Chapitre 9_2
Eliott
Eliott décida d'aller voir son directeur dès qu'il aurait du temps libre. Pour le moment, il devait se rendre à son cours de cartographie des étoiles. Lorsqu'il entra dans la salle, un silence pesant régnait.
— Monsieur Molorak, ayant des soucis de santé ne pourra pas assurer les cours. Je serais son remplaçant.
Eliott s'assit rapidement, mais cela n'échappa pas au professeur qui continua :
— Je sais qu'il n'a pas été très strict à propos de la ponctualité, sachez désormais, jeune homme, que tout retard vous vaudra une heure de retenue ! Ai-je été clair ?
— Très clair, lui répondit Eliott.
— Monsieur Bulalakaw ! Sachez jeunes gens que le programme de cette année est très remplis ! De plus, comme vous avez passé une semaine à ne rien faire, - il faut dire ce qui est - , il va falloir accélérer. Sortez un parchemin vierge et dessinez moi l'astre le plus proche de notre planète.
Tous les élèves s'activèrent. L'un d'entre eux osa lever la main, le professeur l'ignora. L'élève en question, demanda alors autour de lui, si l'astre était bien le phœnix. Le professeur hurla en demandant le silence. Impossible de savoir si l'astre en question était bien une des lunes de leur planète. Eliott connaissait parfaitement la carte du ciel. Sept astres entouraient sa petite planète, sept satellites en orbite autour d'Amoni. Il y avait : Quan et Yuan des lunes jumelles, on ne les voyait jamais en entier, elles étaient les plus éloignées de la surface d'Amoni. Elles formaient, à elles deux, un cercle lumineux. Venait ensuite Yi, Qì, Yumao, Qìmao quatre astres ellipsoïdes, Yi et Qì dessinaient deux ailes dans le ciel. Yumao et Qimao représentaient des plumes formant ainsi une queue. Le dernier astre, le plus près, s'appelait Toù. Sa surface, abîmée par des impacts de météorite, se faisait de l'ombre, si bien que la nuit, cette lune pourtant ronde avait l'aspect d'une tête d'oiseau. Les sept satellites alignés formaient un phœnix. Il était visible au complet seulement une fois dans l'année. Le reste du temps, on pouvait observer un cercle, des ailes et une queue ou une tête.
Eliott dessina la tête, avec tous ses gouffres et ses monts. Lorsque le cours se finit, il se rendit en hâte dans le bureau de son directeur. Son secrétaire, Monsieur Ilan, un homme plutôt jeune, appartenant au peuple des Farur, l'accueilli gentiment en lui expliquant que le directeur était actuellement en réunion avec le gouverneur de Mirina et qu'il ne devait être dérangé sous aucun prétexte. En attendant, Monsieur Ilan prendrait toutes les demandes des étudiants.
— Auriez-vous par hasard des informations sur mon frère ? lui demanda alors Eliott.
— Je suis désolé, Eliott, nous n'avons pas le droit de divulguer des informations sur les autres élèves.
— Mais c'est mon frère ! Est-ce que vous savez si il va bien ? Quelqu'un a prévenu mes parents ?
— Je ne peux rien te dire.
Voyant que le jeune homme était dépité, il continua :
— Je ne pense pas que tes parents soient au courant. Souhaites-tu que je le fasse ?
— Vous allez leur donner plus d'information qu'à moi ?
L'homme ne répondit pas. Eliott fulminait. Pourquoi n'avait-il pas le droit de savoir ? Pourquoi Tiago ne lui avait laissé aucune information ? Il accepta cependant que l'on envoie un Nithiel prévenir ses parents, il espérait que le message contiendrait des informations auquel il n'avait pas le droit.
Malgré le fait, que la plupart des élèves étaient en week-end, Eliott rejoignit son dortoir, les élèves de cinquième année avaient des examens un samedi matin par mois. Ce samedi en faisait parti. Ces pensées s'emmêlaient, il n'arrivait plus à réfléchir correctement, tout son corps semblait tourner au ralenti. Aussi ne vit-il pas la porte de sa chambre s'ouvrir sur lui. Il ne réussit pas à l'éviter et se la prit dans le nez.
— Excuse-moi ! Fit une voix plus basse.
C'était Erle qui partait chez ses parents. Il tourna la tête, inquiet, puis il tira Eliott à l'intérieur de la chambre. Eliott le regardait surpris.
— Si tu as un collier comme Tiago cache le !
— Comment sais-tu...
— J'ai entendu une discussion de Tiago et Sofein. Il ne faut surtout pas que le Sorn le voit ! s'exclama-t-il avec insistance.
— Pourquoi ? Que s'est-il passé ? Tu as des informations sur Tiago ? le questionna Eliott
Erle regarda sa montre, sortit la tête dans le couloir, vérifia que personne n'écoutait et répondit à son ami :
— Le collier de Tiago est quelque chose de très recherché, de très rare, Solaufein l'a découvert sous l'oreiller de Tiago, sûrement par hasard, précisa-t-il, un jour que Tiago n'était pas là, il a voulu s'en emparer mais Tiago est entré à ce moment-là et ils se sont engueulés. J'étais à la douche, je n'ai pas pu entendre correctement ce qu'ils se disaient. Je sais seulement que lorsque je suis sorti de la salle de bain, Solaufein n'était plus là et Tiago paraissait choqué.
— C'était quand ? demanda Eliott déboussolé.
— En début de semaine, je pense.
Eliott ne savait pas comment gérer cette information. Voilà que maintenant celui qu'il pensait être un ami était sûrement responsable de la disparition de son frère. Et si, Erle mentait, et si ce n'était pas le jeune Sorn qui avait essayé de piquer le collier ? Et si, il essayait de lui faire parler du sien ? Il ne savait plus qui croire.
— Je dois y aller sinon je vais louper ma bulle, lui dit alors le jeune Farur, je ne savais pas quoi faire de cette information, je me suis dit qu'elle pourrait peut-être t'aider. Je ne pense pas que la disparition de Tiago soit lié à Solaufein mais ça vaut le coup d'être prévenu.
— Merci.
Ce fut le seul mot qu'Eliott réussit à dire.
Après sa douche, sans prendre le temps de réviser pour le test du lendemain, ni même de manger, il se coucha. Il n'avait pas envie de croiser quelqu'un à la salle d'étude ou à la salle à manger. Il s'endormit le ventre vide et la tête en ébullition.
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Kathlina
Le samedi, après la prière du matin, les trois filles se mirent en route pour le temple de Monia. Pour cela elles durent traverser la ville de Mirina pour prendre une bulle transparente au port. Kathlina fût médusée par ce moyen de transport plus qu'extraordinaire, au point qu'arrivée à leur destination elle ne voulait plus en sortir. Ainsi, au lieu d'aller visiter le temple, les filles passèrent leur matinée à voler au-dessus de l'eau dans les bulles de voyage. Kathlina appréciait beaucoup le fait de pouvoir faire tourner la bulle dans n'importe quel sens, et que celle-ci revienne toujours sur sa route d'origine. Ainsi on ne risquait pas de se perdre au milieu de l'océan. A midi, elles attrapèrent un casse-croûte au port de Mirina, avant de repartir dans les bulles. Kathlina ne se lassait pas de cette super invention, et ses nouvelles amies ne se lassaient pas de l'observer s'amuser. Après un voyage particulièrement turbulent - elles avaient testées la vitesse maximale en tournant sur elles-mêmes – les jeunes filles se posèrent dans le jardin du couvent. Assise dans l'herbe, Sheba imita les grimaces qu'elles avaient faites pendant leurs voyages. Face à cela, les jeunes filles ne purent retenir leur fou rire et partirent dans des éclats de rire sans fin.
Lorsqu'une prêtresse fit sonner la clochette du couvent, les trois adolescentes, épuisées par leur merveilleuse journée, ne réagirent pas tout de suite. En entendant le cinquième coup elles se dépêchèrent d'aller à la salle d'accueil où la plupart des sœurs s'étaient déjà retrouvées. Avec tout ce brouhaha, il leur fallut quelques secondes pour comprendre la raison de l'agitation : sœur Setaal était de retour. Celle-ci eu à peine le temps de poser sa valise, qu'elle fût assaillie par des questions. Tout le monde voulait savoir ce que le gouverneur lui avait dit et quelles nouvelles elle rapportait. Après un nouveau coup de clochette, toutes les sœurs s'assirent en silence, en demi-cercle. Ne sachant trop quoi faire, Kathlina suivit le mouvement. Une fois toute la salle silencieuse, dame Setaal commença à expliquer :
— Mes chères sœurs, je suis heureuse d'être à nouveau parmi vous. Mes derniers jours ont été turbulents, je vais donc essayer de faire court afin que nous puissions tous retourner à nos occupations. J'ai eu l'occasion de parler avec notre cher gouverneur de la disparition des pendentifs, il était heureux que je l'en mette au courant et m'a assuré que l'histoire allait être réglé. Ces derniers jours, je me suis assurée que la recherche soit productive et puis j'ai aidé où je le pouvais. Nous avons donc aucune raison de nous inquiéter.
Pendant l'annonce Kathlina pu observer une vague de soulagement passer sur les visages des prêtresses. Alors que tout le monde s'apprêtait à repartir, sœur Setaal les rappela :
— Soeur Inésa ! Thilma ! Sheba ! Restez là, j'aimerais vous parler !
Dès que les apprentis furent assez proches, elle leur mit ses affaires entre les mains en soufflant un merci de les monter dans ma chambre les filles. Puis elle se tourna vers sœur Inésa :
— Ma chère, je voulais te demander si tu as pu trouver des indices dans la grande tour suite aux derniers événements ?
Kathlina qui épiait chaque mot de la nouvelle sœur, dû s'approcher pour écouter les prêtresses :
— Je n'ai rien trouvé après que tu sois partie. Toutefois deux heures après, la tour s'est à nouveau mise à sonner. Cette fois je suis montée pour regarder si il n'y avait pas de problèmes avec les cloches. Mais non, rien. Cependant tout en haut j'ai trouvé cette jeune fille endormie.
En joignant le geste à la parole, elle montra Kathlina. Celle-ci essaya de se cacher pour ne pas être pris en flagrant délit, mais il était trop tard. Les deux prêtresses l'avaient aperçue. Sœur Setaal lui fit signe de la main de s'approcher et la questionna :
— Comment t'appelles-tu ma fille ? Et dit moi, comment as-tu fait pour monter dans la tour ?
Kathlina répondit fidèle à la vérité. Mais lorsqu'elle dit par l'escalier, la dame secoua la tête de mécontentement. À peine audible elle murmura : c'est impossible ! Au lieu d'accuser la jeune fille de mentir, elle la prit par la main et l'emmena devant la grande tour. Arrivées devant celle-ci, elle lui dit simplement :
— Montre-moi comment tu as fait !
Les sœurs Setaal et Inésa emboîtèrent le pas à Kathlina lorsque celle-ci ouvra la porte et avança. Toutefois, l'escalier qu'elle avait empruntée la fois d'avant n'était plus là. Mais comment était-ce possible ? La dernière fois elle avait simplement ouverte une porte puis pris le petit escalier en colimaçon qui lui avait semblé ne jamais finir. La porte ! Il fallait qu'elle ouvre la porte d'abord ! Cependant, la jeune fille pouvait se tourner autant qu'elle voulait, elle n'apercevait pas de porte. Dépitée, elle fit part de sa découverte aux prêtresses. Sœur Inésa justifia :
— Tu vois Setaal ! Depuis le début elle nous dit qu'elle a pris des escaliers. Mais c'est impossible ! Il n'y a pas d'escaliers, et elle n'est pas une prêtresse donc elle ne peut pas utiliser l'ascenseur !
— Calme toi Inésa, cette jeune fille a dû vous raconter n'importe quoi. Es-tu sûre de l'avoir trouvée en haut de la tour, et non dans cette salle, en bas ?
— Évidemment que j'en suis sûre, elle y dormait profondément ! Elle s'est réveillée quand je suis arrivée, puis je l'ai emmenée au couvent.
— Dans ce cas, que faisais-tu dans la tour Kathlina ?
Kathlina ne comprenait plus ce qui se passait, où était passée la porte ? Comment s'était-elle retrouvée en haut de la tour si aucun escalier n'existait ? Et que faisait-elle dans ce monde ? Ces questions lui firent tourner la tête. Avec entrain elle ouvrit la porte de la tour et se jeta dehors. Même à l'extérieur elle eut l'impression de suffoquer. Elle avait besoin d'eau, et rapidement. Prise de panique elle voulut courir vers le couvent, mais elle en était incapable.
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