Bloody mushrooms

Merci à nos écrivains MysterioShaanmed , Dragoness_Blue , ypertext , mangeur_de_livre , AugusteMars , _hypnose et TomRenan.

En gras, la phrase de lancement.

Tandis qu'à l'extérieur, les éclairs zèbrent le ciel sous l'orage grondant, un garçon flâne au premier étage de la bibliothèque municipale. Comme toutes les semaines, ce passionné arpente les rayons déserts, à la recherche de l'ouvrage qui lui fera vivre mille aventures.

Il feuillette différents livres qui attirent son regard et les repose presque aussitôt. Ce soir, il cherche un livre spécial, même s'il ne sait pas vraiment encore quoi.

Un puissant coup de tonnerre le fait sursauter, suivi rapidement par un puissant éclair éblouissant. Il plisse les yeux, sa tête se tourne et...

Son regard croise la silhouette d'un chat passant entre deux étagères. C'est Mimi, le chat ancestral, qui semble, par la force de l'habitude, être propriétaire des lieux.

Il observe le matou se frotter à un petit livre peu épais aux couleurs éclatantes. Le chat a choisi pour lui.

Le garçon se lève, contourne la lourde table où il était assis et sursaute : le chat a disparu. À la fois anxieux et excité, il se baisse pour attraper le livre...

La reliure en or brille sous le pâle enchantement de la lune, et semble s'illuminer encore plus à l'approche de ses doigts. Ces derniers finissent par s'emparer de l'ouvrage et puis, soudain...

Une lueur envahit la pièce, pas un coup de tonnerre, non, quelque chose semblant percer à travers la rétine pour pénétrer l'âme, sans plus aucune barrière. La tête lui tourne, son équilibre lui manque, tout se brouille...

Quand il se réveille, tout semble... différent, la bibliothèque et ce livre qu'il a "choisi" sont toujours là. Mais quelque chose cloche, il le sent, c'est comme s'il était ailleurs sans avoir bougé... un sentiment très étrange.

Il lui faut quelques secondes pour comprendre d'où lui vient cette sensation. C'est le calme, comme si la tempête s'était soudainement arrêtée, comme si elle avait disparu sans laisser aucune trace.

Il se relève, le livre toujours en main et contemple les alentours, comme s'il s'attendait à ce que quelque chose survienne pour troubler le calme plat. L'orage n'est plus, tout a disparu. Il s'approche des fenêtres pour observer le paysage d'une matinée d'été, en complet désaccord avec le temps qu'il a quitté.

— C'est quoi ce binz ! marmonne-t-il alors dans le silence de la bibliothèque.

— Mais c'est Équalum, le village des Tartins.

— Les Tartins ? demande-t-il, surpris, au chat qui lui parle.

Les yeux du chat le fixent avec insistance, impassibles. Le garçon ressent un frisson. Il vient seulement de se rendre compte que le chat lui a parlé.

— Oui, les Tartins. Le peuple à l'est de la rivière Roselée.

Le jeune homme fait un pas en arrière, les yeux fuyant et le cœur battant, essayant de comprendre ce qui se passe réellement.

— Attendez un peu là. Attendez... Pourquoi je vouvoie un chat ? Pourquoi je parle à un chat ?! Et pourquoi un chat me parle ?

Soudain, une vague de rage le submerge, ses mains agissent malgré lui, ses jambes bougent toute seules. Il avance vers le chat, le saisit par la peau du dos et plante soudain ses dents dans sa chair. Sans plus rien dire, sans plus rien penser, il dévore le félin entièrement.

Ses yeux changent, ses pupilles devenant horizontales, il semble avoir "assimilé" une partie des traits de son repas félin. Le chat réapparaît à côté de lui et crie :

— T'es malade ou quoi, heureusement qu'on a neuf vies, nous...

Un rot lui échappe, il est repu. Son regard se pose sur le félin à ses côtés, il hésite entre l'écouter malgré son ton insupportable ou le déguster une nouvelle fois. Après tout, il a bien bon goût...

Bon goût, mais c'est sans compter son goût âpre sous la langue, des petits poils de chat. Non, il n'en veut plus, mais le voir déblatérer des conneries dont il n'a que faire l'agace profondément alors qu'il récupère un dictionnaire à ses côtés, dans l'optique de lui lancer.

Un tout petit animal aux couleurs bariolées entre dans la bibliothèque pour rejoindre le chat.

— Mais... mais qu'est-ce qui t'est arrivé et c'est qui, lui ?

— C'est cet idiot qui a décidé de me manger. Tout ça parce que j'essaie de lui expliquer ce qu'est Équalum, dit-il en roulant des yeux.

— C'est totalement dingue, c'est qui ce...

L'animal n'a pas le temps de finir. Le garçon se jette sur lui, à nouveau pris de rage ! "Une souris... une délicieuse souris..." C'est tout ce que l'adolescent arrive à penser.

Mais la souris, heureusement pour elle, est plus rapide, et s'échappe de sa poigne, une grimace dégoûtée au museau.

— Mais vous êtes vraiment pas bien ! Et toi, Mimi, ça va pas de ramener un humain ?! Tu sais bien que notre monde fait ressortir leurs pires instincts primaires ! Tu veux mourir ?

Il se frappe alors la tête contre le mur, devant tant de folie il n'a plus aucune autre idée. Après le trouble provoqué par le choc, ses esprits lui reviennent et c'est alors qu'il ne voit plus rien devant lui, ni chat, ni souris, mais une sorte de lueur diaphane qui semble être une sorte de passage, il s'approche prudemment...

Le passage franchi, il se retrouve dans une pièce remplie d'une sombre clarté. La lumière semble être créée et absorbée dans un magnifique cycle sans fin.

Un sourire enfantin aux lèvres, il tend la main, de plus en plus amusé. Avec joie, il voit les lumières lui obéir, suivant ses indications pour former une multitude de volutes colorées se mélangeant à l'infini. Et s'il la faisait disparaître pour plonger le monde dans l'obscurité ?

D'un geste ferme il referme sa main, sourire aux lèvres, se plongeant dans le noir le plus total. Il aime ça, cette noirceur d'encre pesant sur ses épaules et toute la négativité qui en émane.

Avançant dans cette obscurité, il prend le temps de ressentir le vent qui provient du bout du couloir. Quand il traverse la porte, il découvre, ébahi, Équalum :

De magnifiques arbres bleus se dressent devant lui. À sa gauche, se présente un être rose et or, un petit sourire en coin. Il approche.

— Bonjour, mon garçon, comment t'appelles-tu ?

L'adolescent s'apprête à répondre, mais rien ne sort de sa bouche. Comment s'appelle-t-il, déjà ? Pris d'inquiétude, il se tourne vers la porte, mais celle-ci a disparu...

Regardant nerveusement autour de lui, ne sachant que répondre, le jeune homme triture ses mains et baisse la tête. La panique l'envahit lorsqu'il essaye vainement de se souvenir de son prénom, de son monde d'origine ou de ce qui l'a mené en plein dans cet univers bizarre.

— Bonjour... Je suis désolé, je ne me rappelle plus de rien...

Les yeux hagards, il sent encore une fois cette vague, cette rage indicible. Il se jette alors sur la personne devant lui et la dévore, avec une férocité féline, comme un lion. Une fois repu, il tente de chasser sa culpabilité et avance lentement dans ce monde qui s'ouvre devant lui.

Ce monde est quand même incroyable, incroyablement attirant, incroyablement délicieux aussi... Il se dit pendant un court, très court instant, qu'il devait peut-être arrêter de dévorer tout ce qui bouge... mais bon, ils n'ont qu'à ne pas être aussi bons...

Un sourire joyeux jusqu'aux oreilles, il avance droit devant lui, impatient à l'idée de croiser son prochain en-cas. Il se demande distraitement combien d'êtres il peut dévorer avant d'être rassasié... peut-être qu'il ne sera jamais rassasié, pas même après avoir dévoré toute vie dans ce nouveau monde...

Il repense vaguement à cet homme bizarre... devant une bibliothèque, qui... il lui a donné quelque chose ? Enfin, il ne se rappelle plus, il a l'impression que c'est un souvenir mais il ne se souvient même pas de sa propre identité, alors... Il hausse les épaules, oubliant.

Notre éphèbe affamé à la mémoire raccourcie avance sur le chemin en direction du village des Tartins avec une seule image en tête... La tarte !

Mimi, toujours à ses côtés, se lèche les pattes.

— Alors, ces champignons que tu as bouffés, ils prennent ? demande-t-il, un sourire déformant son visage.

— Des champignons... ? Mais, attends, toi... Je te connais...

Les pupilles du garçon se dilatent lorsqu'il se jette sur le chat, affamé, pris de folie. Il n'a pas le temps de frôler la peau délicate et les poils soyeux de ses dents que les souvenirs lui reviennent d'un coup. Ces champignons... La bibliothèque...

L'orage, le choc, non, tout cela n'était pas réel. Ou peut-être que si, les idées étaient confuses, il n'est plus certain de rien à présent. La seule chose pouvant encore lui donner un début de contact avec la réalité était la couleur écarlate de ses mains, desquelles dégoulinait une substance poisseuse, ainsi que les nombreux corps inertes qu'il découvrait sur le sol, tout autour de lui...

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