Chapitre 15
Une nouvelle destination: le Royaume de Traïn. Lorsque Idriel cessa de parler, je tournais mon regard vers Aramir. Ce dernier semblait ailleurs. Idriel déclara la fin du conseil et nous donna rendez-vous aux écuries une fois que nous serions prêts. Je me suis levé en posant ma main sur l'épaule d'Aramir.
"Aramir , tout va bien?
-Hm...?
-Sortons, veux tu?
-Je te suis Eradan."
J'entrainais alors Aramir avec moi hors du château d'Alatès. Nous nous assîmes dans l'herbe, non loin de la grande porte.
"Je pense que j'ai manqué pas mal de choses...
-En effet Eradan, tu m'as sauvé la vie...
-Remets toi, je t'ai juste écartée de l'ombre. C'est tout.
-Certes, mais si tu ne l'avais pas fait, je serais mort car je n'ai pas la chance d'être entouré de femmes surnaturelles comme toi."
Je me mit à rire amusé puis j'ai repris mon sérieux et j'ai regardé le jeune elfe.
"Dis moi, a-t-on retrouvé le père de Morwen?
-Oui, ne t'en fais pas. Il est sain et sauf. Nous n'avons d'ailleurs retrouvé que lui.
-Vraiment?! C'est étrange.
- Lalwen a dit que si les corps n'ont pas été retrouvés c'est parce qu'ils ont été absorbés par les ombres.
- Alors c'était ça cette sensation d'être attiré vers le bas?
-C'est ce que tu as ressenti?
-Oui, je peux te dire que c'est terrifiant. Enfin bon. Lalwen est douée je trouve.
-Elle est surprenante...
-Ne serais-tu pas amoureux, toi, par hasard?
-Moi? N'importe quoi! Je l'apprécie c'est tout. Et puis tu es mal placé pour dire ça! Ta nymphe de fait de l'effet n'est-ce pas?
-Alana? N'importe quoi! En plus je ne la vois que très peu, je la connais à peine!
-Et moi alors? Je viens juste de rencontrer Lalwen! On est quitte?
-D'accord faisons une trève, dis-je en riant, allons nous préparer.
-Oui tu as raison!"
Nous nous sommes relevés et nous avons pris la direction des chambres. J'ai regagné celle qui m'avait été attribuée. Puis j'ai rassemblé mes affaires d'un air pensif. En effet, je songeais à Naawel. Que pouvait-elle bien faire en ce moment même?
Elle qui n'avait jamais quitté le Royaume de Bleidd. Je l'imaginais bien se perdre au sortir de la frontière. Néanmoins, je ne doutais pas que quelque soit cette "quête", Naawel la réussirait. Cependant, elle me manquait. Nous n'avions jamais été séparés si longtemps. Je sortis de mes pensées quand Aramir toqua à la porte.
"Tu es prêt?
-Oui, tout est bon.
-Bien allons rejoindre les autres."
Aramir tourna les talons et je le suivis avec calme. Nous regagnâmes en quelques minutes à peine l'écurie. J'allais donc voir Ephir pour le sceller afin de pouvoir nous mettre en route. Je sentis une présence derrière moi. Je tournais la tête et je vis Idriel.
"Je suis ravi de te retrouver sain et sauf, je n'ai pas eu le temps de te le dire face à face mais sache que ton retour parmi nous est une bénédiction. Sans toi la prophétie n'aurait pu se réaliser.
-Merci Idriel. N'en fais pas trop , je suis là c'est tout. Et puis si j'étais mort...
-Tais toi un peu et contente toi de rester en vie!"
Me coupa -t-il avec un léger sourire. Idriel ébouriffa mes cheveux et retourna auprès de sa propre monture: Apache. Il se mit en scelle et talonna Apache pour quitter l'écurie. La confrérie partit à sa suite petit à petit. Je sortis de l'écurie à mon tour quand je vis Morwen courir vers moi.
"Morwen?
-J'arrive, excusez moi, j'étais auprès de mon père."
J'avais arrêté Ephir pour pouvoir lui parler. Morwen était assez essoufflé , il avait dû courir tout le long du trajet.
"Comment va-t-il?
-Il a quitté son lit et il a repris ses fonctions, mais il ne retournera pas de sitôt dans les bois d'Inemur."
Il sourit amusé, j'étais ravi de le voir ainsi sourire , cela changeait de son visage inquiet lorsqu'il avait appris que son père avait disparu. Morwen alla rapidement sceller son cheval et me rejoignit . Nous rejoignîmes alors le reste de la confrérie en faisant trotter nos montures.
Des discussions s'étaient installés au sein du groupe. Aramir et Farnir se racontaient des histoires drôles; Angel et Lalwen apprenaient à se connaître tandis qu'Idriel et Elrohir parlaient tactique. Je tendis l'oreille , Idriel était en train d'expliquer à Elrohir quel chemin nous prendrons et quels obstacles nous devrons franchir. Morwen me regarda.
"Toujours pas de nouvelles de ta jumelle?
-Non, enfin je ne sais pas, si Idriel en a eu je ne suis pas au courant..."
Il fit une légère grimace peiné.
*******
Au départ d'Eradan j'étais restée là sans bouger. Il allait me manquer. C'était évident, il était mon jumeau. Il était cependant temps pour moi de réaliser ma quête. Elle n'avait rien de grandiose ni d'enviable à celle d'Eradan mais elle était nécessaire pour que je puisse le rejoindre.
Je suis donc retournée au château pour y rejoindre Idrandil Eleniel, un jeune chevalier au service de mon père. Lorsque je marchais dans les couloirs du château, je vis une cape turquoise flotter entre les murs. Et je le reconnu, sa chevelure mi longue arborait les teintes du pelage des écureuils.
"-Idrandil?
-Oui mademoiselle?"
Il se retourna face à moi et sa cape voleta . Je souris amusé jusqu'à ce que ses yeux croisent les miens. J'adorais la lueur qui s'en dégageait: une lueur de bonté que la profondeur de ses yeux bleus déversaient.
Ils semblaient capables de changer la pire des créatures en un doux agneau. Je rougis légèrement face à mes propres pensées. Ce qui m'intriguait constamment était cette cicatrice qu'il avait à l'œil gauche. Sûrement une blessure de guerre qui lui donnait un charme à vous couper le souffle.
"Mademoiselle?
-Excuse moi... Mon père vous a-t-il parler?
-En effet. Il m'a indiqué que votre frère partait en quête et il m'a demandé de vous entraîner à vous battre afin que vous puissiez vous joindre à lui. Ai-je juste?
-C'est parfait, tu n'as rien omis. Pourrions nous commencer? Si cela ne te dérange pas. J'ai très envie de me mettre à l'ouvrage.
- Dans ce cas, suivez moi."
Idrandil tourna les talons et s'engouffra dans un autre couloir. Il se dirigeait vers la salle d'arme. Il ouvrit la grande porte et me laissa entrer. Je le remerciais alors pouvant à nouveau admirer cette salle destinée aux chevaliers et non aux femmes.
Je soupirais légèrement. Sur les murs lances, boucliers, épées et armures étaient réparties; soit fixés aux murs soit , tout simplement posés contre ce dernier telles les armures. Je m'attendais à ce qu'idrandil prenne une épée afin de m'entraîner mais je fus surprise de constater qu'il se contenta de prendre deux bâtons de bois. Il dû se rendre compte de ma surprise car il se retourna vers moi avec un large sourire qui en disait long.
"Vous ne croyiez tout de même pas que j'allais vous confier une épée sans vous avoir appris les bases? Je ne tiens pas à vous blesser ou au contraire, que vous me blessiez."
Tout en me parlant, il ouvrit la porte du fond et m'entraîna dehors, où les chevaliers avaient coutume de s'entraîner qu'il pleuve ou qu'il vente. Il me poussa légèrement et une fois dehors il me lança le bâton. Je manquais de me le prendre en pleine figure, heureusement que j'avais eu le reflexe de me baisser.
" Et bien , je vais en avoir du travail. Il faut l'attraper ce bâton , pas l'éviter. Ne croyez pas que parce que vous êtes une femme je vais vous ménager. Votre père m'a demander de vous traiter comme un chevalier et je ne vous épargnerais pas, il va falloir s'accrocher..."
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