Chapitre 25

Une fois rentré au palais des Sables, Dorgon se précipita à la tour Soleil pour rejoindre son tigre.

Topaze était un magnifique félin au poil luisant et au caractère plutôt facile et paresseux. Il tenait plus du gros chat que du redoutable prédateur.

Le Caprice s'empressa de venir caresser les longs poils sur les joues du fauve avant de lui donner sa pitance.

De manière générale, le pavillon accueillait bon nombre d'animaux exotiques, notamment des perroquets et des perruches ainsi que des colibris et des mandarins. Dans les bassins, les poissons bariolés se mouvaient tranquillement, cachant à la perfection leur nature de carnivores voraces. Depuis le perron, bien habile serait celui à distinguer les mâchoires acérées de ces si beaux spécimens.

Dorgon restait le seul à pouvoir s'y baigner ; toutes les bêtes le connaissaient et comprenaient ce qu'il leur disait. Aucune ne lui montrait la moindre agressivité.

Mais parmi toute cette ménagerie, Topaze remportait la préférence incontestée du maître des lieux. Le tigre venait ronronner contre l'elfe avant de s'étaler au pied du lit comme un chien fidèle.

Le Caprice sourit et s'assit à sa coiffeuse pour se remaquiller. Pas évident lorsque le miroir en face est brisé.

Le fils de Lanclif ne supportait plus son reflet depuis bien longtemps...

Alimar vint le sortir de sa solitude :

— J'ai croisé Wimal ; tu es demandé dans les appartements royaux.

— Bien... Comment se déroule la vie au sérail ?

L'elfe roux sursauta à la vue de Topaze mais comme ce dernier ne le calculait pas, il se résolut à répondre :

— Plutôt bien, nous n'avons pas de morts à déclarer ces derniers temps. Je crois que le Grand-Prêtre n'a plus le droit de toucher à nos semblables.

— L'eunuque m'a rapporté qu'il avait fait appel aux Berserks pour trouver son propre Caprice.

— Je plains l'infortuné qui tombera dans leurs filets...

Dorgon termina de poser son fard et se tourna sur son pouf pour faire face à son semblable :

— Les vacances sont finies pour moi avec le retour du roi. Je peux peut-être faire quelque chose pour le harem ?

Alimar s'adossa au panneau de papier peint et haussa les épaules :

— La seule chose dont on a besoin est notre liberté.

Le Caprice sourit :

— Personne à condamner ? Je peux jouer de mon influence sur le roi, tu sais bien.

— Dans ces cas-là, peut-être que nous ne pleurerons pas la disparition de Javar.

— Javar ? Je ne crois pas le connaître... Ne serait-ce pas un courtisan avec une longue chevelure blonde et une moustache ?

Alimar hocha la tête :

— Il convoite la couche du roi, à ce que j'ai compris et il voit d'un très mauvais œil la présence des elfes.

— On mord sur son terrain de chasse ?

— C'est à peu près ça. En plus de blesser nos semblables pendant les orgies, il s'appuie sur la religion pour dénoncer le recours à des elfes pour la consommation sexuelle.

— Je vois... Si ses idées cheminent à la cour, nous serons bon pour une exécution ou pire, le Harem sera relégué à la convoitise des plus tordus... J'en parlerai au roi, ce soir.

— Merci... Et toi, comment te portes-tu ?

Dorgon tira la lèvre inférieure en signe d'ignorance. Machinalement, il tripota son pendentif et avoua :

— Je ne ressens plus grand-chose, Alimar. Trente ans se sont écoulés depuis mon arrivée... Calca ne tardera pas à être un souvenir lointain, une image vaporeuse dont ma mémoire ne parviendra à rappeler la splendeur et le bonheur que j'avais.

— Raccroche-y toi toujours, Dorgon. C'est pour ce bonheur que nous devons nous battre et nous venger.

Le Caprice hocha la tête et se leva pour rejoindre les appartements royaux. Après une dernière caresse à un Topaze ronronnant et un salut à un Alimar toujours aussi loyal, il emprunta le couloir qui le menait directement chez Nilcalar. Il faudrait avancer ses pions avec minutie pour faire supprimer ce fameux Javar.

Le roi attendait dans son salon, avachi sur un canapé. Son invité manqua de clouer Dorgon sur le pas de la porte.

Assise sur un fauteuil marqueté de nacre, une astre conversait avec le souverain. Son épaisse chevelure de blé se relevait dans un chignon tressé, s'accordant parfaitement avec sa longue robe de taffetas bleu nuit.

La femme cessa de parler à la vue de l'elfe :

— Tu as un nouveau Caprice, Nilcalar ?

— Je vois que tu n'as pas mis les pieds à Atalantë depuis un moment, Fayra.

— Et pour cause ! Tu m'envoies jouer les intrigantes chez Wendu.

Fayra quitta son siège et s'approcha de l'elfe :

— Comment t'appelles-tu ?

Le Caprice resta interdit, ne sachant comment se comporter. Il n'avait pas vu de femme depuis plusieurs décennies ; n'étaient-elles pas bannies par le roi lui-même ? Qu'est-ce que cette astre faisait là ?

— Fayra, je te présente Dorgon.

— Dorgon ? Il est plus beau que le précédent, c'est sûr. Je regrette simplement que tu les maquilles de la sorte, c'est affreux.

— La mode de Lombal diffère de celle d'Atalantë.

La femme acquiesça et rejoignit le roi avant de souligner :

— Tu te sers de moi comme espionne mais tu pourrais aussi utiliser les gnomes, ils sont habiles que ce soit dans les missions furtives ou lors des combats.

— Dorgon m'a déjà sauvé la vie, assura fièrement le roi, il a éliminé des assassins pas plus tard que ce matin. Mais je refuse de l'envoyer sur le terrain, il m'est trop précieux.

Fayra releva sa frange comme pour mieux observer l'esclave :

— Je comprends... Tu me le prêtes ?

Nilcalar manqua de s'étouffer avec son raisin :

— Quoi ? Pas question !

— Après tout ce que je fais pour toi, tu pourrais me récompenser un peu !

— Choisis un autre elfe, si tu le souhaite, mais pas mon Caprice !

— Tu crains qu'il éprouve plus de plaisir avec moi qu'avec toi ?

— Ne dis pas d'absurdité, je suis un excellent amant. De plus, il ne sait pas se servir de sa queue.

— Parce que tu es un homme !

Décidée, Fayra appela l'elfe :

— Approche-toi. Voilà, dis-moi, tu préfères ma compagnie ou celle du roi ?

Dorgon ne savait où se mettre. Cette dame n'était pas moins dévergondée que les hommes d'ici. Il se permit de l'observer en détails. Fayra était loin d'être laide avec ses lèvres gonflées et ses grands yeux bleus luisants. Son visage long laissait transparaitre des émotions vives et fugaces ; lorsqu'elle se leva pour confronter l'elfe, il nota qu'elle faisait sa taille mais il ne sut définir sa corpulence sous sa robe adaptée aux lourdes chaleurs de la saison.

— Je préfère ce que mon maître décide pour moi, répondit simplement Dorgon pour éviter d'envenimer la situation.

— Quelle jolie manière de cacher ton envie, mon chou.

— Fayra, gronda le roi par derrière, Dorgon ne partage pas la même orientation sexuelle que toi.

— Balivernes, c'est un elfe. Tu savais que les hommes de cette race adoraient violer sauvagement leurs femelles ? Ils les sautent jusqu'à les engrosser. J'ai entendu dire qu'ils aimaient en faire de même avec les femmes des autres peuples.

— Vu la tête qu'il tire, je n'ai pas l'impression que ce soit vrai...

En effet, Dorgon serrait la mâchoire pour ne pas laisser paraitre son véritable ressenti. De telles calomnies étaient inacceptables mais il n'avait d'autre choix que de les endurer. Fayra sourit et vint caler sa main sous l'entrejambe de l'elfe pour en soupeser le contenu.

— Allez Nilcalar, c'est parfaitement mon style d'homme !

— Tu voudrais qu'il te blesse ?

— Il ne peut rien me faire, j'ai l'arabesque noire sur le front.

Le roi souffla longuement et capitula :

— Amuse-toi avec lui si ça te chante, je passerai la nuit avec Ninkë. Tu me revaudras ça, Fayra, rappelle-toi de quelle manière j'ai le droit de te traiter dans ce palais.

— Si tu me pends, tu perds ton meilleur espion !

Ces mots étant dits, l'astre tira gaiement son nouveau partenaire dans une alcôve annexe. Elle tira les rideaux et détacha les fibules de sa robe.

Désarçonné, Dorgon s'assit sur la couche et la regarda se déshabiller. Contrairement aux elfes, Fayra était formée avec une générosité qui n'inspirait en rien la pitié. Ses hanches larges se balançaient à chacun de ses pas alors que ses cuisses rondes parfaitement renflées laissaient apparaitre des petites traces brillantes sur la zone intérieure.

— Excuse-moi si je mouille aussi vite, mais c'est la première fois que je rencontre des phéromones elfiques aussi puissantes.

Elle posa un genou de chaque côté de l'elfe et prit son visage en coupe. Il était rouge de gêne.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Tu es réellement impuissant ?

Dorgon dégagea sa tête. La poitrine de sa maîtresse se gonflait successivement sous son nez ; étant bien lourde, elle ballotait pernicieusement contre le torse masculin.

— Pour être très honnête, je n'ai jamais couché avec une femme...

Fayra éclata de rire et glissa la main dans le pantalon de l'esclave :

— Alors je vais me faire un plaisir de t'initier et te montrer comment donner un orgasme à une jolie dame.

Dorgon serra les dents, mal à l'aise. Sa compagne riait de son inexpérience, cajolant sans pitié ses parties intimes.

— Retire ton pantalon et ton gilet, que j'y vois plus clair.

Il s'exécuta et ne se retrouva vêtu que de ses bijoux. Pour la première fois depuis longtemps, l'elfe cherchait un artifice à se soustraire de ce rapport. Faire l'amour avec une femme de la sorte le rebutait fortement. C'était comme tromper, car il pouvait y trouver un plaisir sincère.

— Fayra, vous êtes une astre, je ne peux éprouver de l'attirance. Il me sera compliqué de coucher avec vous...

La concernée haussa les sourcils. Que lui racontait-il ? Il n'était pas question qu'elle le laisse filer, monté comme il était.

— On verra ça plus tard, pour l'instant, je vais t'apprendre quelques petits fondamentaux.

Sans le prévenir, elle lui prit la main et la posa contre sa vulve pour l'inciter à la doigter. Elle le guida dans ses gestes pour déterminer les zones érogènes et commença à gémir alors qu'elle se laissait couler sur les doigts de son partenaire. De son côté, Dorgon ne sentait aucune étincelle de désir. Fayra était une belle femme mais il ne parvenait à se dégeler. Peut-être devait-il y mettre un peu plus du sien comme le conseillait Wimal ?

Il la coucha sur le lit et l'embrassa avant de venir caresser ses seins et sa taille. Mais Fayra avait beau solliciter son membre, il ne parvenait à durcir, le dégoût étant le premier sentiment qui lui venait.

— Tu n'es pas facile à contenter, toi ! s'exclama l'astre, j'ai quelque chose pour y remédier.

Elle fit apparaitre un flacon entre ses doigts et glissa le contenu entre les lèvres de l'esclave avant qu'il n'ait pu comprendre la manœuvre.

— Cela trouble un peu l'esprit mais en général, ce petit remontant ne manque pas d'efficacité.

Dorgon devina qu'elle lui avait administré une sorte d'aphrodisiaque, le premier depuis sa détention à Atalantë.

D'ailleurs, il se demanda s'il fonctionnait sur sa race, car il ne vit aucun changement. Mis à part qu'à la place de Fayra se trouvait Oryana, ses beaux yeux verts luisant de désir. Sa chevelure bouclée dévalait sur son corps nu, exhibé lascivement. Elle était bien plus grâcieuse que l'astre, bien que très dodue. Sa poitrine était plus pulpeuse, plus ferme avec des seins gonflés et rebondis. Sa peau dorée appelait l'homme à la caresse alors que ses cuisses potelées s'ouvraient sur un sexe délicat, déjà trempé.

— Je vois que tu apprécies le spectacle, gloussa-t-elle en venant flatter l'érection de son partenaire.

Dorgon déglutit. Son corps n'avait pas mis longtemps à le trahir devant un tel tableau ! Il comprenait que c'était une hallucination mais ce constat s'évapora aussitôt de son esprit. Tout ce qu'il retint était qu'il demeurait seul avec la femme de sa vie, dans une chambre, prêt à faire l'amour.

Sans plus tarder, il se cala entre les cuisses chaudes de l'elfe et la serra dans ses bras avant de lui dévorer les lèvres. Son sexe tendu et trempés n'attendit pas plus longtemps avant de pénétrer dans le vagin qui s'offrait à lui. Commença alors la partie où le plaisir le submergeait à chaque coup de rein. Il adorait la sensation que lui apportait cet échange, enfin le sexe lui paraissait enviable, voire bien plus, indispensable. Il sentait son cœur accélérer, le sang gorger sa hampe alors qu'il continuait à aller et venir. Le visage transi d'Oryana l'encourageait à la fourrer de plus belle ; il lui mordait délicatement la gorge, venait sucer ses seins avant de les pétrir entre ses doigts.

Tout cet érotisme le faisait gémir fortement et la mélodie de la jolie elfe accompagnait son chant de plaisir.

Sentant qu'il allait bientôt éjaculer, il se retira et retourna sa partenaire sur le ventre avant de lui relever le bassin. S'il pensait que de dos, son excitation se calmerait un peu, ce ne fut nullement le cas. Les fesses d'Oryana étaient si charnues et l'entrée de son écrin si tentatrice, qu'il ne put se retenir à la pénétrer une nouvelle fois et à buter fougueusement jusqu'à la garde. Les claquements de chair se mêlaient aux cris du couple. Poussé dans ses retranchements, Dorgon recula subitement, les oreilles rougies par le plaisir. Il prit sa compagne dans ses bras et répandit sa semence sur son ventre rond.

Il lui fallut un moment pour reprendre ses esprits, mais après un tel acte, il préféra s'endormir, Oryana contre son cœur.

Fayra, espionne d'Atalantë, astre.

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