Chapitre 40
Raph resta assis par terre, ses mains posées de part et d'autre derrière lui, sur le sol sale. Sa bouche était restée entre-ouverte sous la surprise.
- L'écroulement du plafond a provoqué un raffut terrible, dit Enes, cela à très certainement dû les attirer.
- Qu'est-ce qu'on va faire, gémit Raph, on ne va pas pouvoir sortir d'ici. On est bloqué. Et Peete ! Il ne peut pas rester ici éternellement, il a besoin de soins...
Enes s'accroupit à ses côtés.
- Calme-toi, Raph. On va chercher une autre sortie, d'accord ? On va tout faire pour se tirer de cette galère, part pas défaitiste.
Raph hocha difficilement la tête, une boule dans la gorge. Il se releva et retourna regarder par l'interstice. Les Contaminés rôdaient plus ou moins près de l'entrée bouchée. Ils étaient toujours aussi effrayants avec leur peau déchirée et le peu de vêtements qu'ils portaient toujours en lambeaux. Raph les trouvaient affreux.
Raph se releva et, avec Enes, se dirigea vers l'arrière de la supérette. Il s'insulta mentalement de ne pas y avoir pensé avant. Ils auraient pu gagner beaucoup de temps. Qu'est-ce qu'il pouvait être idiot parfois ! Il récupéra sa lampe torche et l'alluma pour éclairer le chemin devant lui. Enes avait fait pareil. Raph grimaça en se rendant compte qu'il y avait même des crânes et des morceaux de squelettes sur le sol. Il trouvait cela affreusement dégoûtant.
Raph passa sa main dans ses cheveux, en tirant nerveusement sur quelques mèches. Il n'était absolument pas claustrophobe, mais plus le temps passait, et plus il avait du mal à rester enfermé dans cet endroit. Ils repassèrent devant Alena et Peete à qu'ils ne prêtèrent pas attention. Ils se dirigèrent vers le fond, là où une porte de service se trouverait plus probablement.
- Tu t'occupes du côté droit, je m'occupe du gauche, dit Enes à Raph.
Ce dernier acquiesça. Raph s'approcha du mur pour le tâtonner, tout en laissant sa lampe dirigée vers celui-ci. Raph grogna quand sa main libre toucha des petites bestioles ou des saletés quand il la faisait glisser sur la surface rugueuse du mur. Il pesta un peu plus fort quand il se griffa le doigt contre un clou qui était mal enfoncé.
- Raph, j'ai trouvé !
Le garçon fut soulagé en entendant Enes. Il était rassuré que cela n'ait pas pris autant de temps que pour dégager la pile de débris devant la porte d'entrée. Raph rejoignit Enes. Ils se regardèrent, à moitié emplis d'espoir, à moitié désespéré. Raph contempla la porte. Il enroula ses doigts autour de la poignée, avant de la baisser sans plus attendre. Il poussa la porte qui s'ouvrit doucement, le cœur battant.
Cependant, ils tombèrent sur rien d'autre qu'une réserve. Réserve comportant bien entendu de la nourriture, et qui avait été préservée de l'éboulement du plafond.
- Bordel de merde... Jura Enes.
Raph le regarda avec étonnement. Enes ne semblait pas être le genre de personne à s'exprimer ainsi. Au contraire, il avait plutôt l'air contre ce genre de propos et doté de sang-froid.
Raph entra dans la réserve. Une lueur d'émerveillement se dessina au fond de ses yeux.
- Enes, on a trouvé de quoi se ravitailler ! S'exclama Raph, fou de joie.
Etant donné que tout ce qu'ils avaient trouvé avait été réduit à néant par l'écroulement du plafond, il y avait de quoi les rendre heureux. Raph se jeta immédiatement sur une boîte de conserve. Il l'ouvrit et en vida le contenu dans sa bouche en quelques secondes. Il ne s'était pas rendu compte qu'il mourrait autant de faim. Enes, quant à lui, était en train de remplir son sac à dos, qui n'avait pas quitté ses épaules depuis qu'ils étaient partis du refuge.
Raph reposa sa converse sur l'étagère couverte d'une fine couche de poussière, afin d'imiter Enes. Cependant, il se rendit compte qu'il n'avait plus de sac. Raph jura. Il retourna dans l'autre pièce après avoir prévenu Enes.
Raph baissa les yeux vers sa lampe torche quand celle-ci se mit à grésiller et clignoter. Il la tapota un peu. Ce n'était pas le moment pour elle de le lâcher. Raph retourna à l'endroit approximatif où il se trouvait avant l'éboulement. Il retourna plusieurs blocs de plâtre qui le firent tousser encore un peu plus. C'est là qu'il tomba sur l'arc, qu'il reconnut comme étant celui de Peete, ainsi que le carquois qui l'accompagne, moins rempli de flèches qu'à l'origine. Raph l'attrapa, mais seule la moitié de l'arc lui resta dans la main. Il soupira et la relaissa tomber sur le sol. Il remarqua alors son –ou du moins un– sac, échoué un peu plus loin. Il le récupéra et retourna dans la réserve. Il mit un maximum de bouteille d'eau et plusieurs conserves, avant de courir rejoindre Peete et Alena.
Quand Raph arriva près d'eux, il s'arrêta subitement. Alena se tenait assise sur le torse de Peete, ses mains tenant fermement son cou, autour de la barre métallique. Le sang de Raph ne fit qu'un tour. Il s'approcha d'Alena d'un pas furieux, à toute vitesse, avant de lui donner un coup de pied pour la décrocher de son ami. Alena s'écroula dans la poussière.
- T'es dingue ! Hurla Raph, empli de fureur.
Ses yeux lançaient des éclairs. Tout son corps bouillonnait de rage, et il se retenait de lui planter une balle dans la tête, ou son couteau, au choix.
- De quel droit tu l'étrangles ! Reprit Raph en augmentant de quelques décibels.
- Il souffre, Raph. Il souffre, putain ! Je peux pas le laisser comme ça ! S'il finit par crever, on aura un Contaminé sur les bras ! S'énerva à son tour Alena, qui s'était redressée.
Raph retint ses larmes. Il pinça les lèvres et serra les poings, tout en détournant le regard.
- On ne le tue pas, grogna-t-il, tant qu'il vit, on tente le tout pour le tout et on le sort de là.
- Très bien, dit froidement Alena en se remettant debout, mais dans ce cas-là s'il meurt, ne venez pas me voir.
Elle s'éloigna, laissant Raph seul avec Peete. Raph se laissa tomber aux côtés de son ami, les joues remplies de larmes. Il posa doucement sa main sur la poitrine de Peete, pour s'assurer que son cœur battait toujours. Heureusement, c'était le cas. Raph glissa sa main dans la sienne.
- Sers fort si tu m'entends toujours, murmura-t-il.
Il sentit les doigts de Peete s'enrouler faiblement autour des siens. Ses deux yeux étaient clos. Sa poitrine se levait et s'abaissait tellement doucement, qu'il paraissait presque sans vie. Cette vision bouleversait grandement Raph.
- Reste avec moi, mec. Je te jure que je te ramènerai au refuge.
Faible pression autour de ses doigts. Raph baissa la tête, lâchant de nouveau un minuscule soupir.
Soudain, il entendit les mêmes bruits que plus tôt. C'est-à-dire, comme quand il dégageait l'entrée de la supérette avec Enes. Pris d'un immense doute, une boule logée dans sa gorge et dans le creux de son ventre, il retira sa main de celle de Peete, qui ne réagit pas.
Raph replaça correctement son sac sur ses deux épaules, et se dirigea vers l'avant du magasin. Il n'eut pas besoin de l'atteindre complètement, puisque ce dont il se doutait se trouvait déjà devant ses yeux, un peu plus loin.
L'entrée en partie dégagée.
Des Contaminés partout.
Aucune sortie de secours.
Aucune solution de replie.
Uniquement la mort pouvait les sauver.
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