Chapitre 7_2
Jules, Aline & Kathlina
Le vendredi, les deux adolescents étaient à nouveau en pleine forme, et ils commencèrent à beaucoup s'ennuyer dans leur chambre d'isolement. Le soir d'avant ils avaient dû laisser les médecins leur accrocher à nouveau des tuyaux afin que le docteur soit sûr qu'ils aillent bien. Toutefois, contrairement aux adultes, Aline et Jules savaient qu'ils allaient bien. Ils savaient pourquoi ils étaient tombés dans le coma. Cependant ils ne savaient et ne comprenaient pas pourquoi Kathlina ne s'était pas réveillée. Après avoir insisté autour de chaque personne qu'il croisait, on laissa Jules rendre visite à Kathlina. Celle-ci dormait. Si on ne lui avait pas dit qu'elle était dans un coma, Jules aurait dit qu'elle était juste entrain de somnoler, d'ailleurs le coma n'était-ce pas comme un sommeil profond et long ? En croisant le regard peiné et plein d'angoisse des parents de la jeune fille il se sentit tout d'un coup coupable. N'était-ce pas lui qui avait pris la main de Kathlina pour aller à Amoni ? Il n'aurait pas dû l'emmener dans ce monde ! Sûrement elle était devenue malade là-bas ! Il aurait dû la laisser dans sa chambre où elle était protégée contre l'extérieur !
Il éclata en sanglot et s'excusa mille fois auprès de ses parents, mais surtout auprès d'elle en prenant entre ses mains sa main pâle et molle.
Malgré l'envie qu'il avait eu d'aller la voir, il n'arriva pas à rester dans la chambre de la malade à force de se sentir coupable. Tout le monde : les médecins, les infirmiers, ses parents, son frère et Aline lui répétaient que ce n'était pas de sa faute. Son état actuel était la conséquence de sa maladie qui s'était aggravée les derniers mois. En effet, il apprit que c'était déjà la deuxième fois qu'elle se trouvait ainsi dans un coma. La dernière fois elle s'était réveillée après un peu plus de trente heures, cela faisait maintenant presque trois jours qu'elle n'avait plus ouvert ses yeux bleus presque indigo. Ses yeux rieur et l'envie d'aventure qu'elle avait dégagé à Amoni manquaient déjà à Jules. Pourquoi ne pouvait-elle pas se réveiller ?
★
Ariane
Le lendemain, je me lève en trombe de mon lit et me prépare rapidement espérant ainsi pouvoir passer plus de temps avec Charlotte à l'arrêt de bus, histoire de lui demander ce qu'il se passe. Je préviens Lydia qui est toujours à moitié endormis que je pars directement. Celle-ci émet un grognement avant de se rouler dans sa couette. Je cours jusqu'à l'arrêt, où se trouve Charlotte écoutant de la musique le regard dans le vide. Je me plante devant elle et lui souris. Cependant elle m'ignore complètement. Je lui enlève donc ses deux écouteurs ce qui entraîne, cette fois, une réaction forte de sa part.
— Non mais tu ne vas pas bien toi ! Tu ne vois pas que là je suis occupée !
— Écouter de la musique, le regard dans le vide ce n'est pas ce que j'appelle une occupation.
Franche comme elle est, elle me répond :
— Peut être que je ne voulais tous simplement pas te parler !
— Mais pourquoi ? J'ai rien fait que je sache.
— Tu sais quoi, oublies !
Si elle pensait que j'allais laisser tomber après ça, elle ne me connaît pas assez bien :
— Non je veux une explication ! Mercredi après le bowling tu es partie sans rien dire et hier tu n'es pas venu en cours. De plus, tu n'as jamais répondu à mes messages alors j'aimerai bien savoir ce qu'il se passe !
Elle souffle avant de me dire :
— Je suis juste fatiguée et de mauvaise humeur en ce moment, je suis désolée... Tu me connais, dès que je suis fatigué je suis d'humeur massacrante.
— C'est pas faux. Mais tu es sûre que ce n'est que ça ?
— Oui, oui, ne t'inquiètes pas.
— On oublie tout ça alors ?
— Oui, je suis désolée que mon côté lunatique aie pris le dessus, dit elle en rigolant.
Je vois qu'elle ne me dit clairement pas tous. Mais bon, je préfère qu'on soit en bon terme et éviter de la rendre furieuse en insistant un peu trop... À la fin de notre étreinte, Lydia débarque et nous dit bonjour toute souriante. Je lui retourne son sourire contrairement à Charlotte qui remet ses écouteurs dans ses oreilles. Voyant l'incompréhension de Lydia, je lui chuchote que Charlotte est de mauvais poil en ce moment. Celle-ci hoche la tête avant de sourire légèrement. Elle est vraiment joyeuse en toute circonstance cette fille. Enfin presque, si on prend en compte le retour dans l'autre monde de la dernière fois.
Une fois que la sonnerie du dernier cours retentit, je propose à Charlotte de nous accompagner pour aller dans l'autre monde pour que je puisse revoir Théamina. Mais avant même qu'elle ne me réponde, Lydia lance :
— Pourquoi elle viendrait ? Elle est totalement inutile !
Charlotte se renfrogne et répond :
— De toute façon, j'ai d'autres projets. À plus !
★
Jules, Aline & Kathlina
Seulement en début d'après-midi Jules se rendit compte qu'il était complètement à côté de la plaque. Après avoir vu Kathlina, il n'avait adressé la parole à plus personne. Il avait ainsi laissé la pauvre Aline complètement dépourvue. Non seulement celle-ci devait s'inquiéter de la santé de son amie, mais en plus elle n'était pas dans son monde. Tout autant que Jules ne connaissait les "règles" des Sorn, tout autant Aline ne connaissait pas les "règles" de chez-lui. Pour se changer un peu les idées et afin d'accomplir la promesse qu'il avait fait à la jeune étrangère le jour d'avant, il demanda à sa mère de les déposer chez une camarade de classe. Si les deux jeunes n'avaient pas encore le droit de quitter l'hôpital définitivement, ils avaient eu le droit de sortir pour une heure.
Sachant qu'Ariane était en cours, il fit semblant de sonner à la porte, puis dit à sa mère qu'ils la trouveront sur les champs derrière la maison. Suivi de près d'Aline, il s'éloigna donc d'un pas décidé pour échapper à la surveillance de sa mère, en direction des boxes des chevaux de la famille d'Ariane. Depuis qu'il était petit, Jules avait toujours eu un énorme respect envers les animaux majestueux comme les chevaux, c'étaient des animaux grands mais élégant à la fois. Autant qu'il voulait s'en rapprocher chaque fois, autant il savait les craindre à cause de leur force et taille. Pour cette raison, le jeune garçon resta en retrait une fois que les deux adolescents étaient entrées dans l'étable. En plus, même si il connaissait un peu Ariane, il ne pouvait pas la qualifier de copine, et il ne savait pas comment elle, ou quelqu'un de sa famille réagirait en les trouvant à cette endroit. Mais puisqu'il avait fait une promesse à Aline, il avait voulu s'en acquitter le plus rapidement possible, et sans trop réfléchir il l'avait mené ici. À présent il ne pouvait plus faire marche arrière, il regarda donc, de l'entrée de l'étable, son amie se rapprocher de plus en plus des boxes, puis tendre sa main vers la crinière d'un étalon noir. Contrairement à la fois avec Lucky, elle ne semblait éprouver aucune crainte, ce qui surpris Jules qui lui n'oserait jamais se rapprocher d'un cheval qui en plus appartenait à une fille aussi émotive qu'Ariane. Voyant qu'Aline appréciait le contact avec l'animal, et que le cheval ne réagissait pas du tout à la présence de la jeune fille, Jules préféra prévenir sa camarade du danger qui pouvait venir de ces animaux qui n'existaient pas dans son monde.
Toutefois, à sa surprise, la Sorn lui répondit sûre d'elle qu'il n'y avait aucun danger :
— Ne t'inquiète pas Jules, cet animal n'est pas un danger pour nous. Il apprécie notre présence. Cependant il sent ta peur et ne comprend pas d'où elle vient. Calme-toi ! Je te promets qu'il ne te veut aucun mal.
Tous les mots encourageants, qui semblaient non fondées à l'adolescent, ne le firent pas changer d'avis.
Ne laissant pas trop le choix à Aline, il retourna voir sa mère. La jeune fille resta encore quelques minutes dans les boxes, puis rejoignit les deux Huchet. Leur heure de sortie étant presque écoulé, Jules supplia sa mère de passer rapidement à la plage. La mer lui manquait, d'habitude il la voyait tous les jours sur son chemin du lycée, et ce n'était pas rare qu'il s'arrêtait en chemin pour passer sa main ou ses pieds dans l'eau fraîche. À présent il avait besoin des vagues pour calmer son esprit, et pour retrouver son courage.
★
Ariane
Une fois chez moi, on monte dans ma chambre puis Lydia me demande de me concentrer sur le temple pour qu'on se téléporte directement à cet endroit, sans avoir à faire pleins de détours. Après cinq bonnes minutes de concentration, car oui je ne suis pas encore au point, j'arrive enfin à rejoindre le temple. Une fois là bas, Lydia m'annonce qu'elle va retourner chez moi vu que je suis arrivée à bon port et qu'elle reviendra me chercher dans une heure pour que mon absence ne soit pas remarquée par mes parents. Après m'avoir souhaité bonne chance, Lydia disparaît, me laissant alors seule devant le temple.
J'entre dans celui-ci sans vraiment savoir comment je vais pouvoir voir Théamina. Je marche dans le jardin tout en l'appelant mais sans résultat. C'est alors que me viens une idée. Je me dirige vers le patio et m'approche du livre. J'allais poser ma main dessus mais avant même que je ne puisse le toucher, je me retrouve éjectée à un mètre du livre. En me relevant, je distingue une Théamina furieuse à côté du livre.
— Ne t'avais-je pas dit de ne plus le toucher sans ma permission !
— Si, mais c'était la seule façon pour que vous apparaissez vu que vous ne répondiez pas quand je vous appelais.
— Je te l'accorde. Mais jeune fille je suis un esprit protecteur, je ne peux pas me montrer dès que quelqu'un m'appelle surtout si c'est une jeune inconsciente comme toi qui ne connais rien à rien.
Je la coupe avant qu'elle n'entre dans un discours interminable :
— Alors apprenez moi ! Je ne demande que ça !
— Ce n'est pas si facile. Il faut que tu me montres que tu es digne de mon apprentissage.
N'ayant attendu que ça, j'ai du mal à me contenir sur place, je suis prête à tout ! Je lui demande donc :
— Que dois-je faire pour vous prouver ma détermination ?!
— Premièrement ne touche plus jamais ce livre avant d'être prête !
Raaah ! J'ai l'impression de tourner en boucle avec mes questions :
— Oui mais comment est-ce que je pourrai être prête si vous ne m'aidez pas ?
— Il faut être patient dans la vie ! Ce n'est pas parce que tu le veux que je dois t'aider. Si je me rappelle bien il y a un dicton dans ton monde : tout vient à point à qui sait attendre. Applique-le et peut être que je t'aiderai...
Je n'en peux plus ! Elle ne va donc jamais m'aider.
— Je ne vais quand même pas attendre toute ma vie pour avoir des informations sur mon rôle quand même !
— Rien ne t'empêche de chercher des réponses par toi-même, même si cela serait vain...
— Si c'est vain alors pourquoi me dire cela ?
— C'est une très bonne question ! Je vais te proposer un marché vu que tu sembles tellement obstinée. Si tu arrives à ouvrir cet objet alors je t'apprendrais à te servir de tes dons pour que tu puisses réussir ta quête plus facilement.
— Mais quelle quête et quels dons ?
— Patience tu sauras tout dès que tu m'auras apporté cet objet ouvert.
— Et je suis censée faire comment ?
— A toi de chercher !
Sur ce, elle se transforme en oiseau, emportant le livre avec elle. Me voilà ainsi plantée au beau milieu de ce jardin encore plus perdu que la dernière fois, avec une sorte de boîte en forme d'heptagramme sans la moindre ouverture
Je sors du temple énervée et me dirige vers le point de rendez-vous. Lydia n'étant pas encore là, je m'assoie par terre et continue d'observer cette étrange boîte. Contient-elle quelque chose ? J'espère de tout cœur que Lydia ou Charlotte auront une idée pour l'ouvrir...
Une fois Lydia arrivée, celle-ci me presse et n'attend même pas que j'essaye d'utiliser ma capacité à voyager entre les deux mondes et me rapatrie chez moi à l'aide de ses pouvoirs uniquement. Je me lève de mon lit et l'interroge du regard ne comprenant pas sa précipitation. Elle m'explique alors que lorsqu'elle était revenue mon corps était toujours présent sous la forme d'une enveloppe, or ce n'était vraiment pas discret. Elle continue en expliquant, qu'à partir de maintenant il faudrait faire plus attention. Je hoche la tête puis enchaîne sur ce qu'il s'est passé dans le temple et lui montre la fameuse boite.
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Jules, Aline & Kathlina
Le soir, après qu'ils soient rentrés de la plage, ce qui avait fait du bien à Jules, une infirmière leur rendit leurs affaires. C'était celles qu'ils avaient sur eux au moment où la mère de Kathlina les avait trouvés inconscients. Aline fut heureuse de récupérer sa sacoche et son livret, Jules de même ressenti un soulagement lorsqu'on lui rendit son portable et son pendentif. Il avait plusieurs messages d'amis lui demandant où il était passé après ce mardi matin turbulent, puis quatre messages d'Ariane datant du mercredi où il lui avait posé un lapin. Depuis plus rien. Elle devait avoir autre chose à faire. Peut-être qu'elle n'avait même pas remarqué son absence.
Plusieurs fois par jour, Jules alla rendre visite à Kathlina, sans toutefois jamais dire un seul mot. Les parents du jeune garçon et son frère leurs rendaient visite régulièrement, mais la vie continuait.
À l'hôpital il apprit à quel point la maladie de Kathlina s'était aggravée les derniers mois. Grâce aux visages et paroles des médecins il comprit, que ceux-ci n'avaient plus beaucoup d'espoir pour la jeune fille. Comment cela pouvait-il être possible ? Il y avait seulement deux jours, à Amoni, son amie avait été en pleine forme.
Le lundi, Jules était retourné en cours le matin, toutefois il avait l'impression de vivre comme à travers d'un rêve. Il était incapable de se concentrer sur les cours, et parler rien que quelques mots avec ses camarades de classe était un calvaire. Pendant l'heure de français, n'arrivant pas à suivre ce que racontait le professeur, il se mit à observer Ariane et sa voisine. Toutefois, elles-deux aussi semblaient avoir la tête ailleurs. Après seulement deux heures de cours, il était retourné à l'hôpital complètement abattu. À présent les médecins ne se faisaient plus de soucis sur sa santé à lui et sur celle d'Aline, mais beaucoup plus sur son état psychologique. En effet, il s'énervait rapidement, et dès que son père lui parlait d'une voix calme, celle qu'il utilisait seulement pour ses patients, Jules lui cria dessus et le fit sortir de "sa" chambre. D'un côté il avait envie de rentrer chez lui, d'un autre côté il savait qu'il serait incapable de continuer sa vie comme si de rien n'était. Il l'avait bien vu au lycée. Il voulait retourner à Amoni en compagnie de ses deux copines. Il voulait tout connaître sur ce monde fantastique, et il voulait passer du temps avec Kathlina.
Une fois sûr de ce qu'il voulait, il se hâta et rejoignit Aline dans la salle des jeux d'enfants où celle-ci consacrait son temps dans l'espace dédié aux plus jeunes patients. Elle avait trouvé quelques livres illustrés et s'améliorait chaque jour en lecture. L'adolescente pouvait passer des heures à feuilleter un livre sur les animaux de la jungle. Pour une raison que seul Jules connaissait, lorsque l'un des enfants lui demandait quel était son animal préféré, elle répondait toujours :
— C'est le Pteromyni, soit le vrai écureuil volant.
Et justement, lorsque Jules s'approcha d'elle pour lui annoncer sa décision, elle était dans un débat avec un petit garçon qui allait bientôt pouvoir partir suite à une opération des bronches , il préférait de loin le tigre à ce petit rongeur volant. Aline, lisant dans le regard de son ami une grande urgence se dépêcha de mettre fin à leur conversation. Puis elle le rejoignit autour d'une table de dessin pour enfants, beaucoup trop petite pour caler les longues jambes de Jules en dessous. C'était la première fois depuis presque deux jours, que le garçon fut à l'initiative d'une discussion, l'adolescente lui laissa donc la parole :
— Il faut qu'on retourne à Amoni.
Pensant que Jules allait continuer et ajouter quelque chose à cette phrase, Aline attendit un peu. Toutefois celui-ci guettait juste sa réaction. Mais c'était claire que ce n'était pas une question. Tout ce qu'il voulait savoir c'était si la Sorn se joignait à eux. Soit à lui et Kathlina. Surprise que cela lui ait fallu autant de temps pour savoir ce qu'il voulait, la jeune fille était elle aussi de son avis. Dès le moment où elle s'était réveillée dans le lit d'hôpital elle avait voulu retourner dans son monde.
Rapidement Aline rassembla ses maigres affaires et Jules alla récupérer son pendentif, puis les deux se rendirent auprès du lit de Kathlina. Comme la fois d'avant ils se prirent les mains et pensèrent au monde d'Amoni.
Cela ne fonctionna pas.
Peu importe à quel point Jules avait envie de retourner à Amoni, il ne se téléportait pas. Ni la joie de retrouver Kathlina, ni l'angoisse qu'elle ne se réveille pas non plus là-bas, ni le chagrin et la culpabilité qu'il ressentait en la voyant endormi dans le lit d'hôpital, ni la frustration qu'il ressentait face à son impuissance ni l'ensemble de ces émotions. Rien ne l'emmena à Amoni.
Bien sûre, Aline aussi avait envie de rentrer, mais contrairement à Jules elle avait aussi des doutes concernant ce qui les attendrait là-bas, car le livre qu'elle avait lu à la bibliothèque de Mirina lui avait fait apercevoir un monde bien différent de celui qu'elle connaissait. Ces derniers jours elle avait beaucoup réfléchi et avait essayé de comprendre ce qui s'était passé pour que sa ville natale se soit transformée d'un Lothon en symbiose avec les animaux, en un Lothon de hautes technologies où tout était contrôlé au grain de poussière près.
Comment se faisait-il, que son peuple, qu'on surnommait aussi le peuple des animaux, ait changé tellement vite ? Pourquoi n'avait-elle jamais vu de vrai animal ? Pourquoi personne ne sortait des gratte-ciels ? Pourquoi, si les Sorn voulaient sortir, se rendaient-ils sur Isil, alors qu'il suffirait qu'ils sortent de la ville pour se retrouver au milieu d'une immense forêt avec des milliers d'animaux ? Et pourquoi, jusqu'à-là ne s'était-elle jamais posée ces questions ? Pourquoi n'était-elle jamais sortie ? Pourquoi n'avait-elle jamais ouvert une fenêtre comme cela se faisait si simplement dans ce monde que Jules appelait juste "La Terre" ? Sûrement, parce qu'il n'existait point de fenêtre, ni porte d'entrée. Jamais l'idée ne lui était venu auparavant de sortir. Pourquoi y penserait-on aussi, puisque tout était accessible dans les gratte-ciels, et pour se déplacer de l'un à l'autre, c'était tellement plus simple de se téléporter. Décidément, le livre avait fait naître beaucoup de doutes chez elle.
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Ariane
On passa notre week-end à tenter toute sorte de choses pour ouvrir la boîte. On l'a même jetée par la fenêtre mais en vain, elle ne se cassait pas. La boite ne daignait pas s'ouvrir ! Ce matin en me levant, la première chose que je fais, est de la mettre dans mon sac. Peut-être que Charlotte aura une idée pour l'ouvrir. A la fin des cours elle nous propose d'aller dans le laboratoire de son club de chimie pour faire quelques expériences, cette fois plus scientifiques. Qu'a-t-on à perdre après tout. Elle commence par l'observer sous toutes ses coutures avant de limer une petite partie de la boite sous nos regard interloqués. Une fois fini, elle se munie d'un conductimètre et fait quelques relevés. Après avoir griffonner quelque note sur une feuille elle part se saisir d'une balance et pèse la fameuse boite. Elle effectue ensuite quelques calculs complètement incompréhensibles. De ce qu'elle nous raconte, ils doivent servir à calculer la densité de la boîte. mais bon pour moi cela reste du charabia. Une fois son calcul fini elle part chercher une sorte de gros briquet. La voyant approcher la flamme de la boite, je m'écrie :
— Qu'est-ce que tu fais ? Tu ne vas quand même pas la faire fondre !
— Calme toi Ariane, je veux juste voir si elle est inflammable mais vu mes résultats d'avant je ne pense pas qu'il se passera quoi que ce soit donc tu peux respirer. Et puis pour faire fondre quelque chose tu sais que peu importe la matière que ce soit un métal, du polymère ou encore de la céramique, il faut atteindre une certaine température. Ce n'est pas avec un simple briquet que je vais réussir cet exploit.
Comme prévu, rien ne se passe.
— Bon je vous avoue que je suis un peu perdue la... A première vu j'ai pensé que c'était un métal au vu de son aspect mais le conductimètre n'indiquer aucune conduction ce qui est très étrange pour un métal de quelque type qu'il soit. J'ai alors voulu vérifier sa densité mais une nouvelle fois ce n'était pas très cohérent étant donné qu'elle est approximativement comprise entre 6 et 8 ce qui correspondrait plus à un métal qu'autre chose. Après, je ne peux pas vraiment être plus précise vu que je ne sais pas non plus si il y a quelque chose dedans ou même de quelle taille est l'espace intérieur. Le test d'inflammabilité n'a pas non plus été très concluant...
Nous laissant digérer la nouvelle, Charlotte fait une pause avant de continuer :
— Je pense qu'il faudrait tenter de la scanner car je n'ai aucun moyen de l'ouvrir ici. Sans savoir de quoi elle est faite je ne vois pas comment l'altérer. De plus, je ne pense pas non plus qu'elle s'ouvre de manière normale. Grâce au scan, on verrait peut-être son mécanisme d'ouverture ou au moins son contenant. Mon père pourrait peut-être le faire si je le lui demandais, il a de très bon appareil scientifique à son boulot.
— Tu penses ?
— Je peux toujours tenter, après je ne vous garantit rien...
Je lui confis alors la boite dans l'espoir d'obtenir des réponses. Après tout, nous n'avons aucune autre idée pour le moment.
★
Eliott & Tiago
Cela faisait plus d'une semaine qu'Eliott était allé à la bibliothèque et il avait hâte d'y retourner, il avait enfin une idée de sa personne complémentaire.
Le livre du bibliothécaire parlait de légendes racontant que certaines personnes étaient liées par la pensée. Le manuscrit contait l'histoire de plusieurs personnes, qui ayant trouvé leur partenaire, réussissait de grandes choses. Certains arrivaient par exemple, à s'introduire dans des réseaux de malfaiteurs et grâce à leurs pouvoirs, ils pouvaient prévenir leurs complices de l'endroit qu'il fallait protéger d'une future attaque. Comme il n'y avait aucune trace de communication entre les deux personnes, peu furent démasquées. Cependant le pouvoir pouvait s'utiliser autant pour faire le bien que le mal... Selon la personne qui le détenait, cela le transformait soit en un justicier, soit en un malfaiteur très puissant. C'est pourquoi des chercheurs ont fait des recherches afin de supprimer et de taire le pouvoir de ces personnes. Mais ce que ne disait pas le livre, c'était si les scientifiques avaient réussi ou non à faire disparaître ce pouvoir.
Le livre parlait aussi de pendentifs qui donnaient à leur porteur de très grands pouvoirs, mais Eliott n'avait pas bien compris le lien entre les différentes légendes qui parlaient de télépathie et celle du pendentif. Les légendes n'avaient pas aidé Eliott à trouver son complice mais cela lui avait donné envie d'en savoir plus. C'est pourquoi en fin d'après-midi, au lieu de rentrer à l'internat pour travailler, il se rendit à la bibliothèque. Le surveillant lui avait accordé deux heures pour faire les recherches qu'il avait, soi-disant, besoin pour ses cours... Lorsqu'il y arriva enfin, le jeune homme fut étonné de voir que le vieux bibliothécaire l'attendait.
— J'ai trouvé la personne qui me complète, lui dit fièrement Eliott, le seul petit problème est que je ne l'ai pas revu depuis plusieurs semaines... Je crois qu'il lui est arrivé quelque chose, je le ressens... Comme dans le livre que vous m'avez donné : je suis lié à elle.
— Mmmm, je ne pense pas que tu aies trouvé la bonne personne. Ton messager, ton Nithiel, est en effet lié à toi, mais ce n'est pas de ce genre de liaison psychologique que parle mon livre.
Face à la tête dépitée de Eliott, le vieux sourit, il lui donna cet indice : "ton partenaire se trouve dans cette bibliothèque et fait lui aussi des recherches sur des disparitions mystérieuses. À cet étage même."
Eliott regarda autour de lui, il n'y avait pas un chat et il n'avait croisé personne en descendant. Mais qui pouvait-il bien être ? Et que faisait-il ici ? Soudain la tête lui tourna. Il tomba dans les pommes.
Quand il se réveilla, il était allongé sur l'un des sofas du coin "Mythes et Légendes d'autrefois". Le vieil homme était assis à côté de lui, lui tendant un verre d'eau.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda Eliott tout hébété.
— C'est à toi qu'il faut poser la question, je t'ai donné mon indice et tu t'es évanoui.
— Longtemps ? Je n'ai le droit de rester ...
— Ne t'inquiète pas, tu es resté inconscient seulement une dizaine de minutes, le rassura le vieillard.
— Et mon complément il est partit ? s'inquiéta Eliott qui s'était rapidement remis.
— Non, non... Mais dis-moi, tu n'arrives pas à te souvenir ce qu'il s'est passé avant que tu tombes dans les pommes ? Tu ne te souviens de rien ?
Eliott chercha, le conseil du bibliothécaire avait résonné dans sa tête, puis noir complet...Il n'arrivait pas à se souvenir ! Non, enfin, si peut-être il y avait eu un blanc avec un rire... Plus il y pensa, plus il en était sûr : il avait entendu un rire, un rire qu'il connaissait, qu'il connaissait même très bien car c'était ... le sien.
Il informa son doyen de sa découverte. Celui-ci parut sceptique face à la découverte.
— Cherche encore, tu es sûr que c'était TON rire ?
Eliott fut surpris, bien sûr que c'était le sien de rire, personne n'avait le même rire que lui, un rire assez niais mais en même temps très communicatif. Il repassa en revu les rires des personnes qu'ils connaissaient, mais personne ne correspondait à son souvenir... Mais bien sûr, qu'il était idiot, il y avait bien un rire qui était semblable au sien, qui était même identique : celui de son frère jumeau, même voix, même rire !
— Tiago, cria victorieux Eliott.
Une voix retentit de derrière des rayons de livre...
— Quoi encore... Mais c'est pas possible, il faut vraiment que tu me suives partout !
Tiago sortit de derrière les rayons, il était maintenant devant Eliott et son vieil ami. Eliott qui ne s'attendait vraiment pas à voir son frère ne sut que rétorquer, il bafouilla quelques mots au hasard. Ce fut le bibliothécaire qui le sauva.
— Bon, vous voici enfin réunis, donc on a nos deux partenaires complémentaires.
— Quoi !? s'écrièrent les frangins.
— On est pas du tout...
— ...complémentaires !
Les jumeaux se regardèrent, et partirent dans un fou rire.
— Ok, on est au complet...
— Vous pouvez maintenant nous donner des informations sur la télépathie, demanda Eliott.
— ... et sur les pendentifs, renchérit Tiago.
— Bien sûr, cependant, vous allez devoir passer un test avant, afin que je sois sûr que vous êtes bien les enfants de la prophétie.
— Oh non, encore attendre...
— Eliott a raison, vous nous aviez promis, et vous nous faites encore attendre.
— Je sais bien, mais cela ne prendra pas beaucoup de temps si c'est bien de vous que la prophétie parle.
Les garçons finirent par se résigner, et écoutèrent les instructions pour le test. Ils devaient se rendre à minuit devant la tour de l'horloge. Au dernier coup de clochette, ils devaient rentrer dans la tour, puis compter jusqu'à dix. S'ils arriveraient à passer toutes les étapes et à atteindre le sommet de la tour avant le lever du soleil alors seulement à ce moment, ils auront réussi le test. Pas avant...
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