Chapitre 7

Dorgon ne s'était pas attendu à ce genre d'enseignement. Oryana l'épuisa pendant plusieurs jours à lui faire découvrir les moindres secrets de la Sylvestrë.

Il nota que sa fiancée adorait communiquer avec les poissons, surtout les gros spécimens bariolés. Pourquoi cet animal ? Elle assurait qu'elle les trouvait très gracieux et qu'ils semblaient danser sous l'eau claire. De plus, ils étaient de formidables compagnons de baignades, ce à quoi Dorgon n'osa rétorquer.

L'elfe d'acier découvrit aussi qu'Oryana et ses semblables pouvaient grimper dans n'importe quel arbre ou sur n'importe quel flanc de falaise sans la moindre difficulté. Lui qui vivait en ville, ce ne fut pas une sinécure de lui apprendre à se mouvoir aussi facilement. Mais comme l'avait assuré la ravissante jeune fille, tous les elfes étaient capables de développer de telles capacités.

— Allez, encore un effort, Dorgon !

Le concerné se demanda si les branches sous ses pieds n'allaient pas céder. Il avait beau être très léger par sa race, il n'en restait pas moins soumis aux lois de la gravité.

Heureusement, il arriva sans encombre aux dernières ramures et put enfin jeter un œil au-delà du feuillage.

— Que vas-tu me faire subir ensuite ? souffla-t-il, je ne pensais pas pouvoir grimper le plus haut chêne de cette forêt.

— Arrête de râler et regarde le paysage.

Dorgon écarquilla ses prunelles dorées, forcé de reconnaître que cet océan de verdure était magnifique à contempler. Ils étaient seuls hormis le vol épars de quelques oiseaux au plumage chatoyant.

— C'est splendide... Vers l'ouest, nous trouvons le duché d'Aldëon, tu verras, c'est tout aussi incroyable.

— C'est en bord de mer ?

— Exactement !

— Je n'ai jamais vu la mer.

L'elfe d'acier sourit en imaginant le choc que subirait sa pauvre fiancée en arrivant en Fëalocy.

— Redescendons maintenant, lança-t-elle, le dernier arrivé est un nain !

Après avoir évité quelques mauvaises chutes, Dorgon se retrouva sur la terre ferme, les muscles tirés. Heureusement qu'il ne subissait pas la fatigue à l'instar de ses semblables...

— C'est le plus vieil arbre de la forêt, assura Oryana en s'asseyant entre deux énormes racines, la reine Hirilnim a affirmé qu'il avait survécu au cataclysme de l'Ère précédente.

— Ça ne m'étonne pas... Il est colossal... Son bois pourrait fournir de très nombreux navires de guerre.

— Dorgon ! Ce chêne est sacré !

— Je plaisantais.

Pour venger l'honneur de sa forêt, Oryana faucha les jambes de l'impertinent pour le mettre à terre. Elle l'attaqua aussitôt pour ne lui laisser aucun répit. Dorgon n'eut aucun mal à la neutraliser ; il la bloqua entre ses genoux et saisit ses poignets pour l'immobiliser.

— Lâche-moi, coquin.

— Que me donnes-tu en échange ?

— Un merveilleux sourire.

— Je préférais un baiser.

Oryana rougit. Ils ne s'étaient jamais embrassés. Ni même s'étaient retrouvés aussi proches l'un de l'autre. Dorgon s'en aperçut et abandonna les poignets de sa fiancée dans le but de prendre des distances plus convenables. Mais les belles lèvres roses sous ses yeux le retenaient. Elles étaient gonflées, parfaitement ourlées et paraissaient si douces.

L'elfe blonde se redressa sur ses coudes et rapprocha son visage de celui de son fiancé. Lentement, leurs lèvres s'effleurèrent puis s'écrasèrent avec plus de force.

Dorgon l'enserra dans ses bras et approfondit le baiser. Il sentait le corps chaud de la femme contre lui, ses rondeurs tentatrices et son parfum enivrant.

— Oryana, murmura-t-il entre deux baisers.

Elle gémissait en réponse comme pour l'inciter à continuer ce qu'il avait commencé.

Cependant, il n'osa franchir la prochaine étape et n'eut d'autres choix que de laisser sa compagne haletante. Sa jupe s'était relevée sur ses cuisses nues et forcée par les choses, elle délassa le haut de son corset trop serré pour laisser sa poitrine se gonfler normalement.

— Dorgon, regarde dans quel état tu me mets.

Il se mordit la lèvre devant tout cet étalage indécent de chair.

— Ma chérie... Je te veux immédiatement.

Ses joues s'empourprèrent encore. Elle lui accorda un petit sourire et écarta timidement les cuisses. Dorgon n'attendit pas un instant pour coller son bassin au sien et se frotter à elle tout en embrassant le renflement de sa poitrine dressée.

Le jeune homme déboucla sa ceinture et baissa son pantalon sans lâcher le décolleté rougi de sa partenaire. Ce n'était plus qu'une question de temps avant qu'il ne vienne cajoler ses deux seins dodus et mordiller ses tétons insolents.

Oryana se lécha sensuellement les lèvres et vint ouvrir la chemise du jeune homme avant de venir tâter la protubérance sous son caleçon.

— Dorgon, murmura-t-elle, ne sois pas trop brutal avec moi.

Ce dernier jeta un œil sur la culotte fine qui cachait mal l'intimité de la belle. Le relief des lèvres était d'autant plus visible que le tissu était entièrement trempé.

Dorgon allait la retirer avant qu'une évidence s'impose à la princesse :

— Attends.

— Quoi ?

— Ce n'est pas bien, je ne suis pas encore ta femme. Attendons quelques jours.

Son compagnon déglutit comme pour mieux avaler ce rejet :

— Tu as autant envie que moi. Nous serons mariés dans quelques semaines.

— S'il-te-plaît...

Dorgon serra les dents et se dégagea non sans grogner de frustration. Au fond, il savait qu'elle avait raison, inutile de répéter les mêmes erreurs qu'Ilnov. Et puis, il ne souhaitait pas qu'Oryana le prenne pour un rustre. Les Fëalocen avaient suffisamment mauvaise réputation dans le domaine.

— Cela va être dur d'attendre le mariage, se désola-t-il en calmant sa respiration.

— C'est ce qui était convenu. Et puis, je t'ai offert plus que des miettes.

Il jeta un œil sur la poitrine encore tâchée par leur étreinte. Oryana remarqua son regard déplacé et resserra les fils de son corset pour l'arracher à cette vue.

— Je m'excuse pour avoir agi de la sorte, lâcha-t-il, ce n'est pas digne de moi.

Sa fiancée peinait à cacher sa gêne :

— Nous sommes tous deux coupables. Ce sont des choses qui arrivent...

— Rentrons au palais, ils vont s'imaginer des choses...

— Ils auraient raison...

Maintenant que son envie s'était calmée, Dorgon regrettait ses actes. Il avait comme l'impression d'entacher la pureté de sa relation avec sa fiancée. Dans son cœur, il la remerciait d'avoir mis un terme aux ébats. Si elle ne s'était pas interposée, il se serait dépucelé sur le champ et les conséquences auraient pu être néfastes pour leur couple. Il aurait déshonoré Oryana et lui avec. La Maison du Créateur pouvait se montrer intraitable face à ce genre de comportement.

Dès qu'ils arrivèrent au domaine, Oryana prit congé dans l'optique d'aller se rafraîchir.

Dorgon rejoignit Erwon, attablé sous un large pin.

— Te voilà enfin, toi. J'ai l'impression que tu disparais toute la journée avec ta dulcinée.

— C'est le cas.

— C'est l'amour fou.

— Ne m'en parle pas. Nous avons failli forniquer tout à l'heure.

Erwon roula des yeux :

— Je remercie le Créateur que ce ne soit pas le cas. Imagine tu meurs demain après avoir voulu débattre avec un ours ? Ou que tu te rompes le cou après avoir escaladé un énième arbre ? Cette pauvre Oryana perdrait tout avenir. Tu aurais même pu la mettre enceinte.

— Pas la peine de dramatiser la situation, nous n'avons rien fait. Enfin... « rien » n'est pas le terme exact.

— Ne me mets pas d'images en tête, je t'en prie... Au fait, je viens de recevoir une missive : il semblerait que je vais aussi devoir épouser une elfe sylvestre.

— Ce n'est pas étonnant, tu es le fils unique de la maison de Claironval.

— Oui. J'espère que ma femme sera aussi belle que la tienne.

Dorgon se mordit la joue :

— Crois-moi, il m'est difficile de résister avec une si jolie fiancée... J'espère qu'elle aimera Aldëon, elle redoute le départ.

— Et moi, je l'attends ! J'étais venu te soutenir le moral et finalement tu m'as lâchement abandonné pour venir conter fleurette à ta douce.

— Navré. C'est aussi mon rôle.

— Et tu t'en es donné à cœur joie. Je ne veux pas casser ton optimisme mais le majordome nous accompagne. Il souhaite continuer à servir ta fiancée.

L'agacement se peignit sur les traits fins du second fils :

— Dis-moi que c'est une plaisanterie. Fabius convoite Oryana. Il me déteste et je ne peux pas non plus me le voir !

— Après ce qu'il s'est passé à l'orangerie ? Je reconnais qu'il a dû s'irriter de te surprendre en train de te rincer l'œil comme un gros pervers.

— Ah ça va ! Ce type va me pourrir mon voyage avec Oryana.

— Charmant chaperon !

Erwon leva un verre en l'honneur de son ami et se réintéressa au contenu de son assiette. Les mains sur les hanches, Dorgon prit une longue inspiration ; tout rentrerait dans l'ordre une fois le mariage célébré.

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