Peu après seize heures, Raph était debout. Il récupéra sous-vêtements, tee-shirt et pantalon, qu'il revêtit. Il dût faire plus de bruit que ce qu'il pensait, puisque Will s'éveilla. Il était allongé sur le ventre, nu, au milieu des draps. Raph le trouvait magnifique. Ses cheveux étaient brouillons et sa figure encore endormie.

- C'est déjà l'heure... Murmura-t-il.

Sa question était rhétorique. Malgré qu'un avenir meilleur les attende, ils n'en n'étaient pas moins apeurés. Cependant, ils ne pouvaient pas se permettre de laisser Elvira les tuer pour assouvir ses pulsions de monde meilleur.

Will se leva à son tour pour s'habiller également. Une fois fait, Raph lui attrapa le bras pour l'étreindre. Leur cœur cognait avec force dans leur poitrine. Comme s'ils voulaient communiquer leur peur et leur amour à la fois. Raph embrassa Will avec toute la passion qu'il ressentait pour lui.

- Je t'aime, dirent-ils à l'unisson, la gorge nouée.

Raph posa ses lèvres sur le front de Will, qui frissonna. Leurs yeux exprimaient une profonde angoisse. Quelques larmes perlaient, mais aucune ne s'échappait.

Ils récupèrent leurs affaires et quittèrent pour de bon cette chambre, qui avait permis la révélation de leurs sentiments. Elle garderait en son cœur, le secret de leur intimité la plus profonde. Raph n'oublierait pas.

***

Le groupe de Raph se retrouva à divers endroits du refuge. Ils étaient prêts. Ils ne s'étaient pas dit au revoir. Ils ne voulaient pas penser au fait que l'un d'eux pouvait ne pas survivre.

Après un dernier baiser rempli d'amour échangé, Raph abandonna Will pour rejoindre Peete, Chris et Flick. Eux iraient chercher le remède AEC01. De leur côté, Will, Shino et Jenny s'occuperaient d'attirer les Contaminés vers le refuge. Kieren et James ouvriraient les portes au moment venu. Quant à Maya et Emy, elles géraient les vivres et les véhicules.

Raph salua ses amis d'un signe de tête. En silence, ils se rendirent dans le bâtiment principal du refuge. Ils y entrèrent sans difficultés, grâce à Flick. Raph n'était pas surpris de voir que les scientifiques étaient beaucoup plus agités que d'habitude. Cela donnait une dimension plus réelle à la chose.

- Plus personne ne surveille les micros, leur dit Flick en passant devant une salle vide.

Raph regarda rapidement à l'intérieur. C'était une salle d'auscultation, comme celle où il se rendait chaque semaine. Elles étaient identiques.

Ils rejoignirent les escaliers.

- On est tous trop occupé à mettre en œuvre les souhaits et désirs d'Elvira, marmonna Flick.

Raph sourit. Il était content de savoir que son ami était de son côté. Il n'aurait pas aimé le savoir dans le camp adversaire. Flick semblait être un excellent tireur.

Le groupe descendit les escaliers pour rejoindre le plus profond des sous-sols. Il y avait un long couloir plongé dans la pénombre, où bon nombre de portes se faisaient face. Raph et Peete échangèrent un regard.

- Tu sais de quelle porte il s'agit ? Demanda Chris.

- Non, répondit Flick, mais j'imagine qu'un remède de cette importance ne doit pas se trouver dans la première pièce venue.

Ils décidèrent d'un commun accord de commencer par la salle la plus au fond. Soudain, trois scientifiques surgirent de derrière une porte. Raph paniqua. Etant le dernier du groupe, il appuya brusquement sur la première poignée qui passait sous sa main. Il tira Chris qui se trouvait juste devant lui, puis referma la porte, ayant Flick et Peete faire de même en face.

Raph et Chris s'appuyèrent dos à la porte. Leur cœur battait à une vive allure. L'adrénaline se mélangeait à la peur, dans leur organisme.

- Tu as arme blanche et arme à feu ? Chuchota Raph.

- Oui, répondit Chris sur le même ton. Dis, quitte à être dans cette pièce, autant vérifier qu'il n'y ait pas le remède ici.

- Attends.

Raph s'agenouilla sur le sol. Il regarda par l'interstice, sous la porte, pour s'assurer que les scientifiques soient bien passés. Quand leurs pieds et leurs voix s'éloignèrent, Raph se remit debout. A tâtons, lui et Chris cherchèrent l'interrupteur. Ce dernier le trouva et appuya dessus. Raph retint un cri quand la lumière mit en avance des cages en fer énormes, contenant bon nombre de Contaminés. Ils bavaient et grognaient en passant leurs bras entre les barreaux, pour tenter d'en sortir et d'atteindre les deux garçons.

- Putain... Jura Chris. Ils m'avaient pas manqué ceux-là.

Raph pouffa. Une fois la surprise passée, il s'avança et contourna les cages. Il n'y avait rien.

- C'est vide, annonça-t-il.

Lui et Chris échangèrent un regard. Savoir que des cages emplies de Contaminés se trouvaient là pouvaient être un bon atout. Ils ressortirent de la pièce. Peete et Flick étaient déjà dans le couloir.

- Allons-y, dit Flick.

Ils se rendirent au fond du corridor. Flick s'apprêtait à ouvrir la porte, quand il se tourna vers ses trois compères.

- Quoi qu'on trouve derrière, je récupère le remède et on se tire rejoindre Maya et Emy, souffla-t-il.

Les trois autres acquiescèrent. Flick poussa alors la porte, qui alla cogner contre le mur. Les yeux des garçons s'écarquillèrent en voyant des tas et des tas de Contaminés se baladant librement dans la pièce. Leur Saint Graal, le remède AEC01, se trouvait en hauteur, là où les Contaminés ne pouvaient pas le renverser.

Le souffle court, Raph se saisit de son couteau. Il vit Peete, Flick et Raph faire de même. Les Contaminés les remarquèrent. Il y eut une seconde de latence, avant que les zombies s'avancent vers eux. Raph planta directement la lame de son couteau dans le front de l'un d'eux. Le sang gicla sur son visage quand il la retira. Il grimaça. Les coups s'enchaînèrent ainsi pendant plusieurs minutes, mais les Contaminés étaient nombreux et si cela continuait ainsi, ils n'arriveraient pas à s'en sortir.

- Flick ! Appela Raph. On va te frayer un chemin pour atteindre le remède. Tu le prends et on se barre !

- D'accord !

Raph trancha la gorge d'un Contaminé, avant de le repousser pour qu'il tombe sur le sol. Il continua à plusieurs reprises, jusqu'à ce que Flick lui passe devant. Ce dernier planta son couteau droit dans le crâne du zombie, qui s'effondra. Il put récupérer le remède.

- On y va, on y va ! Hurla Flick.

Raph tenta de rebrousser chemin, mais la tache s'avérait être compliquée. Les Contaminés semblaient affluer sans cesse. Pourtant ils devaient bien en voir le bout à un certain moment !

Un cri déchira l'air. Raph regarda à sa gauche et vit Chris en proie avec trois Contaminés. Son couteau était tombé par terre et il était mauvaise posture. Raph voulut l'aider, mais Peete fut plus rapide. Il en tua d'eux, tandis que Chris achevait le dernier avec son arme à feu. Il récupéra ensuite son couteau et ils s'échappèrent de là en courant. Flick claqua la porte et ils durent s'y mettre à quatre pour que celle-ci ne cède pas. Les Contaminés restés à l'intérieur forçaient pour sortir en se collant au panneau.

Finalement, avec de très grandes précautions, les quatre jeunes hommes se reculèrent doucement. La porte tenait bon. Toutefois, il valait mieux pour eux qu'ils ne restent pas là.

Raph dévisageait ses camarades, la respiration sifflante. Peete s'adressa à Flick.

- Tu l'as ?

Flick leur offrit un grand sourire, sa cage thoracique s'abaissant et se soulevant à une vitesse phénoménale, avant de brandir un flacon.

- Elvira n'a pas été très maligne sur ce coup-là, fit remarquer Chris.

Un raclement de gorge les interrompit alors. Ils se retournèrent tous les quatre et virent Fabien, entouré de quatre autres scientifiques. Il tenait une arme dans sa main. Raph s'avança d'un pas.

- C'est plutôt vous qui n'avez pas été très malins... Fit remarquer Fabien, les sourcils froncés. Pénétrer dans le lieu le plus sécurisé de refuge aussi facilement... Vous ne pensiez quand même pas vous en sortir comme cela ?

Raph leva une main devant lui. L'autre avait rangé son couteau dans sa poche et s'était posé sur la crosse de son arme à feu.

- Ecoute, Fabien, débuta-t-il, on sait que tu bosses pour Elvira. Sauf que cette femme est tout sauf bienveillante. Elle va tuer beaucoup d'entre vous, et peut-être même toi ! Tu es prêt à la laisser faire ?

Fabien se mit à trembler. Il ferma ses paupières un court instant, avant de les rouvrir. De là où il était, Raph crut même les voir briller... De larmes ?

- Je sais, je sais déjà tout ça ! Elvira s'est uniquement servit de moi pour parvenir à trouver le remède AEC01. Elle me l'a dit dès le premier jour où je suis arrivé et qu'elle a voulu de moi dans son équipe...

Fabien passa le dos de sa main libre sur ses yeux, tout en reniflant.

- J'ai fait des choses horribles... Je pensais agir de la bonne manière pour elle. Je me disais que je faisais tout cela pour le bien de la communauté... Puis j'ai surprit cette conversation entre elle et Shino. Elvira voulait tuer les trois quarts du refuge. Pour créer un monde meilleur, qu'elle disait. Je lui ai trouvé son remède, mais je regrette tellement...

La main de Fabien qui maintenait son arme en place se mit à trembler plus fortement. Raph resserra ses doigts autour de la crosse de sa propre arme à feu. Un coup d'œil au reste des scientifiques lui indiqua qu'ils étaient sans défense. Ou du moins, ils n'en n'avaient pas l'air.

- Alors viens avec nous, reprit Raph, nous pouvons t'aider à aller mieux.

Fabien secoua la tête. Il leva son arme, près à tirer. Au fond de ses prunelles dansait une lueur. Il paraissait comme fou.

- Rien ne pourra aller mieux. Recréer le remède pour en obtenir suffisamment pour soigner la population mondiale prendra encore du temps. Le temps de reconstruire ce qui a été détruit sur Terre... Je serais sans doute déjà plus là à cause des remords.

- Tu penses que c'est juste vis-à-vis de ceux qui sont morts pour permettre la fabrication du remède, de penser ainsi ? A ce qui paraît, j'ai faillit y passer, souffla Raph, et je continue de me battre. Alors bats-toi Fabien.

Leurs yeux s'accrochèrent pour ne plus se lâcher. Ils se défiaient du regard. Aucun d'eux ne voulait le baisser. Seul le bruit de la respiration de chacune des personnes se faisait entendre, tout comme le martèlement des Contaminés contre la porte, derrière eux.

- Très bien, finit par lâcher Fabien.

Quatre coups de feu s'en suivirent.