Chapitre 6_1
Ariane
Arrivée au lycée, je vois Jules assis au fond de la classe. Tiens, il a finalement changé de place. Un sourire victorieux se dresse sur mes lèvres. Quand il me voit, il détourne le regard avec un air mi-gêné, mi-perturbé. C'est là que je remarque que la robe blanche et rose que je porte, ressemble beaucoup à celle de l'illusion, mais quelle débile... Je m'assois alors à ma place aux côtés de Charlotte cette fois. Lydia, quant à elle, se dirige vers Jules et s'assoit à ses côtés. À quoi joue-t-elle ? Elle lui chuchote quelque chose qui semble beaucoup le perturber avant de rigoler. Cette fille est une vraie sadique, mais qu'est-ce qu'elle est drôle ! Je me demande quand même ce qu'elle a bien pu lui dire. À la pause de midi, Jules se joint à nous sous l'invitation de Lydia, cependant il ne m'adresse pas un regard et se contente de triturer son assiette. Il est vraiment bizarre aujourd'hui ! Lydia doit sûrement ressentir le malaise entre nous deux car elle lance un sujet de conversation pour combler ce blanc très pesant :
— Bon sinon Jules, tu saurais te transporter d'un monde à l'autre toi ou tu veux que je t'apprenne en même temps qu'Ariane ?
— Je ne sais pas faire non plus à vrai dire alors pourquoi pas...
J'allais répliquer que ce n'est sûrement pas une bonne idée mais Lydia ne me laisse pas le temps de parler et ajoute :
— Parfait tu n'as qu'à venir demain après-midi chez Ariane pour qu'on travaille ce changement de monde tous les trois.
Il acquiesce avant de partir de la table sous prétexte d'un rendez-vous avec un professeur. Il n'est vraiment pas dans son assiette aujourd'hui, il n'a rien mangé, non pas que je m'inquiète pour lui mais quand même c'est bizarre. Il n'est pas venu en cours de l'après-midi renforçant alors l'idée que quelque chose n'allait pas.
Une fois chez moi, Lydia part directement en direction du canapé. Et devinez qui y est installé ? Mon frère ! Je crois vraiment qu'il se passe un truc entre eux. Je décide alors de me poser sur la table du salon pour les garder à l'œil. Ce fut la meilleure décision de ma journée. Il m'a suffi de cinq minutes avant de finir morte de rire. Lydia secoue la manette de la playstation dans tous les sens c'est un véritable carnage ! Mon frère, lui aussi plié en deux, tente de lui expliquer comment jouer mais sans succès. Les jeux vidéo ce n'est vraiment pas fait pour elle !
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Kathlina & Jules
Le mardi matin fût une longue matinée pour Aline, pendant que Kathlina suivait ses cours, elle ne savait pas trop quoi faire. En même temps bien qu'elle arrivait presque à écrire l'alphabet latin complet, elle avait encore un peu de mal pour la lecture mais elle s'était fixé un but alors elle faisait de son mieux pour y arriver.
Toutefois pour midi, Kathlina avait prévu une surprise. En profitant de la présence de son père, qui voulait satisfaire ses demandes, elle avait négocié une excursion en ville. Aline la suivait émerveillée, elle jetait des regards admiratifs à tous les vélos qui les dépassaient, et ne put croire ses yeux lorsqu'elle vit que Kathlina n'était pas la seule fille qui ne portait pas de jupe ou robe. Avant de partir, elle avait même demandé plusieurs fois à Kathlina si elle n'allait pas lui faire honte en short, et avait opté pour une jupe peu avant de partir. Elle disait que c'était juste pour être sûre.
Depuis que l'idée lui était venue, Kathlina n'arrivait pas à s'empêcher de sourire. En arrivant devant la boutique qu'elle avait choisi, les filles eurent une impression de déjà-vu, et Aline compris ce que Kathlina avait en tête : lors de leur première rencontre dans l'Ato Centre Commercial de Lothon, Aline venait de sortir du salon de beauté, énervée parce que la vendeuse lui avait interdit de se teindre les cheveux à cause de son âge. De plus, elle avait osé lui dire qu'elle avait une superbe couleur de cheveux dont beaucoup de femmes rêvaient. Or Kathlina l'avait compris ces derniers jours, Aline détestait sa couleur de cheveux.
C'est pour cette raison, qu'elles se trouvaient à présent devant un salon de coiffure. Aline fut tellement émue par cette surprise qu'elle ne savait plus quoi dire. Mais Kathlina était juste contente d'avoir trouvé une raison pour passer du temps dehors et de faire plaisir à sa nouvelle copine. Des copines, c'était ce qu'elles étaient maintenant. Peut-être était-ce la raison pour laquelle Aline demanda de teindre ses cheveux en noirs, ou peut-être que c'était juste parce que c'était neutre et moins visible.
Juste avant que la coiffeuse puisse commencer la coloration, arriva ce qu'Hana, sa mère, craignait lors de chaque sortie : Kathlina fit une crise. Ce n'était rien d'exceptionnel, en effet cela lui arrivait en moyenne une fois par semaine. Mais là ce n'était vraiment pas le bon moment ! En temps normal, il suffisait qu'elle se repose et qu'elle retrouve ses forces, mais là elle ne pouvait pas aller se coucher dans son lit. Cela l'énervait de devoir prendre une ambulance pour rentrer chez elle, de plus sa maladie était en train de détruire sa meilleure journée depuis longtemps, mais même si sa journée était gâchée, elle voulait qu'Aline finisse sa teinture et qu'elle aille manger avec son père dans le restaurant de son choix. Cependant, Aline ne voulut rien entendre ! Elle aussi monta, avec les cheveux trempés, dans l'ambulance et ne la quitta pas des yeux une seule seconde.
Avant même d'arriver chez-elle, Kathlina sombrait déjà dans un sommeil agité.
Chaque fois qu'elle se réveillait elle voyait Aline à ses côtés, celle-ci ne la lâcha vraiment jamais des yeux. Kathlina se doutait bien pourquoi : dans le lit d'hôpital elle devait avoir l'air vraiment frêle. Les infirmiers et sa mère commencèrent à parler à voix basse, ainsi la jeune fille ne pouvait entendre ce qu'ils se disaient. Toutefois elle se doutait bien qu'ils parlaient d'elle, Kathlina ne voulait pas qu'Aline entende tous les détails. Elle savait que c'était injuste, mais elle ne voulait pas que sa nouvelle copine sache que sa maladie était en train de l'achever de l'intérieur. Elle fut donc contente qu'Aline ne semblait pas avoir l'intention de la laisser seule pour aller écouter les adultes.
Un peu plus tard elle sentit Aline lui prendre la main, prudemment enlever ses doigts crispés et dégager le téléphone. En effet, depuis sa crise elle n'avait pas lâché son téléphone. Était-ce de peur que sa mère ne le lui prenne et qu'elle perde le seul contact qu'elle avait avec Jules ? Elle voyait bien qu'Aline ne savait pas trop quoi faire avec, pour cette raison elle essaya de lui dire de joindre Jules, mais tout ce qui sortit fut :
— Ju..
Heureusement cela suffit à Aline pour comprendre rapidement ce que Kathlina attendait. Elle arriva à comprendre comment le téléphone fonctionnait. C'était sûrement parce qu'elle était dotée d'impressionnantes connaissances sur les appareils technologiques de son monde. Sur ce coup-là, Kathlina fut fière d'elle, fière d'avoir insisté pour qu'Aline apprenne l'alphabet latin, car sinon elle n'aurait jamais pu envoyer de message à Jules. Malgré tout, cela lui pris longtemps d'envoyer le message, et ce n'était pas difficile de voir qu'Aline commençait à s'impatienter. Avant d'envoyer le message, Aline lui montra le message qu'elle allait envoyer :
Elle ne va pas bien
Aline
Il fallut moins de temps à Jules pour répondre, qu'il avait fallu à Aline pour taper le message. Cette fois-ci, Aline lui lut le message :
Qu'est-ce qu'il se passe ?
Avant que la jeune fille ait fini de déchiffrer le message, il en arriva un nouveau de la part de Jules :
Je me mets en chemin dès que je peux, je devrais être là dans un peu plus d'une heure.
Ne t'inquiète pas !
Kathlina pouvait voir qu'Aline se faisait du souci pour elle. La malade avait tellement envie de lui dire que tout allait bien, mais elle en était incapable. De plus cela ne se faisait pas de mentir à ses amis. Même lorsque c'était pour les protéger de vérités graves ? Pendant que Kathlina se réjouissait un peu de l'annonce de l'arrivée de Jules, Aline réfléchissait sur ce qui se passait : Jules ne devait-il pas aller en cours ? Cela se fait-il aussi facilement dans ce monde : de sortir et louper des cours ? À Lothon elle ne pourrait jamais sortir de cours juste parce qu'une de ses amies était malade ! Les seules raisons chez elle de rater des cours étaient un mariage ou la mort d'un proche. La mort d'un proche ?
En s'entendant réfléchir elle se rendit compte de ce qu'elle était en train de dire. Voyant que Kathlina avait rouvert les yeux elle demande sans détour :
— C'est ça ? Tu es en train de mourir ?
À cette question, même si elle avait été capable de parler, Kathlina n'aurait su quoi répondre. En effet elle ne savait pas elle-même ce qui se passait. Ce dernier temps, ses crises étaient devenues de plus en plus fréquentes, au début cela ne lui arrivait que quelques fois par an, puis ce fut une fois par mois, et maintenant elle en était à presque une par semaine. Elle savait bien qu'elle n'allait pas bien, mais jusque-là personne n'avait jamais parlé de mourir.
D'entendre la personne, qui ne la connaissait que depuis quelques jours, demander si elle mourait fut un choc pour Kathlina. Et si c'était vrai ? Et si elle demandait à ses parents et ses docteurs ce qu'ils pensaient vraiment, est-ce qu'ils savaient qu'elle était en train de mourir ? Parce que même si elle ne voulait pas l'admettre, elle savait bien que cette maladie allait la tuer. Est-ce que Jules savait tout cela aussi ? Ils n'avaient jamais beaucoup parlé de sa maladie, mais était-ce la raison pour laquelle il avait passé un peu plus de temps avec elle ces vacances ? Parce qu'il savait que c'était peut-être la dernière fois ?
Kathlina aurait pu passer des heures à se questionner, néanmoins elle s'endormit rapidement.
Lorsqu'elle se réveilla, Aline était en train de parler à quelqu'un dans la pièce d'à côté. Ils semblaient être en train de se disputer, car leurs voix étaient montées d'un ton. Il fallut plusieurs secondes à la dormeuse pour reconnaître son meilleur ami. Soulagée de sa présence, Kathlina faillit s'endormir à nouveau, mais elle voulait savoir de quoi ses amis parlaient. Ne pouvant pas les voir, elle ne remarqua la présence de sa mère que lorsque celle-ci pris la parole :
— Vous êtes trop jeunes pour comprendre ! Elle sera plus en sécurité à l'hôpital qu'ici, c'était sa troisième crise en deux semaines ! On ne peut pas continuer ainsi ! Jules, tu dois bien te rendre compte que sa maladie s'aggrave de jours en jours !
Jules essaya de calmer la mère excitée, mais Hana n'en voulait rien entendre : elle avait déjà appelé l'hôpital afin qu'ils préparent une chambre permanente pour Kathlina. Elle voulait que sa fille soit sous surveillance à pleine temps. Et les visites régulières de Jules étaient finies, d'ailleurs lui et Aline devaient être en cours !
Kathlina crut ne pas bien entendre. Sa mère voulait encore plus l'écarter du monde réel en l'enfermant dans une chambre d'hôpital ! Bon d'accord entre sa chambre et une chambre d'hôpital il n'y avait pas une grande différence, sauf qu'ici c'était chez elle. Elle ne voulait pas partir, et pour quelle raison d'ailleurs ? Les docteurs ne savaient pas quoi faire et n'avaient aucun moyen pour arrêter ses crises.
Autant rester chez elle alors. De plus même si en temps normal elle aurait peut-être accepté d'aller à l'hôpital, elle ne pouvait accepter que sa mère lui interdise le contact avec ses amis. Jules était venu exprès pour elle, et c'était aussi un peu de sa faute si Aline se trouvait ici. D'ailleurs, où devrait aller Aline si elle ne pouvait rester avec elle ? Elle n'avait toujours pas la force d'appeler Jules, mais elle voulait qu'ils se rapprochent de son lit, afin qu'elle puisse entendre toute la conversation et afin qu'elle puisse donner son avis. Dans le but de se manifester, et de faire comprendre qu'elle était réveillée elle appuya sur le bouton pour allumer la radio. Jules et Aline se précipitèrent pour lui tenir compagnie, toutefois Hana les arrêta :
— Je pensais avoir été claire, plus de visites pour Kathlina ! Si vous voulez lui parler, vous pouvez très bien le faire d'ici.
Les deux jeunes protestèrent, mais Hana ne changea pas d'avis. Toutefois, la mère poule ne pouvait rester tout le temps, il fallait bien qu'elle aille s'occuper d'autre chose à un moment. C'est ce moment-là que Jules attendait : rapidement il se faufila, suivit d'Aline, dans la chambre de son amie. Kathlina était tellement heureuse de les avoir près d'elle ! Les trois jeunes se mirent toute suite à chercher comment changer leur situation : il devait bien y avoir un moyen pour qu'ils puissent rester ensemble !
C'est Aline qui trouva la solution. Elle était tellement évidente mais pourtant irréaliste : il suffisait qu'ils arrivent à retourner dans le monde d'Aline. Aline commença par rassembler ses affaires, afin qu'elle n'oublie pas de choses importantes dans ce monde au cas où qu'ils arriveraient à changer de monde. Avant de se changer, pour remettre son uniforme noir d'école, elle sortit un petit livret de sa poche, le passa à Kathlina puis demanda à Jules de tourner le dos. Kathlina lui proposa d'aller dans la salle de bain afin que ni l'un ni l'autre ne se sente gêné. Une fois qu'elle fut partie, Jules demanda si ce petit livret était le journal intime d'Aline. Kathlina lui expliqua que c'était un ancien livre sur les réglementations des Sorn et qu'Aline semblait beaucoup y tenir car elle le portait en permanence avec elle dans une petite sacoche qu'elle accrochait à sa ceinture.
Lorsqu'elle revint, la jeune fille semblait tellement heureuse et prête à rentrer chez elle que Jules eu peur de sa réaction s'ils échouaient. Pour améliorer leurs chances d'y parvenir, les amis se prirent les mains, afin de recréer la situation qui les avait emmenés sur Terre. Et chacun d'entre eux se mit à penser à la raison de leur retour dans le monde d'Amoni .
Aline voulait rentrer chez elle, revoir ses amis et reprendre sa vie habituelle, mais elle voulait aussi montrer à ses nouveaux amis cet univers qui leur était inconnu.
Kathlina voulait à nouveau être libre comme la dernière fois, elle voulait être libre de sa maladie et vivre une aventure en compagnie de Jules et d'Aline si celle-ci voulait bien. Elle voulait découvrir chaque petit coin de ce monde fantastique.
Jules aussi voulait passer du temps avec Kathlina mais il se faisait un peu plus de souci que les filles sur ce qui les attendait dans ce monde. En effet, la première fois ça ne s'était pas bien terminé : ils s'étaient vu être traités comme des criminels, que se passera-t-il alors cette fois ? Et s'ils étaient encore recherchés par la police ? De plus si là-bas, il y avait plus de personnes qui avaient les même pouvoirs inquiétant de Lydia, comment feraient-ils pour s'en sortir ?
Apparemment son envie de revoir Kathlina en forme était plus grande : son cristal se mit à briller et en un rien de temps les trois amis se trouvèrent dans une chambre avec un bureau, un placard gigantesque et un lit. Tout était vraiment très aride, nulle part ne traînaient des affaires, tout était à sa place et rangé. Mais ce qui frappa le plus Jules et Kathlina, fut que tout, vraiment tout, était en rose. Du même rose que les cheveux d'Aline. Dans un coin Kathlina vit un petit espace recouvert de foin et de litière, ce détail la convainquit qu'ils étaient dans la chambre d'Aline.
De plus, par rapport aux deux terriens, celle-ci ne regardait pas la chambre comme si elle la voyait pour la première fois. En effet elle s'était transformée en Tankilo et volait dans tous les sens sous sa forme animalière. Si elle n'avait pas connu la chambre et l'emplacement des meubles elle se serait rapidement cognée, or elle volait de partout et se risquait même à faire des saltos. À ce moment, n'importe qui aurait pu voir à quel point elle était contente de pouvoir à nouveau voler, et Kathlina se rendit compte que cela avait dû lui manquer cruellement.
Après quelques minutes Aline se calma et rejoignit les amis. Elle leur expliqua leur situation : ils se trouvaient dans sa chambre dans un des immeubles de Lothon. À cause du regard désapprobateur que Jules portait sur sa chambre, elle se sentit obligée de se justifier :
— C'est une ancienne tradition des Sorn que chaque enfant ait sa chambre de la même couleur que ses cheveux...
Jules eu du mal à réprimer une remarque mais au moment où il voulait la dire, il se rappela sous quelles conditions ils étaient venus dans ce monde étrange qu'Aline appelait Amoni. Par précaution il insista pour que Kathlina se mette sur le lit, mais sa copine affirma qu'elle se sentait merveilleusement bien car toute la fatigue qu'elle avait ressenti à la suite de sa crise s'était envolée. Ce fait le poussa à émettre l'hypothèse que lorsqu'ils changeaient d'un monde à l'autre leur faim et leur fatigue partaient. Mais ça ne pouvait pas être ça puisque son ventre gargouillait de faim ce qui ne le surprit point vu qu'il avait fait sauter le goûter pour voir Kathlina. Comment se faisait-il alors que Kathlina ne soit plus fatiguée ? Ne trouvant pas de réponse, Jules repoussa son questionnement à plus tard et se mit à écouter Aline.
— Chez nous, donc dans le peuple des Sorn, il y a quelques règles et façons de faire très importantes qui sont vraiment contraires aux vôtres, et si vous ne voulez pas vous faire remarquer constamment, ce qui bien sûr est aussi dans mon intérêt, vous feriez mieux de les suivre. D'accord ?
Les amis hochèrent la tête et laissèrent Aline continuer.
— Donc, règle numéro une : il ne faut jamais toucher une autre personne sauf lorsque vous portez des gants. Même lorsque vous dites bonjour, vous ne faites ni la bise, ni vous serrez la main, ce serait vu comme un acte d'agression. Tout contact est à éviter à cause de la malédiction.
En entendant Aline utiliser le mot malédiction les deux eurent des frissons. Toutefois la jeune fille ne leur laissa pas le temps de l'interrompre :
— La deuxième règle est que vous n'avez pas le droit d'adresser la parole à une personne du genre opposé de votre catégorie d'âge. C'est à dire tous ceux qui ont cinq ans de plus ou de moins.
Cette fois-ci Kathlina ne put s'empêcher d'intervenir :
— Mais dans ce cas, nous deux on n'a pas le droit de parler à Jules !
Aline était bien consciente de ce problème, et auparavant elle avait déjà réfléchi à une réponse :
— Avec tes cheveux bruns...euh bleus... mi longs tu devrais pouvoir passer en fille. Depuis quand as-tu des cheveux bl...
Jules la coupa au milieu de sa question :
— Hors de question ! Je ne me déguise pas en fille ! Déjà hier cette fille, Lydia, m'a fait faire des trucs farfelus et m'a fait porter des trucs bizarres, alors là non ! Je m'en fou de vos règles ! En plus tu ne nous as pas dit que chez vous toutes les filles portaient des robes ? Non seulement tu veux que je me fasse passer pour une fille, mais en plus tu veux que je porte une robe ? C'est non, et quoi que vous disiez ça restera non !
Contrairement à Kathlina qui comprit que son ami n'allait pas changer d'avis, Aline essaya de le faire revenir sur sa décision. Elle essaya de lui faire comprendre que s'il était une fille, tout serait beaucoup plus simple : ils auraient le droit de se parler, avec un peu de chance ils ne seraient plus recherchés par la police, et ils auraient le droit de se trouver en ce moment même dans sa chambre. Mais Jules n'en voulait rien entendre.
Après presque trente minutes de débat, Aline arriva enfin au moins à le convaincre de mettre un long manteau noir au-dessus de ses habits bleus afin qu'il soit moins visible et elle proposa aussi à sa nouvelle copine d'autres habits un peu moins colorés pour la même raison. En effet Kathlina et Jules portaient à nouveau les mêmes habits qu'ils avaient porté lors de leur première visite dans ce monde, soit la robe multicolore, et visible de loin, pour Kathlina et un ensemble dans différentes teintes de bleu pour Jules. Quelle fut la surprise des jeunes lorsque Jules mit le manteau et qu'il prit une teinte cyan. Et lorsque Kathlina se changea et que ces habits devinrent bigarrés.
Aline ne pouvait en croire ses yeux, elle lui avait passé un t-shirt rouge foncé avec quelques broderies noires et une jupe noire assortie, et à présent Kathlina portait le même assemblage, sauf que le haut était indigo, les filets des broderies étaient bleus, la jupe était violette et le collant blanc avait tourné au rouge. Même ses chaussures étaient en couleurs : orange avec des lacets jaunes, et le ruban que Kathlina avait utilisé pour attacher ses longues mèches noires était d'un vert émeraude qui attirait le regard. Dans cet accoutrement cela allait être impossible de passer inaperçu !
Ne pouvant rien faire contre les changements de couleur des habits de ses nouveaux amis, Aline estima qu'ils étaient prêts à affronter sa ville : Lothon.
Ils étaient enfin prêts pour sortir de la chambre d'Aline, mais celle-ci remarqua qu'ils avaient trop tardé. Elle expliqua à Jules et Kathlina que dans Lothon il y avait un couvre-feu pour les enfants dès qu'il faisait nuit, soit à neuf heures du soir pile, puisque c'était à cette heure-ci que dans Lothon les lumières s'éteignaient dans les couloirs des résidences des jeunes. Puisque l'heure du dîner était aussi passé, les jeunes durent se coucher le ventre vide dans la chambre d'Aline. Même si les deux terrestres avaient des milliers de questions, les trois s'endormirent rapidement pour oublier leur faim. Jules qui devait dormir au sol - Kathlina ayant le lit et Aline dormant sous sa forme animale dans un coin - resta le plus longtemps réveillé.
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