Lila s'avança prudemment dans le couloir, chaque pas semblant plus lourd que le précédent, comme si le sol lui-même cherchait à la retenir. La lumière pâle, qui semblait émaner des murs, était presque irréelle, presque flottante, mais elle ne cherchait pas à l'analyser. Ce n'était plus le moment de se poser des questions. L'heure était venue d'agir, de comprendre ce qui, dans cette maison, pouvait encore la sauver.

Le couloir s'étendait sans fin devant elle, une ligne droite qui semblait la conduire nulle part, mais quelque chose l'attirait, comme un aimant invisible. C’était comme si chaque centimètre de cet espace offrait la promesse d’une vérité qu’elle n’avait pas encore saisie.

Elle tourna la clé noire dans sa main, les bords glacés contre sa peau. Elle ne savait pas encore pourquoi, mais elle sentait au fond d’elle que cette clé avait un pouvoir qu’elle devait comprendre. Peut-être était-elle le lien entre le monde réel et celui qu'elle traversait. Peut-être pouvait-elle ouvrir des portes invisibles, des passages secrets, des réponses enfouies dans les ombres.

Ses yeux se posèrent sur une porte au bout du couloir. Petite, presque insignifiante parmi toutes les autres, mais elle savait que c’était là que se trouvait la solution. Elle n'avait aucune idée de ce qu’elle allait trouver derrière, mais elle était prête. Il n'y avait plus de retour possible. Lila n’était plus la même personne qu’au début de ce voyage. La maison, la clé, les ombres : tout était lié. Et elle allait enfin le découvrir.

Elle atteignit la porte et posa sa main sur la poignée. Cette fois, elle ne se sentit pas aussi nerveuse. Ce n'était plus un simple acte de curiosité ou de fuite, c'était une nécessité. Elle savait que tout ce qui allait se passer à partir de maintenant avait une importance cruciale.

La porte s’ouvrit en silence, sans le moindre grincement. Lila s'avança à l’intérieur, ses yeux scrutant la pièce. Ce qu’elle trouva était à la fois déroutant et familier. Un salon. Un canapé. Des livres. Des étagères remplies d’objets étranges. Mais ce qui attira immédiatement son attention, ce fut la silhouette au centre de la pièce.

Elle était là, immobile, une figure pâle, presque translucide. La lumière semblait se plier autour d’elle. Une figure féminine, enveloppée d’une aura de mystère. Lila frissonna. Elle la reconnaissait.

« Maman ? » souffla-t-elle.

La silhouette hocha lentement la tête, mais son regard restait vide, figé. Lila sentit un frisson glacial traverser sa colonne vertébrale. La personne devant elle n’était pas sa mère. Ce n’était qu’une projection, un reflet de ce qu’elle aurait voulu voir. Mais pourquoi ici ? Pourquoi maintenant ?

La voix de la silhouette résonna dans la pièce, faible mais claire. « Tu t’es enfin décidée à regarder, Lila. »

Lila recula d'un pas. « Regarder quoi ? »

« Regarder la vérité. Regarder ce que tu as cherché. Ce que tu as perdu. » La silhouette s’approcha, sa présence devenant de plus en plus oppressante. « La maison te montre ce que tu as besoin de voir. Mais tu n’es pas prête à tout accepter. »

Lila sentit une rage monter en elle. « Je suis prête ! » cria-t-elle, la clé noire toujours serrée dans sa main. « J’en ai assez de tourner en rond. J’en ai assez de cette maison. »

La silhouette sourit, mais il n’y avait rien de chaleureux dans ce sourire. « Alors, que vas-tu faire, Lila ? Vas-tu t’échapper ? Ou vas-tu accepter ce que tu es devenue ? »

Les mots de la silhouette la frappèrent comme un coup de poing. Ce qu’elle était devenue… Elle n’avait jamais vraiment réfléchi à ça. Elle se haïssait presque d’avoir été piégée aussi longtemps, d’avoir cru qu’il suffisait de fuir pour se libérer. La maison ne voulait pas seulement son corps. Elle voulait son âme, sa conscience, son être tout entier.

Mais cette pensée, loin de la paralyser, la libéra. Elle n’était pas encore perdue. Pas encore.

« Non. » dit-elle d’une voix ferme. « Je ne suis pas ce que tu veux que je sois. »

À cet instant, elle tourna la clé noire dans sa main. Un bruit sourd, comme un verrou qui se dégage, résonna dans l'air. La silhouette s'éteignit immédiatement, comme une bougie soufflée. Lila regarda autour d’elle, haletante. Le silence retomba, lourd et étrange.

Le couloir disparut. Les murs tremblèrent, et la pièce se dissipa comme un mirage. Lila se retrouva à nouveau dans une autre pièce, la clé toujours dans sa main. Mais cette fois, elle savait qu’elle était sur la bonne voie. Elle n’était plus une victime, plus une âme perdue. Elle avait un but.

Elle avait peut-être encore beaucoup à découvrir, mais elle était prête. Lila n'était pas prête à se soumettre à cette maison. Elle allait la briser, pièce par pièce.