Chapitre 13

J'eus à peine le temps de me remettre de mes émotions et de comprendre ce qui m'était arrivé que je vis Eradan tomber au sol. Je me relevais et je vis que les cheveux bruns d'Idriel avait cessé de flotter au gré du vent. Il était immobile et ses yeux marrons reflétaient la terreur.

"Eradan !!! Relève toi!!! Tu es dans l'ombre !!!"

Je tournais mon regard vers Eradan qui était entouré d'un brouillard épais et sombre. Soudain son corps se mit à trembler et sa respiration devint haletante. Il était pris de convulsions et hurlait de douleur tel une bête sauvage. Je m'apprêtais à lui venir en aide quand je vis Idriel lever la main.

Elrohir me retint d'une main sur le torse. Une lumière blanche s'échappa des mains du jeune magicien et fût projetée en direction de l'ombre qui disparut aussitôt. Idriel se précipita alors vers Eradan et se tourna vers Elrohir et moi même.

"Vite! Il faut sortir Eradan de là! Si on le laisse sans soin on le perdra définitivement ! Elrohir, Aramir aidez moi à le porter! Il faut faire vite !"

Farnir et Angel avaient accouru eux aussi auprès d'Eradan. Je tremblais d'effroi, l'état de mon compagnon me faisait culpabiliser. C'était de ma faute... Je m'approchais donc d'Eradan et vins aider mon frère et Idriel à le soulever. Le pauvre tremblait de douleur en étouffant ses cris de son poing. Idriel lui posa une main sur l'épaule.

"Eradan, tiens le coup, ça va aller. On va s'occuper de toi."

Nous nous empressâmes de sortir de ces bois maudits. Le corps d'Eradan effectuait des soubresauts intenses . Il haletait et ses yeux se révulsaient. Il devenait de plus en plus dur à porter. En arrivant devant le château d'Alatès un serviteur accouru vers nous. Il semblait venir pour une tout autre chose mais quand il vit Eradan il se stoppa net. Idriel prit donc la parole.

"Emmenez nous auprès d'un médecin! Vite!"

Le serviteur ne demanda pas son reste et nous guida alors dans le palais . Les murs de pierres défilaient devant moi sans que j'en aperçoive le moindre détail, j'étais bien trop occupé à me faire du mouron pour Eradan. Le serviteur ouvrit une porte , il s'agissait d'une chambre vide et inoccupée.

"Installez le à l'intérieur, je m'en vais quérir un médecin."

Le jeune homme s'inclina et quitta la pièce. Idriel s'empressa de nous faire rentrer dans lachambre. Il allongea Eradan sur le lit et posa une main sur son front.

"Il est brûlant!"

Je me mordis la lèvre en regardant Idriel.

"Je vais chercher un bout de tissu humide pour tenter de faire baisser sa fièvre!

-Excellente idée Aramir."

Idriel posa sa main sur mon épaule et me parla d'un ton rassurant. Il semblait lire la terreur qui régnait en mon cœur. Je lui adressais un faible sourire avant de quitter la pièce. Je partis donc à la recherche d'une servante qui pourrait me fournir de quoi faire baisser la fièvre du jeune prince de Bleidd. Ce fut très rapide, une jeune femme s'empressa de me rapporter une bassine d'eau et un linge sec. Je la remerciais avant de retourner auprès de la confrérie. Elrohir semblait soulagé de me voir revenir .

"Te voilà, c'est parfait."

Je luis souris posant la bassine au sol en y trempant le linge. Je l'essorais alors avant de le mettre sur le front d'Eradan. Son état ne semblait pas s'améliorer. Je me reculais légèrement du lit en regardant autour de moi. Tous étaient là: Elrohir, Idriel, Angel, Farnir et Mor...

"Idriel... Morwen. Où est-il?"

Le magicien me regarda stupéfait. Et je compris alors qu'il ne savait pas où était l'héritier d'Alatès.

"Je vais le chercher! J'espère qu'il n'a pas été touché par les ombres!"

Je sentis qu'Elrohir voulut me retenir mais j'étais déjà parti, courant dans les couloirs avec rapidité. Il me fallait retrouver Morwen, je n'accepterais pas qu'un autre membre de la confrérie sois à l'agonie. Je courus alors pénétrant dans les bois d'Inemur. Ma respiration était saccadée et mon cœur battait à tout rompre. Le chant des oiseaux, à travers ces bois, ne parvenait plus à mes oreilles. Toutes vies semblaient avoir quittées ces lieux obscurs.

"Morwen! Où es- tu?!"

Seul l'écho de ma voix me parvint, je dû chercher plus loin à travers cette forêt. Soudain quelque chose attira mon regard, quelque chose scintillait sous les feuilles d'arbres. Une lueur bleue intense semblait m'appeler. Je m'approchais donc avec prudence avant de m'accroupir. Je fus stupéfait, c'était le collier d'Eradan j'en étais persuadé. Je le recueillis alors entre mes mains pour le lui rapporter. La lueur bleue jaillit de mes paumes m'aveuglant. Mes yeux se fermèrent d'eux même et lorsque je les rouvris un visage familier m'apparut. Morwen était là, portant à bout de bras un homme d'une quarantaine d'année.

"Aramir! Aide moi à ramener mon père au château!

-Ton père? Tu l'as retrouvé!

-Oui, après votre départ je me suis rendu compte qu'il y avait une crevasse dans le sol. Son gant se trouvait tout près de cette dernière, je me suis penché et je l'ai vu. Je me suis donc empressé de lui venir en aide.

-Mais où sont ses hommes?

-Aucune idée, je n'ai pas trouvé leur trace."

Tout en parlant, je m'étais redressé et j'avais aidé Morwen à porter son père, inconscient suite à sa chute. En un rien de temps nous étions arrivés aux appartements du roi.

"Merci Aramir, je me charge du reste. Retourne auprès d'Eradan, il en a plus besoin.

-Entendu."

Je laissais donc Morwen avec son père. Par chance , ils étaient sains et saufs tous les deux . En retournant dans la chambre où reposait Eradan je vis une jeune femme à son chevet. Elle préparait une espèce de potion, sûrement une guérisseuse. Ses cheveux étaient aussi sombres que les abysses et pourtant ils s'émanaient d'eux une aura douce et apaisante. Ils étaient liés entre eux par deux longues nattes qui tombaient sur sa robe bleue dont le col était surmonté de dentelle. Ses yeux quant à eux scintillaient d'une lueur grise. Ils étaient rivés sur Eradan et sa mixture. Je m'approchais lentement d'Idriel.

"Qui est-elle?"

A ma plus grande surprise ce ne fût pas le magicien qui me répondit mais la jeune femme en question. Elle avait relevé la tête pour me parler.

"Je me nomme Lalwen noble elfe. A qui ai-je l'honneur? Vous êtes le seul dont je ne connaisse l'identité

-Enchanté, gente dame. Mon nom est Aramir. Êtes vous médecin?

-Je préfère le terme de guérisseuse."

Elle fit un sourire radieux et fit boire sa potion à Eradan qui était toujours pris de convulsions.

"Pensez-vous réussir à le soigner?

-Je ne sais pas, son état est inquiétant. C'est le seul cas comme cela que j'ai eu à traiter.

-Personne n'a eu de contact avec ces ombres?

-Si, certainement mais leurs corps n'ont jamais été retrouvés. Vous avez eu de la chance d'être accompagné d'un magicien, sinon votre ami ne serait sûrement plus de ce monde."

Je déglutis en la regardant.

"Savez-vous quelque chose sur ses ombres?

-Elles prennent la forme d'êtres chers défunts et entraînent leurs victimes dans le monde des morts, corps et âmes s'engouffrent à travers elles."

Je mordis ma lèvre. Si Eradan ne m'avait pas sauvé, c'est moi qui aurait disparu... Anelys... Elle semblait si vivante et réelle. Elrohir sentit ma peine et saisit mon épaule avec force pourtant son geste déversait une douceur infinie.

" Je sais que cela fût éprouvant pour toi Aramir, tu devrais aller te reposer. Des chambres nous ont été attribué, je t'accompagne.

-Non, merci. Je vais rester auprès d'Eradan. Allez vous reposer vous."

La confrérie acquiesça alors et ils quittèrent tous la pièce sauf Lalwen qui me regarda.

"Comptez-vous rester toute la nuit?

-Oui. Je lui dois la vie. Pouvez-vous le sauver?

-Je vous l'ai déjà dit. Je ne sais point. Je crains qu'il ne passe pas la nuit. J'ai tout essayé, à présent ce n'est plus de mon ressort. Je suis navrée. La seule chose que je puisse faire c'est d'apaiser sa douleur. Je vais rester auprès de lui avec vous.

-Je vous remercie pour tout ce que vous faites pour lui.

-C'est normal, c'est mon travail. Je n'ai peut être que dix huit ans mais depuis mon enfance je ne vis que pour cela."

Lalwen et moi parlâmes un certain temps, veillant tous les deux sur Eradan. Ses yeux s'étaient fermés mais ses soubresauts n'avaient pas cessés de le tirailler. Il serrait les draps comme s'il s'accrochait à la vie. Mon cœur se déchirait en le voyant dans cet état. J'en avais les larmes aux yeux, selon Lalwen, il ne lui restait que quelques heures à vivre. J'avais alors cessé de parler ne pouvant détourner mon regard du jeune héritier de Bleidd.

Mes mains étaient moites et je tremblais d'effroi. Il devait rester en vie, il était celui qui devait sauver les terres d'Eolas. Il ne pouvait pas nous laisser. Pas maintenant. C'était injuste, ce devrait être moi dans ce lit, à l'agonie. Soudain une voix se fit entendre.

"Eradan...Ton destin n'est pas de mourir ... Pas encore...Ouvre les yeux..."

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