Chapitre 1
J'étais là. J'étais présent quand tout a commencé. À l'époque, j'étais encore jeune, et tout ce qui m'entourait était complètement sec, complètement mort, à part peut-être quelques rares survivants comme moi. Autour de nous, il y avait ce vieux chemin. Même les chênes les plus vieux étaient apparus bien après l'apparition du chemin. Sur ce chemin, il manquait quelques pierres qui avec le vent et le passage des animaux ont disparu dans les fourrées des buissons maintenant desséchés. Il y avait aussi des herbes mortes qui traînaient par-ci par-là.
Puis un jour, des animaux plutôt étranges sont apparus. Ils étaient peut-être très étranges, mais si j'avais pu prévoir le pouvoir qu'ils allaient avoir sur mes camarades et moi... Ils tenaient sur deux sortes de tronc, avec un troisième tronc plus gros juste au dessus. Sur le tronc principal, il y avait deux grosses branches qui étaient plus ou moins longues selon la taille de ces animaux, et se terminaient en cinq brindilles. Le sommet était comparable à une pierre rose pour certains, noire pour d'autres, ou encore jaune et rouge. Ces animaux avaient des poils en haut de ces pierres pour la plupart. Ils avaient aussi deux trous avec deux cailloux blancs, avec des reflets de plusieurs couleurs, mais principalement du bleu, du marron et du noir. Ce sont ces étranges pierres aux couleurs froides, sombres, qui nous trouvèrent les survivants du chemin et moi.
J'avais déjà vu ce genre d'animal, mais d'habitude, ils avaient peur de cet endroit oublié, mort. Enfin, ils ne faisaient pas attention à l'espoir malheureusement. Oui, nous, les survivants du chemin étions un symbole d'espoir. Un espoir bien mince, mais nous étions la preuve que la vie n'avait pas déserté ces lieux. Mais enfin, enfin ! Enfin quelqu'un nous avait remarqué.
Ils ont commencé avec mes congénères qui avaient péri. Ils ont été déplacés dans une tanière bien différente de celle des renards ou des blaireaux. Le sol et les côtés étaient bien présents, mais ce qui pourrait servir d'abri était totalement introuvable. Contrairement à une tanière qu'on trouve dans les environs, celle-ci n'était pas posé sur le sol, mais sur deux pierres qui roulent. Cet abri pouvait tout simplement se déplacer !
J'observai ces étranges animaux nettoyer notre chemin. À un moment, ils se sont approchés de mon petit troupeau d'amarantes, composé de quelques frères et sœurs et moi. La plupart avait bien évidemment succombé, soit par la soif trop grande et le manque de soleil, soit mangé par des animaux et autres insectes que nous détestons. Un papillon solitaire, un des seuls insectes que j'accepte sur mes pétales, se posa sur moi. Il était orange avec des ocelles noirs et blancs sur chacune de ses ailes. Ce bel insecte devait sûrement être jeune, très jeune. Beaucoup trop jeune pour ce qu'il l'attendait dans moins d'une minute. Les animaux aux troncs mobiles sortirent d'une tanière mouvante semblable à celle où reposaient mes camarades une grosse tige, munie d'une feuille encore plus solide que les pierres du chemin. Cette chose qui allait s'enfoncer dans la terre, découpant bon nombre de mes racines, sans pour autant me blesser gravement. La terre se souleva, frappa mes jeunes bourgeons avec violence, emportant le papillon avec elle pour l'enterrer sous un immense tas. Cette pierre plate perça une nouvelle fois autour de moi, glissa en dessous de mon tronc principal et tira pour m'emmener je ne sais où pour le moment, m'arrachant un immense cri de douleur malheureusement silencieux pour ces bipèdes.
Je les croyais signe d'espoir, mais ils semblaient surtout sortir tout droit d'un monde où la violence faisait la loi, et la générosité signe de faiblesse. L'espoir fait mal. Très mal.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top