Lila se réveilla dans un silence oppressant. La maison était étrangement calme, comme si elle retenait son souffle. Elle se trouvait à nouveau dans le couloir, mais cette fois, tout semblait différent. Les murs étaient immaculés, le bois lisse et brillant, et aucune trace de l'obscurité qui les avait envahis auparavant.

Elle regarda son bras. La marque noire avait disparu, mais sa peau portait une sensation étrange, comme une brûlure qui ne laisserait jamais de cicatrice visible. Au creux de sa main, la clé noire était toujours là, froide et inerte.

Un murmure s’éleva, presque imperceptible :
« La maison te remercie. »

Lila regarda autour d’elle, cherchant l’origine de la voix. Mais personne n’était là.

Une porte s’ouvrit lentement devant elle, celle par laquelle elle était entrée dans cette maison maudite. La lumière du jour se déversait par l’embrasure, si vive qu’elle en plissait les yeux. Mais elle hésita.

« C’est fini ? » murmura-t-elle, presque pour elle-même.

Mais une sensation lourde, comme une main invisible sur son épaule, l’empêcha d’avancer. Une autre voix, froide et tranchante, résonna dans sa tête :
« Un prix doit toujours être payé. »

Le sol sous ses pieds se déroba, et elle se retrouva de nouveau dans l’immense hall où elle avait vu sa version sombre suspendue. Mais cette fois, elle était seule. L’autel était brisé, les ombres avaient disparu, et un vent glacial parcourait la pièce.

Au centre, une silhouette attendait. C’était son frère. Mais il n’était plus le même. Son visage n’était ni plein de reproches, ni défiguré par l’obscurité. Il semblait paisible, comme dans ses souvenirs d’avant.

« Tu as dit la vérité, Lila, » dit-il, d’une voix douce, presque aimante.

Lila sentit une vague de soulagement, mais il continua :
« Mais la vérité seule ne suffit pas. Tu dois choisir. »

Deux objets apparurent soudain sur le sol devant elle. À sa gauche, une lueur dorée entourait une petite boîte, gravée de motifs familiers, semblables à ceux des anciens jouets de son frère. À sa droite, une dague noire comme la nuit, son manche orné de symboles identiques à ceux gravés sur l’autel.

« L’un d’eux sauvera ton âme. L’autre sauvera la mienne. »

Lila recula, les larmes aux yeux. « Je ne peux pas... Pourquoi dois-je encore choisir ? Je veux juste qu’on soit en paix, tous les deux ! »

Son frère secoua doucement la tête. « Il y a toujours un prix, Lila. Ce n’est pas toi qui l’as décidé, mais c’est toi qui dois le payer. »

Elle tomba à genoux, le poids de la décision la submergeant. Sauver son frère signifiait qu’elle serait piégée ici pour toujours, un sacrifice à la maison. Mais sauver son âme à elle, c’était condamner son frère à l’oubli éternel.

Le murmure des ombres revint, glissant entre les murs comme un serpent :
« Choisis… et sois libre. »

Lila ferma les yeux. Elle savait que, quelle que soit sa décision, elle ne serait plus jamais entière.

Après un long moment, elle tendit la main.

---