Raph quitta l'hôpital, le cœur plus lourd qu'à l'arrivée. Les aveux de Chris combinés à la vision de l'état de Peete lui avaient donné la nausée. Il avait juste besoin de réconfort à présent.

Raph arriva rapidement chez lui et Will. Il se déchaussa et enleva sa veste, avant de rejoindre Will dans le salon. Ce dernier était allongé sur le canapé, sur le ventre, en train de lire un livre. Raph ne vit pas le titre. A vrai dire, il s'en fichait royalement. Il se laissa tomber sur le garçon –qui ne l'avait pas entendu arriver–, qui laissa échapper une exclamation de surprise. Will posa son livre sur le sol, avant de se retourner comme il put.

Raph s'assit sur le bassin de Will, pour ne pas se blesser davantage. Ils souriaient tous les deux, contents de se retrouver. Raph voulut l'embrasser, mais Will prit la parole, l'en empêchant.

- Bras cassé, donc ? Constata-t-il.

- Ca, ainsi que des côtes fêlées et une entorse en plus, grimaça Raph.

- Mon pauvre... Tu vas devoir passer les prochains jours au lit, pouffa Will.

- Si tu restes avec moi, ce ne sera pas si terrible, rétorqua Raph du tac-au-tac en remuant ses sourcils.

Will éclata de rire pour de bon. Raph craqua et ne tint plus. Il se pencha en avant, tout en faisant attention à son bras droit, et déposa doucement ses lèvres sur celles, douces, de l'autre garçon. Il glissa sa main libre dans les cheveux de Will pour caresser ses boucles et en tortiller une autour de ses doigts.

Raph se détacha de Will, tout en gardant son visage et son corps à quelques centimètres du sien. Will avait les yeux fermés. Raph délaissa ses boucles, pour effleurer du bout de son index sa joue, son nez, ses paupières, ses lèvres...

- Je t'aime tellement, souffla Raph, maintenant que je peux te le dire, j'ai envie de te le murmurer à chaque instant.

Will rougit, avant de rouvrir les yeux. Ils s'ancrèrent dans ceux de Raph. Il affichait un petit sourire timide.

- Je ne savais pas que tu pouvais être aussi... Dit-il lentement.

- Aussi quoi ? Beau, magnifique, parfait, bien foutu ? Aida Raph.

Will se remit à rire. Il frappa doucement le torse de Raph, pour ne pas le blesser davantage.

- Aussi idiot ! Lâcha Will.

Raph s'insurgea faussement. Il colla un doigt sur la poitrine de Will.

- Tu ne perds rien pour attendre, toi !

Will colla sa main sur sa bouche pour étouffer un gloussement. Cependant, Raph la chassa pour y déposer ses lèvres à la place. Il avait l'impression qu'elles avaient une saveur toute différente depuis qu'ils s'étaient déclarés l'un à l'autre.

Raph glissa doucement sa main sur la hanche de Will, la glissant en dessous de son haut pour caresser sa peau délicieuse.

- Tu ne veux pas qu'on monte dans la chambre poursuivre ce qu'on faisait il y a deux jours ? Susurra Raph à quelques centimètres de son visage.

Will allait acquiescer, quand la sonnette de la maison retentie. Raph laissa échapper un râle de désespoir en cognant son front contre l'épaule de Will. Il finit par se lever en marmonnant dans sa barbe invisible. Raph remit correctement l'écharpe qui maintenait son plâtre en place, avant d'ouvrir la porte. Il eut à peine le temps de reconnaître Shino, Flick et Maya, que les trois jeunes adultes étaient déjà entrés.

- Bonjour à vous aussi, je vois que vous allez bien. Moi oui en tout cas. Bien sûr, entrez, faites comme chez-vous, grogna Raph.

La main encore sur la poignée de la porte, il la referma d'un coup de poignet. Il secoua la tête en soufflant. Raph rejoignit le salon où Will s'était redressé en position assise sur le canapé. Il s'installa à ses côtés, de façon à pour passer son bras libre autour de sa taille. Shino sembla le remarquer, puisque ses yeux s'attardèrent plus longtemps que prévu à l'endroit où leurs corps se touchaient.

Flick se racla alors la gorge. Il était moitié allongé, moitié assis sur l'un des fauteuils, les bras croisés sur son torse. Il arborait toujours cet air bougon, qui lui donnait pourtant un certain charme. Ses sourcils étaient froncés, ce qui rendait ses yeux noirs un peu plus sombres encore. Raph pencha la tête sur le côté, alors qu'il l'étudiait.

- Si on vient vous voir à une heure aussi matinale, c'est pour parler de ce qui s'est passé l'autre jour à la supérette, débuta-t-il.

Il marqua une courte pause, avant de poursuivre.

- Nous avons déjà recueillit le témoignage d'Enes. Il nous a avoué être très touché par la mort d'Alena. Ils travaillaient ensemble depuis deux ans et demi, ce qui l'a beaucoup marqué. Il nous a raconté une partie de ce qui s'était passé, et nous aimerions en savoir plus. Etant donné qu'Alena et Peete sont incapables de nous informer...

Raph baissa la tête. Il revit Peete dans son esprit, allongé sur ce lit d'hôpital, près de la grande Faucheuse. Il était persuadé qu'elle était penchée à son chevet, gardant un sourire amusé sous son capuchon noir, tout en jouant avec sa faux. Raph n'avait même pas prévenu Will qu'il était parti voir leur ami, avec Chris.

- Tu crois que tu peux nous en parler ou... C'est encore trop frais pour cela ? Demanda prudemment Shino.

- Non, non, grimaça Raph en se redressant trop rapidement.

Il frotta doucement ses côtes fragiles qui le faisaient souffrir. Il se recala confortablement contre Will, avant de leur expliquer à tous les quatre ce qui s'était passé, dans les moindres détails. Raph n'oublia rien, de la supérette qu'ils avaient trouvé –omettant simplement les soupçons qu'il portait sur le refuge–, en passant par l'effondrement du plafond et les dégâts que cela avait engendré.

Raph ne versa aucune larme. Néanmoins, à l'intérieur, c'était un torrent qui s'écoulait et qui le ravageait.