Chapitre 44


- Vous avez deux côtes fêlées, la cheville tordue et le bras cassé. Je vous préconise beaucoup de repos et un lot de médicaments. Vous pouvez-vous rhabiller.


Raph descendit de la table d'opération en grimaçant, avant de remettre ses vêtements avec autant de difficulté.

Cela faisait deux jours qu'il était revenu de la supérette, et son corps n'avait pas cessé de le faire souffrir depuis. Ce fut donc poussé par Will qu'il s'était rendu voir le médecin, à l'hôpital. Finalement, il n'y avait pas été pour rien. C'était dingue comment l'adrénaline l'avait poussé, dans le supermarché. Comment avait-il réussi à porter Peete avec un bras cassé ?

Le médecin rédigea son ordonnance avant de la lui tendre. Raph le remercia et se dirigea vers la sortie.


- Passez par les urgences, ils s'occuperont de vous.


***


C'est cinq heures plus tard que Raph quitta enfin l'hôpital, plâtré, bandé et portant une attelle. Il souffla, le regard rivé sur le sol. Il avait encore plus qu'en arrivant. Il n'aurait pas cru cela possible.


- Aïe, putain ! Regarde où tu vas espèce de c... Chris ?


Raph frotta doucement son épaule, tout en maintenant son bras plâtré contre lui. De toute façon, il était déjà en écharpe. Heureusement, ce n'était pas le gauche qui était cassé –puisqu'il était gaucher.

Chris le regarda de bas en haut, et siffla.


- Tu t'es pas loupé l'autre jour, remarqua-t-il, déjà que c'était impressionnant quand t'étais recouvert de sang et de poussière, mais là...

- Je vais prendre ça pour un compliment, railla Raph.


Ils se regardèrent quelques instants sans rien dire, jusqu'à ce que Raph reprenne la parole.


- Tu allais à l'hosto pour ton bras ? Interrogea-t-il en indiquant le bâtiment d'un signe du menton.

- Non, je... J'allais voir Peete, avoua Chris en baissant la tête. Je n'ai pas osé y aller pour le moment. J'ai trop peur...


Raph acquiesça lentement. Lui-même n'avait pas eu le courage de le faire. Il avait proposé à Will de le voir, mais le garçon n'avait pas voulu.


- Tu veux que je vienne avec toi ? Proposa Raph.


Les yeux de Chris s'illuminèrent.


- Tu voudrais ?

- Si je te le propose, sourit Raph.


Leur relation n'avait peut-être pas commencé sous les meilleurs auspices, mais aujourd'hui cela allait mieux.


- Viens.


Raph entraîna Chris vers l'intérieur de l'hôpital. Ils se dirigèrent vers l'accueil pour demander après Peete. La secrétaire leur indiqua une chambre et un étage, qu'ils rejoignirent sans plus tarder.


- S'il est dans une chambre, c'est qu'il va bien, non ? Tenta de se rassurer Chris.


Raph ne répondit pas.

Quand ils arrivèrent devant la bonne chambre, un médecin en sortait tout juste.


- Excusez-moi, l'apostropha Raph, notre ami Peete se trouve ici. Comment va-t-il ? Est-ce qu'il est... ?


Il n'osa pas terminer sa phrase.


- Non. Votre ami n'est pas décédé.


Raph passa immédiatement son bras libre autour de la taille de Chris pour le soutenir.


- Néanmoins, il a subit un véritable traumatisme. Nous avons retiré les deux barres de son œil et sa gorge, mais il gardera tout de même des traces de son accident. Pour l'instant, nous l'avons plongé dans un sommeil artificiel le temps qu'il se remette. Par contre, il y a un risque pour qu'il ne puisse plus ouvrir son œil blessé.

- Au moins, il est encore en vie, souffla Chris, j'imagine que c'est le principal.

- On peut le voir ?

- Oui, mais cela risque de vous faire un choc. Il a de sacrées blessures. Votre ami est très fort. Pour être honnête avec vous, quand on me l'a amené l'autre soir, je n'aurai jamais cru que nous réussirions à faire repartir son cœur.


Le médecin leur ouvrit la porte et s'éclipsa. Raph et Chris échangèrent un regard. Ils entrèrent et refermèrent derrière eux. Ils virent alors Peete, allongé sur un grand lit blanc. Ses blessures étaient bien plus nombreuses et visibles que celles de Raph. De plus, son teint pâle était renforcé par la couleur des draps. Son œil droit était recouvert d'un bandage légèrement maculé de sang. Sa lèvre et son arcade sourcilière avaient été recousues. Une autre bande blanche entourait sa gorge. Endormi ainsi, il semblait presque... Apaisé.

Raph s'approcha du lit, le souffle coupé. Il tira une chaise pour lui et Chris, et s'y assit. Automatiquement, Chris prit la main de son ami dans la sienne. Cela n'échappa pas à Raph, qui ne dit rien. Il entendit Chris renifler, mais ne vit pas son visage.

Ils restèrent plusieurs minutes dans un silence de plomb, jusqu'à ce que la voix de Chris s'élève.


- Tu sais, commença-t-il, on connaît Peete depuis extrêmement longtemps avec Emy. Et... C'est mon premier amour, en quelque sorte.


Si Raph tombait des nues, il n'en montra rien et le laissa poursuivre.


- Je suis tombé amoureux de lui à six ans, quand on s'est rencontré au cours préparatoire. Je suis resté dingue de lui, même pendant l'apocalypse. Je lui ai même avoué mes sentiments, quand on avait dix ou onze ans. Je m'en rappelle encore.


Il arborait un sourire nostalgique en se tournant vers Raph.


- Il m'a sourit, à la sortie du collège, puis m'a pris dans ses bras. Quand il m'a embrassé, ça a été comme un feu d'artifice dans mon corps.


Son regard se voila de tristesse.


- On s'est séparé quelques semaines plus tard. Il était sincèrement désolé pour moi, car il n'était pas attiré par les hommes. Il a eu du mal à me le dire, parce qu'il ne voulait pas briser notre amitié. Aujourd'hui, on est resté amis. Sauf qu'à chaque fois qu'il est en danger, je repense à ça. Et ça fait mal... Surtout que Will ne me laisse pas indifférent non plus, mais il ne voit que toi.


Chris laissa échapper un rire sans joie.


- J'ai vraiment de la chance en amour. Même pendant la fin du monde, personne ne veut de moi.

- Au moins... Si jamais tu venais à mourir, tu ne serais plus vierge, tenta Raph.


Ils se regardèrent longuement, avant d'éclater de rire. La pression redescendait lentement.

En entendant Peete émettre de petits bruits plaintifs, ils se calmèrent et se turent. Raph décida de se lever. Il pressa doucement l'épaule de Chris.


- Je vous laisse.

- D'accord. Merci, Raph.


Ce dernier quitta la pièce, en refermant doucement la porte derrière lui.

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