Quatorze

J'ai acheté une robe pour l'occasion.

 C'est la première sortie que je fais avec des amis, j'avais envie de marquer le coup. J'ai choisi (évidemment conseillée par ma très chère folle de mère) une tenue mettant en valeur mes atouts, mais sans être vulgaire pour autant. Il fallait que je trouve quelque chose capable de rivaliser avec le charme naturel de cette garde de Mavis. Et même pour la fière Heartfilia (et moins fière Dragnir) que je suis, c'était un défi compliqué à relever. 

Mais après de longues heures de recherches, j'ai enfin trouvé ce que je cherchais : la meilleure robe possible. Noire. Sobre. Assez ample pour le confort, mais avec de la dentelle et un léger décolleté pour le côté un peu "sexy". Plato... Les garçons baveront devant moi. 

J'espère juste que Mavis ne sera pas plus jolie que moi, sinon ça va être très tendu. 

Après avoir joué mon rôle de sœur géniale (en donnant l'adresse à la coquillette trop cuite qui me sert de frère), je suis partie pour ce fameux karaoké. 

J'ai très peur de comment ça va se passer, surtout que je n'ai pas reparlé à Platon depuis hier, et qu'il paraissait quand même très énervé que je me sois moqué de Mavis. Donc pas top. Mais en vrai il y aura peut-être des mecs un peu plus intéressants que lui. C'est pas comme si c'était le seul mec sur terre non plus, je suis pas obligée de me focaliser sur lui. 

(Il a intérêt à remarquer que j'ai changé de coupe de cheveux, enfin que j'ai presque dompté ces mèches rebelles que je tiens de mon très cher papa.)

J'arrive au lieu de rendez-vous. J'ai trois minutes de retard. Juste ce qu'il faut pour qu'on m'attende un peu, mais pas trop non plus pour ne pas embêter tout le monde. 

Aujourd'hui j'ai décidé de jouer le même rôle qu'au lycée en temps normal : la fille un peu naïve et timide, mais qui fait pleins de sous-entendus "accidentels". C'est toujours drôles de voir la réaction des garçons. En plus de ça, je vais faire celle qui ne sait pas qu'elle chante bien et qu'elle est mignonne. Ce sera si facile d'avoir ce que je veux grâce à ça. Et je pourrai montrer à Platon à quel point c'est simple de séduire quand on est une fille. 

- Oh. Je pensais pas que tu viendras, me dit ce dernier. 
- Je te l'avais promis pourtant.. dis-je en rougissant légèrement et en regardant le sol. 
Evidemment en plus de tout ça j'ai replacé une mèche derrière mon oreille. L'effet est réussi. Les autres (que je n'ai même pas regardé) sont déjà sous le charme. C'est si facile. Mais Platon ne réagit pas. 
- Mavis est en retard.. râle-t-il. 
Elle l'a fait exprès, ils habitent juste à côté avec Platon, ils n'auraient pas pu arriver ensemble sérieusement ? J'aurais du être encore plus en retard. Mais pour le moment, sur les quatre filles qu'il doit y avoir en total, je suis la plus jolie alors tout va bien. Mavis peut prendre son temps autant qu'elle veut, ce n'est pas un problème. 

Je remarque un autre absent.
- Et Jay ? Il ne vient pas ? 
- Je sais pas. 

Je sens que Platon est stressé. C'est lui qui a organisé ça, et il manque des gens. Tant pis. 

- Rentrez, j'ai commandé à boire pour nous tous, je vais pas vous faire attendre avec moi, dit Platon. 

J'essaye de partir avec tout le monde, mais Platon me demande de rester avec lui. 

Oh oh. C'est quoi la formule magique pour disparaître déjà ? 

- J'arrive pas à comprendre pourquoi tu veux absolument te confronter avec Mavis. Vous avez pas besoin d'être en compétition. 
- En compétition pour quoi ? A quoi tu fais allusion ? 
Platon sourit. 
- Ca y est tu redeviens toi-même ? Tu te caches plus derrière une nouvelle coupe de cheveux? 
Il a remarqué. Ne sois pas heureuse. Il faut qu'il réponde. Pourquoi il pense qu'on est en compétition ? 

- Donc, répond à ma question. On est en compétition pour quoi avec Mavis d'après toi ? 
- Pour moi. 
Je rougis (réellement cette fois). 
- Je n'ai pas besoin de faire la compétition pour toi. 
- Ah bon ? Tu es vraiment aussi sûre de toi ? Qu'est-ce qui te fait dire que je ne sors pas avec Mavis déjà ? 
- Si tu le voulais, tu l'aurais déjà fait. 
- Mais si je te voulais toi, je l'aurais déjà fait aussi tu ne penses pas ? 

- C'est vrai. Tu marques un point. Du coup, vu que tu ne me veux pas je peux retourner avec les autres, qui me veulent bien, eux ? 
- Fais ce que tu veux, t'es pas ma copine. 
- Tu as raison, on est justes amis après tout. 

Je méloigne. Il ne m'a pas engueulé, mais je le sentais beaucoup plus froid que d'habitude. Est-ce que c'était vraiment une bonne idée de venir ? Je suis à un karaoké organisé par le mec qui me plaît pour essayer de probablement pécho quelqu'un d'autre. Ça n'a aucun sens.  

Je suis perdue dans mes pensées quand je me fais bousculer. Je perds l'équilibre (pourquoi j'ai mit des talons déjà ? Même s'ils ne sont pas hauts, j'ai déjà du mal à marcher) et tombe au sol.
- Oh désolée, tu as si peu de charisme que je ne t'avais pas vu, ricane Mavis. 
Elle se penche vers moi. 
- Tu savais qu'il faut exactement dix-huit shampooings pour faire partir entièrement le liquide vaisselle de ses cheveux ? Tu te rends compte de la chance que tu as, même si tu rentres seule ce soir, tu auras appris une information cruciale, grâce à moi. Qu'est-ce que je suis géniale ! 

Elle s'éloigne. Quelle peste. Maintenant, vu que je vais rentrer dans la salle après elle, ça n'aura plus aucun intêret. C'est elle la star, pas moi. C'est elle qui va gagner les élections, pas moi. C'est elle qui aura Platon, pas moi. 

Tant pis. 

Je décide d'aller dans la salle. Maintenant que je suis là, autant en profiter. Je m'assois à côté d'un des garçons. 

- Salut... dit-il timidement. 
Merde il me vole mon rôle. J'aurais du choisir un mec qui avait plus d'assurance. 
- Salut. 
- Tu t'appelles comment ? 
- Nashi, et toi ? 
La porte s'ouvre. Jay est enfin arrivé ? 
- Spaghetti ? 
Pourquoi il est là ? Il devait être discret, et le voilà sur le devant de la scène, de ma scène. 

Il se moque de Mavis. Merci grand frère, pour une fois que tu fais quelque chose de bien dans ta vie. 

Les chansons commencent. Je sais que Platon passe son temps à me fixer, et le fait que je sois proche de ce gars inconnu (c'est clairement un PNJ. Et dire de quelqu'un que c'est un PNJ c'est la pire chose qui puisse exister) n'arrange pas les choses. Oh mince quelle maladresse, je ne fais paas attention à qui je parle, je suis juste sociable et tactile naturellement, pas de quoi me regarder comme ça, hein, Platon. 

J'ai un peu bu. Une bière. Rien de bien grave, je tiens bien l'alcool. A ce stade-là, le seul changement remarquable est que j'ai les joues très rouges. C'est à mon tour de chanter, après que tout le monde ait fait n'importe quoi (n'est-ce pas Lustucru ? quelle idée de chanter Hakuna Matata ????). 

J'ai mit une chanson aléatoire. Je ne veux pas choisir n'importe quoi moi-même, donc autant laisser la machine choisir de la merde. 

Oh oh. C'est mieux que ce que je pouvais penser. 

"Friends" de Anne-Marie et Marshmello. (si vous ne connaissez pas, écoutez là, une friendzone monumentale). 

Je souris. Je commence à chanter, en fixant Mavis, puis Platon tour à tour. Platon semble réagir, et comprendre le message. Je ne me sens pas visée par cette musique, mais il faut que Mavis le soit. C'est elle qui est dans la friendzone. Comment j'en suis sûre ? 

C'est moi que Platon fixe depuis qu'on est arrivés dans cette salle. Il n'a pas posé un seul regard sur elle (même s'il joue le mec en colère par rapport à hier, en réalité je ne sais même pas s'il l'est vraiment). Alors que le moindre geste que je faisais envers le PNJ avait l'air de l'énerver. 

Je n'imagine même pas comment il aurait réagit si jamais j'avais embrassé ce type. 

A la fin de la chanson, je remarque qu'une seule personne n'a pas fait attention à mon show : Lutsu. Il est endormi sur la banquette. Sérieusement ? 

Je vois les deux bières devant lui. Quel idiot. 

Je quitte la salle, demandant au PNJ de veiller sur mon frère (je lui ai lancé un petit clin d'œil signifiant "t'inquiète je vais te récompenser après, comme le chien que tu es"). 

J'appelle Jay. Je ne veux pas que ce moment karaoké soit gâché par Lutsu, et il vaut mieux qu'il soit entre de bonnes mains. Jay arrive dans les cinq minutes qui suivent. 

- Comment tu as fait pour venir aussi vite ? 
- J'étais dans le coin, me répond Jay sans donner plus d'explications. 

Ils sont vraiment faits pour être ensemble ces idiots. 

Je vais chercher Lutsu, et le ramène à Jay. Personne ne comprend quand je porte mon frère, mais tant pis. D'abord je joue mon rôle de sœur, et ensuite je pécho. Il faut avoir des priorités dans la vie. 

- Je te le confie. Ramène le chez nous, ses clés sont dans son sac. 
- Merci, dit Jay en s'éloignant avec Lutsu. 

Voilà une bonne chose de faite. 

Je retourne dans la salle de karaoké. J'imagine que ma petite absence a eu son effet. J'ouvre la porte, et vois pile en face de moi, Mavis et Platon en train de s'embrasser.

J'ai hésité à partir avec Jay. Peut-être que j'aurais du finalement. Et peut-être que c'était moi la "friend". 

💛💛💛💛💛💛

J'entrouvre faiblement les yeux, les plisse immédiatement. Il y a de la lumière. Pour un peu je cracherais comme un chat sur celui qui l'a allumée.

« - Lutsu... ? »

J'essaie de localiser la voix, mais dans la brume de mon cerveau je ne parviens qu'à repérer une bouteille d'eau que je m'empresse de saisir.

« - Plus jamais d'alcool. Plus jamais. », répondis-je d'une voix pâteuse en m'enfilant la moitié de la bouteille d'un trait. 

« - Nashi m'a dit que tu n'avais bu que deux cannette.... Elle a aussi dit que c'était pitoyable, mais tu ne dois pas vraiment avoir envie d'entendre ca maintenant. 

- Elle a dit quoi ? », avec tous les efforts possibles je m'assois et me tourne vers la source du son, pour finalement tomber nez à nez avec Jay. « Huh, qu'est ce que tu fais là ? »

C'est bizarre, il était pas là quand je me suis endormi. Et je suis où d'ailleurs ?

La chambre est un mélange de tons exclusivement bleutés, d'affiches de spirit battle et de quelques groupes de musique que je ne connais pas. Une guitare repose dans un coin, et une impressionnante collection de boules à neige est entreposée sur une commode.

« - Je t'ai ramené chez moi... », réponds-il en baissant un peu la tête. « Tes parents n'auraient pas aimé te voir dans cet état. »

Dans mon état ? J'écarquille les yeux, prenant alors conscience de deux choses : non seulement Jay s'est mis Platon à dos pour moi, mais en plus il a réussi d'une manière ou d'une autre a venir me sauver la mise après coup. 

Il n'aurait pas été inopportun de le demander en mariage tout de suite, mais j'imagine que ca attendra.

« - Mec. », soufflais-je, émerveillé, « Merci. »

Il rentre encore plus la tête dans les épaules et devient rouge écarlate. Est ce mon merci qui lui fait cet effet ? Non, on ne réagit pas comme ca a un remerciement en général, si ?

« - D-de rien. » Il entreprend de fixer le mur. « J'étais juste inquiet pour toi. »

Cette fois c'est a mon tour de fixer le plafond avec désintérêt. Mon visage entier ressent cette sensation de brûlure liée au rougissement.

Je me demande encore comment j'ai pu mettre autant de temps a remarquer qu'il était un peu plus qu'un ami pour moi. Ca devait paraître assez évident pourtant. 

Enfin, peu importe.

« - Merci beaucoup. », répétais-je, hésitant a le remercier d'un câlin. Préférant éviter un potentiel saignement de nez, je me retiens. 

Puis je prends conscience de l'endroit ou je me trouve.

« - C'est ta chambre ?

 - Hein ? Hum, oui. » 

Après l'avoir vaguement analysée du regard, je décrète :

« - Elle est très cool. 

 - Merci. 

 - Comment tu fais pour la garder en ordre ? », demandais-je avec suspicion. « Des pouvoirs magiques ?

 - Je la range régulièrement, pourquoi ? »

Sa réponse parait tellement évidente que je me sens un peu idiot d'avoir posé la question. C'est juste assez impressionnant de comparer cette pièce lumineuse et ordonnée a ma propre chambre.

« - Hmm. », continuais-je, sceptique. « Je suis sûr que tu as un truc. Tu fais appel à ta mère ? »

Une expression horrifiée se forme sur ses traits.

« - Certainement pas. Si je la laissais entrer elle collerait des photos de famille partout. »

Il désigne un cadre dans lequel est entreposée une photo d'oncle Gray, de Jubia et d'un petit bébé inexpressif qui a l'air de s'ennuyer a mourir.

« - Je m'en suis sorti avec cette photo.

 - C'est toi là ? Le bébé ?

 - Oui ?

 - Mais t'es complètement adorable là dessus ! C'est tellement injuste. »

J'avais presque espéré que l'air de beau gosse indifférent de Jay lui était venu avec le temps, mais visiblement c'est dans sa nature depuis la naissance. 

Il y a des gens pour lesquels être classe est naturel, j'imagine.

« - Oh, attends ! Est ce que le karaoké est fini ? », me rappelais-je subitement. 

Avec tout ça, j'allais oublier l'événement de la journée. 

« - Tu as dormi quelques heures donc je pense que oui.

 - Et Nashi ?

 - Je ne l'ai pas revue depuis que je suis allé te chercher. »

J'espère que tout s'est bien passé. Mon talent de garde du corps s'est révélé plutôt inexistant au final.

« - Tu veux aller voir ou ils en sont ? », demande Jay, et je hoche la tête.

« - Ouais, la connaissant elle ne va pas répondre a mes messages donc il va falloir que j'y aille. »

Je me lève et il m'emboite le pas jusqu'à la porte. On dirait que ses parents ne sont pas la aujourd'hui parce que nous ne croisons personne dans le salon. J'essaie autant que possible d'éviter de penser au fait que nous soyons restés seuls dans sa maison pendant plusieurs heures.

« - C'était vraiment sympa de t'être occupé de moi », lui dis-je en sortant dehors, « On se voit bientôt ?

 - Hmm... Je peux venir avec toi... Si tu veux ? », propose-il nerveusement, passant une main dans ses cheveux bleus ondulés.

« - Oh ! » Je n'avais pas pensé qu'il puisse vouloir m'accompagner. « Ouais, bien sûr. Allons y. Ensemble. Ouais. »

En y repensant, mes capacités de locution sont mises à très rude épreuve quand il est là ces derniers temps. Je n'ai jamais autant bégayé de ma vie.

« - Tu es sûr de vouloir risquer de tomber sur Platon ou Mavis ? Le premier veut te décapiter et la deuxième n'est franchement pas commode non plus.

 - Oui. Si tu y vas, je ne vais pas te laisser risquer ta vie seul. »

Ne pas le demander en mariage, ne pas le demander en mariage.

« - D'accord. », répondis-je en hochant la tête, a court de mots. « Merci. »

« - C’est normal. On... On peut passer prendre un truc à manger ensemble après, si tu veux. »

Jay Dragnir sonne vachement bien quand même.

« - Ce serait génial. » Un sourire lumineux se forme sur mon visage. Cette soirée me semble plutôt bonne en perspective. Très bonne même.

« - Hmm-mm. », acquiesce Jay en piquant un fard, et nous nous mettons en route vers le karaoké.

Sans surprise l’endroit est désert quand nous arrivons. La salle réservée par Platon est déjà en plein nettoyage, et on nous apprend que les derniers sont sortis il y a au moins une demi heure.

Quand je demande des nouvelles de ma soeurs aux employés, ils échangent un regard entendu avant de me répondre que je ferais mieux de rentrer vite. Je ne me le fais pas répéter deux fois.

« - Qu’est ce qui s’est passé ? », demandais-je a Jay, essoufflé, alors que nous courons pour le salut de l’humanité.

« - Une dispute... Probablement. », réfléchit-il.

Faites que Nashi soit rentrée a la maison. Si ca a vraiment dégénéré, nos parents serons sûrement là pour la calmer. Et surtout, ca m’éviterait de la chercher dans tout le quartier, ce qui est un avantage non négligeable.

« - NASHI EST LA ? », m’écriais-je en rentrant en trombe dans la maison. 

Ma mère est dans la cuisine et sursaute en me voyant, et pendant un terrible instant j’ai peur que ma soeur ne soit pas là.

« - Oui, pourquoi ? Un problème ? », demande-elle en fronçant les sourcils.

Je retiens un profond soupir de soulagement et entreprends d’improviser une réponse :

« - On m’a dit qu’elle avait l’air malade et qu’elle était rentrée. »

Ma mère commence à rire de ce rire supérieur que maitrisent les Heartfilias.

« - Oh oh oh, mais Lutsu, si Nashi dit qu’elle est malade c’est juste qu’elle s’ennuie a mourir ! Tu n’as rien retenu aux règles de base de la société mon chéri. »

Préférant ne pas la détromper, je hoche la tête et m’excuse pour monter a l’étage. Ce n’est qu’a mi chemin que je constate l’absence de Jay.

Redescendant les escaliers, je le vois en train d’attendre au seuil de la porte.

« - Viens !

 - C’est sur... ? Je peux entrer ? », demande-il. Il semble extrêmement hésitant pour une raison qui m’échappe.

« - Oui ? Tu es un vampire ou quoi ? 

 - C’est juste... La première fois que je viens chez toi donc... » 

Après avoir consciencieusement essuyé ses chaussures sur le tapis d’entrée, il me rejoint en trottinant. 

Je m’attendrirais probablement si nous n’étions pas aussi pressés.

Arrivés en haut j’entre en trombe dans la chambre de Nashi.

Ma soeur est assise sur le sol, en train d’étrangler consciencieusement un oreiller.

« - Qu’est ce qui s’est passé ? », demandais-je, et elle semble se rendre compte de ma présence.

Jay a le bon goût de rester à l’extérieur.

« - Il... Ce crétin ! Cet imbécile absolu ! », gronde-elle. « Faire ca en face de moi ! Moi ! Il se prend pour qui ? »

Il y a très peu de personnes que Nashi pourrait insulter ainsi. 

« - Qu’est ce que Platon a fait ?

 - Pas juste lui, cette fichue présidente des élèves aussi ! Ils se sont... En face de moi ! », s’exclame-elle, et les pièces du puzzle se mettent en place.

Ils se sont embrassés ? Devant Nashi ?

« - Qu’est ce que tu as fait ?

 - J’aurais probablement du les assommer tous les deux pour leur faire passer l’envie de souiller mes yeux comme ca, mais je me suis contentée de leur balancer un verre à la tête. », réponds ma soeur, et elle semble s’apaiser un peu. « Je n’ai même pas crié sur eux. Il n’y avait rien a dire de toutes façons. 

- Oh, Nashi... » 

La pauvre, je ne saurais vraiment pas quoi faire dans sa situation. 

Je m’agenouille à côté d’elle.

« - Tu veux un câlin bizarre de ton frangin ?

 - Je pense pas... Je sais pas. »

Je prends sa réponse pour un oui et la prends dans mes bras. Elle ne pleure pas. Nashi ne pleure jamais, en fait, c’est dans sa nature.

Mais j’ai franchement envie de faire pleurer quelqu’un en ce moment et c’est cet espèce de philosophe a la con. 

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