Dans l'ombre déchue de la nuit éternelle, l'auberge abandonnée murmure les secrets de ceux qui y ont franchi le seuil, mais n'en sont jamais repartis. Ses murs craquent comme les os des âmes perdues, et le vent, avec une froideur sinistre, souffle des échos de plaintes infinies. La porte défoncée, rongée par le temps, reste toujours ouverte, invitant ceux qui osent encore se perdre dans les ténèbres.

Les tables sont couvertes de poussière, leurs surfaces marquées par les doigts invisibles de visiteurs qui ne reviendront jamais. Les chaises vacillent, comme si des ombres s'y asseyaient encore, en attendant des convives qui ne viennent plus.

Le crépuscule éternel qui règne en ces lieux semble figer le temps, comme si les instants eux-mêmes avaient été condamnés à l'immobilité pour expier des crimes indéchiffrables.

L'aubergiste, dont le nom s'est effacé des mémoires, est devenu une légende sombre, une silhouette tremblotante dans la brume.

On raconte qu'il attend encore, derrière son comptoir rugueux, sans clients à jamais, que ses yeux se perdent dans le vide en cherchant un visage familier dans l'obscurité. Ses murmures, des prières désespérées pour l'oubli, se mêlent aux chuchotements du vent et se perdent dans les recoins des âmes damnées.

Les heures s'étiolent dans cette auberge maudite, chaque tic-tac du pendule devenant une condamnation perpétuelle. Les couverts, encore disposés avec soin, semblent attendre des mains qui n'ont jamais su se saisir de la lumière. L'air, lourd de nostalgie et de chagrin, vibre des souvenirs de rires éteints et de murmures d'angoisse, perdus dans l'abîme de l'oubli.

Les voyageurs qui franchissent le seuil de ce lieu maudit ne trouvent que des ombres et des échos de leurs propres terreurs, un miroir brisé reflétant leur propre désespoir. Ils découvrent alors, trop tard, que l'aubergiste est une prison des âmes, un geôlier des espoirs perdus, condamné à vivre dans la tourmente des âmes qui ne retrouveront jamais la lumière.