21

"Comment ça? Tu dois résoudre une affaire de meurtre non classée?

-Oui. Et j'ai une semaine.

-Ça a l'air de te faire plaisir.

-Et comment! C'est trop bien!

-Et en quoi ça me concerne exactement?"

Noah se tut. Elle était posée dans son canapé, dans les bras de Tom. Leurs doigts s'entremêlaient dans de jolies danses.

"Tu peux être mon chauffeur? Tu es encore en vacances jusqu'à lundi.

-Et pourquoi j'accepterai?

-Parce que tu passeras tes journées avec moi!

-Très bon argument!" rit-il. "Alors je commence quand?

-Tout de suite" finit-elle en se retournant et posant délicatement ses lèvres sur celle du brun.

Ce baiser, au goût de café, s'approfondit légèrement, et très lentement, la jeune femme se retrouva assise à califourchon sur lui.

"Tu devrais commencer à travailler..." tenta-t-il en rompant leur contact.

Elle hocha la tête, avant d'embrasser à nouveau les lèvres de Tom, sensiblement plus passionnément. Il posa délicatement ses mains sur les hanches de la rousse, en passa une sous son pull, l'autre sous sa cuisse. Le contact des doigts froids sur sa peau brûlante fit frémir l'étudiante. Elle sentit une légère bosse se former sous son bassin.

"Tu as raison..."

Noah se leva et alla chercher le dossier qu'elle avait choisi un peu plus tôt. Elle le déposa sur la table basse, à côté de deux tasses de café et de chocolat, avant de s'asseoir en tailleur par terre. Elle attrapa un calepin qui traînait de l'autre côté de la table, ainsi que des crayons qui étaient à proximité. Sans quitter des yeux les quelques notes inscrites sur le rapport préalable d'autopsie, elle se fit un chignon qu'elle fixa à l'aide d'un stylo vert. Elle éparpilla ensuite les différentes feuilles en groupes, et laissa la photo grand format au centre. Le tout sous les yeux amusés de Tom, qui n'avait toujours pas bougé depuis ce merveilleux baiser.

Sherlock était assis sur le rebord de la baignoire, une simple serviette autour des hanches, et se regardait dans le miroir. Il avait changé, ces deux derniers mois, même s'il n'osait pas se l'avouer. Il avait comprit quelque chose, quelque chose d'extrêmement important, d'extrêmement humain.

Son torse blanc était parcouru de traces plus ou moins boursouflées, longues de deux à cinq centimètres pour la plupart. Son épaule violacée était encore douloureuse, mais il devait faire abstraction de ce qu'il ressentait.

"Ce n'est qu'un stupide corps, de simples réaction chimiques, un système nerveux tout ce qu'il y a de plus banal" s'était-il dit plus tôt.

Sur son flanc droit, une fine entaille assez profonde s'était glissée entre deux côtes, laissant une marque encore sensible au toucher. En plein dans le torse, il s'était prit une balle, qui avait frôlé son cœur et avait vécu en colocation un certain temps avec lui, laissant une amère sensation de mort dans l'esprit du brun. Mais il s'était battu, il n'avait pas accepté de perdre contre lui, pas comme ça du moins. Le long d'une de ses clavicules, des fils noirs rattachaient ses chairs entre elles, empêchant le sang de s'échapper lâchement de son corps. Celle-là n'avait pas encore cicatrisé, c'était la plus récente. Il n'avait parlé à personne de ce qu'il avait fait pendant ces deux longs mois, pas même à John, son seul et meilleur ami. Seul lui le savait.

Il se leva soudainement, sortant de son absence. Il n'avait pas envie de s'habiller, de revêtir son habituelle chemise avec son élégante veste, son pantalon droit. Non, il n'en avait pas envie. Il se passa une main dans les cheveux, se laissa tomber sur le lit, d'épaisses boucles sur les yeux.

"Tiens, ils ont poussé" se chuchota-t-il.

Ses jambes partiellement dans le vide, il eu un frisson au contact de son drap glacé. Il s'enveloppa de ce tissus blanc avant de se rasseoir, le cerveau au ralenti.

Il devait s'attendre à cette réaction de sa part. Il aurait dû s'y attendre, mais il ne l'avait pas fait.

Vide, il se dirigea dans son salon, le drap sur le dos, et attrapa son violon dans l'immense bazar. Il se mit à frotter les cordes, toujours perdu en lui-même. Il avait failli mourir. Deux fois. Il avait tué quelqu'un. Une fois. Mais ça ne le dérangeait pas, il n'avait pas vraiment cette mort sur la conscience. Seul Mycroft l'avait su, par "accident", et lui non plus n'avait rien dit. Il n'avait pas approuvé, mais il n'avait pas non plus désapprouvé. Il s'en était tout simplement fichu.

L'air qu'il jouait était envoûtant, épris de quelque chose d'indéfinissable, qu'il n'avait encore jamais exprimé auparavant. Soudain, le grand détective n'était plus là, mais ailleurs, chez lui, dans son palais mental, comme il disait. Il flânait entre les différentes portes de cet interminable couloir. Un escalier en colimaçon très étroit apparu quand il arriva au bout du corridor. Il les emprunta alors, les descendit gracieusement. Après un moment, il fut face à une immense bibliothèque, sur des étagères en bois étaient disposés une multitude de livres aux couvertures bordeaux ou sapin. Il s'en saisit d'un, le plus épais de tous, et l'ouvrit à la page centrale. Ici figuraient des mots que lui seul comprenait.

Trois coups retentirent dans sa tête, comme dans un écho inlassable. Qui avait osé le déranger, qui s'offrait le droit de le sortir de son esprit?

Violon toujours en mains, jouant toujours cet air nouveau, il ouvrit les yeux, revenant peu à peu dans le monde réel. Quand Holmes ouvrit sa porte, il fût plus que stupéfait d'y voir une chevelure rousse encadrant un regard vert fade. Son archet lui échappa et tomba dans un bruit fracassant au sol, résonnant dans tout l'immeuble. Ce qui lui sembla une éternité, et qui ne fût en fait que quelques minuscules secondes, s'écoula avant qu'il ne daigne réagir et la laisser entrer. Noah jeta un regard circulaire sur la pièce: rien n'avait changé. Elle sourit à la vue du drap blanc immaculé recouvrant son interlocuteur.

"Depuis quand les affaires classées et non résolues sont vieilles de moins d'une semaine?" demanda-t-elle.

"Pour te réconforter, saches qu'un de ces idiot a hérité du dossier de Jack l'éventreur" fit-il avec malice, "mais je suis sûr que tu t'en serai très bien sorti."

La bouche de la jeune femme s'ouvrit sous la surprise, ses yeux bougeaient imperceptiblement dans le vide, lisant certainement des informations invisibles aux autres. Ses pupilles se rétractèrent soudain, avant de se dilater presque entièrement. Elle avait trouvé quelque chose d'important, c'était certain. Mais qu'avait-il dit pour la mettre dans cet état? Elle partit brusquement, claquant la porte derrière elle. Celle-ci se rouvrit, la française tenant toujours la poignée, elle lança un "tu es brillant" qui fit mouche auprès du détective avant de refermer violemment cette pauvre porte en bois qui n'avait rien demandé à personne.

Il se maudit intérieurement pour l'avoir aidé à résoudre son enquête sans savoir comment.

Il se rendit compte qu'il n'avait toujours pas bougé et se pencha pour ramasser son archet quand il entendit deux personnes dévaler précipitamment les escaliers et une douce voix féminine "Lestrade! C'est sa petite-fille, j'en suis sûre! Et je sais pourquoi! Retrouvez moi" coupée par une masculine, riant "Attends, fais attention, tu vas tomber, et tu n'as qu'une chaussure en plus!"

Il jeta un œil sur l'écran de son ordinateur, regardant la date. Elle l'avait fait en moins d'une semaine. Elle avait mit cinq jours pour faire ce qui lui en avait fallu six. Elle était douée, très douée. Un sourire faible s'afficha sur son visage, et il reprit son air mélodieux, le laissant s'emporter en son fort intérieur.

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Bonjour, bonsoir, tout dépend de votre heure, pas de la mienne,

Comment ça va?

Voilà le nouveau chapitre, j'espère qu'il vous a plu, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, même si c'est pour me dire que "moi j'l'aime pas Tom", ou "t'as oublié un E là" xD ça me fait plaisir de savoir ce que vous en pensez.

Enfin bref, je voulais aussi vous dire merci de me lire, parce que sans vous, bah je serai pas là à parler avec mon ordinateur, me demandant ce que chacun des personnages ferait dans telle ou telle situation, et passant pour une folle auprès des dames du CDI.

Et je ne publierai très certainement plus à échéances régulières, mais ce dont je suis à peu près sûre, c'est que vous aurez droit à au moins un chapitre par mois, sauf en février et juin (merci l'Éducation Nationale pour tes épreuves de merde ^^').

C'est tout, je crois, au pire, c'est pas grave.

J'vous aime un peu quand même, et merci de continuer à lire, merci aux nouveaux lecteurs qui viennent chaque jour, qui me harcèlent de notifications en une seule journée, c'est toujours agréable ;)

Bisouilles et Ciao!

Édit: Omg je viens de voir en fait j'suis famous! 3.8K de vues et 348 votes o.O"

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