Chapitre 5
Les jours s'étiraient en semaines, et pour Iruka, chaque matin semblait plus lourd que le précédent. Ce qui, au début, n'était qu'une lutte pour sortir du lit et affronter le monde, était devenu une bataille constante pour simplement continuer à exister. Les flashbacks de son agression étaient devenus plus violents, plus fréquents. Il n'y avait plus de répit, même dans ses rares moments de calme.
La nuit, ses cauchemars étaient de plus en plus vivides. Chaque fois qu'il fermait les yeux, il revivait cette nuit, les coups, la peur paralysante, les voix menaçantes. Et lorsqu'il se réveillait en sursaut, tremblant, le silence oppressant de son appartement ne faisait que renforcer cette impression d'être pris au piège. Il se sentait seul. Terriblement seul.
Mais ce qui l'effrayait le plus, c'étaient ces pensées qui, peu à peu, s'insinuaient dans son esprit. Des pensées sombres, terrifiantes, qui le poussaient à remettre en question le sens de tout cela. À quoi bon se battre ? À quoi bon continuer à vivre dans cette douleur constante ? Les souvenirs de sa vie d'avant, quand il était encore capable de sourire, de plaisanter avec ses élèves, semblaient appartenir à une autre personne. Un Iruka plus fort, plus résilient. Cet homme-là n'existait plus.
Il pensait parfois que ce serait plus facile si tout s'arrêtait. Si le poids qu'il portait disparaissait, d'une manière ou d'une autre. Ces pensées le hantaient, mais il n'osait pas les affronter directement. Elles flottaient, à la périphérie de son esprit, prêtes à le dévorer à tout moment.
Pendant la journée, il n'arrivait plus à cacher ses sautes d'humeur. Il explosait à la moindre frustration, chaque petite contrariété devenant insurmontable. Ses élèves, habituellement si proches de lui, commençaient à le craindre. Ils ne comprenaient pas pourquoi leur professeur, autrefois si patient, s'énervait pour des détails. Les murmures entre collègues ne lui échappaient pas non plus. Tout le monde semblait s'inquiéter, mais personne n'osait l'approcher directement. Personne, sauf Kakashi.
De son côté, Kakashi observait l'évolution d'Iruka avec une inquiétude croissante. Il avait tenté une approche, et Iruka l'avait violemment repoussé. Mais au lieu de se décourager, cela n'avait fait que renforcer sa détermination à l'aider. Kakashi savait ce que c'était, être consumé par des pensées sombres, et il reconnaissait dans le comportement d'Iruka des signes familiers, ceux d'un homme qui se battait contre lui-même.
Ces trois dernières semaines, Kakashi avait tenté de nombreuses fois d'approcher Iruka, mais sans succès. À chaque tentative, le professeur semblait plus distant, plus hostile. Kakashi, qui avait l'habitude d'analyser les gens avec une précision presque clinique, se trouvait ici face à un mur de souffrance et de colère qu'il n'arrivait pas à franchir.
Mais il n'abandonnait pas. Entre deux missions, il passait du temps à observer discrètement Iruka, cherchant un moment où ce dernier pourrait être plus réceptif. Il s'était informé auprès de quelques collègues, sous couvert de conversations anodines, pour comprendre ce qui se passait exactement dans la vie de l'enseignant. Les témoignages étaient tous les mêmes : Iruka allait mal, très mal. Il perdait du poids, devenait irritable et renfermé. Plus personne ne savait comment l'approcher.
Kakashi passait ses soirées à réfléchir à une approche différente. Il savait que la force n'était pas la solution. Iruka était un homme fier, un homme qui détestait montrer ses faiblesses. Le confronter directement ne ferait que renforcer ses défenses. Mais alors, comment l'aider ? Comment le convaincre qu'il n'avait pas à porter ce fardeau seul ?
Une idée commença à germer dans son esprit. Peut-être que, au lieu de chercher à lui faire admettre qu'il avait besoin d'aide, il devait simplement être là. Être une présence constante, sans imposer de conversations, sans chercher à résoudre le problème immédiatement. Si Iruka se sentait suffisamment en sécurité, peut-être qu'il finirait par s'ouvrir de lui-même. Ce serait long, il en avait conscience. Mais la patience faisait partie de l'entraînement de tout ninja.
Cependant, la patience n'était pas ce qui caractérisait Iruka en ce moment. Les semaines passaient, et ses crises de colère devinrent plus fréquentes et plus intenses. Ses élèves marchaient sur des œufs, ses collègues l'évitaient, et lui-même commençait à se détester pour ce qu'il était devenu. Chaque soir, en rentrant chez lui, il s'enfermait dans un silence étouffant, ses pensées tournant en boucle. Il en voulait au monde entier, mais surtout à lui-même.
La fatigue mentale le consumait, et avec elle, les pensées sombres se faisaient de plus en plus oppressantes. Il y avait des moments, dans le calme de la nuit, où il se surprenait à contempler des scénarios terrifiants. Que se passerait-il s'il arrêtait de se battre ? Si tout s'arrêtait enfin ?
Il secouait toujours la tête pour chasser ces pensées, horrifié par l'idée d'y succomber. Mais elles revenaient, encore et encore, comme une vague implacable. Il se sentait de plus en plus piégé dans un labyrinthe sans issue, et chaque jour le rapprochait un peu plus de l'abîme.
Un matin, alors qu'Iruka marchait vers l'Académie, il croisa Kakashi. Cela faisait plusieurs jours qu'il l'évitait activement, mais cette fois-ci, Kakashi ne chercha pas à l'intercepter. Il était juste là, assis sur un banc à proximité, lisant tranquillement son livre, comme si de rien n'était. Iruka sentit une vague de colère monter en lui. Que faisait-il là ? Pourquoi est-ce qu'il continuait à le suivre ainsi, à être partout où il allait ?
Mais avant qu'il ne puisse dire ou faire quelque chose, Kakashi leva brièvement les yeux vers lui et lui fit un simple signe de tête. Pas de mots, pas de confrontation. Juste un regard, comme pour lui dire qu'il était là, sans forcer.
Iruka resta figé quelques instants, perplexe. Une part de lui voulait exploser, lui crier de le laisser tranquille. Mais une autre part, plus silencieuse, appréciait cette absence de pression. Kakashi n'essayait pas de le réparer, ni de lui parler. Il était juste... là.
Iruka détourna finalement les yeux et continua son chemin, mais quelque chose dans son esprit resta accroché à ce moment. Pour la première fois depuis longtemps, il ne se sentait pas oppressé par la présence de quelqu'un d'autre.
Kakashi, de son côté, avait remarqué le léger changement dans l'attitude d'Iruka. Ce n'était qu'un petit pas, presque imperceptible, mais pour lui, c'était un signe d'espoir. Iruka l'avait vu, et même si la colère avait probablement bouillonné en lui, il n'avait pas explosé cette fois-ci. C'était un début.
Il ne précipiterait rien. Il continuerait d'être là, discrètement, sans pression. Kakashi savait que la route serait encore longue, mais il était prêt à la parcourir. Parce qu'il voyait au-delà de la colère d'Iruka, au-delà de ses défenses. Il voyait un homme qui avait besoin d'aide, même s'il refusait de l'admettre. Et Kakashi, avec sa patience infinie, attendrait qu'Iruka soit prêt.
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