Chapitre 14_2

Bonjour,

Ce chapitre est la suite directe du précédant, l'avertissement est toujours d'actualité concernant les âmes sensibles... Cette fois ci la violence est un peu plus présente et décrite, cependant toujours dans la même idée nous ne sommes pas là pour vous traumatiser !

Bonne lecture, (n'hésitez pas à envoyer un message pour demander un résumer si vous ne souhaitez pas lire ce passage)

Yaya, Candy, Becky


Eliott & Kathlina

Lorsqu'il les rouvrit, il fut ébloui par une lumière en plein sur sa tête. Il mit quelques secondes à comprendre sa position. Il avait les bras et les jambes écartés et attachés. Il avait mal au dos et aux yeux.

Tchac ! Une douleur lancinante au dos se fit sentir. Il venait de se prendre un coup de fouet.

— Je vais te le répéter jusqu'à ce que j'ai une réponse : Où est le collier ?

Eliott ne répondit rien. L'homme qui venait de parler portait un uniforme orné d'un blason vert avec un caméléon argenté, les soupçons du garçon étaient donc vrais. Tiago était bel et bien enfermé dans une prison du gouvernement. Il entra dans une rage sans nom. Tiago se faisait torturer dans une prison de son propre peuple et en même temps des violeurs étaient en liberté. De plus, il se demandait si tous les prisonniers étaient dans le cas de son frère, c'est-à-dire enfermé à tort. Parce qu'il y avait aucune raison pour que le gouvernement enferme son frère.

— Aaaah !

Un cri résonna dans la salle le faisant sortir de ses pensées.

— Crcrcr, rigola son bourreau, Tu as la mémoire courte ! Je t'avais prévenu que cette fois-ci, ton silence allait peser sur la vie des autres ! Ouvre grand les yeux ! Je veux te voir le regarder se faire frapper par ta faute !

Eliott vomi. L'homme en face de lui jura et lui asséna un nouveau coup de fouet sur les jambes. Le jeune en face de lui hurla à nouveau. Un deuxième homme venait de le fouetter. Impuissant, Eliott comprit la détresse de son frère. Comment pouvait-il se sortir de cette situation ? Comment protéger l'autre prisonnier ? Un nouveau coup de fouet sur le dos, le sortit de ces pensées et il hurla.

— Si vous me tuez, je ne pourrais plus vous aider...

— De toute façon tu ne sais rien, donc tu ne peux pas nous aider... Crcrcr, ricanna son bourreau. Tu viens de te vendre tout seul !

— Nooon ! Aaaaah !

Le jeune en face d'Eliott venait de se prendre un nouveau coup.

— Laissez le ! Il n'a rien à voir dans cette histoire !

— Crcrcr ! Te voilà plus bavard maintenant... On le laissera pas tant que tu nous auras pas dit où se trouve le collier !

— À quoi bon ? Vous ne pourrez pas vous en servir !

De nouveaux coups retentirent sur le dos des deux prisonniers. Le pauvre garçon en face d'Eliott se tordait de douleur. Il pleurait, suppliant ses bourreaux d'arrêter. Mais à peine ouvrait-il la bouche qu'on lui assenait un nouveau coup de poing dans le ventre. Après lui avoir asséné un coup d'une extrême violence, les bourreaux éclatèrent de rire face à la réaction paniquée du prisonnier qui faillit s'étouffer. Cela en fut trop pour Eliott, il hurla à en réveiller les morts. Un cri d'une force inattendue. Il criait son désespoir, sa rage, sa haine et sa détresse. Surpris, les hommes arrêtèrent de frapper leur victime. Mais Eliott ne se calma pas, il continuait à s'égosiller, fracassant les oreilles des personnes présentes. Les deux gardes qui avaient repris leur esprit, se rapprochèrent d'Eliott et le frappèrent :

— Tu vas te calmer sale Masisi !

— Tu vas la fermer oui ! Tu veux qu'on te frappe ? T'as gagné on va te frapper, sale merde, tu vas avoir tellement mal que tu vas regretter et nous supplier d'arrêter !

Mais lorsque les poings des tortionnaires touchèrent le ventre du garçon, ses cheveux devinrent vert, ses haillons se transformèrent en un uniforme lui aussi vert recouvrant tout son corps.

— Qu'est ce que.... hurla le garde surpris.

— * Détachez le ou vous aurez à faire à moi ! * s'écria alors le garçon.

Les deux hommes présents se regardèrent, qui avait parlé dans leur tête ? Ils tournèrent la tête vers Eliott toujours accroché. Ses lèvres n'avaient pas bougées.

— * Relâchez le garçon ! Et plus vite que ça ! Sinon...*

A nouveau, les deux bourreaux cherchèrent la provenance de la voix.

— Qui ... qui êtes vous ? se risqua l'un d'eux.

— * Je suis un messager de Monia ! Relâchez cet innocent ! Maintenant ! Vous n'allez quand même pas désobéir aux ordres de votre Déesse ? * À cet instant Eliott était heureux d'avoir autant d'imagination et espérait que sa mascarade ne soit pas découverte trop tôt.

Les deux tortionnaires ne voulurent pas savoir ce qu'il pouvait leur arriver s'ils n'obéissaient pas à la voix. D'un commun accord, ils détachèrent le jeune garçon traumatisé du mur, mais ils gardèrent en main les attaches à ses poignets.

— * Pourquoi est-il ici ? Quel est son crime ? *

— Je... je ne sais pas, affirma l'homme au blason.

— * Menteur ! Je lis en toi... Pour. quoi. est. il. ici ? *

— Il... il n'est pas humain...

— * POURQUOI EST-IL ICI ?* rugit la voix

— C'est une anomalie ! On ne fait que protéger le monde de ce spécimen !

— * Mensonge ! Je le répète une dernière fois : Pourquoi est-il ici ? *

— Il aime les hommes ! répondit alors l'homme qui était resté jusqu'à là silencieux paniqué.

Eliott n'en revenait pas. Comment pouvait-on enfermer et torturer quelqu'un parce qu'il aimait les hommes ? Pourtant les femmes n'étaient pas torturées ? Quelque chose ne tournait pas rond ! Cependant ce n'était pas le moment de penser à autre chose, il avait réussi la transformation, malgré le fait que Tiago n'ait plus de collier. Il devait rester dans son rôle de messager pour réussir.

— * Écoutez-moi bien, si jamais vous ramenez à nouveau un seul des gars de cette prison dans une salle de torture, si vous touchez à un seul de leur cheveux, je ne donne pas cher de votre peau ! Maintenant, ramenez le dans sa chambre et soignez-le ! Et détachez-moi ! *

Les deux hommes se figèrent. Ils venaient de comprendre qui était le soi-disant messager de Monia.

— Pfff ! Tu crois qu'avec de la télépathie tu vas pouvoir nous avoir ! Se faire passer pour un messager de notre Déesse, c'était bien tenté... Mais on est pas aussi débiles que tu le penses. Dit le tortionnaire en le fouettant.

Mais son fouet n'eut aucun effet, les habits d'Eliott le protégeant. Il recommença. Aucun effet.

— Je vous ai dit que j'étais un messager de Monia ! Vous pensez réellement qu'elle va me laisser me prendre des coups de fouet sans réagir ? nargua le jeune homme devant la mine étonnée de ses bourreaux.

En réalité Eliott n'était pas aussi serein qu'il le paraissait, il bénissait silencieusement les effets du collier, celui-ci semblait le protéger, il espérait seulement que la protection ne disparaisse pas.

Au bout d'une dizaine de coups, le fouet se brisa sous le regard ahuri de l'homme. Grâce à ces coups, Eliott eut assez de temps pour analyser les pensées des deux hommes. En effet, les effets du collier lui avaient permis d'accéder à l'esprit des hommes sans avoir besoin de les toucher.


Celui qui venait de le frapper s'appelait Hector, il aimait torturer les gens et avait des délires étranges. Cependant, il réussit à dénicher un point faible. L'homme était très croyant. Le garçon se réjouit, il n'avait pas fini de jouer le messager de Monia et maintenant qu'il connaissait les penchants de l'homme, il allait pouvoir le manipuler à sa guise !

Le deuxième homme, qui s'appelait Liboe, était beaucoup plus difficile à lire. Eliott n'arrivait pas à comprendre ses motivations, l'homme avait l'air persuadé du bien fondé de ses actions : il sauvait le monde d'un terrible fléau en détruisant les homosexuels. Cependant, il ne trouvait pas sur quoi cette croyance était basée, ni comment la détruire. Malgré tout, il continua son jeu de rôle afin d'essayer de se sortir de cette situation.

— Nous sommes des hommes bien plus humains que vous, hurla-t-il, laissant exploser à nouveau sa colère, Hector je viens d'avoir la confirmation de Monia. Les hommes doivent se respecter, aussi si l'un deux ose s'en prendre aux autres alors il sera châtié pour l'éternité. Il me semble que la torture ne rentre pas dans la case : "respecter l'autre" ! Même si Monia a dit que tous les hommes ont droit à une deuxième chance, je ne suis pas sûr qu'elle te pardonne si tu t'en prends à son messager !

Pendant le petit discours du jeune homme, le dénommé Hector avait blêmi. Eliott jubilait : c'était trop facile de manipuler des personnes croyantes. Cependant de peur que son bluff ne marche pas longtemps, il continua :

—  Monia m'a dit que tu n'avais pas eu une vie simple, et que c'était pour cela qu'elle te laissait une deuxième chance malgré tout ce que tu as fait. Par contre si tu ne détaches pas cet homme, et que tu tortures à nouveau des humains alors elle ne te fera aucune nouvelle faveur. Le garçon avait insisté sur le mot "humain".

Cette dernière phrase eut raison d'Hector qui se lança sur les dernières attaches du prisonnier. Il le détacha pour le ramener dans sa cellule. En partant, Eliott lui rappela de le soigner. Le jeune prisonnier lança un dernier regard vers la salle comme pour vérifier que toute la scène qu'il avait vue était bien réelle.

L'homme qui restait, murmura alors :

— Tu... tu es humain ?

— Ça t'arrangerais bien que je ne le sois pas ! Mais je suis bel et bien humain ! Je me suis transformé parce que je suis un élu, Monia a choisi mon corps d'humain pour transmettre ses volontés.

En voyant que l'homme le regardait interdit, il continua :

— Tu vas me détacher de là parce que tu as une morale, n'est ce pas ?

— Mais tu aimes les hommes !

— Rooooh ! Mais qu'est ce que ça peut te faire ?

— Baliverne ! Tu es la peste incarnée ! Pourquoi Monia aurait-elle choisi ton corps ? Ta petite histoire ne tient pas debout ! Mon collègue est peut-être crédule mais pas moi ! Tu penses réellement que je vais croire quelqu'un comme toi ? Quelqu'un d'aussi perverti et nocif ? Tu te trompes garçon...

Et comme pour le lui prouver, il le frappa. Cela eut aucun effet, aucun effet physique du moins, car Eliott paniqua : comment allait-il s'en sortir ? Il lui fallait plus de temps, il fallait qu'il trouve une faille. Cependant, l'homme qui le regardait avec un regard malsain ne semblait pas vouloir lui laisser le temps de réfléchir. En effet, il sortit d'une malle un couteau et l'approchait dangereusement du cou du garçon. Eliott plongea dans la tête de Liboe. Un souvenir, une faille, un élément n'importe quoi... Vite !

Il sentit alors la lame froide sur son cou. Eliott frissonna. Il devait absolument trouver quelque chose, mais le stress le bloquait. Il lui était impossible de réfléchir correctement !

Des enfants courant dans un champ et riant ensemble sous le regard des parents. Pas intéressant. Une salle de classe, un enfant levant la main pour réciter une poésie. Suivant.

Plic, ploc. Du sang commençait à couler de l'entaille. Un sourire pervers étira les lèvres de l'homme.

— Je te laisse une dernière chance, petit messager de pacotille... Crcrcr ! Où. Est. Le. Pendentif ?

— Trouvé ! s'écria alors Eliott.

Stupéfait par la réaction de son prisonnier, Liboe se recula légèrement, enlevant ainsi la lame du cou de celui-ci. Il s'apprêtait à tailler une nouvelle entaille dans la gorge du garçon, quand celui-ci lui dit :

— Lihim !

L'homme se figea. Il regardait le jeune homme attaché avec tant de haine, que celui-ci se mit à trembler. Cependant, il continua :

— Lihim était ton ami, ton amoureux...

— C'était un traître, un manipulateur... Je n'ai jamais demandé à tomber amoureux de lui, mais vous êtes des fins stratèges et j'étais assez innocent pour croire en lui...

— Pfff ! Tu es tombé amoureux tout seul...

— Noon ! il avait presque crié, C'est lui et ses techniques de dragues, il m'a empoisonné l'esprit, il m'a perverti avec ses douces paroles !

— Dit plutôt que pour ne pas finir en prison tu as préféré renier ton amo...

BANG !

Le tortionnaire venait de frapper le mur à quelques centimètres du visage d'Eliott. Cependant, maintenant qu'il tenait sa faille, le garçon ne se laissa pas intimider, tout tremblotant il continua :

— Ceux... ceux qui t'ont mani... pulés..., sont ceux... qui t'ont laissé... penser que tu... ne pou... pouvais pas aimer... un garçon et que... pour te racheter, tu devais... les éliminer !

— Crcrcr ! Je ne suis pas aussi influençable que tu le crois ! Je sais fermer mon esprit aux Masisi de ton genre ! Je ne me laisserais pas avoir plusieurs fois !

— Ils ont... menacé de tuer... Lihim... alors tu as... accepté... de travailler... pour eux...

— Co...comment sais-tu cela ? Tu es de mèche avec eux ?! Ils veulent me tester ? Voir si j'ai enfin changé ? Tu... tu ne vas pas leur dire ? Une pointe d'inquiétude était percevable dans sa voix.

— Leur dire quoi ? Que tu es toujours amoureux ?

— Ils vont le tuer, murmura Liboe d'une voix chargée d'émotion.

Eliott sourit en voyant le masque de l'homme se fissurer.

— Non, répondit-il d'une voix plus assurée. Je ne suis pas un employé du gouvernement, je ne leur dirais rien.

Le tortionnaire ne répondit pas tout de suite, il se contenta de reculer en dévisageant son prisonnier. Eliott perçu son conflit internet : il ne savait pas s'il pouvait lui faire confiance. Il avait peur que cela soit un piège mais en même temps, ce qu'il venait d'entendre était ce dont il rêvait depuis longtemps. Confiance ? Piège ?

— ... Merci, finit-il par dire d'une voix timide.

L'homme s'avança et détacha son prisonnier. Il semblait comme libéré d'un poids. Cependant, Eliott comptait bien profiter de ces informations :

— Je te propose un marché ! Je ne dis rien à tes supérieurs sur ton amoureux, et tu les préviens qu'un bateau de pirates navigue autour de Mirina, ils ont enlevé et violé plusieurs dizaines de femmes qui sont toujours prisonnières de ce bateau.

Le tortionnaire le regarda interdit. Comment savait-il tout cela ? Il hocha malgré tout la tête et emmena le garçon dans sa cellule.

Arrivé dans la chambre, Eliott s'écroula sur le lit et ferma les yeux : il allait pouvoir retrouver son bateau. Il espérait que Kathlina allait bien et que rien ne lui était arrivé durant son absence.

Lorsqu'Eliott rouvrit les yeux, il remarqua qu'il était bien sur le bateau et n'avait pas changé de place, il se dépêcha alors de rejoindre son amie.

* Comment as-tu fait ? * lui demanda soudainement son frère.

* Le jeune est en sécurité, ils vont le soigner ! Le collier s'est activé du coup, j'ai pu accéder à leur pensées sans même avoir à les toucher et les habits m'ont... enfin ont protégé ton corps des coups ! J'ai utilisé leur faiblesse pour qu'ils m'obéissent ! * résuma simplement Eliott.

* Merci, merci beaucoup !* souffla Tiago soulagé par la tournure des évènements.

* Heureusement que le collier s'est actionné... sinon je ne sais pas comment j'aurais fait !* La colère d'Eliott revint au souvenir de la salle de torture. * Au fait, j'ai trouvé un moyen de te faire sortir de ce trou !*

* Dis toujours...* Le jeune homme était sceptique.

* Ton serpent, tu as vu la balafre et ses yeux ? C'est clairement pas un animal ! *

* Hein ! Mais tu viens de dire que c'est un serpent !*

* Oui, mais c'est surtout un Sorn sous forme de serpent ! Je pense que c'est le prisonnier qui s'est "évadé"... Je pense qu'il aurait réussi si la boite n'était pas tombée. *

* Comment tu peux en être si sûr ?*

* Dès que je l'ai touché ses pensées m'ont envahies ! Et ce n'étaient pas les pensées d'un serpent !*  rigola Eliott. * Il s'appelle Atheris ! Du coup maintenant, ce qu'il te reste à faire, c'est établir un contact avec lui, une fois que vous pourrez communiquer, il suffira que tu tombes amoureux de lui et... pouf ! le tour sera joué !* expliqua-t-il très fier de son idée.

* Mais...*

* T'inquiète même si c'est un garçon ça marchera ! *

* Oui, mais...*

* La malédiction dit que si une personne touche la personne qu'elle aime sans s'être déclarée alors ils sont téléportés ! Ça ne précise pas deux personnes de sexe différents !*

* Oui, oui, mais...*

* Il n'y a pas de mais ! Tombe amoureux ! Je suis sûr qu'il est vachement cool ! *

* Eliott ! * rugit son frère, *Je ne sais pas si c'est possible ! On ne commande pas de tomber amoureux enfin ! Et puis, imagine que je sois téléporté et que lui reste en prison... ce sera la fin de ma vie... Et puis tous ces hommes qui sont dans le même cas que moi, il faut aussi les sortir de là ! Si je m'enfuis, ils vont en subir les frais ! *

Eliott qui n'avait pas pensé à tout ce que venait de lui dire son frère, se renfrogna.

* Merde ! J'avais une trop bonne idée ! Bon et ben... je vais continuer à chercher un moyen de te sauver ainsi que tous tes copains ! * dit-il d'un ton qui se voulait rassurant. *Je vais devoir te laisser, j'ai des choses à gérer ici...*

* Encore merci... Prend soin de ta copine !*

Eliott ne répondit pas. Il était arrivé devant la cellule. Kathlina dormait tranquillement. Il s'assit à côté d'elle. En sentant une présence, la jeune fille ouvrit les yeux. Le garçon devina qu'elle avait dû pleurer.

— Que se passe-t-il ? demanda-il doucement.

— Les... les femmes, je les ai libérées.

Eliott devina qu'elle savait ce que ces jeunes filles avaient dû subir et que cela la touchait beaucoup.

— Tu as bien fait ! J'ai prévenu le gouvernement, j'espère qu'ils arriveront à temps.

— Co... Comment as-tu fait ?

— Trop longue histoire, répondit le garçon qui se leva en entendant des pas dans l'escalier.

C'était leur geôlier. Sans un mot, il les guida vers le canot de sauvetage dans lequel il avait mis des habits et un peu de nourriture. Eliott le remercia et se muni des rames avant de s'enfuir en compagnie de Kathlina qui fut heureuse de pouvoir se changer. Malgré le fait que la fin de la nuit arrivait, Eliott pu se servir des étoiles pour naviguer. La jeune fille se cala à l'avant du bateau et finit sa nuit. Lorsqu'elle se réveilla le port de Mirina était en vue. Un pêcheur s'approchait d'eux. Eliott essaya de l'éviter mais le bateau à voile le suivit, l'homme s'accrocha à leur canot.

— Bonjour, les jeunes ! Belle matinée, n'est-ce pas ?

— Bonjour, répondirent les deux compagnons.

— Vous voulez des coraux ? Ramassés ce matin ! Je vous assure que c'est une affaire...

Soudain l'homme vit le collier qu'Eliott portait. Celui-ci étant torse nu depuis qu'il avait prêté son t-shirt à Kathlina.

— Oh oh oh ! Beau collier ! Je peux voir ?

L'homme entra dans le canot et bouscula la jeune fille qui tomba. Cela le fit rire, et grincer des dents Eliott. Kathlina se releva et essaya de pousser le pêcheur hors du bateau, mais celui - ayant plus le pied marin qu'elle - réussit à la faire passer par-dessus bord. Le garçon n'hésita pas, il sauta dans l'eau à la suite de son amie. Nageant tant bien que mal, il la rejoignit sous les cris de l'homme qui lui demandait son collier. Dès qu'il pu, Eliott prit la jeune fille dans ses bras. Il la serra très fort et ferma les yeux. Cette fois-ci il était sûr qu'il serait téléporté ailleurs, il espérait seulement que la jeune fille soit avec lui à ce moment-là.

Quelques secondes plus tard, ne sentant plus le contact de l'eau il ouvrit les yeux. Kathlina le dévisageait sans comprendre. Ils avaient atterris dans une chambre, les volets étaient fermés et malgré le peu de lumière qui entrait, Eliott reconnut sa chambre.

— Youpiii ! s'écria-t-il.

— Où est-on? se risqua la demoiselle.

— Chez mes parents, enfin avant qu'ils partent. On est dans ma chambre.

— * C'est aussi la mienne je te ferais remarquer !* s'écria une voix dans leurs têtes.

En effet, Eliott tenait toujours Kathlina dans ses bras, ce qui lui permit d'entendre Tiago.

— De... depuis quand tu as les cheveux blancs ? demanda le jeune homme à son amie.

— Hein ? C'est toi qui a les cheveux blancs ! Les miens sont noirs. répliqua celle-ci sans comprendre.

Le garçon la traîna alors devant le miroir de la salle de bain. Les cheveux de la jeune fille avaient bel et bien pris la couleur de la neige.


— C'est de ta faute ! dit-elle dans un sourire, tu m'inquiètes !

— Hé ! Qu'est ce que j'ai fait ?

— Sur Terre, on dit que lorsque l'on s'inquiète pour quelqu'un ça donne des cheveux blancs. Vu ce qui s'est passé cette nuit, j'ai de quoi avoir eu peur pour toi !

— Et moi donc !

— * C'est pas fini les querelles d'amoureux ?! *

— * Retourne à ton serpent, vipère !* rugit Eliott.

— * Pfff ! Et ta funambule alors ? si vite oublié ? T'es un vrai coureur de jupon ! * se moqua son frère.

En entendant cela, Kathlina retira sa main du bras du garçon. Celui-ci ne la regardait pas dans les yeux. Il cachait quelque chose. Elle voulut lui demander ce qui le tracassait mais Eliott lui proposa de prendre une douche, pendant qu'il ferait le point sur la maison. Douche qu'elle accepta avec joie, au vue des évènements de la nuit.

— D'ailleurs, demanda soudain la jeune fille, comment est-on arrivés ici ? On n'était pas tombé dans l'eau ?

Elle vit alors son ami rougir violemment.

* C'est vrai ça ? T'as fait comment ?* pouffa une voix dans sa tête.

Devant son silence, la jeune fille fit la grimace et reposa sa question. Tiago qui ne perdait pas une miette de l'échange, riait en se délectant de la situation.

— On... on s'est téléporté ici... fini par avouer Eliott.

— Hein ? Comment t'as fait ça ? Tu pouvais pas le faire depuis le début ? mais voyant qu'Eliott ne savait plus où se mettre, elle décida de le laisser tranquille et prit le chemin de la douche.

* Va falloir que tu lui dises si tu veux pas qu'elle se téléporte ailleurs ! Au fait, comment ça se fait qu'elle se soit téléportée avec toi ? Faudra que tu fasses des recherches !* commenta Tiago. * Alors comme ça t'es amoureux ? T'as intérêt à m'appeler avant de te déclarer ! Je veux être là ... *

* Tiago ! Retourne à ta mission ! * s'écria son frangin.

* Ma mission ?*

* Tombe amoureux de ton serpent !*

*....*

Fier de lui avoir cloué le bec, Eliott entreprit de vérifier l'état de sa maison. Tous les volets étaient fermés, les voisins devaient penser qu'ils étaient partis en vacances ou avaient déménagé. Mais le frigo encore plein témoignait de la vitesse à laquelle ses parents et frangines avaient dû partir. Il eut un pincement au cœur en pensant à sa famille. Il espérait qu'ils allaient bien.

Il remonta ensuite dans sa chambre, choisit de nouveaux habits et attendit que la jeune fille sorte de la douche. Il repensa alors à la terrible nuit qu'ils avaient vécu. Eliott sentait en lui une rage qu'il n'arrivait pas à contrôler. Le monde dans lequel il vivait jusqu'à présent s'écroulait. La bulle d'insouciance qui l'entourait avait éclaté et il découvrait avec horreur la société qui l'entourait. Violences, barbaries, injustices, jalousies... Il était tellement plongé dans sa réflexion qu'il ne vit pas Kathlina arriver. Celle-ci le regardait d'un drôle d'air. Alors qu'elle allait poser sa main sur son épaule, il se recula.

— Attends... Tu n'as pas compris pourquoi on s'est téléporté pas vrai ?

— Euuuh ?

— Je... raaah ! Pourquoi c'est si bizarre à dire !

La jeune fille lui sourit.

— Va à la douche toi aussi ! Tu me le diras après... On est en sécurité maintenant, pas vrai ?

— Oui, normalement tout va bien ! Je me dépêche.

Le garçon s'enfuit alors. La jeune fille ayant fini par comprendre la raison de sa téléportation, essayait de faire le point sur ses sentiments lorsque le jeune homme tout propre s'assit à côté d'elle.

— Bon, pour éviter qu'on se téléporte à nouveau je vais te le dire, mais... je ne suis pas très sûr de moi ! Je pense que c'est parce que j'ai eu très peur pour toi ... commença le garçon.

— Hihi !

Bon c'était mal parti, là Kathlina se foutait de lui.

— Je crois que je t'aime. finit-il par chuchoter mais il ne laissa pas le temps à la jeune fille de répondre. Enfin en tout cas, c'est la raison de notre téléportation. Du coup, maintenant, on devrait pouvoir se toucher sans disparaître ! A part si tu as des choses à cacher.

Eliott affichait un sourire malicieux mais il était réellement troublé. Il n'attendait pas vraiment de réponse, mais il espérait que sa déclaration ne changerait pas le comportement de Kathlina envers lui.

— Je... je ne sais pas, avoua la jeune fille gênée.

— Je m'en doutais... Mais bon comme tu ne m'aurais pas écouté si je t'avais demandé de rester loin de moi, je préfère te le dire, comme ça la malédiction ne marche plus... expliqua le garçon rassuré de sa réaction.

— * T'inquiète frérot, il te reste toujours l'autre fille dont tu ne connais même pas le nom... *

— * Toi alors... Retourne voir ton amoureux au lieu de m'embêter ! * Eliott était amusé par la réaction de son frère qui essayait de le réconforter à sa manière.

Voyant que Kathlina était embarrassée, il la prit par la main et la guida jusqu'à la cuisine où il prépara le petit déjeuner.

— Bon aujourd'hui, on dort, et on réfléchit au programme des autres jours ! Ça te va comme idée ?

La jeune fille acquiesça enfin heureuse et rassurée après une nuit particulièrement sombre.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top