Chapitre 19_2

La dernière partie s'est terminée sur la phrase "Connaissez-vous une Aline ?" . Question que Jules demande à un passant dans Lothon où il vient d'arriver avec Kathlina et Hirë à la recherche d'aide pour celui-ci ayant été maltraité et pucé. 

Bonne suite de lecture à vous 🌸

Kathlina & Jules

Mais les passants l'ignoraient ou hochaient la tête en ignorance. Finalement une bonne âme vint à son encontre. C'était un jeune homme avec une chevelure rousse flamboyante d'une trentaine d'années. Maladroitement il affirma :

—  Vous êtes étrangers. Je suis guide touristique pour Isil, mais je peux vous aider.

Kathlina commença à répondre, toutefois le Sorn lui tourna le dos et s'adressa seulement à Jules. La jeune fille s'énerva d'être ignorée, mais un regard de son compagnon l'incita au silence. L'adolescent pris donc la parole :

—  Nous sommes Walan et à la recherche d'une amie.

Un air surpris se dessina sur son visage, mais en moins d'une seconde il reprit son air intéressé, légèrement hautain. Décidant visiblement de ne pas s'enquérir de plus de détails, il les guida jusqu'à un plan interactif.

Il fit signe à Kathlina de s'en approcher en première, la jeune femme essaya donc d'y situer le centre d'enfants. Elle réussit à trouver l'adresse du centre pour rongeurs, cependant, lorsque le plan créa un hologramme en trois dimensions de la ville, elle perdit toute notion d'orientation. Des énormes bâtiments, des formes les plus diverses, s'y trouvaient, mais la jeune fille n'y vit pas de routes les reliant.

Voyant le trouble de son amie, Jules s'en approcha, suivi par le guide. Celui-ci leur expliqua le chemin à prendre, selon lui il apparaissait évident sur le plan. Les aventuriers devaient d'abord suivre la rue Edyl Byme, jusqu'à arriver devant l'immeuble « Lothé », avant de rentrer dans celui-ci et monter au quatrième étage. Là-bas, d'après le roux, il fallait prendre la troisième ou quatrième porte, mais le mieux selon lui, était de demander le bon numéro à l'agent d'accueil. Afin de s'assurer de ne pas oublier le nom de leur destination, Jules la marqua sur un bout de papier. Kathlina avait bien fait de ne pas enlever le sac du landau, il y avait découvert quelques bricoles bien pratiques. Dont le stylo et carnet de notes que le Sorn regardait émerveillé. En signe de remerciement, l'adolescent les lui offrit avant d'entraîner Kathlina vers l'adresse marquée.

Sans difficulté ils trouvèrent le « Lothé », la construction différait de tout ce que les deux terriens avaient pu voir jusqu'à présent. À leur vue s'offrait un bâtiment d'au moins vingt, voire trente étages. Rien de surprenant jusque là, Lothon étant une ville de gratte-ciels. Le détail déconcertant était que « Lothé » n'avait aucune fenêtre. Ils faisaient face à un mur de pierre d'une centaine de mètres ! Quatre fenêtres rectangulaires au milieu et en haut étaient les seules ouvertures. Pour Jules, le tout lui fit penser à une énorme pierre tombale. Une fois cette image en tête, difficile de calmer ses battements de cœur à l'idée d'y rentrer.

Prenant son courage à deux mains, et s'agrippant à la poussette, il suivit Kathlina dans le « Lothé ». Pressé, ils montèrent au quatrième étage. Dans les couloirs ils croisèrent un bon nombre d'individus, les Sorn semblaient se déplacer d'un étage à l'autre, sans toutefois sortir du bâtiment. Arrivés devant les portes débutant avec le 4, ils voulurent se mirent à chercher celle intitulée centre d'enfants rongeurs. Les premières qu'ils lurent furent : 400 centre d'enfants félidés masculins, 402 centre d'enfants canidés masculins et centre d'enfants arctoïdés masculins. Ne voyant pas de réceptionniste, Jules s'approcha de l'un des jeunes qui sortait du battant 406 centre d'enfants viverridés masculins et lui demanda quel numéro portait celui menant au centre pour enfants rongeurs. Le teenager posa un regard intrigué sur le Nithiel, haussa les épaules et grogna :

—  Je n'en sais rien. Ça doit être tout au fond, peut-être cinquante ?

Les deux terriens parcoururent donc le couloir jusqu'à la vingt-sixième porte: 451 centre d'enfants rongeurs et lagomorphes féminins. Heureux de l'avoir enfin trouvé, ils s'y faufilèrent dedans. Le sas se mit immédiatement à alerter : PASSAGE AU CENTRE FEMININ INTERDIT AUX GARÇONS DE MOINS DE 25 ANS en boucle. La voix métallique accompagnée d'un BIIIIP ne laissait pas de doute, Jules ne pourrait se rendre chez Aline. Dès qu'il sortit de la pièce de transportation, l'audio devint silencieux. Hirë n'était donc pas identifié comme masculin par le système de reconnaissance. Incertains, les adolescents prirent la décision de se séparer. Cela allait entièrement contre leur instinct, mais ils n'avaient pas le choix. Jules fut donc contraint d'attendre le retour de Kathlina.

Celle-ci ressorti dans la résidence qu'elle connaissait. Soulagée d'enfin y être, elle se dépécha vers la chambre d'Aline. En chemin elle fut prise de peur à la pensée qu'Aline ne soit pas là, mais heureusement pour elle, son amie s'y trouvait. La jeune Sorn était en train de se préparer pour retourner en cours. Elle poussa un cri de surprise qui se transforma en un de joie lorsqu'elle aperçut son visiteur. Ravi, elle l'enlaça, puis la bombarda de questions :

— Qu'est-ce que tu fais ici ? Où est Jules ? Qui est ce petit ? Oh, je suis tellement contente de te revoir ! Tu ne t'imagines pas ce qui m'est arrivée, j'ai énormément de choses à te raconter !

Inhabituée d'être du côté répondeur et non pas interrogatif, la terrienne dû ordonner ses pensées, pour ne pas embrouiller sa camarade. Une fois triées, elle s'expliqua :

— Jules a dû rester dans le Lothé, le sas l'a empêché de venir

— Ah, c'est vrai que le passage est interdit aux garçons. Tu sais, cette règle a été instaurée suite à l'inci...

Kathlina la coupa, pour continuer :

— Ce n'est pas ce qui compte, maintenant ! Je suis venu avec Hirë, parce que nous avons besoin d'aide. Il faut que tu sortes cette puce de son corps.

Ce disant, elle sortit le Nithiel de la poussette et le déposa doucement sur le lit d'Aline. La jeune aventurière ne put s'empêcher de penser qu'elle soulevait un mort. Depuis qu'il était arrivé à la rue Joya, il n'avait jamais émis de son ou bougé.

La Sorn étudia le petit corps inerte et plus particulièrement le traceur. Contrairement à Kathlina, ce n'était pas le mouchard qui l'inquiétait le plus, c'était plutôt la pâleur du bonhomme et les rougeurs, ressemblant fortement à des inflammations sur tous ses membres. Une enflure en particulier, proche de son cœur, d'une couleur alarmante.

Ne demandent plus de détails, la jeune fille attrapa un appareil et expliqua à sa cadette :

— Tu as de la chance, les majkas m'ont donné un détecteur de fréquence, afin de pouvoir m'assurer que je ne suis pas sur écoute. Hier je l'ai testé pour la première fois, en variant les fréquences détectées, nous devrions arriver à connaître celle de la puce. D'ailleurs, il faut vraiment que je te raconte tout sur les majkas, je les ai rencon...

Rrrt rrrt rrt.

— Voilà ! On a la bonne fréquence, maintenant il ne nous faut plus que la brouiller ! Et je sais déjà comment le faire !

— Attends ! Qu'est-ce que tu veux faire ?

Kathlina se lança à sa poursuite, mais la Sorn sous forme animalière était beaucoup trop rapide.

Deux minutes plus tard, le tankilo rose revint, tenant un jouet vert avec d'énormes yeux entre ses mains.

— En quoi une peluche de plante peut-elle nous aider ?

— Ha ! C'est le doudou de Lisbeth. répondit-elle à son air ahuri. Du moins, ça l'était quand elle était plus jeune. À l'origine il répétait tout ce que l'on lui disait. Mais, on a découvert qu'il est équipé d'un détecteur de fréquence, il peut à la fois les capter et émettre. Pendant plusieurs années, on s'est amusées à écouter des adultes jouant à la rébellion échanger des informations. Mais Feuillette devra faire l'affaire !

— Feuillette ?

Ce murmure hébété franchit à peine ses lèvres. Aline n'y prêta point attention et continua :

— Voilà, en changeant cette donnée, puis en la démarrant, ça devrait être bon ! Parfait ! Voici, notre propre brouilleur spot !

— Ehm, super ? Mais ça veut dire quoi ? Qu'est-ce que tu as fait ? interrogea Kathlina.

La pauvre n'avait rien compris.

— Ça a marché! Tu n'as plus besoin de t'inquiéter! J'ai créé un brouillage électronique émettant un signal à la même fréquence que ce traceur. Normalement ces ondes devront interférer avec celles de la puce, et troubler, voire empêcher vos poursuivants de recevoir le signal. Le but est de saturer leurs récepteurs. Mais ce n'est malheureusement qu'une solution à courte durée, il leur suffit d'utiliser du matériel plus performant. Au moins, cela nous aura fait gagner du temps, maintenant raconte moi ce qu'il se passe réellement ! Et ensuite je te parlerais des majkas, tu seras surprise de tout ce que j'ai appris !

Soulagée par ce remède temporel, la jeune fille décompressa en parlant sans s'arrêter. Sa pauvre amie n'arriva pas à y placer un mot, tellement elle enchaînait les récits de ses aventures. La Sorn l'écouta attentivement, impressionnée par tant d'événements, mais aussi apeurée à l'idée que la terrienne apporte des ennuis en plus.

Pendant ce temps, Jules attendit dans le « Lothé ». Toutefois, il ne resta pas longtemps à l'étage. Dès que la porte du sas s'était fermée derrière Kathlina, il avait prit ses jambes au cou. Heureusement, une partie du sentiment oppressant qu'il avait ressenti s'était volatilisé à l'air filtrée de la ville. Cet immeuble l'effrayait, de l'intérieur et de l'extérieur.

Avec le temps qui passait lentement, le terrien eut le loisir d'analyser sa première impression plus profondément.

Dans l'édifice, invisible à la vue de tous, une foule de personnes se déplaçait dans tous les sens, apparaissant et disparaissant derrière les milliers de portes. Le tout se déroulait sous ses yeux comme un tour de magie. Le fait que toute l'île, voire même toute Amoni soit accessible en quelques secondes grâce à ce bâtiment, dépassait sa compréhension de l'univers. Quand il essaya de voir les possibilités que cela offrirait sur Terre, l'aventurier cru que sa tête allait exploser. Il avait besoin d'air frais, d'un vrai courant, comme celui qui soufflait sur ses plages natales de la mer Méditerranée.

Penser à l'océan permit au jeune homme de calmer ses angoisses. Les profondeurs d'eau imaginaires lui permirent de se rappeler sa place dans le monde.

Néanmoins, la vue sur le « Lothé » faisait remonter son malaise tout de suite. Auparavant, il y avait vu une pierre tombale, maintenant les rares fenêtres lui faisaient penser à un tuyau de poêle. Les ouvertures devaient permettre à faire circuler l'air, exactement comme dans une cheminée. Une nouvelle image commença à se superposer dans son esprit au bâtiment, encore plus sombre que celle qu'il s'était faite avant : à présent, il y voyait un four.

Avant de laisser poursuivre ses pensées vers un four crématoire, il se força à retourner à l'intérieur. Peut-être que Kathlina était revenue avec Aline entre-temps ? 

Lorsqu'il arriva au quatrième étage, un homme massif, les cheveux bleus bien plus foncés que ceux du garçon, lui bloqua le chemin et l'interpella d'une voix agressive :

— Eh, toi ! Quelle est ta destination ?

Déstabilisé, Jules répondit sans détours :

— J'attends des copines, elles sont de la maison des rongeurs.

À peine terminé sa phrase, l'adolescent décela le métier du passant et réalisa son erreur. L'uniforme ne laissait aucun doute. C'était un policier. Vu son ton, lui aussi l'avait identifié :

— Je t'ai bien reconnu ! Tu es l'un des jeunes qui a disparu de l'arène ! Cette fois-ci j'aurais tes données ! On arrivera enfin à vous enregistrer et tracer !

Rah ! L'aventurier se maudissait. Comme un sot, il l'avait conduit à ses amies. Énervé il souffla entre ses dents :

— Idiot !

L'agent s'étant transformé en félin bleu marine, l'entendit avec son ouïe animale. Ne passant outre l'insulte il tonna :

— Bouge-toi ! On va rendre visite à tes petites amies ! Et ne pense pas jouer au malin avec moi ! Allez, avance !

Quand Jules fit un pas vers le côté, pour tester une possible fuite, la bête laissa échapper un rugissement qui résonna dans tout le couloir. Le message était clair. Sans détour, l'adolescent apeuré entra dans la chambre de téléportation. Cette fois-ci, aucun message d'avertissement ne se déclencha.

Un nouveau grognement du policier fit trembler ses jambes au point que le terrien dû s'asseoir sur le sol poli du sas. Lorsque les portes s'ouvrèrent, l'agent se précipita vers l'extérieur en grognant :

— Reste là !

Dès qu'il fut sorti, les battant coulissant se refermèrent, laissant aucune chance au plus jeune de le suivre. Laissé seul, il tenta tout de suite d'ouvrir la porte. Sans succès. Il ne voyait rien le lui permettant : il n'y avait ni poignée, ni bouton visible. Il n'eut donc pas d'autre choix que d'attendre le retour de son geôlier.


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