3
Lila sentit une fraîcheur étrange envahir le couloir, un froid qui semblait glisser sous sa peau, bien plus profond qu’un simple courant d’air. La porte en bois massif devant elle, légèrement entrouverte, grinça doucement comme si elle l’invitait à entrer. Elle hésita, son cœur battant à tout rompre, mais sa curiosité la poussa à avancer.
L’intérieur de la pièce était sombre, la lumière de son téléphone vacillant étrangement, comme si la maison elle-même s’amusait à la piéger. Les murs étaient couverts de portraits anciens, leurs regards peints suivant chacun de ses mouvements. Mais ce n’était pas les tableaux qui la pétrifièrent.
Au centre de la pièce, une chaise se balançait doucement, comme si quelqu’un venait de s’y lever. Une corde pendait au plafond, se balançant légèrement dans un mouvement irréel, bien que l’air soit lourd et immobile. Et puis, elle l’entendit.
Un murmure.
D’abord indistinct, un souffle rauque à peine perceptible. Mais il grandit rapidement, se transformant en un flot de mots chaotiques, hachés, dans une langue qu’elle ne comprenait pas. Lila recula, son dos heurtant un mur glacé.
« Tu es revenue... Pourquoi ? »
Les mots étaient clairs cette fois, presque chuchotés à son oreille. Lila se retourna brusquement mais ne vit rien, seulement son reflet dans un miroir ancien qui trônait dans un coin. Pourtant, ce reflet n’était pas le sien.
Dans le verre, une femme apparaissait, pâle, les yeux creux et un sourire tordu qui ne bougeait pas avec celui de Lila. Lila hurla et fit volte-face, mais la pièce était vide.
Elle voulait fuir, mais la porte s’était refermée derrière elle. La poignée refusa de tourner. Et alors qu’elle frappait désespérément contre le bois, les tableaux commencèrent à tomber un à un, leur verre se brisant sur le sol dans un bruit déchirant.
Puis une ombre se glissa hors du miroir, lente, fluide, et s’étira jusqu’à envelopper la pièce tout entière.
La nuit semblait avaler chaque bruit. Alors que Lila s’avançait dans le couloir, un grincement résonna sous ses pas, mais ce n’était pas le bois qui gémissait. C’était autre chose, un son viscéral, un mélange de souffle et de grondement, comme si la maison respirait lentement.
Devant elle, une porte qu’elle n’avait jamais remarquée auparavant se dessinait. Elle semblait attendre, avec son bois noirci par le temps et sa poignée rouillée. Une odeur de métal et de cendre s’en échappait, suffocante. Contre toute logique, Lila poussa la porte.
L’intérieur était vide, à l’exception d’un vieux berceau au centre de la pièce. Une faible lumière tremblotait au-dessus, projetant des ombres déformées sur les murs. Lila s’approcha, le souffle court. Elle vit que le berceau était couvert d’une fine couche de poussière… sauf en son centre, où une poupée ancienne reposait, immaculée, comme si elle venait d’être déposée là.
Quand Lila tendit la main, une voix éclata dans son dos, brisant le silence comme un coup de tonnerre :
« Ne touche pas. »
Elle se retourna d’un bond, mais il n’y avait personne. La porte, pourtant ouverte quelques secondes plus tôt, était maintenant fermée, et les murs semblaient se resserrer lentement. Puis elle vit l’ombre.
Elle ne savait pas d’où elle venait, car aucune lumière ne projetait cette chose informe. L’ombre rampait depuis le sol, ondulant comme un animal affamé, se dressant petit à petit jusqu’à prendre une forme humanoïde. Deux cavités où auraient dû se trouver des yeux la fixaient intensément.
Lila trébucha en arrière, renversant le berceau. La poupée tomba au sol avec un bruit sourd. Mais à peine avait-elle touché le sol que la pièce se mit à vibrer. Des chuchotements surgirent de partout, des milliers de voix murmurant à l’unisson. Les mots formaient une seule phrase, répétée sans fin :
« Elle est là, elle est là… »
L’ombre se mit à avancer, et chaque pas semblait aspirer la chaleur de l’air. Lila sentait sa gorge se serrer, comme si elle était écrasée par une main invisible. Elle recula, ses jambes tremblantes, jusqu’à heurter le mur.
La créature s’arrêta, tendit une main griffue dans sa direction. Un souffle glacial la traversa, et dans un ultime effort, elle hurla. Ce cri sembla déchirer la réalité, car soudain, tout cessa.
Elle ouvrit les yeux. La pièce était vide, le berceau intact, la porte grande ouverte. Mais quand elle baissa les yeux, une empreinte noircie marquait son bras, comme si l’ombre l’avait réellement touchée.
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