Chapitre 27


Raph se sentit rougir quand son amie Shino lui prit la main. Du haut de ses dix ans, il essayait de jouer les grands, même si ce n'était pas tous les jours tache facile. Surtout quand la fille qu'il considérait comme son amoureuse se tenait aussi près de lui.

Les deux enfants s'assirent sur l'un des bancs du parc, qui était toujours bondé de monde. D'autres bambins gambadaient ci-et-là, surveillés de près ou de loin par leurs mères qui discutaient entre elles. Rares étaient les pères qui se trouvaient là.

Raph resserra un peu plus la main de Shino dans la sienne, quand celle-ci lui adressa un petit sourire. De la savoir presque aussi timide que lui gonflait la poitrine du garçon de certitude et, en quelque sorte, de fierté. Raph prit son courage à deux mains, avant de se lancer :


- Shino, je voulais te dire...


Raph tourna son regard vers les grands jeux, près des bacs à sables, en entendant un petit se mettre à pleurer. Il était vraisemblablement tombé de l'une des plateformes hautes. Raph pouvait voir d'ici son genou écorché et, par conséquent, son jean troué. Des larmes inondaient ses joues, ce qui attrista beaucoup Raph. Il se promit que si un jour il devenait père, aucun de ses enfants ne se blesseraient ainsi. Il ne voulait pas les voir triste.


- Tu voulais me dire quoi ? Reprit Shino, sortant son ami de ses songes.


Raph sourit en repensant à ce qu'il allait dire. Il se tourna vers la fillette, les joues roses. Son regard se perdit dans le ciel bleu et sans nuage, passa doucement sa langue sur ses lèvres, avant de se rapprocher un peu plus de Shino. Il se répéta mentalement à quel point il aimait ses yeux bridés.


- Tu veux être mon amoureuse ? L'interrogea-t-il d'une traite.


Shino gloussa et cacha sa bouche derrière sa main libre. Elle se lova contre Raph qui déposa un chaste baiser sur sa joue, considérant que sa réponse était positive.


- Tu es déjà mon amoureux, alors je ne peux que répondre par un oui...


***


Raph fut brusquement tiré du sommeil en sentant une morsure glacée lui brûler la peau. Il ouvrit difficilement les yeux en grognant. Le vent était frais et soufflait plutôt fortement, étant donné que les feuilles des arbres alentours étaient brassées par celui-ci.

Raph se redressa en position assise en grimaçant. Non seulement sa cuisse le lançait furieusement, mais le bas de son dos également désormais. Il marmonna pour lui-même. Il remonta son sous-vêtement et son jean que Chris n'avait pas pris la peine de remettre avant de s'écrouler telle une pierre à côté de lui. Raph lui donna plusieurs coups de coude pour le réveiller, ce qui marcha au bout de cinq.


- Debout, dit Raph d'une voix assez rauque liée à la fatigue.

- Mgnh... La ferme, laisse-moi... Lui répondit Chris.


Raph roula des yeux. Il récupéra son sac pour en sortir une grosse veste, en plus de son sweat. Il ne savait pas quelle heure il était -il avait totalement perdu la notion du temps-, la seule chose dont il était certain était la fraîcheur de la nuit qui l'enveloppait. Les bouts de ses doigts, de ses pieds, de ses oreilles et de son nez étaient congelés. Il grelottait.

Raph sentait ses forces le quitter peu à peu, au fur et à mesure des heures qui passaient. Il savait pertinemment que c'était aussi le cas de Chris, mais aucun des deux ne parlaient de cela. La partie de sexe qu'ils avaient eu un peu plus tôt les avait davantage affaiblit. Toutefois, cela leur avait au moins permis de dormir quelque peu.

Raph se recroquevilla contre lui-même, contre l'un des arbres. Il tenta de raviver le feu qu'ils avaient allumé tout à l'heure, mais il semblait définitivement éteint.


- Putain... Jura Raph tout bas.

- J'ai froid...


Raph pinça les lèvres. Il tira sur le bras de Chris pour le ramener contre lui, afin de le réchauffer. S'il venait à mourir, il n'aurait pas l'air malin à devoir tuer son compagnon de route transformé en Contaminé... Chris avait beau ne pas être son ami, Raph ne pouvait pas non plus le laisser ainsi.


- Tu as des épaisseurs dans ton sac, qui pourraient te tenir un peu plus chaud ? Lui demanda Raph.

- J-je sais p-pas...


Les dents de Raph se serrèrent quand celles de Chris se mirent à claquer. Chris ne devait pas mourir maintenant. Il ne pouvait pas !

Raph se détacha de lui pour récupérer le sac de l'autre garçon. Il farfouilla dedans, mais ne trouva rien de convenable. Il soupira. Raph réfléchit à toute allure, ou du moins autant qu'il le put. Il décida de retirer sa propre veste pour la passer sur les épaules de Chris. Raph avait sans doute moins besoin de chaleur que lui. Après tout, sa température corporelle était plus élevée que la moyenne. Il avait souvent très chaud quand les autres avaient froid. Même si là, les choses se compliquaient pas mal...


- C'est amusant, ça...


Raph haussa les sourcils. Il regarda le petit nuage de vapeur crée par Chris, quand il avait parlé et dû au froid, se dissiper dans l'air et être avalé dans l'obscurité.


- De quoi ?

- On se déteste, mais pourtant on a couché ensemble -alors que toi comme moi étions vierges- et on va très certainement mourir ensemble... Assez ironique quand on y pense, non ?


Un rictus apparu sur le visage de Raph. Il était vrai que vu sous cet angle...


- On ne va pas mourir, rétorqua cependant Raph.


Ce fut au tour de Chris de rire jaune.


- Ah ouais ? Bizarrement, j'ai du mal à te croire.


Raph secoua la tête. Il décida de ne pas répondre. Après tout, à quoi bon ? Chris était persuadé du contraire.


- J'ai soif, dit tout à coup ce dernier.


Raph récupéra leur avant-dernière bouteille d'eau, et la donna à Chris ; il restait à peine une gorgée. Pas facile à croire qu'ils pouvaient rester en vie...


- Merci.


Ils rangèrent leurs affaires sorties juste après, avant de s'entourer de leurs sacs pour tenter de récupérer un peu de chaleur. Ils s'appuyèrent l'un contre l'autre, leur tête contre le tronc de l'arbre. Ils tentèrent de s'endormir, mais la faim et la soif les empêchaient de ne faire plus que rêvasser.

Soudain, Raph se redressa vivement, comme brûlé au vif. Cette voix... Il ne l'avait pas rêvé ! Ce n'était pas possible. Son mal-être lui jouait-il des hallucinations ?


- RAPH ! CHRIS ! OU ÊTES-VOUS ?


Non.

Impossible.

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