Chapitre 12_1
Ariane
Cela fait maintenant presque une semaine, depuis l'expédition infructueuse à Amoni avec Jules et Lydia et nous n'avons fait aucune avancée. On ne sait toujours pas comment ouvrir la boite, Jules semble toujours aussi triste et Charlotte m'en veut toujours autant. J'en ai tellement marre de ne trouver aucune réponse et de ne pas avancer. Ce n'est pourtant pas compliqué d'ouvrir une stupide boite ! Aaahr foutu Théamina.
Énervée, je pars courir comme chaque matin depuis deux semaines pour me défouler. Alors que j'accélère la cadence, je rentre dans une personne, nous entraînant toutes les deux au sol.
- Non mais tu ne pourrais pas faire attention !
- On se calme je ne t'avais pas vu !
- Fallait courir moins vite blondie.
- Tu as dit quoi ? Répète un peu pour voir !
- J'ai dit : fallait courir moins vite BLONDIE !
Voyant qu'il se moque clairement de moi, je lui lance un regard noir. N'entre pas dans son jeu Ariane ! Refoulant clairement mon envie de répliquer, je me lève sans demander mon reste et pars comme si de rien n'était. Mais quel abruti celui-là ! Ok je lui suis tombée dessus mais ce n'était pas non plus la peine de me hurler dessus ! Ça peut arriver à tout le monde ce genre de chose. Quelle journée pourrie ! Continuant toujours sur ma lancée, je commence à accélérer pour oublier cet incident. Plus l'air s'infiltre dans mes poumons et plus je me sens légère. Courir m'apaise. Cela me fait oublier l'espace d'un instant tous mes petits tracas. Il n'y a plus que moi, mes baskets et les bruits environnants. Arrivée au port, je m'assois sur un ponton et laisse mes muscles endoloris se reposer. Je me contente d'écouter le bruit des mâts de voilier s'entrechoquer au grés du vent. A cette heure-ci, il n'y a pas âme qui vive. Seule les mouettes et quelques autres lèves-tôt y sont présents. Je profite ainsi de cette quiétude avant de reprendre tranquillement ma route pour -cette fois- rentrer chez moi.
Ma balade s'étant éternisée plus que prévu, je dois prendre ma douche rapidement. Une fois terminée, je me rue dans la cuisine puis poursuis ma course jusqu'à l'arrêt de bus. Manque de chance, il me passe sous le nez. Me voilà donc contrainte d'y aller à pied... Sachant pertinemment que je vais arriver en retard je décide de prendre mon temps. Quitte à être en retard autant l'être pour de bon.
Arrivée au lycée, je me retrouve en retenue pour patienter jusqu'à mon prochain cours. Je m'écroule alors sur une chaise au fond de la salle sentant la fatigue musculaire arriver. Quelle idée en même temps d'être partie courir une heure. Dire que si je n'avais pas bousculé cet idiot, je me serais arrêtée plus tôt et n'aurai pas manqué mon bus. Aaaaaarh tout est de sa faute !
Me sortant de ma rêverie, un surveillant me demande de sortir du travail. Ne voulant pas plus me faire remarquer, je me saisis de ma trousse et d'un cahier. Autant mettre ce temps à profit pour trouver une solution pour la boite. Cependant rien y fait, j'ai beau me triturer les méninges aucune idée ne me vient. La seule chose qui obsède mes pensées est le sourire narquois du jeune homme que j'ai bousculé. J'en viens même à esquisser les contours de son visage, ses cheveux en bataille et ses yeux d'un noir abyssale. Il fallait se l'avouer mis à part son caractère peu alléchant, il n'était pas mal. A cette pensée, j'arrache la page de mon cahier et la fourre en boule dans mon sac. Et puis quoi encore ! Entendant la sonnerie, je me lève illico et pars en direction de ma salle de classe. Une fois installée à côté de Jules de mon plein grès pour une fois, je lui demande des nouvelles de son amie. Celle-ci est toujours plongée dans le coma et ne semble pas prête de se réveiller. Au son de sa voix, je comprends que la situation est des plus critiques. Tout cela le touche énormément, les cernes sous ses yeux en témoignent. Il doit passer tout son temps libre à son chevet à espérer qu'elle se réveille ou montre un quelconque signe de vie.
Sans même m'en rendre compte je remarque que pendant sa tirade, je lui ai saisi la main et qu'il ne m'a pas rejeté. Je la resserre alors pour lui témoigner de mon soutien. En retour il m'adresse un faible sourire avant de la lâcher à l'arrivée de notre professeur. Malgré la petite rancune de début d'année, Jules est quelqu'un de bien qui ne mérite clairement pas ça.
Le soir venu, j'essaye de m'endormir au plus vite, voulant oublier cette journée catastrophique. Le sommeil ne tarde pas à venir et je me retrouve happée dans une clairière toute embrumée. Qu'est-ce que je fais encore là ? Alors que j'examine le lieu de plus près, je distingue une ombre s'avancer dans ma direction. Prenant mon courage à deux mains je demande :
- Qui est là ?
La silhouette ne répond pas et continue de s'approcher lentement. Une fois à ma hauteur, je suis frappée par ses yeux verts perçant et ses cheveux roux. Cet homme dégage une aura tellement fascinante que j'en suis absorbée.
- Bonjour Ariane.
L'entente de mon prénom me fait sortir de mon mutisme :
- Comment connaissez-vous mon prénom ?
- Je connais beaucoup de choses te concernant jeune fille. Cependant là n'est pas la question. Nous n'avons que peu de temps. Si je suis venu c'est pour t'aider à ouvrir mon heptagone.
- Alors comme ça c'est à vous qu'appartient cette boîte de malheur ?
- Oui. Elle m'a appartenu il y a de nombreuses années. Son contenu t'es destiné. Mais avant tout il faut pouvoir l'ouvrir n'est-ce pas ?
Son sourire s'étire. J'ai de plus en plus l'impression qu'il se fou de moi. Pour ne rien arranger, il continue :
- Il te faudra pour cela t'adresser aux cercles du temps. Cependant n'oublie pas qu'une offrande est indispensable. Bonne chance !
Je n'ai pas le temps de répliquer, qu'il disparaît. Me voilà bien avancée, seule dans la clairière avec pour unique indice de m'adresser aux cercles du temps. J'essaye de le rappeler mais rien n'y fait, j'ai beau m'égosiller, il ne se montre pas. On dirait Théamina ! Voyant que sa disparition n'a pas entraîné mon réveille, je décide de mettre mon temps à profit pour réfléchir à ce que l'on venait de me dire. Commençons par l'offrande. Comment est ce qu'ils font dans les film déjà ? Mais oui, ils utilisent du sang ! Espérons que dans mon cas, un peu du mien suffise. Pour les cercles du temps c'est une autre histoire. Faut-il simplement que je dise : « j'en appelle aux cercles du temps » ou faut-il que je précise ma requête ? Réfléchis Ariane, réfléchis ! J'attends alors une, puis deux, puis dix minutes. Mais rien n'y fait, la réponse ne vient pas. En même temps tu t'attendais à quoi ? Qu'elle tombe du ciel ? Fichu conscience, tu es pire que Théamina ! Attend... Théamina... Mais oui je sais ! Reste maintenant à attendre bien sagement que je me réveille.
Une fois éveillée, je cours ni une ni deux dans la chambre de Lydia en m'écriant
- Je sais ce qu'il faut faire pour ouvrir la boîte !
Celle-ci marmonne alors quelque chose d'incompréhensible avant se lever en me foudroyant du regard.
- Tu as vu l'heure Ariane ? Ce n'est que cinq heures du matin, mon réveil ne sonne pas avant deux heures ! J'espère pour toi que la boite va vraiment s'ouvrir.
On se dirige ensuite vers ma chambre, Lydia toujours aussi mal lunée. Je me saisis de la boîte et d'un petit couteau suisse. J'entaille mon doigt sous le regard perdu de Lydia et dépose de fines gouttelettes de sang sur la boite avant de prononcer :
- J'en appelle au cercle du temps passé, futur et présent ! Par le lien du sang, je vous somme de l'ouvrir !
Une fois ces phrases énoncées, nous attendons ce qu'il me semble être une éternité. Puis soudain, la boite émet une sorte de déclic et commence à révéler son contenu. Une petite boule lumineuse sort alors. Je tends mon doigt pour la toucher et celle-ci explose m'emportant hors de ma chambre.
En ouvrant les yeux, je remarque que je suis au temple. Je distingue en face de moi l'homme de mon rêve en compagnie de Théamina. Les deux, semblent en pleine dispute.
- Gus, tu ne peux pas retourner sur Terre ! Tu ne peux pas tout laisser en plan ici !
- Plus rien ne me retient ! Elle est morte Théa ! C'est de la faute de ce monde si on me l'a retiré et toi tu veux que je reste ici pour les aider à se reconstruire ! Il en est hors de question !
- Gus calme toi... Je comprends totalement que tu leur en veuilles mais ce n'est pas une raison pour mettre ton plan à exécution.
- Ma décision est prise. Je ne reviendrai pas dessus. Ils méritent tous de souffrir !
Theamina l'interrompt alors furieuse
- As-tu pensé aux futures générations ? Elles ne méritent pas ça, elles sont innocentes...
- Parce que Zhul ne l'était pas peut être ? Elle cherchait à unir tous les peuples ! Elle voulait la paix ! Et qu'ont-ils fait hein ?!? Ils l'ont exécutée comme si de rien était ! Je n'ai même pas pu lui dire au revoir, tu t'en rends compte ? Ce sont eux les monstres pas moi...
Ce Gus semble vraiment dévasté. Il n'a plus l'air de pouvoir se maîtriser et semble à deux doigt de commettre l'irréparable. Je relève les yeux vers eux, sortant de mes pensées en voyant une boule orange se former dans le ciel sous les cris terrifiés de Théamina lui priant d'arrêter. Cependant, il n'en fait rien. Il murmure alors une phrase incompréhensible et la boule explose dans le ciel en même temps qu'il se volatilise.
La scène commence alors à se troubler et je me retrouve dans ma chambre allongée au sol sous le regard inquiet de mon amie. Je me relève lentement et saisi le verre d'eau qu'elle me tend. Une fois celui-ci engloutie Lydia me demande :
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Je t'ai vu tomber dès que la boule a explosée.
- Je...
Ma voix semble bloquée dans ma gorge sous le choc. Puis soudain je m'écris :
- Il faut que je vois Théamina !
Ni une ni deux je me téléporte au plus vite au temple. Un fois arrivée, je me mets à crier le nom de Théamina pour que celle-ci se montre.
- Que me veux-tu jeune fille ?
Je sursaute en entendant sa voix et me retourne pour lui faire face.
- Que s'est-il passé lorsque la boule orange a explosée dans le ciel ?
Son regard s'assombrit.
- Je vois que tu as finalement ouvert la boite.
Elle marque une pause avant de reprendre.
- Cette boule orange comme tu l'as si bien dit, est à l'origine d'une malédiction, empêchant deux amoureux ne s'étant pas déclarés d'être ensemble sur le plan physique. Au moindre contact, ils se retrouvent téléportés chez eux. Cette malédiction a causé de nombreux incidents diplomatiques. Ainsi, à la suite de cela les différents gouvernements, ont jugé bon de séparer les filles des garçons dès le plus jeune âge.
Je comprends mieux l'air horrifié de Théamina.
- Et ce Gus qui est-il ? Il est venu me voir dans un de mes rêves pour la boite...
- C'est ton ancêtre mais aussi un valeureux guerrier qui a malheureusement fini le cœur brisé.
- Mon ancêtre ?!
- Tu n'avais pas vu la ressemblance ?
Face à sa question, je me sens un peu bête. Pourquoi n'ai-je pas fais le rapprochement avant ? Ses cheveux roux et son air familier auraient dû me mettre sur la piste. Interrompant tout, je me rappelle alors que je dois me rendre en cours, il ne faudrait pas que j'arrive en retard deux jours de suite. Je demande donc à Théamina :
- Quelle heure est-il ?
- Je dirai sept heures environ pourquoi ?
- Je... Je dois me dépêcher de rentrer pour me rendre au lycée ! Est-ce que je peux repasser ce soir pour qu'on parle de ce fameux entraînement maintenant que j'ai ouvert la boite ?
- Je vois que tu ne perds pas le nord jeune fille. Je t'attendrais ici même, mais ne me fais pas trop attendre.
- Promis !
De retour chez moi, je me dépêche de me préparer avant de descendre. Dans la cuisine m'attend une magnifique assiette d'œufs brouillés avec du bacon et un jus d'orange. Lydia est un ange ! Je la remercie vivement avant de dévorer mon assiette. Ca fait tellement de bien de manger ! Ce voyage dans le souvenir de Gus, m'a fatigué plus que je ne l'aurais pensé.
Sur le chemin pour l'arrêt de bus, je raconte tout à Lydia dans les moindres détails. Après tout elle a attendu patiemment jusqu'à maintenant. A l'évocation de la malédiction, son regard s'assombrit. Apprendre que celle-ci vient de mon ancêtre n'a pas l'air de la réjouir, cependant il y a quelque chose de plus profond que ça, je le sens. Je l'interroge du regard, mais elle ne semble pas motivée à s'ouvrir et se contente de hausser les épaules avant de regarder la route. La discussion est finie... C'est dans ces moment-là que j'aimerai que Lydia s'ouvre un peu plus. Je comprends totalement que sa vie n'ait pas toujours été toute rose et qu'elle ne veuille pas remuer de vieux souvenirs. Mais bon, des fois j'aimerais qu'elle me fasse confiance et qu'elle accepte de se confier à moi comme je peux le faire.
Le midi venu, nous nous retrouvons attablés en compagnie de Jules.
- Je vais retenter ma chance en allant à Lothon peut être que Kathlina est là-bas en compagnie d'Aline, est-ce que l'une d'entre vous peux m'y emmener ?
- Je suis désolée j'aurai vraiment aimé t'accompagner.... Cependant je viens tout juste d'ouvrir la fameuse boite ce matin et j'ai promis à Théamina de la retrouver ce soir dès que j'ai fini les cours.
- Je vois... je comprends...
Sa mine attristée me peine énormément, c'est pour cela que je rétorque :
- Ne t'inquiètes pas, je suis sûre que Lydia se fera une joie de t'aider, pas vrai ?
Voyant mon regard insistant celle-ci hoche la tête. Jules ne vit pas cet échange, il s'approche donc de Lydia, lui prends les mains et souffle un merci à peine audible. Il semble être au bout de ses forces !
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