CHAPITRE V.
Le soleil s'élève petit à petit en cette matinée de juin. Le ciel est rempli de nuages. La Nouvelle-Orléans se réveille en douceur. Afin de débuter cette journée de bon pied, de nombreux habitants ont opté pour un déjeuner copieux composé de beignets et de cafés au lait typiques de cette ville à l'ambiance si rythmée, si attachante. Menacée par les eaux il y a quelques années de cela, elle a continué de séduire un grand nombre de touristes. Tous les Américains s'accorderont à dire qu'aucune ville ne ressemble à cette charmante métropole implantée sur les rives du Mississippi.
C'est ici que les Palmer ont décidé, quelques années plus tôt, de se reconstruire. Venus de la République de Trinité-et-Tobago, Ils cherchaient un refuge et la Nouvelle-Orléans les avait accueillis à bras ouverts. Chaleureuse, vivante, festive, la liste des qualités s'allongeait à l'infini quand il s'agissait de décrire la ville la plus peuplée de l'état de Louisiane. La famille Palmer avait tout d'abord élu domicile dans les environs de la Nouvelle-Orléans, chez la mère d'Ornella, Velonda.
Tel avait été le plan d'Ornella. Tandis que sa soeur Renielle quitterait Port d'Espagne pour Arima, la jeune veuve s'envolerait pour une terre inconnue mais théoriquement plus sûre. La tragédie de Katrina a marqué pendant très longtemps les esprits. La catastrophe naturelle avait arraché toute trace de gaieté du visage des Néo-Orléanais et avait plongé la ville dans le chaos. Des corps sans vie avaient été retrouvés, flottant sur les eaux du fleuve bordant la métropole. En détruisant un grand nombre de logements, l'ouragan avait chassé pour une durée indéterminée ceux qui considéraient la Nouvelle-Orléans comme leur maison. Certains n'étaient plus jamais revenus comme si cette ville qui les avait accueillis il y a quelques années de cela ne voulait désormais plus d'eux.
Une fois de plus, un miracle s'était produit. Une fois de plus, la famille Palmer avait échappé à la mort. Mais pendant quelques années, une ambiance pesante a régné sur la Nouvelle-Orléans et ses alentours. Ornella s'en souviendra toujours. Au fil du temps, cette ville s'est reconstruite et paradoxalement, la famille Palmer s'est déchirée, se consumant à petit feu. Le point de départ ? La promesse qu'Ornella avait faite à sa soeur aînée Renielle et qu'elle n'avait finalement pas réussie à tenir. La jeune veuve avait fini par mal tourner. Elle avait eu pour habitude de confier ses trois fils - Ja'Zavian, Mardon et Barett- à sa mère, Velonda, préférant la compagnie d'individus plus âgés et plus susceptibles de combler un vide qu'aucun de ses trois garçons ne pouvait combler.
La plupart du temps, elle rentrait ivre, de jour comme de nuit. Elle avait même tenté d'amener des étrangers pour lui tenir compagnie le soir mais en tant que maîtresse de la maison, Velonda avait catégoriquement refusé. Elle n'avait eu de cesse de sermonner sa fille cadette n'hésitant pas à lui dire à quel point elle faisait une très mauvaise mère. L'unique raison qui l'empêchait de la dénoncer aux services de protection de l'enfance et de la traîner en justice était qu'elle était la chair de sa chair. Elle s'était battue bec et ongle pour reconstruire cette famille et convaincre Ornella de prendre soin de ses enfants. Mais tous ses efforts ne l'avaient menée nulle part et la grand-mère de Ja'Zavian, Mardon et Barett s'était très vite rendue compte qu'elle était désormais condamnée à regarder sa propre fille chuter et qu'elle ne pouvait rien faire pour empêcher cette descente aux Enfers.
Estimant qu'élever ces trois jeunes garçons au regard plein d'innocence était une priorité, elle avait chassé à contrecoeur Ornella pour le bien-être de ses enfants. Ornella Palmer avait manifestement plutôt bien accepté la situation. Depuis son arrivée à la Nouvelle-Orléans, elle avait dû faire face à de nombreuses responsabilités qu'elle avait finies par léguer volontiers à sa mère. La vie lui avait alors parue beaucoup plus simple. Le goût du whisky, la sensation excitante d'un corps incandescent contre le sien. Voilà des plaisirs auxquels elle ne pouvait renoncer.
Comme on peut s'y attendre, Barett Palmer est devenu un beau jeune homme. Grand, la mâchoire carrée, le regard émeraude, le teint bronzé, les muscles saillants. On pourrait presque dire qu'il incarne l'idéal masculin mais malheureusement, ces qualités physiques ne sont clairement pas mises en valeur par l'uniforme qu'il est contraint de porter chaque jour. L'aîné des Palmer travaille comme agent de nettoyage au très célèbre Audubon Aquarium des Amériques. Le beau jeune homme est contraint de porter une tenue professionnelle assez ample composée d'une tunique et d'un pantalon d'un blanc immaculé. Ce métier ne lui rapporte pas grand chose mais Barett se montre extrêmement reconnaissant. Il aurait pu être condamné à récurer des toilettes d'un lycée ou d'une université. Au lieu de ça, il travaille au sein de cet aquarium d'exception qui attire chaque année de nombreux touristes avides de découvrir la féerie des fonds marins.
Pour l'aîné des Palmer, c'est une journée comme une autre. D'ici quelques heures, l'aquarium accueillera de nombreux visiteurs. L'équipe chargée de la propreté des lieux doit par conséquent s'assurer que le complexe aquatique soit prêt à ouvrir. Un balai à serpillière dans une main, un sceau dans l'autre, Barett se dirige d'un pas vacillant vers un hall plongé quasiment dans l'obscurité. La lumière bleuâtre diffusée par un grand aquarium éclaire faiblement le hall. A en juger la couche de poussière qui recouvre le sol, cette partie du complexe aquatique n'a pas encore été nettoyée. Barett pousse un lourd soupir. Comme d'habitude, cette partie du complexe a été délibérément ignorée par ses collègues et le beau brun aux yeux verts sait pertinemment pourquoi.
Là-bas, derrière ces vitres aussi hautes qu'un mur, vit un monde sombre et inquiétant dominé par la terreur des mers. Evitant tout contact visuel avec les quelques requins qui dessinent des cercles à l'intérieur de l'aquarium, Barett se courbe pour asperger la serpillière d'un produit parfumé au citron avant de l'enfoncer dans le sceau et de l'essorer. Un silence oppressant règne dans le hall. Bien que retenus par des vitres, la présence de prédateurs marins ne fait qu'accentuer le malaise du jeune Palmer qui a l'étrange impression de n'être que de la viande fraîche. Son imagination, parfois un peu trop débordante, le pousse chaque fois à visualiser des scènes d'une violence extrême. Il imagine ces requins frapper de toute leurs force jusqu'à ce que le mur de verre se brise en milles éclats. Il imagine ensuite de gigantesques vagues bondir sur lui l'écrasant de toute leur puissance. Enfin, il imagine une horde de requins se précipiter sur lui, mourant d'envie de déchiqueter amoureusement sa chair tendre. Cette image macabre a parfois même tendance à lui donner la nausée. Le jeune Palmer tente une fois de plus de contrôler sa peur en se concentrant sur la tâche ménagère qui lui a été confiée.
Il décide comme à chaque fois qu'il a affaire à cet endroit effroyable de nettoyer les endroits les plus éloignés des vitres bleutées. La respiration saccadée, il fredonne pour oublier l'atmosphère oppressante du hall plongé en partie dans la pénombre. Il ferme son esprit à toute image pouvant accentuer son malaise. Cette méthode s'est toujours avérée très efficace pour lutter contre cette peur qui le hante. Si le poids de la tension le quitte petit à petit, un profond sentiment de rancoeur remplit son coeur. C'est écoeurant de constater à quel point l'être humain est centré sur lui-même. L'esprit d'équipe est totalement absent chez ces agents de nettoyage. Moins ils en font et mieux ils se portent. Tandis qu'une voix lui souffle à l'oreille à quel point cette situation est injuste et révoltante, Barett a la désagréable sensation d'être observé. Son corps s'immobilise instantanément. Tenant fermement entre ses doigts épais le balai à serpillière, il n'effectue pas un seul mouvement de plus. Son regard se fige et fixe intensément un point précis du sol humide qu'il vient de nettoyer. Il refuse catégoriquement d'affronter les murs de vitres qui lui font face. Il avale avec difficulté sa salive.
Quelqu'un l'observe. Il le sent. Il a l'impression de devenir cinglé. Oui, cinglé. C'est peut-être cette peur dévorante qui le pousse à imaginer tout et n'importe quoi. Il a envie de hurler. De prendre ses jambes à son cou sans prendre le risque de se retourner. Est-il vraiment seul dans ce hall ? Est-ce le fruit de son imagination qui, une fois de plus, une fois de trop, s'amuse à lui jouer des tours ? Ces doutes le paralysent. Des gouttes de sueur ruissellent le long de son front imposant. Son coeur bat à tout rompre. Alors qu'il risque un regard par-dessus son épaule, au même moment, une main se referme sur son épaule. Barett sursaute et pousse un cri qui retentit à travers tout le hall.
La respiration sifflante, il reconnaît alors la silhouette familière de Deirdre, une des seules collègues de travail que le beau brun aux yeux émeraudes considère comme une amie. Vêtue également d'une tunique et d'un pantalon blanc, la jeune femme aux cheveux d'un blond cendré se courbe, gloussant de rire, parvenant à peine à respirer. Une main sur la poitrine, le jeune Palmer lance un regard noir à la jeune femme secouée de rires incontrôlables. « Bon sang, tu m'as fichu une de ces peurs ! T'es complètement malade ! » s'écrie le jeune Trinidadien, à bout de souffle. « Tu aurais dû voir la tronche que tu as tirée ! » dit Deirdre, le teint rose, continuant de ricaner. Essoufflé, le coeur affolé, Barett finit par décocher un sourire amusé. « Très amusant et toi tu décides de me faire ce coup-là dans cet endroit ? Avoue, tu l'as fais exprès ! » rétorque le jeune homme aux yeux verts. La jeune blonde met un doigt sur son menton faisant mine de réfléchir. « C'est possible, oui » finit-elle par répondre en arborant un sourire fripon. « Tu n'as donc rien d'mieux à faire ? Genre des couloirs à astiquer ? » réplique le Palmer sur un ton de reproche.
La dénommée Deirdre hausse les épaules d'un air désinvolte. Son sourire satisfait ne semble pas vouloir s'effacer de son visage. « Pour ta gouverne mon cher Barett, j'ai pris pas mal d'avance sur le travail et comme j'avais un peu de temps devant moi et que je sais que tu as une peur folle de cet endroit, j'ai sauté sur l'occasion » explique fièrement la jeune femme. Le Palmer plisse les yeux et hoche la tête tout en esquissant un sourire amusé. « Rectification: nous avons tous une peur bleue de cet endroit» précise le jeune homme. La jeune femme laisse échapper une expression de dédain. « Parle pour toi ! » répond-t-elle avec beaucoup moins d'assurance. Le sourire du jeune Trinidadien s'élargit. Il dresse un sourcil, l'air dubitatif. « Là, tu vois, j'en doute fort » réplique-t-il d'un ton narquois. Mais alors que la jeune femme s'apprête à rebondir, l'aîné des Palmer lève un doigt épais pour lui faire signe de se taire. L'air intrigué, les sourcils froncés, Deirdre fixe le visage inexpressif et figé de Barett sans prononcer le moindre mot. Ce changement d'attitude si soudain la plonge dans une totale incompréhension.
« Tu as entendu ? » demande aussitôt le jeune Palmer. Deirdre déglutit. Son coeur fait une embardée. Essaie-t-il de lui faire à son tour une farce ? « Entendu quoi ? » réplique-t-elle en battant frénétiquement des paupières d'un air impatient. A moins que Barett soit un excellent acteur, elle lit dans son regard une terreur sacrée qui ne la rassure guère. « Cette voix » répond-t-il à mi-voix comme s'il craignait d'être entendu. Cette dernière parole plonge la jeune blonde dans une totale confusion. A aucun moment, elle n'a entendu quelqu'un d'autre parler. De plus, il n' y a apparemment personne d'autre qu'eux dans ce hall. Elle est persuadée qu'il s'agit d'une plaisanterie. D'une mauvaise plaisanterie. « Ecoute Barett, s'il s'agit d'une plaisanterie, elle est de très mauvais goût. Tu sais très bien que ces histoires d'esprits et de fantômes m'empêchent de fermer l'oeil la nuit » lance d'une voix tremblante la jeune femme. Mais Barett hoche lentement la tête en signe de dénégation ce qui ne fait qu'accroître le sentiment de malaise chez Deirdre. « Ce...c'est pas une plaisanterie, Deirdre. Je l'entends en ce moment-même » répond lentement Barett, le regard vitreux.
Il n'ose même pas affronter le regard de sa collègue. Il ne veut pas passer pour un fou. Il se doute qu'elle ne le croit pas. Elle doit très probablement penser que tout ceci n'est qu'un jeu ou alors qu'il a complètement perdu la tête. Oui, c'est peut-être ça. Il a perdu la tête. « Et...qu'est-ce qu'elle te dit cette voix ? » se risque à demander d'une voix chevrotante la jeune blonde. Barett fixe le sol sans ciller des yeux ne prêtant même pas attention à la jeune femme qui semble mettre de plus en plus de distance entre eux. « Elle me dit qu'elle s'ennuie à mourir. Qu'elle a soif de liberté...que cette cage la retient prisonnière...qu'elle aimerait retrouver sa vie d'autrefois, qu'elle aimerait retrouver sa maison...» commence-il par répondre avec lenteur. Les pupilles se dilatant de terreur, Deirdre s'éloigne de plus en plus de son collègue de travail. « L'océan » finit-il par dire dans un soupir. A ce moment précis, la jeune femme sent le poids de la tension la quitter. Elle finit par pouffer de rire sous le regard médusé du jeune Palmer. « Alors toi, je savais que tu étais timbré mais j'étais loin de m'imaginer que c'était à ce point. Tu sais que j'y ai presque cru ? » demande Deirdre d'un air amusé.
La jeune femme se rend compte que le jeune homme n'est plus là. Elle tourne les talons. Une main collée contre la vitre, il lui tourne résolument le dos, tandis que le corps massif d'un requin passe juste au-dessus de sa tête. Pour la première fois, cette peur dévorante le quitte. C'est comme si elle avait été inexistante. Jamais, il n'avait approché la vitre d'aussi près.Il détaille du regard l'animal marin. Son museau conique, son regard glacial, ses longues fentes branchiales comme s'il avait été lacéré par de violents coups de griffes. Le prédateur des profondeurs abyssales lui paraît inoffensif. Il en vient même à ressentir un peu d'empathie à son égard. Il tourne en rond comme un poisson dans son bocal. Sa vie dans cet aquarium est marquée par l'ennui. Une main tremblante se renferme lentement sur son épaule mais Barett ne se retourne pas pour autant. Il garde ses yeux rivés vers ce petit échantillon de l'océan. Deirdre décide à son tour d'affronter la vitre bleutée derrière laquelle des requins dessinent des cercles. Son corps est parcouru de violents frissons lorsqu'une ombre menaçante longe la vitre. Terrorisée, la jeune femme baisse aussitôt les paupières puis cale une mèche derrière son oreille.
« Tu n'as donc pas peur comme tu me l'as laissé croire. On peut dire que tu sais faire semblant » finit-elle par dire en laissant échapper un rire nerveux. Barett ne détache pas son regard émeraude de l'aquarium. « Pauvre bête. Elle ne mange pas à sa faim » dit le jeune homme comme si la dénommée Deirdre ne lui avait pas parlé. Les sourcils froncés, Deirdre fixe le Trinidadien d'un air intrigué. Qu'est-ce qu'il en sait ? Après tout, il n'est qu'un agent de nettoyage. Il n'est pas un soigneur. Comment peut-il arriver à cette troublante conclusion ? « Ne sois pas ridicule, les soigneurs s'assurent que ces bêtes ne manquent de rien. Ils font tout pour qu'ils s'adaptent à ce nouvel environnement » rétorque la jeune blonde d'une voix tranchante. Barett hoche lentement la tête en signe de dénégation. « Non » commence-t-il d'un ton ferme. « Elle crève de faim, j'en suis formel » poursuit-il en décollant sa main de la vitre.
L'attitude étrange du jeune Palmer laisse Deirdre perplexe. A quoi joue-t-il ? Est-il vraiment sérieux ? Si c'est le cas, Deirdre estime qu'elle a de quoi s'inquiéter. Entendre des voix, ce n'est pas commun. Mais là en l'occurrence, la situation était d'autant plus alarmante dans la mesure où Barett avait prononcé des paroles absurdes. Complètement perdue, la jeune blonde tente de rassembler ses idées malgré la panique qui embrume son esprit. Elle essaie de se rappeler des paroles insensées qu'il lui a dites. Le front plissé, elle se rend compte que les conclusions qu'elle tire ne sont pas plus sensées que les mots prononcés par Barett. Et pourtant, une question la taraude. Elle déglutit. Elle prend une profonde inspiration. Elle hésite. Sa question est totalement absurde mais depuis une bonne dizaine de minutes, leur conversation ne rime à rien. Qu'a-t-elle à y perdre ?
« Et j'imagine que c'est le requin qui te l'a murmuré à l'oreille ?» se risque-t-elle à demander d'un ton moqueur. Barett hoche une nouvelle fois la tête en signe de dénégation. Il détourne son regard vert et le plonge dans celui de la jeune femme. Pendant plusieurs minutes, les deux agents de nettoyage se fixent d'un regard intense sans ciller des yeux, sans prononcer le moindre mot. Deirdre a la nette impression que Barett choisit soigneusement les mots qui vont traduire sa pensée. « Le regard d'un animal est très expressif. Il suffit de lire dans ses yeux pour voir à quel point il est malheureux» finit-il par expliquer en s'efforçant d'avoir l'air le plus convaincant possible.
Que peut-il lui dire d'autre ? Que le redoutable prédateur des fonds marins a cherché à lui faire passer un message ? Que cette voix que seul lui a pu entendre émane de celui que l'on surnomme la terreur des mers ? Comment se fait-il qu'il soit parvenu à affronter une vision qui jusqu'à aujourd'hui le terrorisait d'effroi ? Plus étrange encore, cette voix. Elle n'avait rien d'humain et Barett avait été le seul à l'entendre. A moins que Deirdre ait menti en prétendant n'avoir rien entendu. Est-ce la fatigue qui parle ou bien est-il devenu fou ? A-t-il vraiment entendu cet appel au secours venu des profondeurs inquiétantes de la mer ?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top