Raph adressa un sourire amical à Kieren, quand il monta en haut des remparts. Ils s'accoudèrent contre en surveillant les alentours, leur arme dans les mains.

- Comment tu trouves la vie, ici ? Demanda Kieren au bout de plusieurs minutes.

Raph sourit. Ils ressemblaient à de vieux copain de classe qui se retrouvaient après plusieurs années passées, alors qu'ils ne se connaissaient que depuis un mois. C'était d'autant plus étrange qu'il aurait dû se comporter ainsi avec Shino, et que ce n'était pas le cas.

- Ce serait mentir de dire que je n'aime pas être là, répondit lentement Raph, après avoir vécu sept ans dans la nature, avoir de nouveau un toit au-dessus de la tête est un rêve que je ne pensais plus possible.

- C'est normal, acquiesça Kieren, quand je suis arrivé je pensais pareil. Après avoir perdu l'un de mes frères, nous étions anéantis. Puis le refuge nous a accueillit et nous avons réussi à s'en sortir. Nous avons pu nous reconstruire et depuis, tout va mieux.

Raph était touché par l'histoire de Kieren. Cela n'avait pas dû être facile de perdre quelqu'un de sa fratrie. De toute manière, peu importait le membre de sa famille, il s'agissait toujours d'un coup dur.

- Raph !

En entendant cette voix familière, le garçon se retourna immédiatement pour rejoindre l'autre côté. Un gigantesque sourire étira ses lèvres en voyant Peete en bas.

- Descends, mec ! J'ai une bonne nouvelle à t'annoncer ! S'exclama Peete, les mains sur les hanches.

- Je reviens, dit Raph à l'intention de Kieren.

Raph passa son arme par-dessus son épaule pour la glisser dans son dos, avant de descendre l'échelle. Il sauta les derniers barreaux et rejoignit Peete. Ils s'étreignirent brièvement.

- Alors ? Cette bonne nouvelle ? Questionna directement Isaac.

Peete lui adressa un sourire mystérieux, en coin. Il leva les yeux au ciel, en sifflotant. Raph lui donna un petit coup dans l'épaule.

- Dis-moi ! Tu sais que je déteste le suspense, râla-t-il.

- Sihno est venue me voir pour me demander de t'amener avec nous en dehors de la ville, chercher des vivres et cetera, annonça Peete en dévoilant ses dents blanches.

Raph était stupéfait. Cela faisait trois semaines qu'il avait soumis cette requête, sur un coup de tête, à son amie. Jamais il n'aurait pensé qu'elle accepterait, surtout qu'il s'entendait très bien avec Kieren et qu'ils faisaient correctement leur travail.

- Je commence quand ? Demanda Raph avec un enthousiasme non feint.

- Maintenant ! Abandonne ton pote et rejoins-nous.

Raph eut un instant de latence, avant de nouveau réagir. Il se retourna et mis ses mains en porte-voix.

- Kieren ! Appela-t-il.

La tête du garçon apparue en haut des remparts.

- Ouais ?

- Je te laisse tomber, mec. Peete m'a dit que j'avais obtenu un nouveau poste.

- D'accord, éclate-toi bien.

- Merci !

Raph se dirigea vers le cabanon pour y déposer son arme, mais Peete l'arrêta.

- T'en auras besoin si on sort, tu sais ? Railla-t-il.

Raph et lui rejoignirent les portes de la ville. Deux personnes se tenaient debout, appuyées contre les portières d'une voiture. Il s'agissait d'un gigantesque 4x4, comportant un bélier sur le devant, afin de les protéger contre des hordes plus ou moins petites des Contaminés.

Raph et Peete s'approchèrent d'eux. Ils leur serrèrent la main en se saluant.

- Je vous amène Raphaël -ou plutôt Raph-. Raphouille, je te présente Alena et Enes.

Raph les observa tous les deux. La femme était petite, musclée et carrée. Sa mâchoire était dessinée comme celle d'un homme. Toutefois, elle gardait une part de féminité avec un maquillage léger et discret. L'homme, quant à lui, était un grand noir à la figure aimable. Il souriait et semblait être quelqu'un de profondément gentil. Il avait quelques cheveux grisonnants sur le dessus de sa tête.

- On va prendre la moto, indiqua Peete à Raph, Alena et Enes vont prendre la voiture et nous, nous ouvrirons la voie. Si jamais des Contaminés arrivent, nous les laisserons passer pour qu'ils les dégagent avec le bélier. T'as compris ?

- Je crois.

Peete rit.

- De toute façon, la seule chose que tu auras à faire est de te tenir à moi pour ne pas tomber.

- Très bien.

Alena et Enes montèrent dans le 4x4. Raph s'apprêta à monter sur la moto, mais Peete posa sa main sur son bras. Raph se tourna vers lui, les sourcils haussés.

- Si jamais tu ne te sens pas de le faire... Commença-t-il.

- T'inquiète pas, j'attendais depuis un long moment de sortir d'ici déjà, rassura Raph avec un sourire, c'est génial de retrouver un semblant de vie normale, mais j'ai tout de même besoin de changer d'air.

Peete acquiesça une fois. Ils grimpèrent finalement sur la moto. Peete la démarra et attendit que les portes soient ouvertes pour se lancer. Raph adressa un bref signe de la main à Kieren, qui le lui rendit, avant de rapidement refermer les portes une fois que les deux véhicules furent passés.

Raph bascula la tête en arrière, appréciant la sensation du vent sur son visage. L'acceptation de ce job n'avait pas seulement été motivée par l'envie de sortir un peu de la ville. Il devait également avoir une discussion sérieuse avec Peete.

***

- On est arrivé ! Cria Peete pour se faire entendre de Raph.

Le garçon resserra un peu plus ses mains autour du ventre de son ami, pour lui faire comprendre qu'il avait bien compris. Ils avaient rejoints une petite ville fantôme, complètement détruite. Au début de la fin du monde, les émeutes ici avaient dues être sacrément violentes. Un caddie était même renversé en travers des portes électriques du supermarché -devant lequel ils s'étaient arrêtés-, les empêchant de se refermer. De toute manière, elles ne devaient plus marcher depuis quelques temps.

Raph et Peete descendirent de la moto, après que ce dernier ait placé la bequille, tandis qu'Alena et Enes les rejoignirent après avoir quitté la voiture. Ils avaient tous leur arme dans leurs mains. Raph sourit discrètement en voyant Peete avec son arc. Ils se dirigèrent vers l'entrée de la superette. Enes frappa trois coups avec un tube en métal, qu'il avait ramassé par terre, contre le mur du supermarché. Le bruit se répercuta en écho dans tout l'espace intérieur. Ils attendirent plusieurs minutes, mais rien ne vint. Ils décidèrent d'entrer.

Raph en profita qu'Alena et Enes soient partis de leur côté, pour prendre Peete à part. Alors que ce dernier fourrait un paquet de biscuits dans son sac, Raph se posta devant lui.

- Il faut absolument que je te parle de quelque chose, dit-il.

Peete le regarda, se demandant ce qu'il pouvait bien lui vouloir.

- De quoi ?

- De certaines choses qui se passent au refuge, répondit Raph, légèrement mal à l'aise.

Peete était la première personne à qu'il en parlait. Il savait que le garçon avait un esprit sensiblement comme le sien. Observateur et discret, mais qui savait agir quand il le fallait.

Peete regarda derrière lui pour s'assurer qu'Alena et Enes n'étaient pas trop près d'eux pour les entendre. Quand il fut sûr que non, il se recontentra sur Raph.

- Je t'écoute.

- Est-ce que tu as un rendez-vous hebdomadaire avec Elvira et un scientifique, pour se rendre compte de ton état de santé ? Débuta Raph.

Peete secoua la tête.

- Juste une fois, admit-il, mais c'était à notre entrée dans la ville. Après ça, plus jamais. Je sais que seul toi et Chris, dans notre petit groupe, y ont droit.

Raph hocha la tête avec lenteur. Les pièces du puzzle s'assemblaient à la même vitesse dans son cerveau. Il avait l'impression de comprendre des choses, sans en être totalement sûr pour autant.

- A quoi tu penses ? Interrogea Peete en penchant son visage sur le côté.

- Je... Réfléchis Raph à voix haute, je ne sais pas si cet endroit est si bon que cela pour nous.

Peete fronça les sourcils.

- Pourquoi ?

- Parce que...

La fin de sa phrase mourut suite à un bruit sourd. Les deux garçons relevèrent la tête, certains qu'il provenait de là-haut.

- Qu'est-ce qui se passe ? Murmura Raph.

La réponse lui arriva directement en pleine figure, puisque le plafond s'écroula sur lui et sur Peete.