Chapitre 26


Raph était écroulé sur le sol. Son corps était secoué de spasmes dus à ses nombreux sanglots. Chris s'approcha de lui et posa sa main sur son épaule.


- Viens, dit-il, mieux vaut partir avant de se faire bouffer par des Contaminés.


Raph renifla, sans pour autant bouger. Chris souffla et le tira par le bras pour le remettre debout. Ils se dirigèrent sans un mot à l'opposé du refuge. Peete avait abandonné sa moto un peu plus loin, avant qu'ils ne se mettent à courir comme des fous pour rejoindre l'entrée du campement.

Raph soupira, avant de renifler une nouvelle fois. Il savait que ce n'était pas élégant, mais il n'en n'avait rien à faire.


- Où va-t-on aller ? Demanda Raph, la voix rauque due à ses pleurs.

- J'en sais rien, répondit Chris en secouant la tête.


A vrai dire, ils n'avaient pas d'autres endroits où aller. Ce refuge était le seul lieu où ils pouvaient se rendre, sans avoir à craindre pour leur vie. Désormais, ils étaient seuls.

Les deux garçons récupérèrent la moto de Peete et se dirigèrent à l'orée de la forêt. D'un commun accord silencieux, ils ne souhaitaient pas s'éloigner du refuge pour le moment. Ils laissèrent la moto près d'eux et firent un petit feu, afin de se réchauffer sans trop attirer de Contaminés.

Raph s'assit contre un arbre, le cœur en miettes.


***


Cela faisait déjà cinq jours que Raph et Chris s'étaient vus refuser l'accès à l'entrée du refuge. Et cela faisait également trois jours qu'ils n'avaient rien avalé, et presque deux qu'ils n'avaient rien bu. La faim et la soif qui les tiraillaient les empêchaient de trouver le sommeil. Ils étaient épuisés physiquement et moralement. De plus, ils ne parlaient presque pas entre eux. Raph détestait réellement Chris. Et son cerveau cotonneux ne l'aidait pas à y réfléchir davantage.

Raph se souvint alors des bouteilles d'alcool qu'il avait précieusement cachées dans son sac, il y a de cela quelques semaines, quand ils cherchaient un plan. Il sortit une bouteille pour lui et une autre pour Chris, à qui il la tendit.


- Merci, dit ce dernier.


Ils commencèrent à boire doucement en silence. L'alcool brûlait leur estomac vide, ainsi que leur trachée. Pourtant, ils continuaient.


- T'étais où toi... Avant toute cette merde ? Interrogea tout à coup Chris.


Raph rit jaune, les yeux dans le vague. Sa jambe blessée était allongée sur le sol, dans la terre et l'herbe humide, tandis que l'autre était relevée contre son torse. Son bras qui tenait la bouteille était justement appuyé dessus. Il en but une nouvelle gorgée avant de répondre :


- J'ai vécu en Espagne jusqu'à mes six ans. Ensuite, j'ai déménagé en France, dans l'ouest, où j'ai grandi. Quand j'eus douze ans, l'apocalypse arriva et j'ai rencontré Will.

- Comment ?


Un léger sourire flotta sur les lèvres de Raph, fantôme discret de ses souvenirs. Il se revoyait encore à ce moment-là, comme si c'était hier. Pourtant, il avait l'impression que cela faisait déjà un siècle.


- J'étais sur la côte, à la recherche de nourriture, quand je suis tombé sur un groupe de naufragés... J'ai vu au loin, un bateau complètement éclaté qui flottait au milieu de l'eau. Des corps, encore en vie ou non, dans l'océan et sur le sable. Parmi toutes ces personnes... Il y avait un enfant. A vue d'œil, je ne n'avais pas su dire s'il avait huit ou neuf ans. Je me suis approché de lui et j'ai vu qu'il respirait toujours, même si ses yeux étaient clos. Je l'ai pris dans mes bras et j'ai couru rejoindre mes parents.

> Ces derniers m'ont dit qu'on ne pouvait pas le garder avec nous, qu'ils étaient peut-être infecté et par conséquent dangereux. J'ai insisté. On a vérifié s'il n'avait pas été griffé ou mordu et non, il n'avait rien. Quand il a reprit connaissance, il a d'abord eut très peur. Il tremblait et était recroquevillé contre lui. Finalement, il a finit par se calmer en voyant qu'on ne l'attaquait pas. Il nous a donné son nom. Comme tu peux t'en douter, il s'agissait de Will.

> On lui a demandé si ses parents étaient avec lui, mais il s'est mis à pleurer. Il a baragouiné des mots dans une autre langue que j'ai identifiée comme de l'anglais. Avec mes deux ans d'apprentissage de cette langue, je n'arrivais pas à comprendre, mais mes parents oui. Will leur a expliqué qu'il venait d'Amérique. Que son père et sa mère l'avaient placé dans ce bateau avant d'être rattrapé par des Contaminés. Will les a vus mourir devant ses yeux...

> Finalement, peu de temps après... Mes parents sont morts à leur tour. Avec Will on a dû se débrouiller tous les deux. On a failli y passer à plusieurs reprises tous les deux. Heureusement, on a rapidement compris que nous étions invulnérables aux attaques des Contaminés. Pourtant, il y a une fois où j'ai failli me transformer... J'ai été attaqué par quatre Contaminés à la fois qui m'ont mordu et griffé jusqu'au sang. J'ai commencé à avoir les mêmes symptômes qu'eux, jusqu'à ce que cela passe tout seul. On a vraiment flippé...


Raph but une autre gorgée de sa bouteille d'alcool. Son monologue avait séché ses lèvres. Chris ne l'avait pas quitté des yeux et hochait lentement la tête.


- Tu as de la chance, tu sais ? Dit-il si bas, que Raph n'était pas certain de l'avoir entendu.

- Pourquoi ?

- Will.


Chris but encore avant de répondre


- Il t'aime, ça crève les yeux. Et toi aussi. A chaque fois qu'il est là, il n'y a plus que lui qui compte pour toi.


Chris soupira. Il semblait triste.


- Je l'aime beaucoup, moi aussi, tu sais ? Et ça me prend la tête quand je vois que vous ne faites rien l'un vers l'autre pour montrer vos sentiments. C'est la fin du monde, et pourtant vous distants l'un envers l'autre. Pourquoi crois-tu que je passe mon temps à le draguer, hein ? C'est pour te faire prendre conscience des choses.


Raph était stupéfait. Chris était amoureux de Will ?! C'était incroyable. Mais le plus incroyable dans tout ça, c'est quand le garçon disait que Will l'aimait.


- Tu mens, souffla Raph, Will ne m'aime pas...


Son cœur loupa un battement et il sentit ses yeux s'humidifier.


- Comme moi je l'aime...


Il sentit une larme rouler le long de sa joue. Il la chassa rapidement pour que Chris ne la voie pas. Toutefois, ce dernier lui offrit un maigre sourire.


- Ca viendra.

- Si on les revoit...


Raph termina sa bouteille cul-sec. Sa tête lui tourna immédiatement, pas habitué à boire. Chris semblait être dans le même état, puisqu'il s'approcha de lui, jusqu'à ce qu'ils soient côte à côte. Raph récupéra la dernière bouteille dans son sac, qu'ils se partagèrent.

Chris approcha sa tête de celle de Raph. Son souffle alcoolisé ne put même pas répugner Raph puisqu'il devait sensiblement avoir le même.


- Tu sais, je ne suis pas aussi méchant que tu peux le croire. C'est le monde qui m'a rendu ainsi.


Raph ricana, avant de se souvenir que Peete lui avait dit à peu près la même chose, il y a quelques jours.

Raph n'eut pas le temps de réagir quand Chris déposa soudainement ses lèvres sur les siennes. Trop pris dans les limbes de l'alcool, Raph se contenta de fermer les yeux et de se laisser faire. Il n'avait pas conscience de ce qui se passait, même quand les mains de Chris se mirent à se balader sur l'entièreté de son corps.

Raph fut allongé dans l'herbe, alors que Chris baissait son slim jusqu'à mi-cuisse, avant de faire pareil avec son propre pantalon. Leur sous-vêtement connu le même sort, et Chris n'attendit pas longtemps avant de pénétrer Raph, qui poussa un long cri. Il n'y avait aucun amour entre eux, juste un besoin bestial de se prouver mutuellement qu'ils étaient toujours vivants.

Leurs lèvres se liaient et se déliaient au même titre que leur langue. Les coups de bassin de Chris se firent plus rapide, totalement désordonnés. Ils finirent par jouir ensemble rapidement, peu habitué à la pratique. Chris s'écroula sur l'herbe, à côté de Raph, qui s'endormit quelques secondes plus tard.

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