endroit où je me trouvais était froid et sombre et déjà illuminé par la lueur dansante de centaines de bougies, installées sur des candélabres. Car malgré son imposant bâtiment de marbre, ses coupoles de verre, ses colonnades blanches, ses dalles nervurées, ses murs immaculés, la Nécropole demeurait un lieu lugubre empli de silence et des fantômes de milliers d'années passées. Et les archives, enterrées sous le poids de ce gigantesque cimetière, était un labyrinthe caverneux immense où le moindre bruit résonnait à l'infini, et d'où un non initié n'aurait jamais l'espoir de sortir vivant.

Par chance, Leora m'accompagnait. Elle ouvrait la voie en tenant distraitement sa lampe du bout des doigts, sans prêter attention au chemin qu'elle empruntait. Tout son être y était habitué. Elle avait grandi ici, parmi les souvenirs d'âges révolus, gardienne des âmes qui ne s'étaient pas encore résolues à rejoindre Siri, la déesse de la Réincarnation. Ces couloirs, ces alcôves, ces passages sinueux et cachés, ces vieilles pierres et ces murmures glacés, elle les connaissait si bien qu'elle ne pouvait plus comprendre pourquoi cela terrifiait tant les autres. Pourquoi personne ne descendait jamais dans les cryptes ni les archives.

Personne à part moi.

La peau sombre de mon guide se noyait presque dans cette obscurité épaisse que nos maigres lumières peinaient à repousser. Elle semblait perdue dans ses pensées, ou bien absorbée par l'écho d'une conversation lointaine chuchotée par les morts. Si ces lieux ne m'effrayaient pas autant que le reste du continent, je ne m'y sentais pas pour autant à ma place. Néanmoins, il n'existait pas de meilleur endroit en Parallan où venir exhumer le passé lorsque l'on cherchait des réponses. Et la vie était faite de compromis, d'un équilibre entre ce que l'on était prêt à sacrifier pour obtenir ce que l'on désirait.

Alors, quand Leora poussa enfin une porte qui avait l'air plus ancienne encore que la Nécropole elle-même, je la suivi.

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