Chapitre 2
Les jours qui suivirent l'agression furent une véritable épreuve pour Iruka. Chaque matin, il se forçait à sortir de chez lui, à mettre un pied devant l'autre, mais tout lui semblait insurmontable. Ses nuits étaient hantées par des cauchemars violents. Il se réveillait plusieurs fois, le cœur battant à tout rompre, une sueur froide collant ses draps à sa peau. La sensation des mains de ses agresseurs, de leurs voix menaçantes, ne le quittait jamais, même dans ses moments d'éveil.
Au village, tout lui paraissait différent. Là où il se sentait autrefois en sécurité, Iruka voyait désormais des menaces potentielles partout. Il évitait les ruelles sombres, changeait régulièrement de trajet pour ne jamais croiser les mêmes endroits, et même en pleine rue, entouré de villageois, il se sentait observé. Chaque passant devenait suspect, chaque ombre, chaque bruit, une menace.
À l'Académie, il faisait de son mieux pour dissimuler son état. Devant les élèves, il essayait de sourire, de faire semblant que tout allait bien. Mais la fatigue était trop visible. Ses gestes étaient plus lents, son sourire plus forcé, et ses réactions plus nerveuses. Il sursautait au moindre bruit inattendu, sa main se crispant souvent sur la table ou sur un kunai, comme si son corps était constamment sur le point de se défendre.
Les premiers changements dans son apparence physique ne mirent pas longtemps à apparaître. La perte de sommeil et d'appétit commença à se refléter sur son visage. Ses traits s'affinaient, son teint devenait pâle. Ses collègues de l'Académie lui lançaient des regards inquiets, mais personne n'osait vraiment lui poser de questions. Ils savaient qu'Iruka était du genre à porter ses fardeaux seul. Il avait toujours été celui qui soutenait les autres, qui veillait sur ses élèves et sur ses amis, mais jamais celui qui montrait ses faiblesses.
Un après-midi, alors qu'il corrigeait des devoirs dans la salle des professeurs, Kakashi passa par hasard dans le couloir. Il n'avait pas eu de conversation récente avec Iruka, mais il était passé le saluer en quelques occasions. Ce jour-là, pourtant, il s'arrêta net en l'apercevant.
Kakashi avait toujours eu l'œil pour les détails. C'était une de ses qualités de ninja, cette capacité à remarquer ce que les autres laissaient passer. Et là, quelque chose chez Iruka l'alerta immédiatement. Assis à sa table, le professeur semblait courbé sous un poids invisible, ses épaules affaissées, ses yeux cernés par la fatigue. Ses mains tremblaient légèrement à chaque fois qu'il tournait une page, et son visage était fermé, presque absent.
Kakashi fronça les sourcils sous son masque. Il connaissait Iruka comme quelqu'un de robuste, toujours souriant malgré les difficultés. Quelque chose n'allait pas.
Il s'approcha discrètement et frappa légèrement à la porte pour signaler sa présence. « Salut, Iruka. » Sa voix, habituellement nonchalante, cachait une pointe d'inquiétude qu'il ne pouvait ignorer.
Iruka leva brusquement les yeux, visiblement surpris, comme s'il n'avait pas entendu Kakashi arriver. Ses yeux étaient ternes, et il lui fallut un instant pour formuler une réponse. « Oh, Kakashi... Salut. »
Kakashi, avec son œil entraîné, vit tout de suite que quelque chose clochait. Le ton d'Iruka était monotone, dépourvu de cette chaleur habituelle. Le ninja masqué observa son ancien camarade de plus près, et la perte de poids flagrante ne lui échappa pas. Les vêtements d'Iruka pendaient légèrement sur son corps, et son visage semblait plus émacié qu'à l'accoutumée.
Il ne voulut pas être trop direct. Kakashi savait que s'il y avait un problème, il devait l'aborder avec précaution. Iruka était du genre à protéger son intimité, et forcer une discussion ne ferait que le braquer.
« Tu as l'air fatigué, » dit Kakashi en s'appuyant contre le cadre de la porte, feignant la désinvolture. « Tout va bien ? »
Iruka esquissa un sourire, mais c'était un de ces sourires qui ne parviennent pas à atteindre les yeux. « Oui, juste beaucoup de travail à l'Académie. Rien d'inhabituel. »
Kakashi resta silencieux pendant un instant, observant la manière dont Iruka évitait son regard, concentré sur les devoirs devant lui. Il avait vu cela trop de fois chez les ninjas traumatisés, ce besoin de continuer comme si de rien n'était, de dissimuler les blessures, même lorsqu'elles étaient visibles aux yeux de ceux qui savaient regarder.
« Tu devrais prendre une pause, » suggéra Kakashi doucement. « T'as l'air de porter le poids monde sur tes épaules. »
Iruka releva brièvement les yeux, une ombre de surprise passant dans son regard. Puis, il se renferma immédiatement. « Je vais bien, » répéta-t-il, sa voix plus sèche, comme s'il voulait mettre un terme à la conversation. Il baissa la tête vers ses papiers, espérant que Kakashi comprendrait le message.
Mais Kakashi, obstiné comme il l'était, n'était pas du genre à lâcher prise si facilement. Il garda le silence encore un moment, son regard perçant suivant chaque micro-détail des gestes d'Iruka. Ses mains tremblaient toujours légèrement, et Kakashi remarqua l'hésitation dans chacun de ses mouvements, comme s'il se battait contre quelque chose d'invisible.
Kakashi se redressa, prenant la décision de ne pas insister pour l'instant. « D'accord. Mais si tu veux parler, je suis là. » dit-il simplement avant de quitter la salle.
En s'éloignant, il ne pouvait pas se débarrasser de cette sensation désagréable. Quelque chose n'allait pas chez Iruka, et il savait que ce n'était pas juste la fatigue ou le stress de l'Académie. Il sentait quelque chose de plus profond, une blessure invisible qui commençait à s'infiltrer dans la vie du professeur. Il ne savait pas encore ce que c'était, mais une chose était certaine : Kakashi était bien décidé à surveiller la situation de près. Iruka pouvait penser qu'il pouvait tout gérer seul, mais Kakashi savait que parfois, même les plus forts avaient besoin d'aide.
Durant les jours qui suivirent, Kakashi observa Iruka avec plus d'attention. Chaque fois qu'il le croisait, il notait des signes supplémentaires : des cernes de plus en plus prononcés, une démarche plus hésitante, et une absence d'appétit évidente lorsqu'ils se retrouvaient par hasard dans un restaurant ou dans les rues du village. Iruka mangeait à peine, souvent en picorant distraitement ses repas.
Le comportement d'Iruka, aussi, devenait plus instable. Il s'énervait plus facilement, même pour des broutilles. Kakashi le vit, un matin, élever la voix contre un jeune genin pour une simple erreur lors d'un exercice. Ce n'était pas dans les habitudes d'Iruka de perdre ainsi son calme, surtout avec les enfants. Ce jour-là, Kakashi s'assura de l'observer un peu plus longtemps, mais encore une fois, Iruka s'enferma dans son mutisme, ne laissant personne l'approcher de trop près.
Plus les jours passaient, plus Kakashi était convaincu que quelque chose de grave se passait. Il n'était plus question de stress ordinaire. Quelque chose rongeait Iruka de l'intérieur, et malgré ses tentatives pour le cacher, Kakashi voyait bien que le professeur n'allait pas bien du tout.
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