Chapitre 9_1

Eliott

Eliott cru d'abord à une mauvaise blague. Mais le regard sérieux et affolé de son petit camarade le convaincu. Il était paralysé par l'incompréhension, la panique et la peur. Où était Tiago ? Réfléchis. Calme-toi. Il doit bien y avoir une logique. Il essayait tant bien que mal de se rassurer. Tiago n'avait pas pu disparaître sans que personne ne soit au courant. Si il avait décidé de s'enfuir, ils n'auraient pas déjà un nouveau colocataire. Sa disparition était donc prévue. Et le mieux informé n'était autre que le directeur de l'école. A ce moment, un jeune homme de taille imposante s'assit à leur table. Eliott ne réagit que lorsque d'une voix forte, et d'un geste brusque, leur nouveau colocataire lui flanqua un coup dans le dos en s'écriant : "Bonjour les copains ! ". Eliott leva les yeux. Il était très grand, costaud, avec un sourire niais aux lèvres. Il était sûrement heureux d'avoir fracturé plusieurs côtés à son nouveau "copain". C'en fut trop pour Eliott qui se leva et s'enfuit dans sa chambre sous le regard apeuré du petit Sorn.

Assit sur son lit, Eliott réfléchissait. Ses parents étaient impossibles à joindre étant donné que Hirë - le Nithiel - n'était pas revenu. Il avait fouillé toute la chambre à la recherche d'indice qui lui aurait permis de comprendre : en vain. Tiago ne lui avait rien laissé. Pas le moindre message, pas la moindre affaire... Affaire ? Eliott se leva d'un coup et se précipita vers le lit de son frangin, souleva l'oreiller... et se rassit dépité. Il n'y avait rien. Pas de collier, pas de message, rien. Un petit toc toc se fit entendre, c'était Solaufein qui rentrait du repas.

— Si tu as besoin d'aide, je suis là. Lui fit savoir son ami.

Eliott restait silencieux. Incapable de réfléchir correctement, impossible de mettre ses idées en ordre. Lorsque des pas lourds se firent entendre depuis le couloir, il se dépêcha de se coucher et avec la complicité de Sofein, au moment où le nouveau arriva dans la chambre, il les trouva endormis. N'importe qui penserait que ce géant ne faisait pas attention à ses camarades au vu du boucan qu'il faisait, mais eux comprirent qu'il s'efforçait de faire le moins de bruit possible !

A sa plus grande surprise, Eliott s'endormit rapidement. Cette nuit-là il rêva. Un rêve qui lui parut très réaliste néanmoins. Il s'était retrouvé plongé dans une obscurité aveuglante. Lorsque ses yeux purent distinguer quelque chose, il remarqua qu'il était enfermé dans une cellule en verre. Il se colla à la vitre, et vis de l'autre côté, un homme allongé. Il hurla. L'homme ne bougea pas. Il continua. Rien. Aucun bruit ne semblait provenir de l'autre cellule. De l'autre côté de son box, une autre vitre, avec de l'autre côté un homme qui, cette fois, était réveillé. Il le regardait avec un sourire triste aux lèvres. Il lui fit comprendre que personne ne pouvait l'entendre et qu'il ne pouvait pas non plus entendre qui que ce soit.

Tout à coup une lumière éblouissante se déclencha et Eliott se réveilla. Un petit tankilo motorisé volait dans les airs en chantant : "Debout, debout les copains ! Il est déjà sept heures du matin". BOUM ! Le géant venait d'écraser le réveil contre le sol.

— Chut ! Tu ne vois pas que les autres dorment ? Dit-il à ce qui restait de son jouet.

— "Debout critch! deb...critch"

Le nouveau attrapa son tas de ferraille et le glissa sous son oreiller tout penaud. Eliott décontenancé par ce géant encore enfant, lui tendit la main en se présentant. Le nouveau se nommant Booby, lui écrabouilla la main en s'excusant pour toutes ses maladresses. Eliott, la retira rapidement, se souvenant de ne plus jamais la lui donner, et entama une discussion afin d'en savoir un peu plus sur leur camarade.

Après le petit-déjeuner, Sofein se glissa près d'Eliott :

— Tu comptes faire quoi ? Tu en sais un peu plus ?

— Je ne sais pas, je comptais aller voir mes parents après mes cours du samedi, lui répondit le jumeau un peu surpris. Pourquoi ?

— J'ai beaucoup réfléchis, lui répondit-il, et je pense avoir des pistes, mais pour cela il va falloir du temps.

Eliott qui voyait où son ami voulait en venir, lui proposa de venir chez lui le week-end.

En attendant la fin de la journée, Eliott s'organisa afin de mener son enquête au mieux. Interroger le directeur, chercher des informations sur une prison de verre, retourner à l'endroit où il avait vu disparaître les mafieux, prévenir ses parents, se renseigner sur le nouveau professeur... Il devait faire plein de choses, restait maintenant à les faire dans le bon ordre !

Ariane

C'est maintenant l'heure pour nous de partir. Charlotte enfile les vêtements colorés ramenés la veille par Lydia avant que l'on se téléporte. Il ne faudrait pas que Charlotte sorte du lot avec des vêtements terriens à motifs imprimés.

Une fois à Mirina, Lydia nous guide dans la ville, semblant totalement la connaître. Je ne m'étonne donc pas lorsqu'elle montre une carte au vigil situé devant un imposant bâtiment que je suppose être la bibliothèque. Celui-ci se pousse alors pour nous laisser entrer sans même poser de question par rapport à notre présence. La beauté du lieu me frappe. Je remarque que Charlotte est elle aussi ébahi par ce lieu majestueux. Tout est si imposant et organisé ! Nous suivons Lydia machinalement au travers des différentes parties de la bibliothèque, chacune ayant une couleur spécifique, tout en observant scrupuleusement les lieux. Il y a tellement de livres que je ne sais plus où donner de la tête. Certains me semblent plus anciens que d'autres. Sans parler d'une zone où tout semble à l'abandon, la zone rouge... Peut-être des livres interdit ou trop anciens ?

La curiosité me titillant, je me dirige vers ce rayon, abandonnant les filles. Je remarque alors ce qu'il me semble être un bibliothécaire à l'entrée du rayon. Il semble des plus surpris de me voir mais ne se gêne pas pour me détailler. Il s'arrête sur mes longs cheveux roux avant de sourire et de me demander de le suivre. Il est vraiment bizarre ce type ! Il s'enfonce dans le rayon poussiéreux et me tend un livre avant de se volatiliser. De plus en plus bizarre. Ne voulant pas traîner au niveau de ces étagères lugubres plus longtemps, je pars alors retrouver Lydia et Charlotte pour leur montrer ma trouvaille. Celles-ci se trouvent assises à une table avec une dizaine d'ouvrages devant elles. Lydia semble prendre des notes pendant que Charlotte elle se tourne les pouces. Je m'installe à leurs côtés et leur montre mon livre. Le regard de Lydia s'illumine :

— Où l'as-tu trouvé ?!

— Euh, c'est le bibliothécaire qui me l'a donné.

— Ça doit être pour ça !

— Pour ça quoi ?

— Ce livre vient directement de la partie destinée aux Kralun, enfin au rayon qui leur était destiné vu qu'il n'y en a plus.

Charlotte demande alors intriguée :

— Les Kraluns ? C'est qui ?

Lydia lui répond alors machinalement :

— C'est un peuple qui à disparu d'Amoni suite à une guerre.

Elle se tourne ensuite vers moi et me dit perplexe :

— Je ne comprends pas pourquoi il t'a donné ce livre Ariane. Que lui as-tu demandé ?

— Rien justement ! Il m'a juste dit de le suivre puis il m'a tendu ce livre avant de disparaître.

— Mmmh, c'est bizarre. Regardons de quoi il en retourne. Je ne pense pas qu'il te l'ait confié sans raison.

Lydia se met alors à lire le bouquin. Arrivant à un passage des plus intéressant, elle se met à lire à voix haute pour que nous comprenions :

"Ce n'est que lorsque la lumière amènera les ténèbres que tout renaîtra.

Par sa brillance elle unira les camps.

Par leur union les peuples se comprendront.

Par leur séparation les mondes sombreront."

On se regarde alors toutes les trois. C'est quoi ce délire ? Pourquoi à chaque fois qu'on tente d'avancer tant bien que mal, de nouveaux mystères se dressent sur notre chemin ? On est ici pour trouver des réponses sur la boite et qu'est-ce qu'on trouve ? Une stupide prophétie incompréhensible dont on ne saisit pas le sens ! Tout cela m'énerve tellement que je me lève furieuse, avant de sortir de cette foutu bibliothèque. Charlotte ne tarde pas à me retrouver sur les marches.

— On va trouver une solution Ariane... Lydia a sûrement trouvé quelque chose dans tous les livres qu'elle a lu. Il ne faut pas que tu perdes espoir.

— Je sais tout ça, mais garder espoir ne m'apporte aucune réponse. J'en ai juste marre, marre de ne plus avoir de contrôle sur ma vie.

Charlotte ne répond rien mais son regard en dit long. Elle est loin d'être d'accord avec moi, mais bon que peut-elle y faire. Ce n'est pas elle qui se retrouve à ma place. La colère ne descendant pas, on attend tout simplement que Lydia nous rejoigne une fois sa lecture achevée.

De retour dans ma chambre, Lydia nous explique les deux trois trucs qu'elle a trouvé sur notre boite avant que je parte m'enfermer dans la salle de bain. Cette boite semble faire partie d'une catégorie d'objet ne s'ouvrant que par utilisation de magie, chaque boîte nécessitant une formule spécifique. Dans la majorité des cas, elles renferment des choses, des souvenirs ou des personnes dangereuses. C'est une sorte de prison magique permettant de contenir de puissants ennemis. Espérons juste que dans mon cas ce ne soit pas un fou furieux qui y soit enfermé. Mais bon, si c'était le cas vu mon état actuel, lui coller un bon point dans la figure ne me ferai pas de mal.

Une fois Charlotte partie, Lydia s'exclame de l'autre côté de la porte :

— Elle ne viendra plus jamais avec nous, c'est trop dangereux pour elle là-bas. Elle n'a rien à y faire. J'ai fait une erreur en l'emmenant !

Je sors alors de la salle de bain et m'exclame :

— Pourquoi dis-tu ça, il ne nous est rien arrivé !

— Ce ne sera pas le cas à chaque fois Ariane. Et puis elle ne pourrait pas se défendre là-bas. Et avant que tu me dises, que toi non plus tu ne sais pas le faire et que je t'ai protégé sache que protéger une personne, ce n'est pas pareil que deux personnes.

— Mais...

— Il n'y a pas de mais qui tienne, je ne l'emmènerai plus là-bas !

— Et bien c'est moi qui le ferai si tu le prends comme ça !

— Ah oui et par quel moyen ?

— Et bien comme j'ai fait avec toi !

— C'était différent avec moi, je viens de là-bas ! Pourquoi crois-tu que j'ai dit que JE la téléporterai ? Tout simplement car je suis la seule à pouvoir le faire.

Elle reste silencieuse un instant pour me laisser digérer la nouvelle avant de reprendre :

— Je ne sais pas si tu te souviens bien de ce que je t'ai dit concernant mes pouvoirs. Je t'avais dit que je pouvais contrôler les personnes et les émotions. Et bien sache que pour la transporter avec nous j'ai utilisé cette habilité. Mais j'ai peur qu'en plus d'avoir fait une erreur en l'emmenant là-bas, j'ai aussi forcé un phénomène qui n'aurait pas dû se produire. Je pense d'ailleurs que Charlotte va en subir les conséquences d'ici quelques jours...

— C'est à dire les conséquences ?

— Oh rien de bien méchant, je pense juste que son corps va lui faire comprendre... Elle va sûrement avoir mal à ses muscles et avoir une bonne gastro. Oups !

— Oups ? Tu es sérieuse Lydia ? Pourquoi ne pas en avoir parlé avant ?

— Elle semblait être tellement contente qu'on ne la rejette pas. Et puis comme ça, on ne l'aura plus dans les pattes pendant quelques jours !

— C'est de mon amie que tu parles, pas d'un objet que tu peux abandonner !

Coupant cours à la conversation je retourne dans ma chambre en claquant la porte. J'ai été naïve de penser que Lydia et Charlotte pourraient s'entendre. Il va falloir que je fasse attention si je ne veux pas perdre ma meilleure amie à cause de cet autre monde et de ses habitants.

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