Chapitre 26

Le réveil lui fit le même effet qu'un lendemain de cuite. Les souvenirs de ses ébats avec Oryana lui revinrent en mémoire. Rien qu'à ce souvenir, son sexe se tendit douloureusement. Il voulait recommencer, connaitre une nouvelle fois cette sensation de contrôle viril sur le corps de la petite elfe aux courbes si renversantes.

— Je pense avoir raison par apport au roi, plaisanta sa partenaire en remarquant son envie bien visible.

Il sursauta en découvrant Fayra à ses côtés dans le lit, totalement nue. Si elle s'était lavée, lui gardait l'odeur de la femme sur lui.

— Attends, rit-elle de plus belle, je vais soulager ta trique.

Dorgon frissonna d'inconfort alors que l'astre commençait la fellation. Comment avait-il pu faire une telle chose ? Il se détestait davantage, son attitude était honteuse, injurieuse et ignoble. Son corps s'était encore trainé dans la boue, dans les pires vices.

Fayra le suça avec une dévotion teintée de gourmandise jusqu'à obtenir le succès souhaité puis se rallongea près de lui.

— Dans la chatte et dans la gorge, ce sont mes principes, gloussa-t-elle, je prendrais bien de ton sperme tous les matins, il est délicieux.

Cette information graveleuse ne soutira pas plus qu'une grimace à l'elfe. En réalité, il avait envie de se faire vomir.

— Allez, décoince-toi un peu. Tu m'as sautée comme si j'étais la Reine Vierge en personne. Tu ne manques clairement pas de fougue, surtout pour une première fois avec une femme ! En revanche, ton inexpérience m'amuse encore.

— Ah ça va... Je vais prendre un bain.

L'aurore pointait à peine derrière les fenêtres ogivées. Malheureusement pour le Caprice, Fayra ne le quitta pas dans sa cuve et il fallut l'arrivée du roi et de l'intendant pour qu'elle prenne enfin des distances plus convenables.

— Vous invitez encore cette femme dans vos appartements ? grinça Ninkë, vous oubliez vite le passé, Nilcalar.

— Cesse un peu, mon ami. Fayra est une de mes loyales sujets, je l'aime beaucoup. Ce n'est pas pour autant qu'elle prendra la place de Loumi.

La concernée profita du buffet récemment garni pour rompre sa faim.

— De quoi te plains-tu, Ninkë ? J'ai cru comprendre que tu n'aimais pas quand Dorgon tournait trop autour du roi. Je l'ai occupé toute la nuit.

L'intendant s'offusqua :

— Majesté, vous laissez de tels actes immoraux se produire dans vos appartements. L'hétérosexualité est prohibée selon votre loi !

— Calme-toi, j'aime bien traiter mes invités... Même si mon Caprice a l'air esquinté. J'espère que tu ne l'as pas trop malmené, Fayra.

La femme secoua innocemment la tête et glissa le bras autour de la taille de l'elfe :

— Il a suffi de quelques gouttes de sérum pour le rendre fou amoureux de moi. Ton Caprice est un beau petit pervers.

Nilcalar se mordit les joues, incrédule.

— Il t'as susurré des insanités ?

— Peut-être... Je n'en sais rien, il parlait elfique.

Dorgon se retint de sourire : ça lui arrangeait bien qu'elle n'ait pas compris son langage.

— Mais tu parles l'elfique, continua-t-elle à l'égard du roi, il y avait un mot qu'il répétait sans cesse. Tu saurais ce que signifie le mot « Oryana » ?

Le visage de l'elfe se décomposa aussitôt. Le souverain posa les yeux sur son esclave, surpris. Un éclair de colère passa dans ses prunelles grises, de colère ainsi que de dédain.

— Cela signifie « sanctuaire de l'aube », mais c'est surtout un prénom sylvestre.

Ce fut au tour de Fayra de se tourner vers l'elfe, choquée.

— Quoi ? Qui est cette catin ! Tu m'as baisée comme si j'étais une autre ?

— Mais, se défendit Dorgon, c'est vous qui m'avez donné ce sérum, je n'y peux rien !

— Mais ce n'est pas sensée changer mon apparence à tes yeux ! Pourquoi les effets secondaires sont si différents chez les elfes ?

Ninkë conclut la dispute :

— Pour résumer, nous avons un Caprice couvert d'or qui, malgré son statut d'esclave, profite de la générosité du roi pour fantasmer sur une femme de son pays...

Le souverain ne rebondit pas sur les propos de son favori. Mais sans nul doute était-il fort mécontent d'apprendre que les pensées de son plus beau trophée s'orientent vers une donzelle à des milliers de lieux du palais. Le drôle ne s'en sortirait pas si facilement.

En attendant, il se demandait à quoi ressemblait cette fameuse Oryana. Si elle n'était pas recluse dans sa forêt, en Calca, il l'aurait bien attrapée pour la traîner au palais. À la suite de cela, il aurait pu la torturer sous les yeux de son esclave ou la forcer à assister à la soumission sexuelle de ce dernier.

Malgré lui, il était jaloux de cette maudite elfe qui, trente ans plus tard, animait encore le cœur de son Caprice.

— Dis-moi Dorgon, gronda-t-il, ne m'avais-tu pas affirmé ne pas être marié en Calca ?

Le coupable baissa piteusement la tête, révolté contre sa propre maladresse.

— Je vous ai dit la vérité, Majesté.

— Alors qui est cette femme pour qui tu oses avoir des sentiments ?

L'elfe se pinça les lèvres. Pourquoi voulait-on le tourmenter en remuant les fantômes de son passé ? Pour le forcer, la marque sur son poignet s'alluma.

— N'ayez crainte, Majesté, répondit-il, il s'agissait d'une simple connaissance de mon adolescence pour qui j'ai eu de l'intérêt. Je suis très surpris d'avoir pensé à elle.

Le roi froissa son visage :

— Quel joli menteur que voilà. Peu importe, je ferai ma propre enquête. En attendant, tu es puni. Je te rationne sur la nourriture.

Dorgon baissa les oreilles, peu enthousiasmé par cette perspective.

— Ce n'est pas fini, continua le roi, je vais t'envoyer dans l'arène.

Ninkë fronça les sourcils :

— Et s'il se fait tuer ? Six mille écus de perdus ?

— J'empêcherais sa mort. Mais si tu perds face à tes adversaires, Dorgon, je te laisserai le choix entre une nuit chez Polcamitraï ou une nuit à la caserne. Sans pilule bleue, bien entendu.

Aucune de ces deux options n'était souhaitable. Et contrairement à l'arène, il avait bien moins de chance de survivre auprès du Grand-Prêtre ou des soldats du roi.

— Je gagnerai lors des jeux, assura l'elfe.

— J'en doute, tu as bien engraissé ces dernières années ; tu manques clairement d'entraînement.

— J'ai tué cinq assassins hier.

Fayra intervint :

— Je ne peux pas inclure une troisième possibilité à la punition. Du style, je repars avec l'elfe.

Nilcalar leva les yeux :

— Excellente idée, tu vas finir avec un bâtard sur les bras à force de forniquer avec lui. Enfin... Il liquidera sa propre progéniture par honte.

— Je ne m'appelle pas Loumi, grogna la femme en croisant les bras, et puis ton Caprice a eu la décence de lâcher la sauce ailleurs que dans mon ventre.

— Je ne me séparerai pas de Dorgon. Il m'est trop précieux.

Cette déclaration ne plut guère au favori qui décida de prendre congé. Fayra fut alors invitée à rejoindre discrètement ses pénates, là où aucun homme du palais ne pourrait la croiser.

Le Caprice demeura donc seul avec son maître.

— Je sais que tu es habile avec deux lames dans les mains, reconnut le roi, je te compliquerai la tâche, crois-moi.

Sur ce, il renvoya son esclave.

Dorgon se grattait nerveusement les bras. Il se détestait pour avoir ainsi sali l'image de sa fiancée. Il y était allé sans retenue, piétinant la mémoire de la pauvre petite elfe sylvestre.

Décidément, il demeurait impardonnable par tant de bassesse. Utiliser ainsi Oryana pour prendre du plaisir, il avait l'impression de l'avoir violée.

En soit, il pensait plus ou moins à elle lorsqu'il se masturbait mais jamais d'une manière aussi directe. Il sut qu'avec ce nouveau cap passé, il ne se gênerait pas pour se représenter la femme qu'il aurait dû épouser. Au point où il en était... De toutes façons, il ne la retrouverait probablement jamais et si par miracle cela advenait, il serait bien trop sale pour l'aborder. La honte ne le quitterait pas, pas plus que ses affreuses cicatrices.

Après tout, sa dignité et son honneur n'étaient que des souvenirs lointains.

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