Raph ne resta pas là une seconde de plus. Le cœur battant la chamade, il retourna au près de Peete. Il savait que son ami était plus grand et plus costaux que lui, mais cela ne l'arrêta pas. Raph passa une main dans le dos de Peete et l'autre sous ses jambes, avant de le soulever avec précaution. Il décida de ne pas regarder si les barres métalliques avaient traversé entièrement sa peau ou non.

Raph couru le plus silencieusement possible, manquant de trébucher à de nombreuses reprises, jusqu'à la réserve. Enes et Alena se trouvaient là. Raph confia Peete à Enes, avant d'aller refermer la porte. Il glissa une petite étagère juste devant. Finalement, il se retourna vers les trois autres.

- Les Contaminés ont réussi à entrer, avoua Raph, on est foutu.

Il se laissa tomber sur le sol, recroquevillé sur lui-même. Will... Il ne pensait qu'à lui. En sachant son heure proche, Raph ne pensait et ne voyait que ses magnifiques yeux verts dans son esprit. Il ne pourrait plus jamais caresser son visage, passer ses mains dans ses adorables boucles. Raph plongea sa tête entre ses mains. Il voulait juste sortir d'ici...

Raph prit sa décision soudainement, par pulsion. Il se releva. Il glissa sa main sur ses fesses pour récupérer son couteau, logé dans sa poche. De l'autre, il retrouva son arme toujours coincé à la même place. Il était soulagé de les retrouver.

- Sortez vos armes, on va casser du zombie, déclara Raph d'une voix froide.

Il se tourna dos aux trois autres et repoussa l'étagère pour pouvoir ouvrir la porte.

- Je m'occupe de Peete, si tu veux, proposa Enes.

Raph fit volte-face et s'approcha de lui. Il récupéra délicatement Peete dans ses bras, gardant fermement son arme à feu dans sa main. Il avait rangé son couteau dans une poche proche, de façon à ce qu'il puisse l'attraper à tout moment s'il en avait besoin.

- Je ne vous fais pas confiance, ni à l'un, ni à l'autre, dit honnêtement Raph.

Enes acquiesça. L'homme pouvait comprendre. Même s'il n'avait pas eu vent de ce qu'il s'était passé entre Alena et Peete, il voyait bien que Raph cherchait à sauver avant tout la peau de son ami. Et qui de mieux pour le défendre que lui-même ?

Enes s'approcha de la porte, son arme sortie et prête à être utilisée. Malgré elle, Alena fit pareil. Après tout, ils étaient dans la même galère et ils devaient rester souder. Bien que Raph ne lui pardonnerait sans doute jamais d'avoir voulu tuer Peete...

- Vous êtes prêts ? Souffla Enes.

- Ils sont sans doute proche des deux cents Contaminés... Rappela Raph en replaçant son ami correctement contre lui, si jamais... Je ne m'en sors pas, promettez-moi de ramener Peete au refuge et de le soigner. Et s'il se réveille –il baissa les yeux vers lui– demandez-lui de dire à Will que...

Son cœur se mit à battre un peu plus fort dans sa poitrine. Will... Il avait tellement de choses à lui dire. Tellement de choses à lui montrer, à lui prouver ! Sauf que ce n'était que quand il était sur le point de le perdre, qu'il se rendait compte de tout cela... Raph avait une boule de rage coincé dans sa poitrine. Il s'en voulait d'avoir été si aveugle tout ce temps. Quand il revoyait Will dans sa tête et dans ses souvenirs, il était évident qu'ils n'étaient pas de simples amis. Pourtant ce n'était que là, aux portes de la Mort, prête à les accueillir, que Raph le comprenait. Il était fou amoureux de Will, autant que Will l'était de lui. Et il ne l'avait tout simplement pas vu.

Enes se racla doucement la gorge pour attirer l'attention de Raph, qui était plongé dans ses pensées. Le garçon releva la tête vers son aîné.

- Dire quoi à Will... ? Interrogea Enes.

Cependant, Raph secoua la tête.

- Rien, répondit-il.

Ses sourcils étaient froncés et son regard déterminé. Ce n'était à personne d'autre que lui de dire ce qu'il ressentait à Will. S'il n'arrivait pas à s'en sortir et le revoir, il mourrait au moins en essayant. Pour Will et pour Peete, il allait se battre.

- Ouvre la porte.

Raph resserra un peu plus sa prise sur son arme et sur Peete, pour ne pas être gêné quand il courrait. Parce qu'il comptait bien se frayer un chemin pour fuir avec Peete et prendre la voiture pour fuir. Tant pis pour Enes qu'il appréciait pourtant, et encore plus pour Alena à qu'il en voudrait surement pour toujours.

Enes pressa alors la poignée avec une lenteur infinie, digne des films d'action. La porte glissa lentement sur le sol, leur provoquant à tous une flopée de frissons qui remonta le long de leur colonne vertébrale. La lourde se heurta au mur dans un bruit sourd. Des tas de Contaminés erraient en face d'eux.

Raph sentit une goutte de sueur perler le long de sa tempe. Il resserra Peete un peu plus contre lui, sans savoir si cela le blessait davantage ou non.

- On fonce jusqu'à la sortie, sans se retourner, chuchota Raph.

Les Contaminés commencèrent à les voir et à avancer vers eux, d'un pas traînant. Raph les avait déjà vus bien plus vifs que cela, et il savait que ce ne serait plus qu'une question de minutes, voire de secondes, désormais. En voyant le nombre de zombies devant eux, Raph décida de changer d'arme. Avec son couteau, il serait beaucoup plus vif qu'avec son énorme sniper, qu'il décida d'ailleurs de laisser par terre. Ici, il le gênerait plus qu'autre chose.

- Maintenant !

Enes s'élança sur les premiers Contaminés, rapidement suivi d'Alena. Raph allait rester un peu derrière pour tenter de protéger Peete, tout en essayant de s'en sortir également. A l'aide de son couteau, Raph tua plusieurs Contaminés d'affilé. Même avec Peete dans les bras, il n'était pas en reste.

Un coup de lame dans le front, un autre dans l'œil ou à l'arrière du crâne... Tout s'enchaînait très vite. Toutefois, le nombre de zombies semblait augmenter au fur et à mesure qu'ils en tuaient. Ils réussissaient à avancer, mais difficilement. Les Contaminés les atteignaient un peu plus à chaque fois. Raph avait du mal à supporter les poids de Peete dans ses bras, en même temps qu'il repoussait les créatures. Soit Peete allait finir par perdre la vie, soit ils allaient tous les deux y rester.

Soudain, Raph entendit un cri de rage poussé –très certainement– par Alena. Elle repoussa cinq ou six Contaminés à mains nues, sans pour autant les tuer, avant de dégager le chemin pour que Raph puisse rejoindre Enes. Raph passa devant elle, interrogateur. Alena lui cria seulement de courir, avant de sauter au milieu de la horde... Sans armes. Elle les avait jetées en direction de Raph et d'Enes.

Raph resta stoïque un instant, regardant la jeune femme se faire déchiqueter le corps par un tas de Contaminés, jusqu'à ce qu'Enes le tire par le col de son tee-shirt. Ils réussirent à éliminer les quelques zombies qui leur barraient la route, l'attention de tous les autres étant concentrée sur Alena.

Raph et Enes parvinrent à sortir et rejoindre leurs véhicules. La nuit noire dehors était sans lune, et ils avaient du mal à se repérer. Heureusement, ils ne s'étaient pas garés trop loin. L'obscurité était d'ailleurs une chance pour eux, puisque cela leur permis de se faire bien moins repéré par les Contaminés, qui se dirigeaient tous vers l'intérieur de la supérette à présent. Le groupe formé autour du corps d'Alena était un appât qui leur permettait de fuir.

Enes déverrouilla la voiture et ouvrit la porte arrière. Raph coucha Peete sur la banquette, avant de vérifier son pouls. Il battait beaucoup trop faiblement...

Raph se redressa et referma le plus doucement possible la portière. Enes grimpa à l'avant, tandis que Raph rejoignait la moto. Il n'en n'avait jamais conduit, mais avait regardé brièvement comment Peete faisait. S'il se souvenait bien, il appuyait sur ce bouton et... Bingo ! Cela démarrait tout seul. Le bruit que faisait la moto était affreusement fort, ce qui risquait de ramener tous les Contaminés ici très rapidement s'ils ne partaient pas tout de suite.

Ne sachant pas se repérer dans cet endroit, Raph attendit qu'Enes parte le premier, ce qu'il fit presque dans la seconde qui suivie sa pensée. Raph se mit à rouler à son tour –un peu en zigzaguant au départ, il fallait bien l'avouer–, sans s'éloigner de plus de deux mètres de la voiture.

Raph ne savait pas par quel miracle ils avaient bien pu s'en sortir.