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Texte écrit sur la base de cette photo

L'immensité de l'eau, la lune qui s'y reflétait dans d'obscures couleurs, aussi envoûtantes qu'angoissantes, et un désert de vie. Voici commençait l'histoire d'Emilie, âme vagabonde à la recherche d'un souffle.

Déjà dix lunes qu'elle arpentait les eaux sacrées, seule, dans l'embarcation dérobée de justesse aux gardes de l'ancien port, sans que sa détermination ne faiblisse.

Elle n'avait pas pris grand-chose avec elle, un peu de vivre et son médaillon qui lui avait été offert par sa grand-mère. Ce médaillon qui devait la guider vers son avenir.

Un médaillon, lui servant à la fois de guide et de porte-bonheur, une embarcation semblant minuscule face à l'immensité de l'océan à perte de vue. Une seule vie, un seul destin, et elle devait parcourir cette mer infinie possédant en son sein des myriades de dangers, cachés par son apparence bien trop calme, à la recherche de ce souffle qui n'apparaissait pourtant que dans les légendes.

Il semble que toutes les vies ont un objectif à atteindre. Ce qui n'était qu'un brouillard il y a quelques jours était maintenant plus limpide que l'eau de roche ; sa mission consistait à accomplir ce que sa grand-mère n'avait pas eu le temps de finir.

Mais alors, dans ce clair-obscur qu'offrait le crépuscule, l'eau autour d'elle se mit à frémir telle que sa grand-mère le lui avait décrit. De mystérieuses et inquiétantes silhouettes se devinaient sous la surface de l'eau et se mouvaient de façon sinueuse pour converger vers elle.

L'océan se mit à bouillir autour du bateau et les remous menacèrent de le faire chavirer. Lorsqu'un immense aileron surgit de la surface, le médaillon se mit à briller.

Elle y était, elle avait trouvé ce pourquoi elle s'était perdue, dans son esprit et dans son corps. Cette bête au corps ardent, cette malédiction qui allait tous les faire périr. Elle savait en venant ici qu'il n'y avait aucune autre issue que celle de la mort, offrande bien heureuse.

Pour sauver son village de la malédiction qui avait frappé un à un chacun de ses habitants, Emilie n'avait pas d'autre choix. Dernière rescapée, la jeune fille devait se confronter au monstre, et l'abattre.

Son cœur cognait fort dans sa poitrine, ses mains serraient encore plus fort son médaillon qui brillait de plus en plus. C'est là qu'elle sentit vraiment ce dont sa grand-mère lui parlait, la force brute de son village.

Elle était la dernière descendante de celle qui fut maudite par la bête, apportant la vie et de quoi créer le village, mais en même temps, la destruction et le désespoir, symbole du courroux de cet être qui n'aurait jamais dû être dérangé. Elle savait qu'elle était le dernier espoir de son village, et de nombreux autres êtres, mais cela ne l'a pas empêché de se sentir figée devant le corps rouge sombre de la créature, lorsqu'elle se dressa devant elle, prêt à l'engloutir elle et sa barque...

Je ne dois pas laisser la peur tuer mon esprit, était la première pensée qui s'inscrivait dans sa tête face à la grandeur du monstre. Elle avait entendu parler de la malédiction depuis qu'elle était enfant, la prenant pour une légende ; mais redouté par ses ancêtres. Pourtant, il était là, une épaisse fumée s'échappait de sa gueule, c'était le dernier jour de sa vie ou au contraire, le commencement de sa véritable existence.

Emilie espérait que la bête ne serait que l'une des nombreuses épreuves qu'elle rencontrerait sur cette mer. Mais après s'être regardées dans les yeux un long moment pour se jauger, la bête considéra que cette attente avait assez durée, qu'elle serait la seule épreuve et attaqua Émilie en déchaînant sa fureur.

La jeune fille inspira profondément, serra les poings et puisa au plus profond de son âme pour faire surgir la magie cachée en elle, amplifiée par le pouvoir du médaillon. Ses mains s'enflammèrent et elle lança sa première contre-attaque, envoyant toute sa rage contre le démon.

Elle n'était pas préparée physiquement pour tout ça, mais sa grand-mère lui avait expliqué tous les rudiments de la magie avant de rendre l'âme et en théorie, elle savait faire. Expérimentalement, c'était autre chose. Son attaque n'eut aucun effet, ses mains s'éteignant telles des allumettes trop longtemps allumées, sans aucun autre mouvement. Elle ne put alors éviter le coup de la bête, trop hébétée, et tomba de l'embarcation.

Éclairée par l'immense Lune rougeoyante, Emilie distingua sous l'eau le reste du corps du monstre, digne créature sortie des enfers. N'écoutant que son courage, la jeune fille serra le médaillon dans son poing et remonta à la surface. Elle était le dernier espoir des siens, elle devait y arriver.

Elle reprit sa respiration, expulsa l'eau de ses poumons et remonta sur le reste de son embarcation. Ça ne pouvait pas se finir ainsi. Maintenant ce n'était plus la force de son village qu'il la faisait tenir mais tout l'amour qu'elle avait reçu de leurs parts et c'est là que ce n'était plus seulement le médaillon qui s'illuminait mais elle.

Emplis de pouvoir quasiment sans limite, celui de l'amour, elle s'élança vers la bête démoniaque, éblouissant la bête de cette majestueuse aura qui l'entourait. Sachant que le feu n'avait eu aucun effet, elle lança un autre sort : "Sae Riha Vek CasiKarus", cria-t-elle alors que de sa main une violente lumière grandissait, celle d'un surpuissant éclair, qui, elle l'espérait, vaincra la bête.

Si le monstre avait décidé de se jouer de l'immensité de la mer afin de la vaincre, Emilie, elle, allait remuer ciel et terre pour le vaincre et briser la malédiction qui noircissait le cœur de sa tribu. La lumière foudroya la bête colossale en plein cœur, son corps s'entoura d'une lumière aux néons bleus et transperça le cuir de sa peau jusqu'à en paralyser son squelette.

Déterminée à ne lui laisser aucun répit, réunissant à nouveau toutes ses forces, toute sa magie, celle de ses ancêtres et tout l'amour qu'elle portait à son village, Emilie commença à briller de l'intérieur et à léviter au-dessus de l'eau. De son corps sorti d'immenses tentacules et, d'un regard rempli de flammes, enserra le monstre avec celles-ci pour le démembrer jusque dans les profondeurs tout en poussant un cri de rage de tous ses poumons.

Ce que n'avait pas prévu le seul espoir du village, c'est cette seconde entité rayonnante qui lui fit alors face. Totalement éblouie par son aura, elle se cacha les yeux.

La bête irradiait de chaleur, à moitié sortie de l'eau, sa carapace bouillonnant telle la surface d'un volcan. Prise à la gorge, Emilie sentit une odeur de souffre s'engouffrer dans tout son être, lui brûlant chaque recoin de son corps. Elle ressentit pour la première fois ses veines bouillir et la douleur fulgurante d'une peau qui se calcine, incapable d'hurler sa souffrance.

Déterminée, Emilie puisa au fond d'elle-même les dernières forces qui lui restaient. Peu à peu, un halo lumineux se forma au niveau de ses plaies, apaisant sa douleur, refermant ses chairs.

C'est en sursaut qu'Émilie se réveilla dans son lit, sa grand-mère auprès d'elle, lui caressant tendrement les cheveux. Mais Émilie savait au fond d'elle que tout ceci n'était pas seulement un rêve mais une vision sombre du futur qui l'attendait.

Elle savait que cette vision, cette espèce de cauchemar éveillé, lui annonçait son avenir, qu'elle lui montrait ce qu'elle allait devoir affronter pour qu'elle puisse se préparer au combat, au premier et dernier combat important de sa vie, le seul qu'elle n'avait pas le droit de perdre. Elle apprit à sa grand-mère ce qui allait se passer et commença à apprendre de quoi vaincre cette monstruosité. Minutes, mois, heures, secondes, passèrent en un clin d'œil, cette fois le combat, mille fois répété dans ses rêves, était devenu réalité...

Elle avait rempli son cerveau de connaissance, son corps d'enfant était maintenant devenu celui d'une jeune femme prête à se battre. Son insouciance avait pris son envol en même temps qu'elle s'était réveillée de ce rêve. Selon elle, c'était il y a des siècles. Il était temps de savoir si ses pouvoirs de prescience étaient devenus des armes ou bien un poison.

Un jour, à l'aube, Emilie entreprit alors son grand voyage, celui qui forgerait le reste de sa vie et de celle des siens. Elle se rendit alors à l'ancien port, afin d'y trouver une embarcation pour l'emmener au large.

Lorsqu'elle se retrouva face à la bête, elle puisa dans toute son énergie et, armée de sa magie, envoya toute sa puissance, acquise durant son entraînement, pour terrasser le monstre. Lorsque le second apparût, elle le foudroya avec violence et put enfin poursuivre son voyage vers la lune qui venait se noyer dans l'océan. Enfin, elle réussit à recueillir le souffle de vie tant recherché, nécessaire à la survie de son peuple, puisé dans cet espace infini. Malheureusement pour elle, le prix à payer était son âme, qu'elle laissa voguer au gré des océans en guise d'échange.