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«Nous nous trouvâmes ainsi devant la poste du village, lieu de rencontre de plusieurs habitants, qui servait également d'office de tourisme et de café. A l'intérieur, quelques habitués prenaient une boisson chaude et des touristes discutaient avec ce qu'il semblait être le guide. Sherlock se rendit côté bar en me faisant signe d'aller vers la poste, à l'autre bout du bâtiment.
J'arrivais donc devant un jeune homme plus blond que les blés, qui me paraissait fort agréable et qui devait être encore au lycée, tranquillement installé derrière le comptoir du service postal, s'ennuyant visiblement.
"Bien le bonjour, mademoiselle cheveux de feu! Quel bon vent vous amène? Une carte postale à envoyer?
-Euh non, mais c'est gentil de proposer." souris-je. "J'aurais quelques questions à te poser, à propos du...
-Du fameux chien qui hante la lande depuis des générations?" me coupa t-il, un air mystérieux et grave. "On raconte qu'il arpente les terres à la recherches d'âmes en peine, prête à les dévorer sans aucun scrupules, pour assouvir sa faim. Il se nourrit de la peur des gens qui lui font face et n'apparaît que lorsqu'un épais brouillard s'installe dans les environs.
-Rien que ça..."fis-je moins convaincue par le ton sordide qu'il employait que par son histoire. "Et quelqu'un l'a déjà vu?
-Oh oui, bien sûr! Le barman l'a déjà aperçu, et le guide l'a affronté! Il a même ramené des preuves! Il y a aussi le curé, la prof de maths, celle d'histoire, le proprio de l'hôtel... En fait, tout le monde la déjà rencontré.
-Et toi, tu l'a déjà vu?"
Le garçon blêmit.
"Non, je...
-Il a trop peur d'aller dans la forêt, ce trouillard!" lança une fille un peu plus âgée que lui, complètement hilare. "Il va pas plus loin que le manoir!
-C'est même pas vrai, d'abord! J'y suis déjà allé dans les bois!
-Je t'avoue que j'ai des frissons rien qu'à y penser! Ils semblent si... si..." je ne trouvais pas les mots pour décrire mon ressentis face à ces lieux. Le jeune homme les trouva à ma place.
"Terrifiants, austères, lugubres, j'en ai pleins d'autre si vous voulez!
-Tu dis ça à cause des cheminées cachées, froussard!
-C'est quoi, d'ailleurs, ces cheminées?
-C'est l'usine!
-Ouais, les labos" renchérit la jeune fille en s'en allant.
"Les labos?
-Oui, c'est une usine qui fait des expériences sur des molécules, ce genre de choses. Mais je dois vous avouer que je n'en sais pas plus! Seul ceux qui y travaillent vous aiderons. Mais d'ailleurs, pourquoi vous me posez autant de questions?
-J'enquête sur la mort de Sir Baskerville."
Il se tût un instant, la mine sombre. J'aperçus au loin mon ami revenir vers moi, l'air songeur.
"En tout cas merci pour tout ce que tu m'as dit...
-Luke!
-Et bien merci, Luke.
-Toujours pas de carte postale pour ma jolie crinière de feu?" tenta-t-il une dernière fois, arborant un sourire d'une oreille à l'autre.
"Donne moi donc celle qui représente le plus la région. Et sans chien s'il te plaît." fis-je avec un clin d'œil.
Il me tendit une magnifique photo de la lande au lever du soleil, surplombant une quantité impressionnante de fleurs mauve et lilas.
"Et voilà pour vous, c'est cadeau, mademoiselle...
-Noah, j'ai tout ce qu'on voulait, on rentre!" intervint mon ami détective, coupant l'adolescent dans son élan.
"A bientôt, Noah." lâcha le jeune, espiègle.
Je lui fis un signe de la main et essayai de rattraper le grand brun qui me devançait de quelques mètres. Nous arrivâmes sur un sentier boueux, longeant un cours d'eau que je n'avais jusqu'alors pas remarqué. Je le suivais sans rien dire, me demandant tout de même où nous allions, car nous n'avions jamais emprunté ce chemin. Soudain, il se retourna, me heurtant presque, l'œil brillant et repartit derrière moi.
Durant tout le trajet je lui posais des questions pour savoir où nous allions mais il les rejetait toutes d'un revers de main. C'est avec un grand étonnement que j'aperçus le manoir dans lequel je logeais au bout d'une allée bordée d'arbustes. Une fois encore, il me laissa dans le flou le plus total sur ses intentions. Il contourna la bâtisse et s'apprêtait à ouvrir un garage quand l'héritier Baskerville nous héla depuis l'autre côté du jardin. L'homme, bâtit comme une armoire à glaces, traversa les quelques dizaines de mètres qui nous séparaient en une petite quantité de pas.
"Que cherchez vous, Monsieur le Détective?
-La voiture de votre oncle, mon cher. Elle me sera d'une très grande utilité."
Les deux mâles se toisèrent pendant quelques longues secondes, durant lesquelles je me faufilais derrière le grand bouclé pour ouvrir la porte à bout de bras. M'habituant doucement à l'obscurité environnante, je laissais échapper un "Woaaah" de fascination. J'eus sûrement dû couper les garçons dans leurs explications muettes et viriles puisqu'ils vinrent se placer à mes côtés, l'un à droite et l'autre à gauche, comme si j'étais la limite à ne pas franchir.
Devant nous se dressait une superbe voiture, dont j'ignorais la marque, le modèle, ou encore l'âge, mes connaissances à se sujet se limitant à la voiture de mon voisin et celles que j'avais pu conduire en France. Mais ces détails ne semblaient pas inconnus aux deux mâles qui avaient soudainement perdu leur virilité, l'un avait posé ses deux mains sur sa bouche, interdit, tandis que l'autre les avait passées dans ses cheveux, écartant ses innombrables boucles brunes de son visage pâle. J'entendis également un "holy shit" d'un accent purement londonien, me faisant esquisser un sourire.
"C'est...
-Une Austin Healey 3000 BT7??
-Oh mon...
-Elle est sublime...
-Un pur bijou..."
Pendant qu'ils étaient occupés à s'émerveiller sur la nature quelconque de cette voiture, je l'observais de plus près. Une petite décapotable bleu-grise, la moitié des portières blanches. J'ignorais toujours les détails qui les fascinaient et m'installais côté conducteur.
"Non mais tu ne crois quand même pas que tu vas la conduire?
-Il en est hors de question! Cette voiture est ma propriété!
-Du calme, on ne sait même pas si elle roule encore" soupirais-je. "Cette voiture doit avoir le double de mon âge, au mieux.
-Elle est en parfait état, bien sûr qu'elle roule! Monsieur, je vous la réquisitionne, pour le bien de l'enquête. Noah, change de place."
Sherlock avait l'air un peu trop sûr de lui à mon goût. Cette voiture pouvait rouler? J'en doutais quand même un peu. Sir Henry s'interposa vivement à cette idée alors que Holmes démarrait. Il sortit du petit local avant de s'avancer sur l'un des chemins menant à l'extérieur du village. Le propriétaire de la voiture criait au scandale, mais nous avancions plus vite, sans qu'il ne puisse nous rattraper. Un petit air suffisant était apparu sur le visage du conducteur, dont les yeux pétillaient de malice.
Le vent produit par la vitesse, bien qu'elle ne soit pas très importante, faisait voler mes cheveux dans un joli bordel. Nous arrivâmes une petite quinzaine de minutes plus tard devant une sorte de grande usine, gardée par de nombreux gardes armés, en uniforme de l'armée. Holmes s'arrêta devant l'un deux, chercha un instant dans son portefeuille, en sortit une carte qu'il tendit à l'homme en kaki. Ce dernier revint quelques seconde plus tard, ordonnant à un autre de lever la barrière.
"Bonne visite, Monsieur Mycroft Holmes."
Qu'avait-il fait?»
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Boum!
Me revoilà! Aloooors? Qu'en pensez vous?
Et voici la voiture en question ;p
Elle était vendue entre 1959 et 1967 d'après wikipeydia.
Quel est votre avis sur le chapitre, et l'enquête en général? Sur ce format, blog de John/Noah?
J'espère que la lecture a été bonne, on se voit pour le prochain chapitre!
Smack! <3
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