Chapitre 42


Raph tentait de suivre comme il pouvait la voiture d'Enes. La pluie était tombée drue –et tombait encore–, ce qui rendait la visibilité de la route difficile, en sachant qu'il faisait nuit. Il devait plisser les yeux pour tenter d'apercevoir quelque chose, même avec les phares d'allumés. Si des Contaminés surgissaient devant eux, Raph ne donnait pas cher de sa peau.

Le cœur du garçon battait encore à tout rompre. Il revoyait sans cesse des flashs d'Alena lui dire de courir, avant de se jeter sur les Contaminés pour leur permettre de s'échapper... Raph secoua la tête. Il se sentait un peu coupable en sachant qu'il lui avait vraiment mal parlé après l'avoir vue tenter d'étrangler Peete. Et si elle avait donné sa vie à cause de cela ? A cause de la défense de Peete qu'il avait prise ? Pour se faire pardonner ? Raph ne savait plus quoi en penser. Tout s'était passé si vite... Il n'arrivait même pas à croire qu'ils avaient pu s'en sortir, qu'avec de simples blessures. A moins qu'ils soient morts et qu'il imaginait tout cela ?

Raph ralentit en voyant qu'Enes faisait de même. En regardant un peu mieux, Raph vit qu'ils étaient arrivés au refuge. Les portes s'ouvrirent dans les secondes qui suivirent. Ils roulèrent à l'intérieur et Raph entendit les battants se refermer derrière eux. Il laissa tomber la moto pour courir jusqu'à la voiture. Il ouvrit la portière pour récupérer Peete, sans se préoccuper de l'agitation qui commençait à régner autour d'eux.

Raph s'agenouilla comme il put aux côtés de Peete. Il récupéra sa main, tout en vérifiant son pouls de l'autre. Il ne savait pas s'il imaginait une faible pulsation sous ses doigts, ou bien s'il la sentait réellement. Raph sortit Peete avec difficulté de la voiture. Il entendait les multiples chuchotis des gens, ce qui l'agaça fortement.


- Raph, Peete !


Raph se retourna et vit Chris et Emy courir vers eux.


- Qu'est-ce qui lui est arrivé ? Questionna immédiatement Chris en constatant l'état de son ami de longue date.


Raph secoua la tête.


- Je... Je suis désolé, balbutia-t-il, j'ai pas réussi à... A le sauver... On était dans une supérette et... Le plafond s'est écroulé sur nous...

- Il n'est pas... Murmura Emy, les larmes aux yeux et une main plaquée sur ses lèvres.

- Non...


Raph reprit la main de Peete en lui demandant de la lui serrer s'il l'entendait. Raph ne ressentit rien. Il posa deux doigts sous sa mâchoire, mais il ne trouva aucun pouls. Sa respiration s'emballa soudainement, tout comme les battements effrénés de son cœur.


- Non... Non, non, non, non... Peete ! Cria Raph.


Il se laissa tomber à genoux sur le sol, en larmes.


- S'il vous plaît, aidez-moi, aidez-le ! Supplia Raph en regardant partout autour de lui.


Cependant, les habitants du refuge ne firent rien d'autre que de les regarder, comme s'il s'agissait d'un spectacle. Finalement, deux scientifiques en blouse blanche se détachèrent du lot et s'approchèrent d'eux d'un pas rapide. Ils retirèrent précautionneusement Peete des bras de Raph pour l'emmener avec eux. Ce dernier était complètement dévasté. Il ne cessait de répéter les mêmes mots, complètement à bout de nerfs et de force.


- Peete... Peete... Sauvez-le... S'il vous plaît... S'il vous plaît... S'il vous plaît...


Kieren apparu alors au milieu de la foule. Il rejoignit Raph en quelques enjambées pour s'accroupir près de son ami. Kieren passa un bras dans son dos pour l'aider à se relever. Les jambes de Raph étaient tremblantes.


- Aller viens, restons pas ici, chuchota Kieren.


Raph était en pleine crise de panique et le regard des gens braqué sur lui ne l'aiderait pas à se calmer. Raph, Chris, Emy et Kieren prirent le chemin de la maison de ce dernier sans plus tarder.


***


- Et Will, comment il va ?

- Il... Est très mal, je ne vais pas te mentir. Mais pour l'instant, c'est de toi dont il faut s'occuper.


Raph hocha lentement la tête, une boule dans la gorge. Ses pensées étaient déchirées en deux. D'un côté, il pensait à Peete dont le cœur avait cessé de battre alors qu'il le tenait dans ses bras, et de l'autre il y avait Will. Il se sentait affreux de penser à son meilleur ami, alors que l'autre était au bord de la mort.

Kieren revint dans le salon avec un grand verre d'eau. Il s'assit sur le canapé, près de Raph, et lui tendit. Raph saisit le verre et le but cul-sec. Il le posa sur la table basse en verre, dans un tintement clair. Raph se remit debout.


- Je dois y aller, dit-il, merci beaucoup de m'avoir ramené ici.

- T'es sûr ? Demanda Emy, inquiète. Il pleut encore des cordes.

- J'ai besoin de me reposer, avoua Raph, las.


Il ne savait pas pendant combien de temps ils étaient restés enfermés dans la supérette, mais il était complètement épuisé. De plus, l'envie de ne plus penser à rien –notamment à Peete– le tentait beaucoup.

Raph quitta la maison en saluant les trois autres. A peine avait-il mit un pied dehors, qu'il se retrouva trempé des pieds à la tête. Il soupira. Il n'avait même pas de capuche pour se protéger. Il enfonça toutefois ses mains dans les poches de son pantalon. C'est à ce moment-là qu'il se rendit compte qu'il était couvert de sang, autant sur ses vêtements que sur sa peau. Il ne voulait même pas voir dans quel état il était.

Raph prit la direction de la maison de Will. Il n'y avait plus personne dehors. Tout le monde semblait être rentré chez lui.

Raph frappa trois coups contre la porte, avant de s'adosser contre la colonne qui se trouvait un peu derrière lui. Le panneau en bois mit plusieurs minutes à s'ouvrir. C'est un Will larmoyant qui lui ouvrit. Sa mâchoire se décrocha presque sous la stupéfaction de revoir le garçon. De son côté, l'épuisement de Raph sembla disparaître instantanément en le revoyant.


- Raph... murmura Will, ils m'ont dit que tu étais... Partis en dehors du refuge. Que tu ne reviendrais pas. Chris et Emy m'ont assuré que non, que tu ne partirais jamais sans nous. Mais je ne les ais pas cru... C'est Elvira qui est venue me voir pour me dire ça. Je t'assure que, pourtant, j'étais certain que tu ne ferais jamais ça, sauf que...


Raph interrompit le monologue de Will en avançant et en plaquant ses lèvres sur les siennes. Ses mains se posèrent sur ses hanches par automatisme. Raph le fit reculer doucement jusqu'à ce que son dos heurte doucement le mur. Il claqua la porte avec son pied, tout en surplombant son ami de toute sa hauteur. Raph le dépassait presque d'une tête.


- Ferme-là, Will, dit-t-il d'une voix plus grave que d'habitude.


Will déglutit. Ses doigts se resserrèrent autour du tee-shirt de Raph. Ce dernier happa à nouveau ses lèvres entre les siennes, avant de poser son front contre celui de Will. Leur respiration était déjà erratique.


- Je t'aime, avoua Raph dans un souffle, ses prunelles ancrées dans celles de Will dont le cœur avait loupé plusieurs battements. Je suis putain d'amoureux de toi depuis trop longtemps. Il a fallut que je manque de crever pour m'en rendre compte. Je t'aime, Will, tellement.


Raph ne laissa pas le temps à l'autre garçon de répondre. Il récupéra ses lèvres tout en se battant avec le tee-shirt du plus jeune. Leurs bouches se séparèrent juste le temps d'enlever le vêtement. Raph attrapa les cuisses de Will pour glisser ses jambes autour de ses hanches, plaçant ses mains sous ses fesses pour le maintenir.

Raph les mena jusqu'à l'étage, dans leur chambre, en semant leurs affaires ci-et-là sur le sol, sans cesser de se dévorer la bouche. Ils étaient affamés, mais sans mauvaise connotation. Ils étaient simplement affamés de l'amour de l'autre, beaucoup trop longtemps enfoui.

Une fois arrivés là où ils voulaient, Raph allongea Will en douceur sur le lit. Il lui prouva ses sentiments une unique fois dans la nuit, pour leur première fois.

Ce fut enlacés, comblés, heureux et amoureux, que les deux garçons s'endormirent au milieu des draps froissés. Ils se serraient comme si cela était la dernière fois qu'ils se voyaient...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top