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Lila n’avait plus aucun repère. Les couloirs s’étiraient et se déformaient autour d’elle, comme si la maison se tordait sous l’effet d’une douleur invisible. Le poids de l’air l’écrasait, chaque respiration devenant un effort. Mais ce qui la terrifiait le plus, c’était l’empreinte noire.

Elle s’était propagée, couvrant son bras entier jusqu’à l’épaule, des veines sombres serpentant sous sa peau. Plus elle avançait, plus elle sentait une étrange pulsation dans son corps, comme si la maison cherchait à synchroniser son rythme avec le sien.

Elle tomba sur une porte différente des autres. Pas d’ornements, pas de poignée, juste une surface noire et lisse. Pourtant, quand elle s’en approcha, la marque sur son bras brûla violemment. Une voix murmura à nouveau, familière et distante :
« Entre... »

Elle posa une main tremblante contre la porte, et à son contact, elle s’effaça, la laissant entrer dans une pièce qu’elle aurait préféré ne jamais voir.

C’était une chambre d’enfant. Le lit était fait, avec des draps vieux et jaunis, mais toujours impeccablement tendus. Des jouets étaient éparpillés sur le sol, certains si anciens qu’ils semblaient se désagréger. Et sur une petite commode, une photo d’un garçonnet souriant.

Lila sentit son cœur se figer. Le garçon de la photo... elle le connaissait. C’était son frère.

Mais c’était impossible. Il était mort il y a des années, dans un accident qu’elle avait passé sa vie à essayer d’oublier. Comment cette maison pouvait-elle détenir une photo de lui, un jouet qu’il possédait ?

« Lila… tu m’as laissé... »

La voix venait de derrière elle. Un murmure, enfantin mais terriblement distordu. Elle se retourna lentement. Dans un coin sombre de la pièce, la silhouette d’un enfant se tenait là, à moitié cachée par les ombres.

Il avança d’un pas, révélant un visage à moitié mangé par l’obscurité. L’autre moitié était celui de son frère, mais figé dans une expression de reproche intense.

« Pourquoi tu ne m’as pas sauvé ? »

Lila recula, les larmes lui brouillant la vue. « Ce n’est pas vrai… ce n’est pas toi ! »

Mais la silhouette se rapprocha, et les murs de la pièce commencèrent à se couvrir d’écritures, tracées en noir, comme si la maison saignait des mots. Des phrases qu’elle reconnaissait, tirées des derniers instants de son frère :
« Je suis là, aide-moi. »
« Ne pars pas. »
« Pourquoi tu as couru ? »

La douleur dans son bras devint insupportable. La marque noire bougea, comme si elle essayait de s’enfoncer dans sa chair. Lila tomba à genoux, hurlant. Mais avant qu’elle ne puisse réagir, la silhouette de son frère fonça sur elle, et tout devint noir.

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