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Bonne lecture !

Kathlina & Jules

Ce n'étaient pas les animaux farouches d'avant auxquels ils devaient faire face, mais à trois hommes ne semblant guère sympathiques. Kathlina vit du coin d'œil un éclair rose arriver : la jeune fille du centre commercial se trouvait maintenant à leur côté. Pendant que Jules réfléchissait encore au nom de la fille, celle-ci commença à parler comme un moulin à paroles :

— Je vous en veut énormément de m'avoir entraînée dans cette affaire ! Pourquoi ne vous leur avez-vous pas dit que je ne vous connaissais pas ? J'espère vraiment que vous vous transformez en quelque chose de fort, sinon on n'est pas prêt de nous en sortir ! Je pense que je ne suis pas trop mal en tactique, mais malheureusement je me transforme en tankilo, alors je vais vous laisser me défendre puisque c'est vous les fautifs !

Le jeune homme essaya de se défendre et de comprendre la situation :

— Ils ne nous ont pas laissés parler ! Et on fait quoi ici ? Ils attendent quoi de nous ? Tu veux que nous nous transformions en quoi ?

Kathlina enchaîna :

— On est fautifs de quoi d'après toi ? Et c'est quoi un tankilo, je n'ai jamais entendu ce mot !

Au lieu de répondre à leurs questions, Aline leur demanda :

— Vous n'avez jamais entendu parler des duels de justice ?

Jules fut le premier à répondre non. Les amis pouvaient voir comment le visage de l'adolescence se déformait sous le choc. Aline n'avait pas besoin de beaucoup de temps pour comprendre sa situation désespérée : elle allait devoir affronter deux - voir trois - Sorn, entraînés à se transformer et se battre sous leur forme animale. Le plus terrible, était le fait qu'elle devrait combattre sous sa forme de tankilo ! Tout cela juste parce que ces deux étrangers avaient commis une faute dont ils ne connaissaient pas l'origine ! Ce n'était pas juste ! Comment allait-elle pouvoir se tirer de cette affaire, elle qui n'était qu'une jeune élève se transformant en rongeur rose volant ? C'est inutile les tankilos en combat ! Ils ne savent vraiment rien faire, à part voler bien sûr, mais aucune attaque n'est possible sous cette forme ! Et pourquoi les policiers l'avaient ils emmenée ici, on pouvait pourtant bien voir qu'elle était une élève dans sa robe noir et blanche caractéristique de son école.

Pendant qu'Aline cherchait une solution à leur situation désespérée, les hommes se rapprochèrent de plus en plus. Jules les vit se transformer en animaux féroces : deux d'entre eux semblaient être des félins mais leurs couleurs et taches ne ressemblaient aucunement aux lions, tigres ou autres félins qu'il connaissait. Le troisième, qui une seconde avant était encore le propriétaire de l'agence de voyage, se transforma en une sorte de petit renard. Tout de suite Jules fut captivé par le regard hypnotisant de l'animal. Les yeux profondément bleus de l'animal pastel avaient quelque chose d'ensorcelant. Il n'arrivait plus à détacher son regard et d'un pas décidé il s'avança de plus en plus vers cet animal étrange. Il ne pouvait pas s'arrêter ! Kathlina, paniquée, ne savait quoi faire, et Aline ne l'aida point lorsqu'elle cria :

— Attention c'est un lutica !

Tout ce qui lui vint à l'esprit fut de saisir la main de son copain et d'attraper le lapin afin de les tirer plus loin. Mais elle n'était pas assez rapide, le renard était déjà à leur hauteur. Il bondit sur le lapin. Au moment où il l'atteint, il toucha une seconde la fourrure rose, puis la seconde suivante il tomba dans le vide : les trois adolescents avaient disparu.

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Ariane

Une fois le repas fini, nous nous rendons sur Montpellier avec Lydia pour lui trouver de nouveaux vêtements. Cette journée shopping lui semble vraiment bénéfique. Elle s'ouvre peu à peu et commence à m'expliquer ce qu'il s'était passé dans l'autre monde pour qu'elle se retrouve attachée sur une chaise.

Son enlèvement avait été commanditée par la reine de Vlamali en personne. Celle-ci trop avide de pouvoir avait jugé Lydia comme un danger à sa couronne et avait donc préféré la faire enlever pour récupérer son pendentif avant de l'exécuter. Cependant, je suis arrivé juste à temps. Mon passage dans la ruelle avait distrait la vénefica qui avait interrompu l'exécution pour venir me capturer à la vue de mon pendentif, semblable à celui de Lydia. Ce pendentif sert de passerelle entre les deux mondes et permet d'obtenir ou de renforcer certaines habilités si celui-ci reconnaît le détenteur comme son légitime porteur. Cependant, comparé à Lydia et ses pouvoirs de contrôle des êtres vivants et des émotions, je n'ai aucune habilité.

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Kathlina

Lorsque Kathlina se réveilla le samedi soir, elle fut surprise de se trouver dans son lit. Bien qu'il soit déjà 17 heures, et que du coup elle avait presque dormi 24h, elle était toujours fatiguée. Autour d'elle rien n'avait changé, il y avait juste son portable qui était tombé à côté de son lit. Sinon, tout était en ordre, comme toujours. De plus ça n'avait rien d'exceptionnel qu'elle dorme aussi longtemps. Une fois cela lui était même arrivé de ne pas se réveiller pendant deux journées entières. Ainsi tout n'avait été qu'un joli rêve ? Avait-elle visité avec Jules un monde où la téléportation et des lapins roses volants existaient ?

C'est vrai qu'en le disant ainsi, cela n'avait pu être qu'une invention.

Pour vérifier qu'elle n'avait pas fantasmé ce voyage, il aurait suffi qu'elle appelle Jules, toutefois elle n'avait pas envie de passer pour une folle. De plus s'ils avaient vraiment vécu cette aventure ensemble et rencontré Aline, il l'aurait appelé non ?

Plusieurs fois, Kathlina hésita à changer d'avis, et de malgré tout appeler Jules. Même si elle passerait pour une écervelée, au moins elle aurait trouvé une excuse pour l'appeler. Quand elle tapa son numéro elle remarqua que sa main droite lui faisait mal, surtout son index. Ce doigt était la preuve qu'elle avait vécu l'aventure et qu'elle n'était pas complètement givrée ! En effet, dans sa chambre, elle n'aurait jamais pu se brûler le doigt, alors qu'elle se rappelait exactement la douleur qu'elle avait ressenti en touchant le petit lapin bizarre dans la forêt !

Par inattention, elle lâcha un cri de joie, et en un rien de temps, sa mère apeurée se trouvait dans sa chambre. Elle n'eut même pas le temps de lui expliquer qu'il ne se passait rien, qu'elle entendait déjà les sirènes de l'ambulance. Cela lui était déjà arrivée de déclencher une fausse alerte - un jour elle avait juste commencé à chanter sur une chanson qu'elle aimait beaucoup - et alarmée par ses cris, sa mère avait appuyé sur le bouton d'urgence. Encore une fois, sa mère se faisait trop de soucis, toutefois ce coup-ci, Kathlina arriva à expliquer aux ambulanciers qu'elle allait bien et qu'elle n'avait vraiment pas besoin d'aller à l'hôpital. Heureusement, la jeune fille arriva aussi à cacher son index, car elle ne savait pas comment expliquer le fait qu'elle se soit brûlée le doigt, en n'ayant pas d'accès à un point chaud dans sa chambre.

Après cet incident, elle fut heureuse qu'exceptionnellement, sa mère ne lui demanda pas cinquante fois si ça allait. Lorsque que tout le monde fut sorti de sa chambre, elle put enfin entreprendre de faire ce qu'elle avait envisagé : appeler Jules pour lui parler de leur aventure, et aussi pour s'assurer qu'il était sain et sauf. Toutefois, elle tomba sur le répondeur. Pourquoi ne pouvait-il jamais répondre à son téléphone ?

À la fin de la journée, le garçon l'appela enfin avec une bonne excuse :

— Kathlina ?!

— Jules ! C'est bien toi ? Tu as changé de numéro de téléphone ? Je suis tellement contente d'entendre ta voix !

— Oui, oui c'est moi, j'appelle du téléphone de mon frère parce que j'ai dû laisser le mien à la maison.

— Mais tu es chez Robin ? Je pensais que vous vous voyez seulement pendant les vacances ? Et pourquoi tu ne m'as pas appelé avant ? J'avais besoin de te parler de ce que nous avons vécu et de l'autre monde ! D'ailleurs tu peux m'expliquer ce qui s'est passé ?

Jules coupant court à ses interrogations, commença à lui expliquer sa situation :

— Tu te rappelles du moment où le renard allait nous sauter dessus dans l'arène ? Pendant une seconde on était dans l'arène puis la suivante, je me suis retrouvé dans ma chambre avec Aline ! Une fille dans ma chambre ! Tu t'imagines comment mon père aurait réagi ? Je n'ai pas le droit d'inviter des amis chez moi sans que mes parents le sachent mais alors s'ils avaient découvert qu'il y avait une étrangère chez moi, je ne veux même pas imaginer leur réaction !

Kathlina rigola à cette information. Jules continua.

— Vu qu'Aline ne sait pas comment faire pour retourner dans son monde, j'ai décidé de fuguer pour aller voir Robin. On a pris ma moto pour Montpellier, et c'est là qu'on se trouve maintenant...

La jeune fille était soulagée, tout n'était pas que le produit de son imagination ! Cependant, le ton paniqué de Jules la ramena vite à la conversation.

— Je ne sais plus quoi faire ! Je ne sais toujours pas ce qui s'est passé dans l'autre monde et Aline est vraiment incompréhensible comme fille. Un instant elle me crie dessus que je dois la ramener chez elle, puis juste après elle se recroqueville et ne m'adresse pas la parole ! En plus elle n'a jamais pris de moto de sa vie et me demandait sans cesse si je voulais la tuer.

Pour toute réponse, le garçon eut droit à un ricanement de son amie.

— Pour couronner le tout, Robin vient d'appeler nos parents et ils se sont encore disputés. Il a dû parler à ma mère, tu ne t'imagines pas le cirque qu'elle a fait : ça fait cinq ans qu'il ne lui parle plus, et là il appelle juste pour dire que je vais bien...

Cette fois, Kathlina eut une idée pour aider son ami - au moins un peu. Ainsi, elle le coupa au milieu de son monologue :

— Ça a l'air compliqué tout ça ! Mais si j'ai bien compris, ton plus grand problème là, c'est Aline ? Si tu veux je peux demander à mon père, s'il peut aller la chercher.

— Mais ton père habite à Paris ! Entre Paris et Montpellier, c'est au moins sept heures en voiture !

— Je sais, je sais. Mais il était censé venir me faire une surprise ce week-end ! Ça fait trois mois que je ne l'ai pas vu, et il trouvait qu'il devait rendre visite plus régulièrement à sa fille unique... En tout cas, si je l'appelle assez rapidement, il me fera sûrement le plaisir d'aller chercher Aline. Ça résoudrait déjà une partie de tes problèmes non ? En plus, ça me permettrait d'avoir de la compagnie lorsque tu seras en cours !

Jules accepta volontiers la proposition. Ainsi, il ne resta à Kathlina plus qu'à convaincre son père de faire un détour à Montpellier et de récupérer Aline. Ce fut une partie gagnée d'avance pour l'adolescente, car depuis le divorce, chaque fois qu'elle demandait quelque chose à son père, celui-ci se dépêchait d'accomplir ses souhaits. Parfois Kathlina en profitait car elle en voulait beaucoup à son père de l'avoir laissée. Pour son père, c'était la seule façon qu'il avait trouvé pour montrer de l'affection à sa fille qui lui était devenu une étrangère avec le temps.

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