Chapitre 17_1
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Ariane
De retour chez moi, ma colère n'est toujours pas retombée. J'ai échoué... je n'ai pas réussi à le contrer alors que Jules compte sur moi pour dans deux jours. Que suis-je censée faire pour réussir d'ici-là ? Théa a beau dire que cela m'est impossible, je ne veux pas perdre l'espoir de réussir. Il me suffit de m'extraire juste avant qu'il arrive, mais comment ? Il me faudra être efficace et trouver directement ce que Jules veut. Je n'aurai surement pas plus d'une minute avant qu'il me trouve. Des recherches s'imposent. Voyant qu'il n'est pas encore 18h sur ma montre, je décide de retourner à la bibliothèque pour faire quelques recherches. Cependant avant même que je me téléporte, je vois Lydia entrer dans ma chambre.
— Toi !
Surprise de m'entendre elle se retourne :
— Tu es déjà rentrée ? Je pensais que tu allais rester dans l'autre monde plus longtemps. Je viens juste t'emprunter une paire de ciseaux.
Sans même tenir compte de ce qu'elle vient de me raconter je continue :
— Tu m'as menti ! Jules n'a jamais été avec toi ! Tu l'as abandonné là-bas sans moyen pour lui de revenir !
— Je... je vais t'expliquer ! me dit-elle soudain paniquée.
— M'expliquer quoi ? Que tu as été lâche et que tu es juste parti avant de me mentir pendant tout ce temps me faisant croire que tout allait bien pour vous ! Comment as-tu pu ?
Ne sachant pas quoi répondre, elle se mue dans le silence. Son absence de réponse ne fait que confirmer ce que je pense déjà. Ni une ni deux je me téléporte alors sur Mirina. De retour là-bas, je me dépêche d'aller à la bibliothèque ayant peur que celle-ci ferme. Voyant qu'il ne me reste que peu de temps avant sa fermeture, je me dirige immédiatement vers le poste de requête interactive dont m'avait parlé Kathlina et son amie. Je rentre ensuite les mots clés de ma recherche. Une fois les deux-trois livres obtenus, je me dépêche de les feuilleter pour obtenir le plus d'informations sur cette fameuse source. Comme supposé au vu des infructueuses recherches de Jules, je n'apprends pas grand-chose mais cela reste suffisant pour tenter de la visualiser. Et ainsi établir une connexion avec un événement lié à celle-ci lors d'un saut dans le passé. Il ne me reste plus qu'à pouvoir revenir de là-bas sur demande et donc réussir à focaliser mon esprit sur une sorte de point d'ancrage pouvant me ramener à tout moment.
En sortant, je décide de faire un petit tour à Mirina. Je ne sais pas si cela est vraiment prudent au vu de la réaction des personnes me croisant, mais bon ce ne sont pas leurs regards surpris qui m'arrêteront. Je continue de déambuler dans la ville jusqu'à arriver au port. Situé devant un étal je reconnais immédiatement le gentil Farur m'ayant aidé lors de mon premier voyage ici.
— Erle !
A l'entente de son prénom il se retourne surpris de me voir accourir vers lui. Une fois à sa hauteur je remarque soudainement que tout le monde nous regarde. Et mince je n'aurais peut-être pas dû crier son prénom si fort. Erle quant à lui ne semble pas forcément prêter attention à tout cela et continue simplement son achat. Une fois fini, il s'adresse à moi.
— Je ne pensais pas te recroiser ici un jour.
— Il faut dire que quand je t'ai rencontré, je ne comprenais pas vraiment ce qui m'arrivait. Mais aujourd'hui, j'ai quelques pistes pour en apprendre plus.
— Tant mieux ! Et que fais-tu à Mirina ?
— J'étais à la bibliothèque pour faire des recherches. Un de mes amis a des problèmes et il faut que je trouve quelque chose pour l'aider. Et toi ? Tu n'es pas censé être chez toi à cette heure-là ?
— Je suis venu acheter des lampionnes, me dit-il en me désignant son sac rempli d'une sorte de calamar bleu. Un de mes camarades de chambrée aime beaucoup ça et on a décidé d'en faire chez lui ce soir. Vu que je finissais les cours plus tôt que lui, je me suis désignée pour aller en chercher.
— Ça m'a l'air sympa dit moi ! Je vais te laisser y retourner alors.
Il semble hésiter un instant, puis se lance finalement :
— Tu n'as qu'à venir avec nous. Enfin si tu en as envie. Je dirai que tu es un membre de ma famille venu me rendre visite.
— Oh vraiment ? Avec plaisir, en plus je n'en ai jamais mangé de ma vie.
— Jamais jamais ?
— Non, ça n'existe pas chez moi.
— C'est donc la parfaite occasion de tester !
Nous nous rendons ensuite jusqu'à chez son ami où il me présente comme sa cousine. Un fois arrivé, il me présente alors un certain Solaufein, qui à peine présenté se transforme en un petit animal trop mignon et un autre garçon prénommé Booby. Il m'explique aussi qu'en temps normal il y a aussi deux autres garçons dans leur groupe, des jumeaux plus âgés qu'eux mais depuis que l'un des deux a quitté brusquement l'école son jumeau a disparu. Une fois le garçon animal redevenu « humain » nous nous mettons à cuisiner tout un tas de produits inconnus. Je les aide du mieux que je peux en coupant les divers ingrédients allant de sorte de poivron de couleur rose, à des oignons bleu au nom des plus étranges et en surveillant la cuisson avec l'aide de Booby. Pendant que les deux autres plus habiles, préparent les lampionnes et assaisonnent le tout. Une odeur enivrante circule alors dans tout le couloir attirant le regard de la famille de Booby qui au passage me dévisage. Voyant mon malaise Erle s'exclame :
— Ne fais pas attention à eux. Ce n'est pas souvent que l'on voit une fille en compagnie de garçon, et encore moins une Farur géante.
— Mais alors vous ne côtoyez jamais de fille en dehors de votre famille !
— Tu n'avais toujours pas remarqué ? Il faut dire qu'avec la malédiction il est très rare d'avoir des écoles mixtes, voire quasi impossible, ce qui rend la rencontre de personne de l'autre sexe plus compliquée.
— C'est vrai ! J'oublie un peu trop souvent cette malédiction.
— Mais bon c'est sympa aussi surtout quand on n'est pas à l'aise avec les filles hein Solaufein ?
Son camarade se contente de faire une drôle de petite tête avant de retourner à sa préparation.
— Ne fait pas attention à lui. Il lui faut juste un peu de temps pour s'habituer à toi.
Interrompant le cours de la conversation, une casserole se renverse sur le sol. Nous nous retournons tous les trois vers la source de ce bruit.
— Tu pourrais faire attention Booby, lui lance Erle.
— Pardon, ça m'a échappé! Je vais nettoyer tout de suite...
Ce dernier se munit alors d'une serpillière et commence à éponger sa bêtise avant de se retourner abruptement fier de lui et d'entrechoquer le manche avec ma tête au passage.
— J'ai pas fait exprès ! Je voulais pas... Tu n'as pas trop mal ?
— Ça va, ne t'inquiète pas, va plus tôt ranger cette serpillière avant de cogner quelqu'un d'autre, le taquinais-je.
Celui-ci s'élance et glisse au passage sur le sol fraîchement lavé, s'étalant par terre. Ses deux colocs soufflèrent de désespoir avant de lui demander de s'asseoir et de ne plus bouger.
Le repas enfin prêt, nous nous sommes mis à table. J'en avais l'eau à la bouche et il ne me fallut pas longtemps avant d'attaquer ce festin. La bouche pleine je m'écris :
— Ch'est trop bon votre truc !
Face à ma réaction, les trois garçons éclatèrent de rire. Je fini par les rejoindre remarquant mon manque de conduite malgré mon âge plus avancé. Je dois être la plus vieille à cette table mais clairement pas la plus mature. Le reste du repas se passe dans une bonne ambiance, même Solaufein se met à parler, étant beaucoup plus à l'aise qu'avant.
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Eliott & Kathlina
Finalement, les deux jeunes étaient restés quatre heures à la bibliothèque, ils étaient fatigués, ils avaient faim et les livres commençaient à peser dans leur sac. Aussi lorsque - après avoir fait plusieurs détours - ils rentrèrent enfin dans la maison des Orthilines, la première chose qu'ils firent fut de s'affaler dans le canapé avec un verre de jus de fruit bleu.
Groaaar !
Eliott se retourna vers Kathlina, surpris.
— C'est ton ventre qui a fait ce bruit ? T'héberges un monstre ?
La jeune fille se contenta de hocher la tête en rigolant. Elle se leva ensuite, tira son compagnon l'incitant à la suivre jusque dans la cuisine.
— Ce soir, c'est moi qui cuisine ! Je vais essayer de faire des croques-monsieur !
— Attends ! Stop ! Vous mangez des humains sur Terre ? Vous êtes des fous ! Je...
— Mais non ! Les croques-monsieur sont des sortes de sandwich chaud ! C'est rapide à manger et en plus c'est pas difficile à faire.
— Ah, d'accord... Non mais aussi quelle idée d'appeler ça comme ça ! se justifia Eliott vexée d'avoir mal compris.
Kathlina ricana à sa remarque :
— Tu as pas idée de toutes les expressions imagées qui existent chez moi ! D'ailleurs, un jour j'aimerais comprendre comment ça se fait que tu me comprennes si bien ! On vit pas sur la même planète, du coup il y avait zéro pourcent de chance pour qu'on parle la même langue. Et pourtant, tu me comprends et moi aussi... C'est trop bizarre quand on y réfléchit !
Grooa !
— Ok, ok ! Je vais faire à manger ! Mais va falloir me trouver des toasts, ou du pain. s'exclama-t-elle en enfilant un tablier.
Eliott la regarda avec incompréhension. C'était quoi encore tous ces mots inconnus ? Kathlina au vu de la tête de son ami commença à désespérer, ils n'avaient pas encore commencé que déjà tout se compliquait. Elle s'arma de patience, et commença ses explications :
— Le pain, c'est fait avec de la farine...
Comme Eliott hocha la tête, elle supposa que cela portait le même nom ici.
— ....de la farine, de l'eau et du sel. Lorsqu'on ajoute de la levure, un truc pour faire gonfler la pâte, elle n'avait pas la patience de lui expliquer en détail ce qu'était la levure de peur qu'il panique à nouveau, Donc ensuite on cuit la pâte au four et grâce à la levure ça va gonfler. Finalement on obtient du pain avec autour une croûte et de la mie au milieu... Les toasts c'est pareil sauf que la croûte est moins dure et que c'est déjà découpé en tranches...
Lorsqu'elle releva la tête pour regarder si Eliott avait compris, celui-ci avait disparu. Il était dans le garde manger et tenait dans ses mains un paquet. Il la regarda victorieux :
— C'est ça que tu cherches je pense ! En tout cas ici ça s'appelle du rostpano. Tiens goûte tu me diras si ça a le même goût !
Alors que Eliott lui tendit une tranche, Kathlina recula, surprise.
— Mais... mais c'est quoi ce ... truc !
— Bah quoi ? il regardait alternativement son toast et la jeune fille sans comprendre.
— Mais... mais il est verdâtre !
— Bah oui, tu voudrais qu'il soit de quelle couleur ? Jaune ? La farine est verte forcément, le poin est aussi vert.
— On dit du pain... Et tu es sûr ? Non parce que souvent c'est les trucs moisis qui verdissent...
— Mais non, regarde.
Il en mangea un bout sous le regard dégoûté de son amie. Celle-ci prit sur elle, en se disant que ses yeux la trompaient, ici tout était différent, alors pourquoi pas les couleurs ? Elle goûta à son tour un micro bout de rostpano et fut surprise de découvrir qu'en effet cela ressemblait beaucoup à ses toasts.
— Bon, maintenant aurais-tu du jambon quelque part.
— Des gens bons ? J'étais sûr qu'il fallait des humains ! Sinon ça ne s'appellerait pas un mange-monsieur.
Kathlina soupira.
— Du jambon, c'est de la viande coupée en fines tranches...
— Vous êtes trop bizarre. répéta alors pour la deuxième fois Eliott. Mais oui, il doit y en avoir quelque part...
Il sortit du frigo plusieurs choses cherchant la viande. Kathlina observa les paquets sortis et sourit.
— Arrête de chercher, tu l'as sorti ! Regarde.
— Hein ? mais c'est du casgiu.
— Du quoi ?
— Ahaha ! C'est du lait fermenté.
— Du fromage tu veux dire. compris la jeune fille.
— Si tu veux ! Mais si ça existe aussi chez toi pourquoi tu l'as pris pour de la viande... Ça n'a pas la même couleur quand même...
Kathlina partit dans un fou rire un peu hystérique. Le jeune garçon dans un premier temps surpris, finit par comprendre que sur Terre, le fromage n'était pas d'une couleur rose contrairement à la viande. Viande qu'il tendit à la jeune fille. Celle-ci ouvrit délicatement le paquet ayant peur de ce qu'elle allait trouver. Quatres fines tranches de Sinko - comme disait Eliott - reposaient dans le papier. Elles étaient noires charbons. Elle ne fit aucun commentaire mais sa tête voulait tout dire. Sur Terre, elle aurait bien accompagné son repas de salade mais ne sachant ni le nom, ni la couleur de cet aliment, elle abandonna. Eliott la regardait, il avait l'air impatient de découvrir la suite du programme. Il lui fit un petit sourire encourageant et attrapa un tablier.
— Je suis ton commis.
Après une préparation rapide, Kathlina fit remarquer - non sans moqueries - à son compagnon, que finalement, il ne portait pas si mal sa robe. Celui-ci rougit, et s'enfuit se changer sous le rire de sa traîtresse d'amie.
Lorsqu'il revint vêtu d'un survêtement, la jeune fille venait de finir de servir les croques-monsieur dans les assiettes. Eliott se servit et s'avachit à nouveau dans le canapé. Kathlina suivit le mouvement, mais fut beaucoup plus réticente que son homologue à croquer dans leur repas. Elle ferma les yeux et mordit dedans.
— * Tu vois que ce n'était pas si mauvais !* ricana une voix dans sa tête.
— Eliott ! Sors de ma tête ou je me décale ! soupira la jeune fille mi-amusée, mi-agacée.
Le garçon ne dit rien et recommença à manger, un sourire aux lèvres. Kathlina le regardait, son sourire s'agrandissant.
— Quoi ? demanda le jeune homme se sentant observé.
— Rien... Je me disais juste que tu étais terrible. avoua-t-elle.
Eliott lui offrit son plus grand sourire d'ange. Le repas se finit tranquillement. Puis après un rapide feuilletage des livres de la bibliothèque, ils montèrent se coucher fatigués de leur journée.
Cela faisait maintenant deux heures qu'Eliott essayait de dormir. Impossible. Trop de choses s'étaient passées en quelque jours, il fallait qu'il mette ses pensées au clair, qu'il analyse la situation calmement. Il se leva et chercha avec une petite lampe son journal. Il hésita à s'asseoir au bureau de la chambre, et décida finalement de se rendre dans le salon pour ne pas déranger son amie.
Alors qu'il allait commencer à écrire, un hurlement de peur résonna dans toute la maison. Le corps d'Eliott réagit avant son cerveau. A peine s'était-il rendu compte que Kathlina venait de crier qu'il était déjà dans la chambre. Il alluma une petite lumière et trouva la jeune fille assise sur son lit complètement paniquée. La lumière parut la soulager un peu. Il s'approcha délicatement d'elle en l'appelant. Celle-ci leva la tête en entendant son prénom. Elle se figea un instant avant de se jeter dans les bras du garçon et de pleurer à chaudes larmes. Le jeune homme essaya maladroitement de la calmer. Une fois Kathlina légèrement calmée, il la porta dans ses bras et s'assit sur son propre lit, la laissant se blottir contre lui.
— Chuuut.... Tu es en sécurité maintenant.
Eliott attendit que les larmes se tarissent pour recommencer à parler. Il la serrait contre lui dans une étreinte rassurante. Lorsque les larmes se turent, il chuchota :
— Raconte-moi.
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Merci beaucoup de nous lire ! On espère que ce bout de chapitre vous aura plu !
N'hésitez pas à laisser un commentaire ou une étoile si vous avez aimé !
Au plaisir,
Yaya, Candy, Becky
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