Chapitre 54
Raph terminait de lacer ses chaussures, en même temps que Will. Ils s'étaient habillés en quelques secondes pour perdre le moins de temps possible. Chris, de son côté, s'était calmé. Il ne pleurait plus et semblait avoir retrouvé son sang-froid. Ses larmes avaient disparu, même si elles avaient laissé quelques traces.
- On peut y aller ? Demanda Raph en se redressant.
- Suivez-moi, répondit simplement Chris.
Ils quittèrent ensemble la maison. Chris les mena en dehors de la partie résidentielle du refuge. Ils rejoignirent un coin reculé, où se tenaient trois scientifiques ainsi que plusieurs masses informes. En s'approchant un peu plus, Raph reconnut Peete, agenouillé sur le sol. Il tenait quelque chose, ou plutôt quelqu'un, contre lui. Debout, près d'eux, se tenaient un jeune homme.
Raph s'approcha de son ami. Il posa sa main sur son épaule.
- Peete ?
Raph avait vraiment eu peur pour le garçon. Quand Chris était arrivé chez eux, tout à l'heure, il avait vraiment cru qu'un accident était arrivé à Peete. Enfin de compte, cela ne semblait pas être lui.
- Peete ? Répéta Raph un peu plus fort.
Un sanglot lui parvint alors. D'abord doucement, puis plus fort. Peete pleurait à chaudes larmes. Il releva la tête vers Raph. Ses yeux étaient tout rouges. Raph put voir enfin voir que son ami tenait une jeune femme contre lui. Elle avait le visage maculé de sang, ainsi qu'une bonne partie de son corps.
- Qui est-ce ? Demanda Raph.
Peete était incapable de répondre. Ce fut Chris qui s'en chargea.
- C'est Jenny. La fille avec qui il est sorti pendant un long moment quand on était plus jeune. L'apocalypse les a séparés, expliqua-t-il.
Raph le regarda. Chris avait l'air vraiment triste et abattu. Raph comprit que cette relation avait beaucoup affecté Chris. Il se rappela de leur conversation, quand ils étaient allés voir Peete à l'hôpital. Cela devait être difficile de voir son premier amour, qui a été fort, amoureux d'une autre.
Raph porta son attention sur le gars, toujours debout près d'eux.
- T'es qui, toi ? Le questionna Raph.
- James, le frère de Jenny. On vient d'arriver au refuge.
Raph l'observa. Il était, lui aussi, blessé, mais pas dans le même état que sa sœur.
- On s'est fait surprendre par des Contaminés, en arrivant au refuge. On a perdu un ami. Jenny a failli y passer aussi. J'ai réussi à la sauver in extremis, souffla James.
Raph raffermit sa prise sur l'épaule de Peete.
- Il faut qu'elle aille à l'hôpital, dit-il.
- J-je veux pas la laisser... Pleura Peete un peu plus fort.
Voir son ami dans un tel état rendait Raph triste. Son cœur se serrait douloureusement dans sa poitrine.
- Peete... Si on ne l'emmène pas maintenant, elle va mourir, insista Raph.
De longues minutes s'écoulèrent, jusqu'à ce que Peete accepte de la laisser, à contrecœur. Les scientifiques s'emparèrent de Jenny pour aller la soigner. James les suivit. Peete voulait faire de même, mais Chris le retint. Peete s'effondra alors dans ses bras, laissant libre court à sa peine.
***
Raph était allongé sur la table d'osculation habituelle, groggy par les médicaments qui lui avaient été administrés. Fabien et Elvira étaient là. Raph avait le regard vitreux, les yeux légèrement ouverts, sa peau recouverte de frissons de part sa tenue constituée uniquement d'un boxer.
- Tendez son bras, s'il vous plaît.
Les voix avaient du mal à parvenir aux oreilles de Raph et à prendre sens dans son esprit. Souvent, en sortant de son rendez-vous, bien qu'il ne soit pas été endormi pendant tout le temps qu'il dur, il a du mal à se souvenir de ce qu'il s'est passé. Les doses qui lui sont injectées sont plutôt puissantes.
- J'injecte une dose du virus EC01 dans le bras gauche du patient 05-RL1. Le taux est fixé à 0.2 millilitres.
Raph frissonna désagréablement en sentant la pointe d'une seringue pénétrer sans peau. Plusieurs minutes s'écoulèrent, avant que Fabien reprenne la parole.
- Au bout de cinq minutes, pas de résultats. Le taux de 0.2 millilitres n'a toujours pas aboutit au bout de vingt-six essais. J'injecte le remède AEC01 –Anti-Expérience Contamination numéro 1– dans le bras gauche du patient 05-RL1. J'injecte ensuite une dose du virus EC01 dans le bras gauche du patient 05-RL1, dont le taux est fixé à 0.5 millilitres.
La bouche de Raph se tordit en une sorte de grimace. Il n'était définitivement pas friand des piqures.
- Au bout de cinq minutes, toujours aucun résultats. Le taux de 0.5 millilitres n'a toujours pas aboutit au bout de vingt-six essais. J'injecte une plus forte dose du remède AEC01 dans le bras gauche du patient 05-RL1.
Fabien s'arrêta. Il alla appuyer sur pause sur son enregistreur vocal, afin de parler librement à Elvira.
- Dois-je encore tester 1 millilitre sur Raph ? Hier, je l'ai testé sur un autre patient qui possède un cas similaire au sien, et... Les choses ne se sont pas déroulées comme je l'avais prévu.
- Faites votre job, Fabien, répondit simplement Elvira.
Fabien soupira discrètement. Il retourna appuyer sur son magnétophone, pour poursuivre l'enregistrement.
- J'injecte une nouvelle dose du virus EC01 dans le bras gauche du patient 05-RL1. Cette fois-ci, le taux est de 1 millilitre.
Raph sentit le liquide parcourir ses veines. Il crut percevoir un infime bruit qui lui indiquait que Fabien et Elvira s'étaient tous les deux reculés.
Rien ne se passa, jusqu'à ce que la machine contrôlant la fréquence cardiaque de Raph s'emballe soudainement. Son pouls s'éleva à un rythme bien plus rapide que la normale. Son corps commençait même à rougir à certains endroits, sa peau se recouvrant de plaques. Raph haletait. Il n'avait pas conscience de ce qui se passait. Pourtant, il sentait que les injections qu'on lui faisait subir étaient néfastes.
Puis tout à coup, plus rien. Raph cessa tout mouvement. La machine reliée à son cœur n'émettait plus qu'un même son aigu et strident.
- Raph...
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