Partie 58

Mais que serait ma vie sans cette bonne odeur d'iode et de chiasse de mouettes ? Ce climat venteux et humide qui vous imprègne jusqu'à la moindre parcelle de peau. Les épouvantables hurlements nocturnes qui viennent apporter cette touche atypique si dépaysante...

Les Falaises Sanglantes m'apparaissent dans toute leur abominable splendeur, spectre noir sur la falaise escarpée. Mon foyer...

L'impatience monte dans le corbillard lorsque nous empruntons les immenses avenues commerçantes qui mènent au château. Seul Currunas partage mon enthousiasme : il se hâte de retrouver ses chers laboratoires.

Par contre, Arquen déprime au fond de sa banquette, attristé de s'éloigner d'Arminassë et de sa douce. Il en va de même pour Morgal, abattu par les souvenirs idylliques de la Reine Vierge. Mais lui doit en plus supporter une guérison laborieuse et des effets secondaires médicinales qui lui valent de sérieux coups de barres.

Et dans tout ça, Selnar râle à chaque coin de chemin, critiquant l'état déplorable des routes et le climat pluvieux du nord. Au fond, chacun sait que l'origine de sa mauvaise humeur vient de son impossibilité à se transformer en Morgal. Elle n'a toujours pas capté l'escroquerie de son mari...

— Serait-il envisageable, s'emporte-t-elle, que Morgal arrête de dormir ! Je me demande à quoi sert un époux !

— Le prince se regénère, assure Arquen d'une voie mourante.

Perdant patience, la rousse retire la perle anti-cauchemars de mon maître d'un geste sec. Aussitôt, ce dernier se réveille en sursaut, le visage marqué par la panique et la colère.

— Selnar !

— Désolée, chéri, je me demandais si tu allais sortir de ton comma !

— Sale garce, tu vas t'en prendre une !

Oulah, violence conjugale signalée !

— Au moins, ça me vaudra ton attention ! Devrais-je te rappeler combien de moments en tête à tête nous avons passé depuis notre mariage ? Tu m'ignores complètement ! Comment veux-tu construire un foyer alors que tu ne réalises pas le moindre effort ! Pense à nos futurs enfants !

Morgal roule des yeux en se déboitant la mâchoire : la pression recommence. Luinil ne lui a jamais autant manqué...

— Tu t'es toujours consolée dans les bras d'autres hommes, de toutes façons, décrète-t-il pour clore le sujet, rien n'a changé. Varen y est passé aussi ?

— Morgal ! Tu oses m'accuser alors que tu as passé tes journées et tes nuits loin de moi ? Ou étais-tu d'ailleurs ?

— Mêle toi de ce qui te regarde. Tu ne t'es pas mariée avec moi pour me surveiller.

— Tu me trompes !?

— Bah tiens...

Exaspéré par la présence de son épouse et la fatigue n'améliorant rien, il ouvre la portière d'un coup de pied et saute sur la route :

— Continuez sans moi, déclare-t-il, je rentre seul.

Et sans rien ajouter d'autre, il claque violemment la porte. Très bien... S'il tient à se faire saucer sous les trombes d'eau, c'est son problème.

— Tu l'as mis en rogne, chérie, soupire Arquen, ce n'est pas ainsi que tu réussiras à le séduire...

— Je crois que je perds mon temps, grogne-t-elle.

— En effet ! m'exclamé-je.

— Toi, le nabot à l'allure répugnante, tu te tais.

— Je ne partage pas votre avis, intervint l'hybride, si tu parviens à entrer dans ses bonnes grâces, tu contrôleras la plus grosse fortune des dimensions réunies. Pas mal, non ? Sans parler des armées...

La rousse se renfrogne, les bras croisés sur sa poitrine :

— Pourquoi je ne parviens à prendre son apparence ?

D'accord : elle ne cache même pas ses ambitions malsaines.

— Morgal est un puissant sorcier, affirme-t-il en se grattant la barbe, il sait déjouer ce genre de sortilège.

— Et comment suis-je sensée régler ce souci ?

— Pas mon problème... Je préfèrerais que personne n'usurpe sa place.

— Arquen ! Tu pourrais me soutenir ! En tant que vieux amants... Allez ! Je te donnerais n'importe quoi en échange !

— Non.

Ce fut le mot qui clôtura la conversation.

Selnar jure et redresse dédaigneusement le col de son chaud manteau. Enfin, elle se tait !




La lune est déjà haute lorsque nous parvenons chez nous. Je m'empresse de rejoindre les charrettes gnomiques et conduis Püpe et ma fille vers leurs chambres. Je sens bien que Neisse ne s'accorde absolument pas avec ma décision mais après tout, elle se contentera de son amertume.

— Les fantômes sont toujours aussi bruyants ? demande Püpe en posant sa valise au coin de son lit.

— Malheureusement oui.

Mya fronce les sourcils à l'idée de se faire réveiller par ce si sympathique concert. Je crois que les lieux l'effraient. Pas étonnant avec l'apparence glauquissime des couloirs et des chambres. J'espère qu'elle s'habituera.

En tout cas, je lui ai trouvé un travail aux Falaises Sanglantes : elle s'occupera de la réception du courrier comme Püpe faisait à Arminassë. Ce n'est pas une tâche trop fatigante.

Quant à moi, je dois me replonger dans mes activités sordides aux côtés des espions. J'ignore si l'on peut parler de routine mais tout recommencera comme avant, avec une coordination entre meurtres et services domestiques.

Mais si j'ajoute en plus une vie familiale, mon cerveau risque de saturer.

Après tout, l'on verra bien. Ma première perspective étant de retrouver ma vieille paillasse inconfortable.

Je pousse la porte vermoulue et me voilà immergé dans cette douce odeur de poussière et de bois pourri. Je chasse les quelques lapins qui avaient élu domicile et m'affale sur la couchette pour m'adonner à ma deuxième activité préférée.




Courir, toujours courir. Pas le temps de se faire de vieux os dans ce foutu métier. Je poursuis ma cible dans les couloirs abandonnés d'un château en ruine. Quelques toiles d'araignée plus loin, je distingue la silhouette de l'homme disparaitre derrière un tournant. Il ne tardera pas à tomber entre les mains de mes compagnons. À moins que je ne le rattrape avant.

J'accélère et malgré mes courtes jambes, le rejoins en quelques foulées. Je saute dans ses pieds pour le plaquer au sol. Aussitôt, l'ennemi dégaine un poignard pour me crever l'œil mais ma dague est plus rapide. Une bonne estafilade sur la poitrine et le voilà qui tourne de l'œil. Je l'ai maitrisé sans mal. Avec l'expérience, aussi, je suis davantage aguerri.

Pourtant, le jeune elfe sous ma lame semble dans la fleur de la jeunesse. Il n'a pas trente ans, à mon avis.

Les pas derrière moi m'indiquent l'arrivée des autres espions avec Draël à leur tête. Petit, rappel, je ne supporte pas cet espion qui ne peut s'empêcher de crâner sans cesse.

— Lâche-le, le gnome, crache-t-il hautainement.

Je me redresse et rejoins mes compagnons en redressant ma capuche sur la tête.

De son côté, Draël tient une fille par les cheveux, sûrement la complice du jeune homme.

— Bien ! déclare mon supérieur avec son sourire sadique, il est temps de passer aux interrogations, non ?

La jeune elfe frissonne dans sa poigne, tentant de s'en soustraire sans succès :

— Nous sommes innocents !

— Vraiment ? Nous avons intercepté vos lettres. La contrebande est interdite sur les terres du seigneur Morgal.

— Je vous en supplie, gémit l'autre, nous ne savons rien ! Ne nous torturez pas...

À peine a-t-il achevé sa phrase que deux hommes l'empoignent par les épaules et le plaquent contre un des murs effrités, après l'avoir attaché.

Je me retiens de bailler : ses missions me fatiguent. Cela doit bien faire trois semaines que je n'ai joui d'une bonne nuit de sommeil.

Le travail, c'est toujours la même chose, on s'en lasse.

— Bon, ordonne mon supérieur, emmenez la fille et écorchez-lui le dos jusqu'à ce qu'elle parle, je m'occupe de son compagnon.

La concernée manque de s'évanouir... Quant au prisonnier, il s'emporte dans des menaces inutiles. Arrête de brailler, de toute façon, tu ne la retrouveras pas, ta petite délinquante : ils la tueront sans sourciller lorsqu'elle aura divulgué les informations. Et tu risques bien de subir le même sort.

Draël s'avance vers lui et empoigne sa mâchoire pour l'obliger à le fixer dans les yeux.

Je connais mon rôle. Je rejoins le condamné et sort le matériel de torture, la routine...

En attendant, la victime a été assise de force à une pierre, les chevilles et les poignets fixées au roc par un sort.

Ses cris de lamentations et de rage ne m'atteignent pas outre mesure. C'est vrai, qu'au début, cela peut s'avérer troublant ou même inspirer la pitié. Mais à la longue...

Je m'approche de lui avec mes outils alors que mon chef se tient droit, prêt à questionner.

— Où as-tu caché la marchandise ? demande-t-il calmement.

Pas de réponse. Dommage. J'arrache sa chemise à l'aide d'un couteau aiguisé et attend le signal pour le charcuter.

— Notre invité ne se montre guère bavard, Binou, fais-le parler.

Je hausse les épaules en regardant le pauvre malheureux et sort la rappe. En général, ça dissuade. Mais notre jeune écervelé joue son dur à cuir. Pas de bol, le cuir, ça se tanne.

Cela ne fait pas longtemps que j'exerce la torture dans mes missions. Mais avec les années passées, je m'habitue à la tâche. Je ne dirais pas que je prends plaisir à ce genre d'activité : je ne suis ni un monstre, ni un Féalocen. Mais l'exercice me laisse de marbre.

Je pose mon instrument sur son torse et baisse progressivement vers le ventre dans des confettis sanglants de peau.

Mon supplicié hurle en se débattant comme un beau diable. Pourquoi garde-t-il le silence, à la fin ?! Je me tourne vers Draël ; ce dernier hoche la tête en signe de continuation.

Bien. Je sors une pomme de terre et l'enfonce dans la bouche du prisonnier : pas question de saigner des oreilles. Je perçois la panique dans son regard. Finalement, il est peut-être plus jeune que je le pensais. Tant pis.

Je sors le trépan ainsi que l'arracheur-oculaire puis regarde ma cible, droit dans les yeux, l'air de dire : mon vieux, si tu veux parler, c'est maintenant.

Rien ?

Il me donne du travail, le bougre. Alors que j'ajuste la circonférence métallique sur son œil droit, je repense à ma dernière nuit de sommeil : ça remonte. Je resserre la pince, rêvant d'un confortable oreiller. Un désagréable crissement et une giclure de sang plus tard, je me retrouve face à un borgne. C'est triste : il avait de beaux yeux.

Draël retire la patate et attend des informations :

— Alors ?

L'adolescent chiale à n'en plus finir mais finit par cracher le morceau. Pas trop tôt.

— Bien, déclare mon supérieur, Binou, sers-toi du trépan, qu'on en finisse.

« Ne jamais laissé de survivants », c'est la devise des espions de Morgal. Somme toute, nous ne sommes rien d'autre que des assassins.

Je positionne l'instrument sur le crâne du garçon paniqué et lui perfore la boite crânienne dans un grincement de rouages mécaniques.

Il n'a pas eu le temps de beugler comme un porc égorgé mais la souffrance fut présente.

Les deux autres espions présents le détachent et partent se débarrasser du corps.

De mon côté, j'essuie mon visage et mes mains sommairement avec un chiffon. L'inconvénient dans le métier c'est qu'on s'en met partout. C'est comme la cuisine : sale mais nécessaire.

Cette fois-ci, c'est bon : le repos m'attend. Je trottine vers les terrasses de la ruine, balayées par les vents. L'automne repeint la forêt autour dans de joyeuses teintes de rouges et ocres. Ma poitrine se gonfle d'allégresse. Je rentre à la maison ; je m'imagine déjà devant une tasse de café, une confortable couverture autour des épaules. Les dragons patientent sous les vieilles arcades délabrées. J'enfourche une de ses montures ailées, derrière un elfe, et me voilà parti.




Après cette nuit tant méritée, je me réveille sur ma paillasse habituelle et revêt l'uniforme domestique. Celui d'espion traine négligemment sur ma chaise trouée.

Je descends aux cuisines pour avaler un morceau. Le cuisiner m'a encore réservé des petits croissants encore fumants. C'est avec le sourire que je rejoins la table de mes amis.

Maril et Tampë s'agitent à mon arriver et se poussent sur le banc pour me laisser une place.

— Alors ton autre travail ?

En fait ils ignorent toujours ma vie d'espion, je leur ai simplement expliqué que j'exerçais un deuxième métier dans la ville.

— Bien, bien.

Me retrouver avec eux me procure un bien fou. On parle de tout et de rien. Bref, ça me donne l'impression de vivre comme n'importe quel gnome.

Püpe nous rejoins avec son rire cristallin. Elle m'embrasse après m'avoir ébouriffé les cheveux et s'assis sur mes genoux, comme d'habitude.

J'avoue qu'avec Neisse en majordome, la vie domestique connait un certain relâchement. Mais après tout, tout le monde sait que la bonne de chambre et moi vivons ensemble. Je caresse machinalement son gros ventre qu'elle ne parvient plus à cacher sous sa jupe. D'ici deux mois, elle mettra au monde un petit garçon aussi incorrigible que son père.

Je la nargue en me servant une choppe d'alcool et continue de parler avec mes amis.

Et puis soudain, des flashs de mes précédentes missions surgissent dans mon esprit. Je les chasse nerveusement ; j'essaie de ne pas mélanger mes deux vies. N'est-ce pas ce que font tous les bourreaux ? Oublier leurs actes et faire croire à leurs proches qu'ils sont respectables et sains d'esprit ?

Le pire, c'est que je ne ressens aucune honte.

On oublie souvent qu'après leur abominable journée, les tortionnaires rejoignent un foyer avec une femme et des enfants. Comment font-ils pour se regarder dans le miroir tous les matins, me direz-vous ? Certains ne le supportent pas. D'autres comme moi, s'en moquent. C'est ainsi, c'est tout.

Toutefois, il m'arrive de repenser à toutes mes victimes, imaginer quelle aurait pu être leur vie si je ne l'avais pas abrégée si vite. Je suis plutôt étonné par ma capacité à distinguer si nettement mes deux vies.

Je décide de terminer ma bière pour rejoindre le bureau de mon maître. Je saisis le plateau de son repas et m'engouffre dans les interminables couloirs insalubres. Cependant, lorsque je parviens à la porte et la pousse, la pièce est vide : Morgal doit encore demeurer dans ses appartements.

Très bien, monsieur se paie une grasse matinée ! Ou alors est-il en train de cuver ? Je précise que depuis son voyage de noce, la santé mentale du prince s'est grandement détériorée. Il boit, se drogue et soigne sa morosité dans la violence. Selnar a abandonné son plan de conquête après de violentes disputes : devenir une femme battue n'entrait pas dans ses perspectives. Aussi a-t-elle décidé de s'éloigner de son mari.

À l'heure actuelle, même Arquen ne parvient à le raisonner. Seul Narlera ou Féathor ont encore une influence positive sur lui mai ils sont rarement là.

Je pousse la lourde porte gardée et m'avance dans son salon. Le tableau fantasmagorique pend toujours au-dessus de la cheminée, reflétant l'état quotidien de mon maître.

Je traverse le séjour, évitant de briser les cadavres de bouteille. Une douce odeur d'herbes flotte dans les airs.

Je ne me sens guère rassuré : de lointains échos me parviennent aux oreilles mais je ne perçois pas ce que murmurent ces voix. Ce lieu a toujours empesté la sorcellerie et l'invocation des esprits.

Et puis brusquement, un cri strident déchire la monotonie. Je me fige sur place, pétrifié. Un vase se brise dans la salle d'à côté en même temps qu'une lutte me parvient.

Intervenir dans un repas sanglant de mon maître est risqué mais une intuition me pousse à me mêler à la mise à mort. Je prends mon courage à demain et pousse la porte de la chambre. Mon sang se glace devant la vision horrifique qui s'offre à moi. Étendue dans une mare de sang, la victime hoquète de l'hémoglobine par caillots. Je me précipite vers elle :

— Mya !

Sa poitrine se soulève faiblement dans un horrible sifflement continu. Je la redresse contre moi pour observer les dégâts : une atroce déchirure au cou suinte sans s'arrêter. Je déchire un pan de ma tunique et le noue autour de la plaie pour stopper l'hémorragie. La souffrance lui provoque de terribles contorsions que je parviens difficilement à contenir.

Je dois pourtant la soulever pour la mener à Currunas. La panique s'empare de moi : je crains pour sa vie. D'ici quelques minutes, ce sera fini pour elle.

Mon regard se lève et je croise le bleu turquoise de ses yeux. La colère me submerge. Morgal se tient assis sur son lit, la mâchoire sanguinolente. Ses pupilles me fixent sans l'ombre d'un regret ; je serais même certain qu'un sourire effleure ses lèvres rougies.

Ma respiration se bloque : je voudrais me lever et lui arracher sa tête, laisser son corps pourrir sur les rochers de la falaise, en proie aux charognards.

Mais le cas de ma fille est imminent.

Je la soulève dans mes bras et quitte les appartements en vitesse. La tête livide de Mya cogne à répétition contre moi.

Je pousse violemment la porte de Currunas par le pied, manquant de la sortir de ses gongs. Le mage se redresse précipitamment de sa chaise devant les deux intrus :

— Binou ? Que...

— Pas le temps, m'empressé-je de lâcher, vous devez la soigner au plus vite !

Je la dépose sur une table d'auscultation, débarrassant précipitamment toutes les fioles et bouquins qui trainaient dessus.

L'elfe se penche au-dessus de la blessée et retire délicatement le tissu de la plaie. Sa grimace ne fait qu'accentuer mon angoisse. Pourra-t-il la guérir ?

— Morgal ? demande-t-il en sortant les aiguilles.

— Oui... Pourquoi l'a-t-il attaquée ? Mya ne lui avait rien fait !

Je tente de calmer la haine qui dévore mes entrailles. Mais rien n'y fait : il a porté la main sur ma fille, sur mon propre sang. Je compte bien qu'il ne s'en sorte pas impunément.

— Il déraille souvent, ces derniers temps, explique le mage, concentré sur sa tâche, je crois que la gnome venait simplement accomplir son travail. Tu as tendance à oublier qu'il est atteint d'un sérieux syndrome, Binou. Sa raison le quitte momentanément. Et ces dernières années, sa maladie ne s'est pas améliorée. La folie ne fait que croitre.

Ce n'est pas une raison pour se jeter sur Mya et lui arracher la carotide ! Malade ou pas, ce salaud va payer, j'en fais le serment. Viendra le jour où il comprendra que ces forfaits se retournent contre lui ! Et je veux voir sa face se décomposer devant sa chute.

— Elle va s'en sortir ? interrogé-je avec une boule dans la gorge.

Currunas garde le silence, attelé à ses désinfections. Enfin, il se tourne vers moi :

— Tu l'as secourue à temps, assure-t-il pour mon plus grand soulagement, qu'elle reste immobilisée pendant quelques semaines et elle pourra revivre normalement... Avec une large cicatrice.

Mon visage se contracte sous la tristesse : elle gardera les stigmates de cette agression pour toujours. La rage est peu à peu remplacée par la culpabilité : je suis en partie responsable de son sort. Rien ne serait arrivé si elle était restée en Fanyarë. Püpe avait raison : tant que l'elfe respire, jamais ma fille ne sera en sécurité.

C'est alors qu'une idée germe sombrement dans mon esprit et se développe avec assurance. Une idée de vengeance. Car il est temps que l'injustice soit palliée. Moi comme mes semblables sommes esclaves mais viendra un temps où ce seront les princes qui sombreront dans les chaines.

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