Cette fois, nous avions voulu innover un peu le concept et proposer quelque chose de différent !
La phrase de lancement (juste ci-dessous en gras) était la même, mais les participants non. Ce qui a donné deux versions d'un même thème.
Voyez par vous même ;)
Monsieur Lebrun était un vieil homme à la retraite qui aimait par-dessus tout la routine et le calme. Malheureusement, aujourd'hui était le jour de la fête de la musique, et monsieur en grinçait déjà des dents. Ne faites pas confiance aux apparences. Monsieur Lebrun avait un plan...
Merci à nos écrivains :
messorem666 , , Shannazue , _hypnose , AnyComeback , TragicBird
Une fête électrisante
Depuis plusieurs jours, maintenant, il travaillait sur un projet top secret qui avait pour objectif de ruiner la fête de la musique de son village.
Son but : trouver une enceinte assez forte, pour concurrencer celle de la fête et passer la chansonnette de casserole de sa femme, enregistrée sous la douche. Comme ça il pleuvra peut-être et la fête sera annulée !
— Mais ça va pas, Marcel ! Hors de question qu'ils m'entendent chanter. Si tu veux vraiment tout gâcher, pars donc en mission sur place.
Pas bête, Henriette.
Le vieil homme sortit donc sa vieille guitare, qui n'avait aucune réelle utilité étant donné qu'il ne savait pas en jouer, et entreprit tout d'abord un petit entraînement avant le plan ultime : énerver sa femme autant qu'il voulait énerver la ville.
Henriette soupira devant son mari. L'idiot venait de faire rompre une corde à l'instrument. Au moins, ce ne fut pas les nerfs de la vieille femme qui venaient de lâcher.
Quoi que la cacophonie est au rendez-vous ! Ceci est aussi dérangeant pour les oreilles que leurs électro, qu'ils osent appeler de la musique !
Décidé, Marcel prit l'instrument avec lui et sortit à l'extérieur. La foule était dense, dansait dans la rue et devant les scènes installées, tout en buvant des bières.
Le vieil homme s'en moquait bien, d'être ridicule ; il voulait gâcher cette fête à tout prix. La raison de cela remontait à sa jeunesse, où le jeune homme qu'il était, avait des rêves de grandeur...
Ce jour-là, sa faculté avait organisé une soirée à laquelle il avait décidé de se présenter. Pour la première fois, il allait partager sa musique, son monde. Cela pouvait sembler ridicule pour certaines personnes, mais c'était un grand pas pour lui, grand timide qu'il était.
Il avait travaillé sur un morceau original depuis plusieurs mois. Il se voyait déjà adulé par ses camarades, et même devenir une star locale. Mais tout vira au drame...
A cause du roadie qui a décidé d'installer les amplis, sans les couvrir et qu'il a commencé à pleuvoir gâchant plus de mille euro de matériel, juste avant le spectacle et ses rêves de gloire en cette unique occasion !
Sans le sou, il n'avait pu racheter du matériel et son rêve s'était envolé. Depuis, la haine envers la musique ne l'a plus quitté et, chaque année, cette fête l'insupportait tant qu'il voulait la gâcher.
La première fois que l'envie de revanche a animé son cœur, il avait tenté de jouer au DJ ; mais il a remarqué que cela faisait plus rire les jeunes qu'autre chose. Alors toutes les fois d'après, il essaya de trouver des idées plus inventives et machiavéliques les unes que les autres...
En vain. Il avait beau tenter de nouvelles choses chaque année, rien n'y faisait, toutes les personnes présentes se mettaient systématiquement à rire et applaudir. Mais il savait que ce n'était pas des applaudissements d'encouragement. Au contraire, ces claps étaient leur manière de se moquer de sa personne.
Monsieur Lebrun avait donc développé au fil des années une aversion puissante pour la musique, art qui lui avait échappé. Aujourd'hui était un grand jour, le jour de son Triomphe ; enfin il se vengerait des moqueurs, des ricaneurs et des donneurs de leçons : il anéantirait la Musique.
Il ne lui restait que le plan ultime. Celui pour lequel il avait réfléchi des années durant : faire disjoncter tout le réseau électrique de la ville !
C'est d'un pas décidé qu'il se dirige vers la centrale électrique, uniquement munie du sécateur voler aux jardiniers du voisin.
La bâtiment derrière la mairie était le lieu où se trouvait le réseau électrique de la ville. L'objectif : tout couper et déambuler dans la rue avec sa guitare acoustique.
Il n'avait pas peur, ni des autorités, ni de possibles blessures, ni de ce qui pourrait simplement arriver de mal. Sa haine l'aveuglait, et ses pas, dictés par cette dernière, se dirigeaient fermement vers la centrale. Mais il y avait des gardes à passer, et des excuses à inventer...
Il savait exactement ce qu'il devait faire. Habiter près d'une centrale électrique signifiait que nombreux de ses voisins y étaient des employés. Et effectivement, l'un des gardes à l'entrée était son voisin du 5e étage, avec qui il buvait occasionnellement au bar derrière la librairie.
— Dan ! Comment tu vas ? Heureusement que t'es là, figure-toi que Jack m'a demandé de lui apporter ce sécateur, surprenant.
— Jack ? Non c'est pas surprenant vu la taille de son jardin. Il est derrière dans les locaux techniques. Entrez Monsieur Lebrun, mais ne reste pas longtemps. Je pourrais avoir des problèmes, vous comprenez. Le garde passé, tout fut facile. Il repéra sur le plan général les disjoncteurs liés à son quartier qui permettaient aux hauts parleurs de hurler la musique et regardant autour de lui, il actionnant le bouton rouge d'urgence.
Une alarme se déclencha dans toute la ville. Marcel Lebrun s'était trompé de bouton, et avait déclenché l'auto-destruction de la centrale.
Une alarme retentissante résonne dans les locaux, celle-ci est accompagnée d'un timer de cinq minutes sur le tableau de bord, soit dit en passant un chronomètre bien trop court pour sortir, le requiem de mr lebrun à sonner !
— Daaaaaannnnnnnn ! J'ai fait une bêtise !
Il appela son voisin à la rescousse, car s'il en voulait à la musique, il ne souhaitait pas mourir sur cette note funeste.
Dan ne vînt pas tout de suite. Et notre héros attendit, les secondes passant devant ses yeux paniqués, la sueur coulant sur son front. Le moment se rapprochait de plus en plus, et personne n'arrivait.
Sans réfléchir davantage, il se mit à courir vers la sortie. Il pouvait entendre le compteur et à chaque seconde, il accélérait sa cadence. Lorsqu'il vit les portes de l'entrée de la centrale, il fut pris d'une énergie inconnue et fonça contre les portes qui s'écartèrent, le laissant tomber lourdement au sol. Grognant de douleur, il releva la tête et remarqua qu'une foule lui faisait face.
Parmi les visages connus ou moins connus, celui de Henriette prit forme au moment où l'alarme stoppait. Dan, surgi de nulle part, le prit par le bras et le releva.
— Marcel, les habitants souhaitent que tu nous joues un petit morceau de ton choix, dit son épouse.
Etonné, il chercha la moindre trace de moquerie, le moindre sourire en coin. Rien. Tous étaient avenants et aimables. Une petite musique commença, Léon, son petit-fils, jouait les premières notes de la "Lettre à Elise" qu'il lui avait enseigné il y a si longtemps. Alors Marcel Lebrun saisit sa guitare et il osa.
***
Merci à nos écrivains :
Mayarahnee , Gensana , mangeur_de_livre
Une lettre d'excuse ? C'était trop simple !
Pour commencer, il devait s'assurer de passer inaperçu au milieu des badauds, aussi décida-t-il de porter un vieux t-shirt à l'effigie d'un groupe de rock qu'il détestait, offert par son fils vingt ans plus tôt. Une casquette et des lunettes de soleil, et le voilà prêt.
Pas de temps à perdre, mais voilà que déjà un obstacle de taille se dressa sur son chemin : ses voisins. Il était connu de tous que Monsieur Lebrun n'était pas du genre sociable. En passant le long des haies bien coupées, le vieil homme fit tout son possible pour imiter les meilleurs films d'espionnage.
C'était sans compter sur le fils des voisins qui sortit en même temps que lui. Celui-ci se rendait en ville pour assister aux concerts sauvages. Quand il vit le t-shirt du vieil homme, malheur, il s'avança vers lui les yeux heureux et le regard curieux :
— Vous connaissez ce groupe ? Il est trop bien ! Je pensais pas que vous écoutiez ça !
Si extérieurement, Monsieur Lebrun veillait à garder une attitude neutre, intérieurement, il fulminait. Cet idiot lui faisait perdre du temps, sans compter qu'il n'avait aucunement l'intention de causer de cette musique pour décérébrés sautillants. Il grommela :
— Ouais, ouais. Il faut bien s'occuper pendant sa retraite...
Pensant pouvoir s'échapper après avoir répondu, il tenta de prendre la direction opposée à celle du garçon. - Vous allez où ? Il parait qu'il y a des artistes qui jouent le même style de musique ! Venez, je vais vous emmenez ! pépia le jeune homme.
Et zut ! Cachant son embarras, Monsieur Lebrun emboîta le pas de son voisin, avant de réaliser qu'au contraire, sa présence à ses côtés pouvait fortement lui servir. S'il manœuvrait bien, son plan avait toutes les chances de fonctionner.
Après avoir traversé les quelques rues menant au parc voisin, ils découvrirent le son crissant et peu harmonieux d'un groupe de rock débutant. Bien que les quelques jeunes présents se déhanchent dans un mélange de corps et d'alcool, le vieil homme n'était pas venu pour "apprécier" cette ambiance festive.
Sa tentative précédente de fuite n'ayant pas fonctionné, il décida de procéder autrement, il s'approcha de la foule présente autour des criards. Quand il fut certain que l'attention de son accompagnateur était focalisée sur le spectacle. Il recula doucement. BAM.
Il vacilla et se rattrapa de justesse, avant d'adresser un regard furibond au malotrus qui avait osé se tenir sur son chemin. Néanmoins, son courroux se mua en stupeur lorsqu'il vit la femme qui se tenait derrière lui. Mais... qu'est-ce qu'elle faisait là ?
Sous ses yeux ronds de stupéfaction, il découvrit nulle autre que sa fille. Elle aussi semblait surprise, mais cette expression sur son doux visage se mua tout aussi vite en dégoût. Visiblement, elle ne semblait pas ravie de ces retrouvailles...
— Qu'est-ce que tu fais là ? grogna la jeune femme. Tu viens essayer de saccager la fête ? Comme lors de mon concert ? Tu me dégoûtes. L'homme ne put répliquer, la femme s'enfonçait à nouveau dans la foule.
Troublé, Monsieur Lebrun porta un regard hagard vers le groupe de rock devant lequel il se tenait. Sophie le détestait toujours.
En même temps il n'y avait rien d'étonnant à cela quand on savait l'éducation stricte que le vieux monsieur lui avait fait subir. Mais à cet instant, perdu au milieu de la foule et du bruit qu'il haïssait tant, rien ne comptait plus à ses yeux que sa fille. Malheureusement, cette dernière se faufila parmi les danseurs et disparut de sa vue.
Le cœur serré, le vieil homme continua sa route. S'il ne pouvait pas renouer des liens avec sa fille, il se devait au moins de poursuivre son plan. Pour elle, pour eux. Sortant une carte de sa poche, il relut avec attention les informations qu'il avait notées.
Tout d'abord, trouver le stand de la buvette. Normalement, il devait être installé près de l'église. Toujours confus par sa rencontre aussi brève que consternante avec sa fille, il fila jusqu'au stand sans un regard pour les nombreux groupes désireux de partager leur passion.
Il parvint finalement au pied de l'immense édifice religieux. Depuis plusieurs semaines il avait repéré les lieux et le matériel utilisé pour mettre au point son plan. Et ses nombreuses années en tant qu'ingénieur dans une entreprise d'électricité allaient fortement l'aider..
Il commanda à boire, pour passer incognito, et chercha rapidement les câbles des différents projecteurs. Sortant, un plan de sa veste, il sectionna habillement tout les câbles des différentes scènes, sauf une. Celle de...
Daily Road, le seul groupe de country de la fête. Aussitôt, plusieurs exclamations jaillirent des quatre coins de la rue principale. Les musiciens s'indignaient, les badauds s'inquiétaient.
Mais sur le visage de notre Monsieur Lebrun, un immense sourire se dessinait. En l'espace de quelques minutes, les habitants se mirent à déserter les places, et les musiciens furieux de ce traitement de faveur se mirent à huer le pauvre groupe de country.
Cependant, maintenant que toute l'attention était focalisée sur ce groupe, le vieil homme put profiter du spectacle sans que cela paraisse suspect ! Sur scène, plusieurs jeunes adultes, dont une touffe brune qui lui était familière.
Le cœur plus léger, il observa le meilleur ami de sa fille tenter de faire abstraction des autres groupes furieux pour livrer une prestation décente, mais il se fichait de cette dernière. Tout ce qu'il voyait, c'est que Sophie allait inévitablement se trouver parmi le public proche. La country était son genre de prédilection, elle était forcément là pour Daily Road.
Soudain il la vit. Elle était là. Il fallait qu'il fasse quelque chose, n'importe quoi. Il prit alors son courage à deux mains, monta sur scène, et dans un silence total entama ce discours qu'il avait répété des dizaines de fois :
— Euh... Bonjour ? Sophie, ma petite fille, je suis désolée pour ce concert que je t'ai gâché, je ne voulais pas... Cependant, aujourd'hui, avec l'accord de Daily Road, je te propose de monter sur scène et cette fois-ci, je serais de ton côté...
Les joues brûlantes, le vieil homme implora sa fille du regard. Ce n'était pas ce qu'il avait prévu, tous les câbles devaient sauter, mais revoir sa fille, entendre ses reproches aussi amers qu'à l'époque l'avaient bouleversé. Il devait saisir l'occasion... et il l'avait fait.
Doucement, la jeune femme pouffa et d'un pas assuré monta sur scène le rejoindre. Elle attrapa le micro et murmura à son père :
— Tu ne changeras jamais. Tu as le don pour rendre tout compliqué, mais aujourd'hui au moins tu n'auras pas tout gâché.
Sous les regards perdus des spectateurs, la jeune fille récupéra le micro, se tourna vers les musiciens. Elle reçut un clin d'œil de son ami qui tentait de la rassurer. Un rythme original commença alors, et prenant son courage à deux main, Sophie se mit à chanter une chanson de sa composition. Monsieur Lebrun, heureux de voir sa fille si épanouie, défia le public de continuer à huer le groupe. La foule, dans un premier temps surprise, finit par se laisser emporter par la mélodie et les danses reprirent.
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