Chapitre 18
— De quoi vivent les terres de Narraca ? De ce que je sais, les déserts occupent la majorité du territoire.
Nilcalar s'amusa de la curiosité de son Caprice. Loin d'être fermé, il s'intéressait à tout :
— Nous avons la bettaria, une plante particulière capable de pousser dans les climats les moins cléments. Cette petite pousse noire dispose de plusieurs vertus : la première est qu'elle est composée d'une charge valique très forte. Elle est comestible et son jus désaltère. Beaucoup de peuples la recherchent et nous en achètent.
— Je vois... Les humains sont réduits en servitude, aussi ?
— Exact. Ils n'ont pas de magie coulant dans leurs veines. Nous exploitons leurs terres et attendons un rendement annuel. En contrepartie, nous les protégeons et les gardons des maladies par nos remèdes valiques.
L'elfe hocha la tête pour enregistrer ces informations.
— Pourquoi rejeter les femmes ?
La question déplut quelque peu au roi :
— Les instances du gouvernement sont contrôlées par le culte de Démonia. La religion est omniprésente à Atalantë, elle contrôle la cour. Le Grand-Prêtre Polcamitraï a vu son autorité menacée par la reine Loumi, ma défunte femme.
— J'imagine qu'elle a perdu le bras de fer.
— Je l'ai pendue. Elle m'insupportait avec sa fausse bienveillance à l'égard du peuple. Son hypocrisie me pesait. En réalité, elle s'était amourachée d'un lumbars.
Ce détail étonna l'esclave.
— Un lumbars ? En Narraca ? Je croyais que son peuple vivait exclusivement dans les contrées nordiques ?
— Ils étaient soumis en esclavage. La reine s'est prise d'affection pour l'un de ses géants. Elle a ensuite fait quelque chose d'abominable.
— Ah oui ?
Nilcalar baissa d'un ton.
— Elle a donné naissance.
Dorgon garda le silence. Il pensait les femmes astres stériles. Mais force était de constater qu'il s'agissait plutôt des hommes.
— Enfin, continua le roi, vos femelles font bien la même chose, après tout.
— Je ne serais pas là si ma mère s'en était abstenue...
— C'est vrai... Je ne conçois pas que tu aies pu être un enfant, un jour. Même si l'expérience eut été intéressante.
La remarque eut le mérite de couper l'appétit à l'esclave. Après tout, il n'avait que dix-huit ans et entrait à peine dans l'âge adulte.
— Ne me dis pas que tu as une progéniture quelque part, insinua le roi.
— Non, Majesté, j'étais trop jeune. Et quand bien-même, elle serait trop loin d'Atalantë.
— Voilà qui me rassure, je préfère savoir où mon Caprice traine.
Sans prévenir, Nilcalar glissa la main dans le pantalon de l'elfe pour saisir ses attributs virils. Dorgon se statufia, refusant même de respirer alors que les attouchements continuaient sous sa ceinture. L'astre lui baissa son foulard et commença à lui lécher le visage ce à quoi il ne put réprimer une grimace de répulsion. Il voulait juste attendre que ce moment désagréable cesse mais le roi continuait ses gestes obscènes et ses ignobles grognements de contentements le poussaient à ouvrir la porte pour s'enfuir. La marque l'en empêchait, bien entendu.
Par miracle, Nilcalar s'arrêta et reprit une saine distance avec son esclave :
— Nous allons descendre et longer la berge du fleuve, j'étouffe dans cette caisse.
Encore perturbé, Dorgon garda le silence et suivit docilement son maître hors de la voiture. La fraicheur de l'eau n'était pas négligeable. Sur les quais, les étals se succédaient dans des senteurs d'épices et de fleurs.
— As-tu toujours faim ? demanda le roi.
Autour de l'escorte, les hommes se rapprochaient avec des regards curieux. Dorgon hésita mais aussitôt son ventre gargouilla en réponse claire.
— J'imagine que tu n'avaleras rien à base de viande. Je peux te proposer les boulettes de riz à l'algue et au safran. C'est une spécialité, j'espère qu'elle te plaira.
Il accepta, surpris que le roi s'adresse directement au commerçant et passe commande. Finalement, il ne semblait pas trop déconnecté de son peuple.
Ils continuèrent leur chemin, longeant les ravissantes embarcations chargées de fleurs. Ces couleurs vives lui rappelaient Calca...
Un moment donné, Nilcalar prit la main de l'elfe et le tira entre deux maisons. Dans la ruelle étroite, il plaqua Dorgon contre le mur en torchis et le déculotta pour le pendre sèchement.
— Majesté ! gémit l'esclave pris au dépourvu.
— Moi aussi, j'ai faim. Il va falloir que je te fourre suffisamment de fois pour me calmer.
La lèvre de Dorgon tira sur le côté dans une grimace d'aberration ; cet astre n'était autre qu'un vulgaire chien en rut. L'entendre haleter dans son dos était ignoble et il vint à imaginer quel genre de torture il pourrait concevoir pour se venger de tous ces affronts. Alors qu'il se faisait secouer contre le mur, il ne put s'empêcher de sourire en pensant à l'instant où il serait libre d'agir.
Et puis ses réflexions sanglantes furent interrompues lorsqu'il fut jeté à quatre pattes sur le sol terreux. C'est à cet instant qu'il se rendit compte que l'escorte du roi était toujours présente à la sortie du boyau et qu'elle ne ratait rien du spectacle. Apparemment, elle était quelque peu habituée aux frasques du roi et elle ne s'étonnait guère de le voir en pleine levrette à l'extérieur du palais. Les ongles peints de l'elfe raclèrent la poussière et ses mains crispées se retenaient de se serrer pour frapper.
Dorgon en avait assez de se faire malmené de la sorte, blessé et humilié, alors que son maître le culbutait de plus belle. Ce détraqué aurait au moins pu trouver quelque part dans sa personnalité tordue la décence de ne pas jouir aussi fort.
Pour un moindre mal, Nilcalar finit assez rapidement le rapport. Pendant quelques instants, il resta accroché à son partenaire en soufflant péniblement. Exaspéré, Dorgon se détacha et regagna tant bien que mal le carrosse. Le roi ne tarda pas à prendre place à ses côtés sur la banquette, la respiration encore difficile.
L'elfe ne put s'empêcher de lui adresser un regard noir avant de caler un coussin sous ses fesses.
— Vous me faites mal, se plaignit-il, vous êtes une brute, Majesté.
Le coupable ricana et reboucla sa ceinture :
— J'adore tes gémissements, c'est pour ça.
— Sans surprise, ce ne sont pas des gémissements de plaisir.
— Ne me prends pas la tête, je suis certain que tu as apprécié.
— Mmmh... attendez que je cherche... la réponse est non.
— Tu n'es pas amusant.
Dorgon haussa les épaules et se cala dans un coin. Il avait mal. Mais la colère dominait ses émotions.
— Tu m'en veux, Dorgon ?
Il haussa les sourcils, sidéré par cette question.
— Vous en vouloir ? Mais pourquoi donc, Majesté ?
— Sarcasme.
— Qu'importe, je suis votre esclave. Pourquoi aurais-je voix au chapitre ?
— C'est vrai. Et puis, tu finiras par apprécier, une fois que j'aurais déconstruit tes schémas familiaux. Tu n'auras plus envie de t'accoupler avec des femmes, même avec celle de tes rêves.
— C'est tellement mieux de se faire sodomiser sous les yeux de votre garde personnelle !
— Dorgon, je vais utiliser la marque si tu continues.
— Mille excuses Majesté, la douleur me rend irrespectueux.
Nilcalar secoua la tête : quel curieux Caprice avait-il déniché ? Ce gnome impoli le surprendrait toujours. Il se demanda si le drôle avait une maîtresse en Calca. Séduisant comme il était, ce n'était pas improbable. Son esprit pervers commença à élucubrer une scène licencieuse où son Caprice prenait du plaisir avec une jolie elfe. Il était presque jaloux de la figuration qu'il s'imaginait.
— Tu copulais souvent en Calca ?
— Majesté, je ne suis pas un animal. Le terme est mal choisi.
— Tu n'as pas répondu.
— Eh bien, je n'étais pas marié alors non, et puis, je suis très jeune.
— Je suis le premier à t'avoir mis dans mon lit ?
— Oui.
Le roi aimait cette réponse. Il pouvait ainsi initier son esclave à la chose sans qu'il n'ait à repasser derrière une femme.
Dorgon lui appartenait pleinement, il savait qu'il pourrait bientôt se servir de lui. L'initier à ses noirs desseins.
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