Chapitre 10_1

Eliott

Ils ne restaient plus que cinq minutes à tenir et Eliott serait enfin libre. Le sujet de l'examen d'astrologie n'était pas spécialement compliqué mais il était ailleurs. Midi. Enfin ! Les cloches de la tour sonnèrent. Eliott se précipita pour rendre sa copie, et se dirigea en trombe vers la sortie de l'école.

Une fois sortit de l'enceinte, il se mit à courir, il voulait rentrer chez lui, voir ses parents, ses sœurs. Alors qu'il s'apprêtait à traverser la route, une volantis s'arrêta devant lui. Une porte s'ouvrit et un bras le tira à l'intérieur. Il n'eut pas le temps de réfléchir à ce qui venait de se passer. A cause des vitres teintés, il faisait sombre et Eliott n'arrivait pas à voir ses ravisseurs. Son cerveau se mit à réfléchir à toute allure. Il était assis entre deux personnes plutôt grandes. En face d'eux, il y avait deux autres personnes. Il ne pouvait donc pas bouger ni s'enfuir. Il essaya de crier mais la personne à sa gauche le bâillonna et lui dit :

— Chut ! Tu vas nous attirer des ennuis.

Eliott connaissait cette voix, c'était une voix d'homme, elle lui était familière. Alors qu'il cherchait l'identité de cet homme. Une voix de femme s'écria :

— Plus vite Samsty ! On ne doit pas leur laisser la 'tite !

Eliott sentit la volantis accélérer. Puis elle s'arrêta d'un seul coup, la portière s'ouvrit éblouissant Eliott mais lui permettant de distinguer ses ravisseurs. Face à lui deux femmes, la plus à gauche était petite, une Farur sûrement, l'autre était grande aux cheveux d'un noir de jais. A sa droite, un homme aux cheveux blond et aux visage fin. L'homme à sa gauche, était très baraqué, c'était un ami du père d'Eliott, "le traître" pensa le jeune garçon. Celui-ci l'empêcha de se lever. L'homme blond sortit et revient immédiatement avec une jeune fille. Celle-ci hurla. La Farur lui intima le silence. La jeune fille obéit lorsqu'elle vit Eliott silencieux. En réalité il fulminait. Comment ce traître osait-il enlever le fils de son ami ?

— Nous ne sommes pas des ennemis, nous sommes venus vous mettre en sécurité. Lui dit-il justement.

Eliott explosa :

— En sécurité ? Comme Tiago j'imagine, vous avez aussi voulu le mettre en sécurité ? Vous allez enfin me dire où il est ?

— Eliott, soupira l'homme, nous n'avons rien à voir avec les gens qui ont enlevé ton frère.

— Vous n'avez rien à voir avec eux mais vous avez l'air d'être au courant pourtant !

Il cracha au visage de l'homme.

— Eliott ! cria une voix que le jeune homme connaissait parfaitement. Ça suffit tu vas nous attirer des ennuis.

Son père venait d'apparaître derrière la cloison séparant le chauffeur des passagers.

— Papa ?! dit Eliott ahuri.

— Chut ! Plus un mot, ordonna alors la femme aux cheveux de jais. Eliott, tu vas te tenir bien sagement jusqu'à la fin du trajet. Et c'est valable pour vous aussi, dit-elle aux deux hommes.

Son regard ne laissait place à aucune contestation. Eliott se calma et commença à observer les personnes qui l'entouraient. Il s'aperçut alors que la jeune fille en face de lui avait l'air effrayé mais aussi malade. Elle avait l'air de suffoquer. Il n'avait aucune idée de ce qu'il faisait dans cette voiture mais il se sentait en sécurité depuis qu'il avait vu son père. Il s'autorisa donc à bouger pour attraper une bouteille d'obuoliu spriteris de son sac. Il la tendit à la jeune fille en lui faisant un sourire qu'il espérait rassurant. Celle-ci prit la bouteille timidement et la but doucement. Eliott pu voir qu'elle se calmait petit à petit.

Le trajet se poursuivi encore une cinquantaine de minutes. On les fit ensuite monter dans un engin flottant, ne ressemblant en rien à ce que connaissait Eliott. Une grande coque semblable à celle des canoës était relié par une passerelle de bois à une coque fermé flottant sur l'eau, avec en son bout une immense voile. On fit monter Eliott et la jeune fille dans le canoë. Son père ainsi que les deux autres hommes les rejoignirent rapidement. Yann et son ami tenaient la voile tandis que l'homme blond, tenait la bar. Les deux femmes s'étaient quand à elles assises sur la coque fermée, les pieds dans l'eau. L'atmosphère semblait plus détendue malgré le silence encore présent.

Après une bonne demi heure de navigation, ils furent au milieu des eaux, le blond se présenta alors:

— Je m'appelle Pyca, voici Tryska et Ceresna. dit-il en désignant la femme aux cheveux noir puis la naine. Les deux autres hommes sont Yann ...

— mon père, précisa Eliott

— ... et Wadhi.

— Je m'appelle Eliott, et toi ? demanda-t-il à la jeune fille.

— Kathlina, répondit-elle

— Je pense que vous nous devez plus d'explications, dit Eliott d'un ton amer envers leur ravisseur.

L'homme sourit et répondit calmement :

— Bien sûr jeune homme ! Tous les gens sur ce bateau font parti d'un même groupe. Un groupe de résistance.

— De résistance à qui ? demanda Eliott surpris.

— Tu es encore tellement innocent, rit-il, résistance à plein de choses mais surtout à l'oppression des gouvernements. Plusieurs choses ne tournent pas rond dans notre monde. Notre groupe a pour objectif d'aider les personnes opprimées et d'enquêter afin de trouver les points faibles du système tout en essayant d'imaginer un monde meilleur pour le remplacer.

— Et Tiago dans tout ça ? voulu savoir Eliott qui enregistrait les informations.

L'homme se tût.

— Attends d'être arrivé, on t'en dira plus là bas.

Eliott ne l'entendait pas de cette oreille, il répéta sa question une dizaine de fois. Sans réponse. Même pas de son père. Il hurla alors.

— Est-ce que quelqu'un peu me dire où est mon frère ? Tiagooooo !

Son père s'approcha tant bien que mal et pris son fils dans ces bras et lui dit doucement :

— Personne ne sait où est Tiago.

Il laissa son fils digérer la nouvelle et continua.

— Il y a pourtant des espions infiltrés un peu partout, mais ils n'ont rien vu venir. Dès qu'on a été au courant de sa disparition, on a mobilisé tout le monde. La première grande réunion a permis de lancer des recherches un peu partout. On a aussi décidé de vous mettre à l'abri et au courant de l'organisation. C'est là bas qu'on va. Tu vas entrer dans la résistance, fiston.

— Elle aussi ? dit-il en désignant Kathlina.

— Oui. Les sœurs allaient l'enfermer. Nous avons réussit à la récupérer avant. Elles lui auraient fait subir toutes sortes de tests étranges.

— Pourquoi tu ne m'as pas laissé rentrer à la maison ?

Son père détourna le regard. Pris une grande inspiration et lui dit :

— Quand ils ont découvert que je faisais partie de l'association, ils ont cambriolé la maison. Avec l'aide des camarades du groupe, on a réussi à évacuer avant qu'ils arrivent. Le peu d'affaire que l'on a, est au QG de l'organisation.

— C'est grand ?

Son père sourit et serra son grand garçon dans ses bras.

— Je suis désolé, murmura-t-il

Eliott regarda son père. Il allait devoir être fort.

— On va arriver taisez-vous, ordonna Pyca.

Le jeune homme se rassit et son père retourna près de la voile aider son compagnon.

Une demi heure plus tard, ils étaient sur la terre ferme. Ils continuèrent à pied sur le sentier les menant au centre de la forêt. Ils déambulèrent ainsi jusqu'à un grand arbre. Moins grand que celui d'Isil, mais quand même imposant. Pyca tapota trois fois sur la branche la plus basse. Il chuchota alors quelques mots. Eliott était trop loin pour les comprendre. Enfin il se recula et fit signe à la troupe de faire de même.

Le paysage changea d'un seul coup. Ils n'étaient plus au milieu de la forêt mais dans une clairière. Une petite maison trônait au milieu. Eliott rit. C'était ça le QG de la résistance ? Il regarda son père toujours aussi sérieux.

— En file indienne ! Ordonna alors Pyca.

— Ne sortez surtout pas un pied du chemin ou vous risqueriez d'exploser. Renchérit Tryska aux cheveux de jais.

— Et sans un mot ! Ces engins sont sensibles au moindre bruit. Dit Ceresna, la naine.

Ainsi, Pyca avança suivit de près par Ceresna, puis Kathlina, Tryska, Eliott, Yann et Wadhi. Chacun faisait attention à l'endroit où il mettait les pieds. Super pratique en cas d'urgence pensa Eliott.

Lorsqu'ils arrivèrent dans la petite maison, Wadhi s'approcha du pot d'eau déposé sur la table et servit un verre à chaque personne. Dès que Pyca le but, il disparu. Ce n'était pas de l'eau en conclut le jeune homme, mais une potion de téléportation. Il n'en avait jamais vu en vrai. Curieux, il la but d'un seul coup et se retrouva alors par terre au beau milieu d'une île rocailleuse. Il ne voyait personne ! Paniqué, il se leva, se tourna et vit les autres debout entrain de discuter. La jeune fille était là, elle aussi. Eliott fut perturbé par la luminosité. Il faisait grand jour. Mais où étaient-ils ? Il rejoignit le groupe, et ils se mirent en route. Eliott commençait à fatiguer. Yann s'en aperçut et lui promit qu'ils n'avaient jamais été aussi près du but.

En effet, après vingt minutes de marche, ils arrivèrent au pied d'une falaise haute d'une trentaine de mètres. Pyca s'approcha du mur, et commença à l'escalader sous les yeux affolés d'Eliott et de Kathlina. Vers la moitié du mur, il disparu. Les jeunes durent attendre quelques secondes avant de voir descendre une nacelle. Ils montèrent dedans bien content de ne pas avoir à escalader sans corde l'immense roc. La nacelle se stoppa, découvrant une entrée de grotte, doucement ils s'y engouffrèrent. Après avoir fait quelques pas dans un couloir taillé à même la roche, ils atterrirent aux milieux d'un immense salon. Eliott regardait attentivement les gens autour de lui, reconnaissant certains amis de ses parents.

Soudain il sentit une douleur insupportable l'envahir, il s'écroula à terre. Quelqu'un se mit alors à hurler dans sa tête. La douleur se fit plus vive, il hurla à son tour sous le regard médusé des résistants. La douleur s'intensifiant encore, il s'évanouit.


Kathlina

En entendant un cri interminable, quelques détails de son périple lui revinrent doucement. Kathlina se rappelait avoir tourné en rond, complètement désorientée. Elle n'avait reconnu aucune des maisons autour d'elle, et avait été incapable de dire dans quel sens se trouvait le port, la bibliothèque ou le couvent. L'air ne voulait rentrer dans ses poumons. A un moment, elle avait senti un courant d'air la frôler. Elle en avait profité, pensant que celui-ci lui permettrait de reprendre son souffle, mais au-lieu de cela un grand blond l'avait attrapé et tiré dans une voiture volante.

Elle se rappelait surtout de sa peur, de sa confusion - toujours présentes -, et d'un goût sucré de pomme accompagné de yeux verts calmants.

Même si ses souvenirs étaient enveloppés d'une brume d'incompréhension, elle se souvenait d'une foule de personnes portant des noms qu'elle ne pouvait retenir, d'une dispute dont elle ne comprenait pas le sujet et de conversations dont elle ne se sentait pas concernées. Elle arrivait vaguement à retracer le chemin qu'elle avait pris : d'un bateau étrange, à un grand arbre au milieu d'une forêt, en passant par une petite maison dans une clairière, jusqu'à une falaise haute comme la tour de la Babotte, pour arriver à la grotte où se trouvait le salon sombre dans lequel elle était à présent. En plus de cela, elle se rappelait d'une petite main lui caressant doucement le dos, d'une personne forte qui la soutenait pendant la marche, de paroles douces la poussant à boire une potion étrange, de murmures incessants lui parlant sans l'atteindre, et de bras puissant la portant lorsqu'elle trébuchait de fatigue.

Ces souvenirs lui semblaient comme une histoire raconté, comme si ce n'était pas elle qui avait vécu cette aventure, mais plus-tôt une autre fille, moins excitée, moins curieuse. Maintenant que le voyage semblait terminé, Kathlina eu l'impression qu'elle retournait dans son corps.

Elle profita de la confusion générale pour analyser les alentours. En train de sortir du salon, il y avait le grand blond qui l'avait attiré dans la voiture. Il était accompagné d'une dame à la voix imposante et convaincante, que Kathlina se rappelait avoir vu à plusieurs reprises au couvent. Très proche d'elle, prêt à la rattraper à tout moment, il y avait l'homme qui l'avait porté pendant ce voyage, à présent il avait l'air bien fatigué et lui tournait le dos. Celle qu'elle avait d'abord pris pour une enfant - dû à sa petite taille - était en train de s'affoler. Ce n'est qu'en suivant la direction que prenait la naine, et en saisissant le visage apeuré du troisième homme, qu'elle réalisa ce qu'il se passait : tout le monde était en train d'accourir vers l'adolescent sympathique, couché au sol.

En le croyant mort la jeune fille eut un hoquet de surprise : c'était la première fois qu'elle voyait une personne évanouie. A présent qu'elle était de nouveau maître de son corps, son premier mouvement fût d'instinct de s'approcher du corps inerte. Une urgence la poussait vers ce garçon inconscient, sans qu'elle ne sache d'où cette conviction lui venait. Alors qu'elle voulait poser ses mains blanches sur le front de l'adolescent, une main forte la tira en arrière.

— Kathlina ! Arrête ! crièrent plusieurs personnes.

La jeune fille continua à se débattre, mais ne parvint pas à se dégager. Elle se tourna vers son agresseur, et fût surprise de la souffrance qu'elle vit dans le visage de celle-ci. La dame lui souffla :

— Reviens à toi ! Je ne veux pas que mon fils se retrouve à l'autre bout d'Amoni !

L'incompréhension arrêta Kathlina dans son élan. De quoi parlait-elle ?

Avant qu'elle ne puisse poser sa question, elle fût tiré dans un coin du salon. Une fois poussé sur un fauteuil, la dame continu son sermon :

— Tu sais bien que tu n'as pas le droit de toucher les garçons de ton âge ! Qu'est-ce que tu comptais faire ? Tu voulais faire disparaître Eliott ou t'en aller en disparaissant ? Oh non, mademoiselle ! Tu ne m'enlèvera pas mon fils, et on a eu assez de difficultés pour mettre la main sur toi, tu ne vas pas te téléporter alors que vous êtes enfin en sécurités !

A peine terminée sa remontrance, la mère se précipita vers son fils. A ces paroles, Kathlina se remémora les règles qu'Aline lui avait apprises lors de leur arrivée à Lothon. De suite, l'origine de cette interdiction lui revint à l'esprit : la malédiction.

Se rendant compte de son faux pas, elle voulut retourner auprès d'Eliott et des ses parents. Ainsi elle se dirigea vers l'entrée du salon, où elle avait vu l'adolescent pour la dernière fois. A présent un bon nombre de personnes était regroupé autour de son point de chute. On l'empêcha toujours de trop se rapprocher, mais elle pu observer Wadhi le soulever et le porter hors du salon. Elle essaya de les suivre, mais dans le tumulte de résistants elle les perdit de vue. Perdant alors les deux personnes auxquelles elle faisait le plus confiance, Kathlina ne sut vers qui se tourner. Ne voulant pas s'attirer de nouveau leurs foudres ou leur attention en général, et ne trouvant de sortie à cette mésaventure, la jeune fille se posa fatiguée sur l'un des fauteuils.

★ 

Eliott

Lorsqu'il ouvrit les yeux, il fut surpris de se trouver confortablement installé dans un lit, seul ses yeux dépassaient des couvertures. Il n'osait pas bouger de peur de faire s'écrouler la pyramide de couettes qu'il portait. Il était dans une petite pièce sombre éclairée à la bougie. Il distinguait les formes d'une armoire ainsi que d'une petite table aux pieds de son lit. Il essayait de se remémorer tant bien que mal ce qu'il faisait ici, sans succès. Où était-il ? Que s'était-il passé ? Soudain, il entendit des bruits de pas s'approcher, il referma les yeux.

— Il est allongé dans cette chambre, quand je suis partie il dormait.

La porte de la chambre s'ouvrit. Il entrouvrit les yeux et distingua une femme de petite taille qui entra, suivit d'une dame plus grande à la silhouette familière.

— Bonjour Eliott, comment te sens-tu ? lui demanda la petite femme.

— Oh, mon garçon, tu vas mieux ? Tu veux que j'aille chercher une couverture ?

Eliott rit, sa mère était incorrigible.

— Nan, mam ça va aller ! A part si tu comptes essayer de me faire fondre. Dit-il en riant. J'ai l'impression d'avoir reçu un coup sur la tête, que s'est-il passé ?

Il essaya de s'asseoir mais la force lui manquait. Les deux femmes l'aidèrent, sa mère cala plusieurs coussins pour qu'il ne puisse pas tomber. Désormais assit, il observait la chambre : elle était taillée à même la roche, et ne possédait aucune fenêtre. Pendant que sa mère lui expliquait son arrivé, plutôt bruyante, Eliott se faisait examiner par l'amie de sa mère apparemment docteur.

— Et puis il y a eu cette petite peste qui a essayé de t'éloigner de nous, de s'enfuir grâce à toi, heureusement que j'étais là pour te sauver !

A ces mots, Eliott repris connaissance des quelques heures avant son arrivé au QG. Aussi il demanda à voir la jeune fille.

— Pourquoi ? Quel intérêt ? Tu es en sécurité maintenant ! S'indignait sa mère qui n'approuvait pas sa demande.

Il ne répondit à aucune des questions de sa mère, mais la menaça d'aller chercher lui-même la jeune fille si elle ne le faisait pas. A contre cœur, celle-ci sortit de la chambre à la recherche de Kathlina.

La docteur continuait d'examiner le jeune homme, Eliott quand à lui essayait tant bien que mal de déterminer la race de la dame. Sa petite taille et ses cheveux roux lui faisaient pencher pour les Farurs mais elle avait la peau mate et les yeux bleus comme les Walans, ce peuple de l'eau. Ces détails le laissaient perplexe, ce n'était pas possible qu'elle puisse être de deux races à la fois...

*Hé, l'arriéré ! Les Farurs et les Walans ne sont pas des races mais des peuples ! T'écoute jamais en cours ou quoi ? Il suffit que ses parents appartiennent à un peuple différent chacun pour qu'elle ait les traits des deux peuples à la fois !*

Tiago ! cria alors Eliott. Il chercha en vain son frère dans la micro pièce. Sort de là ! Assez joué maintenant ! Tu es où ?

La dame regarda le jeune homme étonné, délirait-il ? Pourtant elle venait de l'examiner, sa fièvre était retombée, et il n'avait pas l'air d'être malade.

— Calme toi, que se passe-t-il ?

— Vous n'avez pas entendu ? Tiago a parlé ! Il a dit que j'étais arriéré par ce que ...

Eliott se tût. Tiago avait répondu à une pensée, alors la dame ne l'avait sûrement pas entendu. Elle devait le prendre pour un fou. La porte s'ouvrit alors, le sauvant d'une explication bancale. Sa mère venait d'amener Kathlina.

— Mam, tu peux nous laisser tous les deux s'il te plaît ? J'ai des choses à lui dire. Dit-il d'une voix mal assurée.

Celle-ci regarda son fils intriguée, il l'avait prit de court, elle aurait voulu rester mais de peur de le déranger dans sa confidence, elle s'enfuit avec son amie. Non sans avoir déposé, au préalable, un baiser sur son front.

Kathlina qui n'avait pas bougé, semblait mi inquiète, mi soulagée de voir le jeune homme. Dès qu'Eliott fut sûr que sa mère ne les entendrait pas, il lui proposa de s'asseoir sur la chaise près du lit.

— T'inquiète, je ne te dirais pas des trucs bizarres ! C'était juste pour faire partir ma mère, expliqua-t-il en riant. Dis moi, qu'est ce que tu penses de cet endroit ? Les gens sont étranges non ? Ils appartiennent à plusieurs peuples à la fois. Toi t'appartiens à quel peuple d'ailleurs ? Tu faisais quoi à Mirina t'es bien pâle pour être une sœur ? Tu connaissais déjà l'organisation ?

Voyant qu'il l'assommait de question il se tut.
*Je comprend mieux pourquoi tu te satisfais de relation à sens unique ! T'es vraiment pas doué pour draguer !* dit une voix moqueuse. Eliott piqua un fard, mais ne répondit pas de peur d'effrayer la demoiselle qui n'avait pas entendu la conversation. Celle-ci le regardait intriguée.

— Je ne suis pas d'ici, je viens d'une autre planète, se risqua-t-elle. Du coup c'est normal que tu n'arrives pas à m'attribuer un peuple.

Les yeux d'Eliott s'ouvrirent en grand, une autre planète ! Trop classe ! Il aurait voulu poser des questions mais la jeune fille continua :

— Je ne sais pas trop comment ça marche, mais je suis venue plusieurs fois dans ton monde avec des amis, mais il y a peu de temps on a été séparé. Depuis, je recherche un jeune homme du nom de Jules. Tu n'en aurais pas entendu parler ? Ou d'une jeune fille qui se transforme, elle s'appelle Aline.

*Dommage, bonhomme elle est apparemment déjà prise ! De toute façon t'avais aucune chance vu ta manière de séduire ! * Eliott se retint de répondre à son frangin qui commençait à devenir un peu trop présent dans sa tête.

— Je ne connais pas de jeunes qui s'appellent ainsi, mais ta pote à l'air de faire partie des Sorns. Je me trompe ?

— Non c'est ça ! Elle se transforme en un lapin rose qui vole.

— Un lapin ? C'est quoi comme engin ? Je croyais que les Sorns pouvaient se transformait qu'en animal, dit-il surpris.

La jeune fille rit devant sa question, et Eliott se renfrogna.

— Un lapin, c'est un animal qui vit dans mon monde, il est assez petit et il a de grandes oreilles. Je ne me souviens plus du nom de cet animal ici.

- Un tankilo ! s'écria Eliott victorieux, ça vole dans les courants chauds ou froids !

— C'est ça ! Tu ne saurais pas où je peux la trouver ?

— Bah, sur Lothon je suppose. On pourra aller voir si tu veux ! Et ton copain il ressemble à quoi ?

— Ce n'est pas mon copain, se défendit la jeune fille.

*Oh, tout n'est pas perdu ! J'ai hâte d'entendre la suite !*  Tiago venait encore de s'incruster dans la tête de son frère. *Chut ! * Lui répondit celui-ci mentalement.

— Il a des cheveux bruns, enfin non, bleu, se reprit-elle.

— Brun ou bleu c'est pas pareil ! S'esclaffa Eliott.

— Dans mon monde il est brun mais ici il a les cheveux bleu, expliqua la jeune fille. Il a la peau de couleur plutôt pâle mais quand même bien plus bronzée que moi, les yeux bleus et il est assez grand.

*Walan non ?*  demanda Eliott à son frère mentalement. Mais celui-ci ne répondit pas. Seul un cri lui répondit. Comme la jeune fille regardait avec espoir le jeune homme, il lui répondit que son ami, faisait sûrement partie des Walans. La jeune fille rit, et lui expliqua que Jules venait du même monde qu'elle.

— Je veux bien t'aider à retrouver tes amis, mais avant il faut que je retrouve mon frère. J'ai un jumeau, Tiago. Il a disparu depuis quelques jours et personne ne sait où il est. D'après un ami, il a sûrement été enlevé car il possédait quelque chose de convoité. Je compte partir à sa recherche.

Eliott lui expliqua tout. Le vieux monsieur de la bibliothèque, l'ascension dans la tour, la découverte du collier, la disparition de Tiago, la dispute qu'il avait surpris, les discussions avec Solaufein et Erle. La jeune fille écoutait, attentive, posant des questions lorsqu'Eliott allait trop vite, omettait des détails ou utilisait des mots qu'elle ne connaissait pas. Eliott faisait entièrement confiance à cette inconnue venant d'une autre planète. Il lui parla donc de la télépathie, des intrusions de son frère dans sa tête. Il semblait que celui-ci puisse aussi entendre les discussions réelles.

— Pourquoi ne lui as tu pas demandé où il était ? Tu peux pas essayer d'établir un contact toi aussi ?

— *Tiago ? Tiago ? Tu m'entends ?*

— *Pas le moment... Aaaah ! Merde les cons !*

L'échange se termina par un grand bruit de fracas.

— Tiagooo ! hurla alors son frère

— Que s'est-il passé ?

Le garçon raconta l'échange. Il ferma les yeux pour reprendre son calme, et sentit une main se poser sur la sienne. D'innombrables pensées envahirent sa tête. Il mit un certain temps avant de comprendre que ce n'était pas les siennes : les pensées de Kathlina avaient emplies son esprit. Il paniqua ne sachant comment les lire, comment communiquer.

Arrête !  supplia-t-il alors.

Surprise la jeune fille retira sa main et l'adolescent fatigué s'endormit d'un seul coup. Kathlina qui n'avait pas envie de rejoindre le salon de roche, resta à côté de son nouvel ami.

★ 

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